Paru aux éditions Tabou, Indiscrétions est sous-titré “dis-moi comment tu baises”. L’ouvrage constitue en effet une modeste radiographie de comportements libertins : triolisme, soirée SM, exhibitionnisme, voyeurisme, le programme est chargé.
L’originalité vient de la forme. Il s’agit en fait d’un documentaire sous forme de bande-dessinée. Axterdam est un illustrateur passionné par la représentation du corps. Et dans Indiscrétions, il y a de la matière puisque dans ce “reportage érotique”, l’auteur se propose de dessiner des couples en pleine action. D’un côté l’érotisme est assez candide car les scènes sont représentées sous forme de croquis que l’on devine rapidement esquissés, pris sur l’instant. Cela donne un cachet authentique et l’on suppose que les personnes ainsi croquées devaient être plus à l’aise que sous le regard inquisiteur d’un objectif de caméra ou d’appareil photo.
Pour autant, Axterdam n’a pas négligé les détails. Par le prisme de son regard, il nous fait partager ces instant avec une grand honnêteté et sincérité. Sa mémoire photographique repère immédiatement les points forts de l’anatomie. La courbe d’un corps féminin alangui après l’extase, les membres tendues d’une femme prisonnière de cordes, la ligne droite d’un phallus en pleine action, et bien sûr les positions acrobatiques et variées des coïts qui ne sont en fait qu’une parade, une danse.
Radiographie des moeurs sexuelles, le livre va crescendo dans la sophistication. On commence par un couple qui veut faire l’amour devant le dessinateur, puis on passe rapidement au SM. D’abord soft avec un homme d’âge mûr qui apprécie de fesser sa compagne, puis plus hard avec une dominatrice qui dresse un soumis de manière très brutale. On continue avec une soirée SM et ses règles très précises et une organisation complexe, et l’on finit sur une orgie digne d’un film pornographique. Mais au final, ce sont les moments les plus intimes et les moins maîtrisés qui restent les plus réussis et les plus mémorables.
Ce documentaire dessiné est un concept original. Il évite le côté figé de la photographie et les couleurs criardes de la vulgaire vidéo de cul. La méthode met évidemment en valeur les envies de voyeur du dessinateur et du lecteur, mais aussi le goût pour l’exhibitionnisme de la part des participants. On imagine bien sûr que dans pareille situation, le dessinateur ne peut rester totalement de marbre et extérieur à ce qui se passe devant lui. Le texte donne des détails sur chaque situation. Parfois il est un peu de trop quand l’auteur surligne la scène avec un commentaire salace ou au contraire quand il se lance dans la poésie. Il est bien plus efficace quand il raconte simplement les choses vécues.
La crudité des actes est sublimée par le coup de crayon et le regard d’Axterdam, qui apporte une réelle chaleur aux nombreux ébats sexuels.