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Le sexe peut être ô combien génial, épuré, sans bavure tout en contenant à la fois son lot d’échecs et de situations embarrassantes, que ce soit pendant l’acte ou afin d’y parvenir. Le jeu vidéo pourrait-il devenir le miroir de nos plans les plus foireux ? C’est en tout cas la conception des relations sexuelles que le développeur Robert Yang voudrait inculquer au monde vidéoludique.
Dans un article publié il y a une dizaines de jours par le magazine Polygon, Yang détaille sa vision personnelle de ce à quoi devrait ressembler le sexe dans le jeu vidéo mainstream en s’appuyant sur l’exemple du jeu de rôle Dragon Age : Inquisition. « Je n’aime pas vraiment les scènes de sexe dans Dragon Age : Inquisition parce que j’ai l’impression qu’elles veulent ressembler au sexe bizarre et parfait du porno, explique-t-il. Le sexe parfait est toujours propre et efficace, sans bavure, sans faux départ, sans à-coups ou quoi que ce soit. Ne faites pas de jeux avec du sexe parfait, façon porno. Je pense que c’est là qu’une grosse partie de l’industrie mainstream se plante. Ils veulent des mannequins parfaits qui pratiquent un sexe parfait, mais c’est presque malhonnête. On ne peut pas vraiment se sentir concerné ou s’identifier par ce genre de truc.”
Capture d’écran du jeu Cobra Club
Il est vrai que Robert Yang évite soigneusement le sexe lisse dans ses propres productions vidéoludiques. Auteur d’une série de jeux indépendants tous disponibles en téléchargement gratuit tels que le génial Cobra Club, Hurt Me Plenty ou encore Rinse and Repeat, le développeur s’attache à dépeindre ce qu’est le sexe, le vrai, celui des zizi mous et des conversations ridicules que l’on peut avoir lorsqu’on veut parvenir à ses fins. Dans Cobra Club, un simulateur de dick pics, le joueur est chargé de prendre un cliché parfait de son pinceau en prenant en compte la qualité de l’érection, le cadre ainsi que d’autres facteurs comme la pilosité. Une fois le travail terminé, il faudra entretenir de chaudes et humides conversations avec des utilisateurs tels que TacoBull773 ou encore BillowyNoscope sur une chatroom virtuelle dédiée.
Bon nombre des créations de Robert Yang tournent autour d’une thématique qui lui est chère, celle du corps de l’homme et de sa représentation dans le jeu vidéo. Dans le point and click Rinse and Repeat, le corps de votre partenaire que vous chahuterez dans la douche de la salle de sport n’est pas celui d’un Geralt de Riv, le héros de Witcher 3 mais bien celui d’un quadragénaire lambda, poil au torse et bidasse à houblon inclus. Tout ce qu’il y’a de plus commun, en somme. Les corps marqués par le temps, la bonne bouffe et l’abandon de soi, les vrais, ont encore de beaux jours devant eux grâce à lui. Sans jamais tomber dans le pathos ou le premier degré – comme le prouve son compte Twitter – Robert Yang parvient a démonter les clichés et nous sublimer, même le paréo ôté cet été.
Public Agent est un studio spécialisé dans la fausse caméra embarquée mettant en scène la plupart du temps un homme, GoPro vissée sur le front, proposer de coquettes liasses de biftons à des filles ramassées sur le pavé en échange de quelques services sexuels. S’il appartient à la même galaxie que Fake Taxi, Fake Agent et Fake Cops, Public Agent n’a pas besoin de décorum pour être le plus reconnaissable. Son principal protagoniste est en général un homme d’une trentaine d’années, peut-être d’origine tchèque à en croire son accent. Son visage n’apparaît jamais dans l’angle de la caméra.
Le principe est toujours le même, une jeune fille se fait accoster par le type en question ou un autre acteur. Le mec se pavane et prétend être photographe ou complimente simplement la jeune femme sur sa beauté ou sa délicate façon d’arpenter les rues. Une ribambelle de personnages féminins ont été mis en scène dans ces vidéos, la fille est parfois une étudiante se baladant sur son campus, parfois une prof de fitness ou encore simplement une « michto à la recherche de baise avec une célébrité ». Les profils sont différents mais se rejoignent sur une seule et même inclination : toutes ces filles sont vénales et accepteront de baiser avec n’importe qui pour quelques billets.
