Pour ceux qui ne connaissent pas HPG, il ressemble à Monsieur Propre. Mais ce n’est pas tout. C’est aussi un acteur et réalisateur de films pornographiques, environ 600 d’après wikipedia, ce qui en fait un industriel du genre. Même s’il semble privilégier la quantité, HPG tente des choses et on le considère comme un avant-gardiste.
Edité par Capricci en dvd, Il n’y a pas de rapport sexuel n’est pas un film de HPG. C’est l’oeuvre de Raphaël Siboni qui a pioché dans des heures et des heures de « making-of » de film X. Le résultat est donc un documentaire, dont le montage porte un propos, celui de la vacuité et de l’extrême pauvreté artistique du X. Pour autant, ça n’est pas un pamphlet anti-porno. Il montre que l’équipe qui tourne un porno est constituée d’artisans qui fait son possible pour obtenir un produit satisfaisant.
Le film montre les dessous du X, où règnent très souvent l’ennui, loin des regards et des cris de jouissance que l’on voit dans le résultat final. Faire du porno, c’est avant tout faire un travail ingrat. Quelques scènes illustrent la difficulté à tout montrer dans toutes les positions. Une autre, hilarante, montre HPG en train d’expliquer un scénario un brin compliqué à des acteurs médusés, qui ne comprennent pas grand chose et qui ne sont visiblement pas là pour être dirigés comme des comédiens. On y voit énormément d’effets spéciaux de plateau, permettant de simuler à peu près tous les passages obligés du X : les tapes sur les fesses, les pénétrations, les pipes ! C’est utilisé souvent pour les besoins du porno soft. Autre constat : la manière dont sont objectisés les corps à outrance. Les acteurs ne sont finalement plus que des marionnettes que l’on agite pour faire semblant. C’est la fois triste et fascinant.
Les scènes les plus intéressantes sont axées sur les discours de HPG. Ainsi, il évoque la lutte des classes pour conseiller un jeune qui débute dans le hard, en opposant la musculature à la mollesse des bobos de sa classe, les ouvriers du sexe contre les fils à papa. Ces extraits « behind-the-scene » en disent long aussi sur la relation de HPG au X et au cinéma. On sent que le réalisateur a envie de faire bouger les choses, de tenter des expériences, mais qu’il se retrouve complètement bloqué par le système. Le X doit-il nécessairement répondre à un cahier des charges aussi fermé ? On dirait que oui et on dirait que ça désole HPG, bien qu’il en ait réalisé des centaines. Ce paradoxe et ces contradictions se retrouvent souvent au centre de ses courts-métrages n’appartenant pas au genre porno (même s’ils contiennent des scènes crues ou si le porno en est le sujet).
Restent quelques moments étranges où l’inaction règne en maître, ce qui est tout à fait incongru pour du porno, faisant la part belle aux orgies mécaniques. C’est notamment le cas dans cette scène finale où tout le monde fait la sieste après une séance de sexe gay à tendance BDSM.
En conclusion, le titre du film est éloquent : il n’y a pas de rapport sexuel, sous-entendu dans un film porno. Au vu de ces images derrière la caméra, on voit en effet que tout est faux, tout est joué ou simulé et qu’il n’y a pas ou alors très rarement de désir et de plaisir. Ce qui différencie peut-être le porno de l’érotisme. Si vous voulez mater du cul, prenez garde, car le film fait plutôt l’effet d’une douche froide.
En bonus du film, on trouve deux courts-métrages. Dans Hypergolique, HPG affronte un groupe d’étudiants en théâtre. On ne sait pas trop si les jeunes jouent ou s’ils réagissent en direct; c’est là tout le sel et l’idée du court-métrage. HPG les provoque jusqu’à l’explosion, chacun cherchant une explication à la volonté de faire de l’excès du hardeur-réalisateur. De même Acteur X pour vous servir montre HPG se servir de ses amis pour un projet filmique, ce qui donne un résultat très expérimental (ça termine avec un monsieur en caleçon sous la pluie qui extirpe des poissons d’une bassine)…