Une vingtaine d'ex-prostituées en Alsace bénéficient depuis février d'un dispositif unique en France d'accompagnement vers l'emploi, ont expliqué lundi à Strasbourg les promoteurs de ce projet financé par l'État, mais qui s'appuie sur le monde associatif.
Pour aider ces femmes (et aussi quelques hommes) à trouver une formation ou un travail, une chargée de mission rémunérée par les pouvoirs publics a été mise à la disposition du Mouvement du Nid, une association qui lutte pour l'abolition de la prostitution, a expliqué lors d'une conférence de presse Christine Blec, sa vice-présidente nationale.
Mon travail, c'est de nouer des partenariats avec des structures d'insertion et de formation, et de les sensibiliser aux spécificités des personnes issues de la prostitution, résume la chargée de mission, Annelise Morel, qui assurera cette fonction au moins jusqu'en février 2016.
Pour l'heure, 26 ex-prostitués ont bénéficié de ce programme : l'une a suivi une formation de six semaines en informatique, deux sont en passe d'entamer une formation dans le domaine de la sécurité ou du service à la personne, et une autre a même décroché un emploi en CDI dans une chaîne de restauration rapide.
À 90% étrangères, les personnes concernées sont souvent très éloignées du monde du travail, et doivent d'abord prendre des cours de français, a observé Mme Blec.
Les accompagner vers l'emploi, c'est les aider à disposer des ressources nécessaires pour ne pas retourner sur le trottoir, mais aussi à construire un parcours de vie positif, a-t-elle souligné.
Le 15 octobre, une quarantaine de structures (chantiers d'insertion, agences d'intérim à vocation sociale, centres de formation...) officialiseront leur partenariat avec le Nid et les acteurs concernés, à travers la signature d'une charte. Ce texte contient notamment une clause de confidentialité, afin que la personne puisse s'insérer dans ses nouvelles fonctions sans que ses collègues n'aient connaissance de son passé.
Les promoteurs de ce projet espèrent qu'il servira d'exemple au niveau national.
La nécessité d'organiser un accompagnement vers l'emploi des personnes sorties de la prostitution, figure d'ailleurs dans la proposition de loi renforçant la lutte contre la prostitution, ont-ils souligné.
Cette loi, largement commentée ces derniers mois car elle prévoit par ailleurs la pénalisation des clients de prostituées, doit être examinée en deuxième lecture au Sénat le 14 octobre.