Martin, l’un des acteurs de Fake Agent
Je ne suis pas en train de faire un procès en bien-pensance contre le porno et tous les fantasmes que celui-ci peut satisfaire. Comme bon nombre d’entre vous, les réalisations de type Public Agent m’ont offert quelques faps. Cela pourrait être honteux, mais tout ceci n’est que de la mise en scène, exactement comme les films façon Casting Couch. Les rencontres ne sont pas fortuites, des contrats sont signés avant que les caméras ne se mettent en marche, tout le monde est au courant du petit jeu et a accepté de s’y prêter. Si les michtos et le prétendu pouvoir de l’argent font fantasmer certains fappeurs, grand bien leur en fasse – pas de kink-shaming chez nous.
Le problème, c’est qu’il arrive parfois que ce genre de petit scénario s’enfonce profondément dans le mauvais goût. Je parle d’une vidéo publiée par Public Agent il y a de ça trois ans. La scène est titrée Homeless Girl Gets Fucked To Pay For Hotel – ce qui est plutôt transparent. On peut y voir notre héros ramasser une fille sur le trottoir pour l’inviter à prendre un bol de soupe. La jeune femme est présentée comme sans domicile fixe. Après une conversation oscillant entre remarques glauques et fausse compassion de la part du caméraman, la « SDF » se voit proposer une semaine all-inclusive dans l’hôtel d’à côté. Une fois sa chambre réservée, la jeune femme s’engouffre dans la douche pendant que le mec lui propose d’une voix dénuée de toute âme de la « baiser si elle veut rester encore dormir ici ». S’ensuit un coït rempli de malaise.
Aussi sinistre soit le propos de la scène – qui balance un messages franchement douteux, tant envers les femmes que les hommes -, il est également incroyable de voir à la lecture des commentaires que les gens puissent encore croire que ce genre de porn relève du réel, que l’actrice est réellement SDF, qu’elle accepte de vendre son corps pour se sortir de la rue et qui plus est s’en délecte goulûment. Certains gentils idiots souhaiteraient dans les commentaires, je cite, « sauver cette pauvre fille et l’emmener chez eux ».
La marque Fake joue sur les situations qui placent l’un des personnages en position de domination sur l’autre, c’est même ce qui a fait son succès : une relation sexuelle pour une course dans Fake Taxi, une pipe contre une prune oublié dans Fake Agent… Des petits arrangements, en gros. Mais dans ce cas particulier, on a le sentiment que ce délire de la SDF qui couche pour une semaine à l’hôtel caresse une vision fantasmatique de l’exploitation de la misère. Et ça, ce n’est pas très beau.
La Marche des fiertés de Paris s’est déroulée ce samedi 2 juillet. Cette année, Yagg a marché non pas aux côtés des associations, mais du côté des bénévoles mobilisé.e.s par l’Inter-LGBT, et notamment avec ceux et celles qui gèrent la sécurité du carré de tête (cette année essentiellement composé de militant.e.s). L’occasion de découvrir la Marche du côté de ceux et celles dont le rôle est primordial et souvent méconnu.
Si le lecteur ne s’affiche pas, cliquez sur Marche des Fiertés de Paris: une marche au plus près des bénévoles
Voir aussi notre portfolio de la marche La marche des fiertés de Paris en photos
et notre reportage À l’octroi de la Marche des fiertés: «Vous êtes magnifiques, je vous aime!»
La Marche des fiertés de Paris s’est déroulée ce samedi 2 juillet. Cette année, Yagg a marché non pas aux côtés des associations, mais du côté des bénévoles mobilisé.e.s par l’Inter-LGBT, et notamment avec ceux et celles qui gèrent la sécurité du carré de tête (cette année essentiellement composé de militant.e.s). L’occasion de découvrir la Marche du côté de ceux et celles dont le rôle est primordial et souvent méconnu.
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Pour cette dernière Marche des Fiertés LGBT du quinquennat, les organisateurs veulent continuer d’exprimer leur « refus de l’abandon progressif, par le gouvernement, des promesses de campagne de François Hollande». La Lesbian and Gay Pride (LGP) demande ainsi une procédure déclarative, simple et démédicalisée de changement d’état civil, ainsi que l’ouverture de la PMA à toutes les femmes. Elle considère que les femmes aujourd’hui engagées dans un processus de PMA « font face aux mêmes obstacles rencontrés par les femmes qui voulaient avorter avant la loi Veil».
Les organisateurs appellent également à ouvrir le débat sur une « GPA altruiste», qui permettrait de concilier le besoin de parentalité de chacun et le respect du « droit à disposer de son corps».
Le cortège partira à 14h du lycée du Parc pour rejoindre le quai des Célestins, en passant par l’Hôtel de Ville.
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L’image d’une femme qui accouche d’un monstre à la bouche garnie de crochets serait née au XIIe siècle… avec l’avènement du culte marial. Par opposition au modèle de la «bonne mère» (la Vierge), les clercs construisent en effet un contre-modèle répulsif : celui de la «femme au serpent».
Il existe à Toulouse, dans l’entrée du Musée des Augustins, une sculpture fascinante de femme nue au serpent, datant du XIIe siècle. La femme, sans bouche, flotte dans un rêve. Le reptile jaillit de sa vulve dont il semble avoir transpercé la paroi, comme mû par un appétit violent : de sa gueule, il harponne le sein de la femme. Impossible de savoir s’il tète ou mord. La sculpture évoque puissamment la scène finale d’Alien 3, quand Ripley – en vol plané – serre contre sa poitrine le monstre qui vient de «naître» en lui crevant l’abdomen. Cette scène a d’ailleurs été coupée au montage de la version DVD du film. Trop dérangeante? La vision d’une femme portant au sein un animal tueur ou venimeux a en effet de quoi troubler. Dans un article passionnant sur les «Parentés de lait entre animaux et humains au Moyen-Age», trois chercheurs – Pierre-Olivier Dittmar, Chloé Maillet et Astrée Questiaux – ont mis à jour l’origine de ce fantasme étrange, mêlant maternité, sexe et bestialité.
Une image païenne rémanente : Gaia, Terra Mater
Tout part de l’Antiquité tardive, disent-ils (1). Les images qui représentent une femme allaitant des animaux, souvent par paire (lion, cerf, cochon, serpent, etc.) sont des images de vie et d’abondance. Bien que ces images soient d’origine païenne, elles restent associées, lors des premiers siècles du christianisme, à la «figure positive de Terra, personnification de l’élément terrestre faisant objet de culte dans le monde grec (sous le nom de Gaia) et romain (Terra mater)». Ces images sont notamment utilisées dans les rouleaux d’Exultet où elles accompagnent «ce grand chant de la renaissance du monde». Le poème harmonique sublime de l’Exultet («Que tressaillent de joie les anges…») s’élève dans les églises durant la nuit de Pâques : il marque l’irruption de la lumière dans les ténèbres. Pour célébrer le retour du printemps qui correspond, chez les chrétiens, à la Résurrection du Christ, les moines copistes illustrent les paroles de l’Exultet avec ces images «d’un allaitement double, en tout point positif» montrant la Terre qui, par ses seins, transmet la vie aux créatures.
L’allaitement change de sens
Dès le XIe siècle, cependant, cette «image de la génération et de la fertilité» devient suspecte aux yeux du clergé (2) qui se met à charger le sein d’un investissement symbolique nouveau : le voilà porteur d’un fluide spirituel. Il donne plus que la vie. Il transmet la parcelle divine. Lorsqu’elle allaite, la mère devient l’équivalent de la Vierge. Au XIIe siècle, les représentations du sein comme source suave se multiplient dans l’iconographie pieuse : on voit la vierge «arroser» de son lait les fidèles ou les damnés du purgatoire. Dans certains tableaux (tel celui d’Antonio Peris, de 1410 conservé au musée de Valence), «la Vierge allaitante est entourée de fidèles munis de bols qui recueillent les gouttes de lait qui s’échappent de son sein». Des saints s’abreuvent à ce sein vénérable, notamment Saint Bernard – Bernard de Clairvaux –, à qui l’on attribue à tort (3) ces propos : «Désormais l’accès de l’homme vers Dieu est assuré ; sa cause est transmise du Fils au Père et de la Mère au Fils». Autrement dit : nous pouvons tous devenir, comme Jésus, des êtres de lumière. Nous pouvons tous et toutes devenir dieu, puisque nous avons bu au sein même de l’amour.
Culte marial : un culte de la Déesse Mère ?
Marie devient «La Vierge au lait», «La Vierge nourricière», «La Vierge médiatrice, intercédant pour le salut des hommes», parfois même «La co-rédemptrice», et la prière de Saint Bernard – «Sous ta protection nous venons nous réfugier, sainte Mère de dieu…» – est répandue dans toute l’Europe par les Cisterciens. Ce qui fait dire à Jules Michelet que la grande révolution religieuse du XIIe siècle s’apparente peu ou prou à un changement de sexe : «Dieu changea le sexe, pour ainsi dire. la Vierge devint le dieu du monde ; elle envahit presque tous les temples et tous les autels». La domination spirituelle de la Vierge est telle que certains chercheurs, comme Jure Mikuz, vont jusqu’à dire que «le christianisme, à l’origine très tourné vers le père, s’était mué en culte d’une déesse mère». Saint Bernard, leader du culte marial, s’est donné lui-même le nom de «chevalier de Notre-Dame». Il affirme que Dieu est trop effrayant : «Comment le pécheur ne craindrait-il pas de périr en s’approchant de Dieu, telle une cire qui se liquéfie en présence du feu ? Mais de Marie, qui est toute suavité, nous n’avons rien à redouter. A tous elle ouvre le sein de sa miséricorde». Le sein devient synonyme de salut. On ne peut plus, dans ces conditions, montrer des animaux qui tètent une femme.
Stigmatisation des nourrices
A partir du XIIe siècle, l’hyper-valorisation de l’allaitement comme acte de piété interdit que l’on montre des femmes donnant le sein à des serpents ou des cochons… Ces images deviennent négatives. Pourquoi ? Parce qu’à cette époque, les clercs incitent les mères à allaiter elles-mêmes, condamnant avec virulence une pratique pourtant très courante à l’époque : la plupart des femmes, y compris en milieu rural, mettent leurs enfants en nourrice. C’est ce que l’on appelle l’«allaitement mercenaire», c’est-à-dire le fait de payer une «nourricière» pour qu’elle donne le sein au bébé. Or les nourrices, pour maintenir la lactation, donnent couramment le sein à des animaux domestiques, généralement des chiots (4). Par ailleurs, quand aucune femme n’est disponible pour donner le sein, on place aussi couramment le bébé à la mamelle d’une chèvre ou d’une brebis. Dans les faits, c’est la promiscuité qui règne entre humains et animaux. «On n’utilise sans doute que peu de biberons au Moyen Âge (on en trouve des représentations figurées à partir du XIVe siècle). Auparavant, les enfants qui ne pouvaient être allaités par une femme pour une raison ou une autre buvaient sans doute […] le lait animal au pis de la bête, qui était plus souvent un pecus, un animal domestique».
L’opposition maman-putain date-t-elle du XIIe siècle ?
Pour les clercs, cette confusion des laits pose problème. Ils s’efforcent de «moraliser» l’usage du sein et multiplient (en vain) les distinctions entre bon et mauvais lait. «Dans ce cadre où l’allaitement du Christ par la Vierge fait figure de véritable modèle, les prédicateurs, mais aussi les images mettent en avant une hiérarchie des laits : le lait maternel est supérieur à celui d’une nourrice qui est lui-même supérieur à celui d’un animal. L’allaitement animal s’inscrit alors dans un champ à la fois social et moral, et vient seconder une rhétorique où la mère allaitante s’oppose désormais à la mauvaise mère et à la mauvaise nourrice, toutes les deux étant plus ou moins directement associées à l’idée de luxure. C’est notamment le cas de cas de la femme tétée par des serpents dont la valeur s’inverse complètement : la succion devient une morsure et l’antique figure de la Terre nourricière devient l’image d’un corps seulement tourné vers la sexualité». Les sculptures de «femme aux serpents» se multiplient alors comme autant de figure-repoussoirs : sur les chapiteaux des églises, des femelles indécentes prolifèrent. Elles se font pomper les mamelles. Elles sont nues et parfois écartent exagérément les cuisses.
Malheur aux femmes qui refusent d’allaiter
Certaines comme à l’église de Moissac sont d’une maigreur effrayante : signe qu’elles sont frappées par le mal. Dans sa Vision des tourments de l’enfer, Saint Alberic (vers 1127), décrit ainsi des damnées : «Deux serpents suçaient les mamelles de chacune d’elles […] Ces femmes étaient celles qui avaient refusé de donner à boire […] aux orphelins et aux enfants sans mère ou qui, feignant de les allaiter, ne les allaitaient pas». Voilà de quoi faire froid dans le dos. Malheur à celle qui ne donne pas le sein : elle ira brûler en enfer. Ainsi se dessine, dans le discours idéologique occidental, la figure de «la mauvaise mère qui, parce qu’elle refuse d’allaiter, fait un usage de son corps qui n’est pas entièrement tourné vers la procréation.» L’usage qu’elle fait de son corps n’est pas le bon, disent les clercs : refusant de faire la maman, cette femme fait forcément la putain. D’où la présence d’un animal visant son sexe, dardant sa vulve ou la transperçant. Souvent, un gros serpent.
Allaiter, c’est se donner à manger
Pour Pierre-Olivier Dittmar, Chloé Maillet et Astrée Questiaux, il n’est cependant pas innocent que le serpent en question (parfois deux) à la fois morde et suce. Ambivalentes, troublantes, «ces images négatives de femmes aux serpents ne choisissent pas entre la morsure et l’allaitement» : c’est comme si elles cherchaient «à jeter le doute dans l’esprit du regardeur». Il n’est en effet pas certain, lorsqu’on examine les sculptures de plus près, qu’elles représentent quelque chose d’aussi clair qu’une franche stigmatisation : la femme qui se fait mordre les tétons à la fois souffre et jouit. «En vérité, ces images ramènent la lactation à son caractère inquiétant, carnivore, et jouent précisément sur la richesse sémantique de cet acte et de cette partie du corps prise dans une dialectique entre maternité et sexualité», avancent les trois chercheurs, qui dénoncent l’aspect pervers des «incitations à allaiter» : ce sont des incitations à l’anthropophagie.
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À LIRE : «La chèvre ou la femme. Parentés de lait entre animaux et humains au Moyen Âge», de Pierre-Olivier Dittmar, Chloé Maillet et Astrée Questiaux, Images Re-vues 9, 2011.
NOTE
(1) Les trois chercheurs s’inspirent des travaux de J. Leclerq-Marx :«De la Terre-Mère à la luxure. A propos de la migration des symboles», dans Cahiers de civilisation médiévale, 18 (1975), p. 37-43.
(2) «Cette image de la Terre se fait de plus en plus rare après le XIe siècle : la représentation présente dans l’abside de la cathédrale de Limburg-sur-Lahn (fin XIIIe siècle), qui oppose AQUA tenant un poisson dans chaque main, et TERRA allaitant un porc et un serpent, semble être une des dernières représentations positives de la terre nourricière allaitante.» («La chèvre ou la femme. Parentés de lait entre animaux et humains au Moyen Âge», de Pierre-Olivier Dittmar, Chloé Maillet et Astrée Questiaux).
(3) L’auteur de ces propos serait en réalité Arnaud de Bonneval, mais comme il était moins connu, on les attribua à Saint Bernard.
(4) «Si l’usage de l’allaitement par des animaux domestiques est largement relayé par des textes, le fait d’allaiter des animaux pour une femme – notamment pour maintenir la lactation – ne se rencontre pas dans les sources médiévales ; seules des images montrent cet acte mais sur un mode toujours allégorique. Il est dans ce cas difficile de trancher entre une absence de pratique et les carences de la documentation, tant il est vrai que cet usage est largement attesté pour les périodes plus récentes dans de nombreux contextes européens.» («La chèvre ou la femme. Parentés de lait entre animaux et humains au Moyen Âge», de Pierre-Olivier Dittmar, Chloé Maillet et Astrée Questiaux).
A chacun son truc. Quand en Suisse, les extrémistes chrétiens chantent des Ave Maria sur le parcours des gay pride (comme la Fraternité Saint-Pie X à Fribourg, fin juin), ils sont beaucoup plus inspirés au Canada. Ainsi, c’est en combinaisons intégrales vertes, agrémentées de tutus et de capes arc-en-ciel, qu’une poignée de militants antigay locaux ont infiltré la Pride de Toronto, le 3 juillet dernier. Le groupe portait une banderole où l’on pouvait lire «Associations des zombies gay consommateurs de cannabis». Il était inscrit en bonne et due forme sur la liste officielle des participants au défilé.
Ces étranges bonshommes verts ont tendu aux autres participants des pochettes ressemblant à des kits de safer-sex. Elles contenaient en réalité des informations sur les «dangers physiques et spirituels des pratiques homosexuelles» illustrées de photos trash de maladies sexuellement transmissibles. «Si on essaie de leur distribuer des tracts sur les évangiles, ils vous insultent et vous balancent des slushies à la figure. Mais donnez-leur des bidules en forme de capotes, et ils se précipitent. J’en ai écoulé 3000 en 20 minutes», s’est vanté le leader du groupe, un certain Bill Whatcott, sur le site chrétien LifeSite.
Immense succès populaire
Whatcott est une vieille connaissance de la communauté LGBT canadienne. En 2013, il a été condamné pour discours de haine à cause de pamphlets homophobes, rappelle LGBTQ Nation. Apparemment, toutefois, sa blague n’a soulevé que l’indifférence au sein de la parade. De fait, la Pride de Toronto a été saluée comme un immense succès populaire. L’événement a en outre bénéficié d’une couverture mondiale, grâce à la participation en tête de cortège du Premier ministre, Justin Trudeau, en personne.
Justin Trudeau parade à la Gay pride de Toronto https://t.co/u9CDcrOoMl pic.twitter.com/BSfo26davY
— Libération (@libe) 4 juillet 2016
Dans un rapport rendu public hier mardi, Amnesty International dénonce la vague d’enlèvements, de tortures et d’exécutions sommaires dans les districts d’Alep et d’Idleb, dans le nord-ouest de la Syrie. Ces régions sont depuis 2012 sous le contrôle des groupes rebelles non affiliés à l’organisation Etat islamique, dont certains bénéficient du soutien des Etats-Unis et de plusieurs Etats du Golfe.
Le rapport fait état de violations flagrantes du droit international humanitaire, comme dans les régions sous contrôle du régime de Damas. Quant aux exécutions de civils décidées au nom de la charia par les différents groupes islamistes au pouvoir localement, elles sont comparables aux atrocités commises par Daech dans l’est du pays. Amnesty cite, parmi de nombreux autres témoignages, les cas d’au moins trois hommes accusés d’être homosexuels et fusillés sur la place publique à Hreitan, au nord d’Alep, en septembre 2015. Parmi eux figurait un jeune de 17 ans.
Agresseurs et agressé mis en prison
Un habitant de la ville témoigne: «Quand je me suis approché de la foule, j’ai vu le cadavre du garçon, il avait été touché par deux balles. Sa mère pleurait. Il avait l’air jeune. Un homme qui se tenait là m’a dit qu’il avait été abattu par le Front Al-Nosra parce qu’il était homo. Je me suis souvenu de son cas: un an plus tôt, il avait été emprisonné par Al-Nosra quand il avait rapporté avoir été agressé sexuellement par un groupe d’hommes. Au lieu de l’aider, les forces d’Al-Nosra l’ont mis en prison avec ceux qui l’auraient agressé.» Plusieurs femmes adultères auraient subi le même sort aux mains de la «justice» du Front.
Al-Nosra, qui se revendique comme la branche syrienne d’Al-Qaïda, bénéficie de forts soutiens dans les Etats du Golfe et coopérerait localement avec des éléments de l’Armée syrienne libre, bras armé de l’opposition.
«Si certains civils dans les zones contrôlées par les groupes armés de l’opposition ont pu au départ saluer le fait d’échapper au joug du régime syrien, l’espoir que ces groupes respecteraient les droits s’estompe au fur et à mesure qu’ils s’emparent des lois et commettent de graves violations», a résumé Philip Luther directeur du programme Afrique du Nord et Moyen-Orient à Amnesty International.
» Le rapport complet (en anglais)