Quels sont les visages de celles et ceux qui écrivent sur le sexe, excitent les neurones et le bas ventre avec les mots ? Qu’appelle-t-on...
The post Salon de la littérature érotique : les nouvelles plumes du cul appeared first on Paris Derrière.
34713 éléments (3171 non lus) dans 75 canaux
Quels sont les visages de celles et ceux qui écrivent sur le sexe, excitent les neurones et le bas ventre avec les mots ? Qu’appelle-t-on...
The post Salon de la littérature érotique : les nouvelles plumes du cul appeared first on Paris Derrière.
Je tente de calmer quelques tremblements et peine à reprendre mon souffle. Une boule de feu m’a traversé le bas ventre, un incendie, non maîtrisé… La bouche sèche et les doigts serrés sur le drap, je ne peux réprimer des râles et des gémissements sortis du fin fond de moi. Les vagues vont et viennent,…
L’article Témoignage : « Comment l’orgasme prostatique a illuminé ma sexualité » est apparu en premier sur NouveauxPlaisirs.fr.
A l’aube de 2019, le porno audio perdure. Décliné d’un média à l’autre, il prend la forme de sessions ASMR plus ou moins obscènes, de séquences JOI ou encore…de podcasts. Face au flux d’images très X dont nous abreuve les tubes, il se renouvelle et témoigne d’une puissance sensuelle qui n’a rien à envier aux meilleurs faps visuels. On fait le point pour vous.
ASMRGaffe aux amalgames : l’ASMR, pour « Autonomous sensory meridian response« , n’a pas pour but d’échauffer le bas-ventre. La sensation qu’il éveille au gré de divers moyens (frottements, craquements, chuchotements) se situe plutôt au niveau du cuir chevelu. Sur YouTube, on trouve les ASMRiennes classiques dont les abonnés se comptent par centaines de milliers, comme DonnaASMR (et ses tutos très détaillés), Sophie Michelle (et ses yeux d’une hallucinante clarté), ASMR Darling ou encore Emma WhispersRed.
Leur « whisper porn » (néologisme inventé à cette occasion) fait vibrer notre cerveau. Leur but ? Nous relaxer et nous aider à mieux dormir au fil de « triggers » bien à elles. Leur inventaire ? Pinceaux, brosses à cheveux, popcorn, crayons, instruments de musique, feuilles de papier, jeux de cartes. Détail amusant : Sophie Michelle est l’experte du roleplay, cette fantaisie bien connue des plateformes de vidéos X, et en fait le terrain fertile des plus folles situations ASMR.
Mais l’on se rend aussi sur la plateforme pour goûter à d’autres délices. De jeunes créatrices comme Tangerin – et ses déjà cultes « ear licking » – et AftynRose ASMR sensualisent davantage la pratique en y allant de leurs langues et de leurs lèvres glossées. Au programme ? Lécher le micro, le tapoter du bout des doigts, le caresser d’un revers de la main ou carrément l’avaler avec appétit. La dimension phallique de l’objet est assumée et il n’est pas rare que les chuchotements soient bannis de la session – seul compte le contact entre le micro et la bouche.
Au final, ces créatrices nous offrent des expériences immersives, au plus près des sensations et des souffles chauds, qui rappellent que l’oreille est une zone érogène, étroitement liée aux parties les plus intimes du corps. Ces vidéos très sulfureuses chambouleront autant les sexplorateurs que les audiophiles. Car la qualité audio importe comme jamais ici. Ne l’oubliez jamais, un ASMR bien sonorisé vaut largement un porno en format 4K.
ASMR PORNQuand on quitte YouTube, c’est pour mieux atterrir sur Pornhub, car ainsi va la vie. Là-bas excellent des érudites bien particulières de l’ASMR, qui en usent dans un cadre ouvertement porno – jambes écartées face-caméra, en pleine masturbation, les doigts affolés jusqu’à l’orgasme. Bien avant le sextoy, le micro devient le premier témoin de ces caresses intimes, l’outil étant chargé d’en capter les multiples sonorités pour mieux les sublimer. Jetez donc un oeil aux vidéos de la jeune MissJenniP : a contrario du porno traditionnel, ce n’est pas l’intensité des cris qui importe, mais l’infinité de détails d’ordinaire ignorés. Le frottement des doigts, les « bruits humides« , les glissements sur la peau et son frémissement. C’est là la force de l’ASMR-porn, un sous-genre qui parvient à être aussi frontal que minimaliste.
Ce mariage entre l’explicite et l’implicite fait toute la force du délire. La chaîne de Whisperingv parvient par exemple à associer les sons caractéristiques de l’ASMR (ça chuchote au plus près de l’oreille, ça souffle fort, ça déglutit, ça expire lentement) aux images les moins safe for work : généreuse poitrine dévêtue et abondamment titillée, godemichés en supplément, plaisir solitaire en gros plan jusqu’aux limites du squirting, fesses nues qui se trémoussent en grand angle. L’ASMR porn joue alors sur deux niveaux de plaisir, met au défi la résistance de son public face à cette double-excitation, et, surtout, restaure par ces chuchotements la dimension secrète et solitaire, pour ainsi dire totalement transgressive, du porno. Bien vu !
J.O.I.L’union libre entre sons et sexe a rarement été aussi bien incarnée que dans le J.O.I. – pour Jerk Off Instructions. Les « instructions à l’éjaculation » émanent d’un principe simple : un modèle se pose devant sa caméra et dicte à son spectateur comment il doit se masturber, à quelle fréquence, ce qu’il doit imaginer, quand il doit « venir« . La puissance féminine par excellence : une voix suffit à tout dominer. Les as du JOI se servent de l’image, elles s’effeuillent au plus près de l’objectif, malaxent un sex toy, se touchent délicatement, miment la jouissance. Mais c’est le son qui importe par-dessus tout : l’élocution au compte-goutte, le choix des mots, les claquements de langue, la place des soupirs et des respirations.
A la manière d’une Shéhérazade des temps modernes, la narratrice doit croire en ce qu’elle raconte, nous convaincre et nous captiver par ses récits. Des créatrices comme Kinky Solveig (alias Alice Axx) et Trish Collins l’ont très bien compris d’ailleurs. Dans les vidéos JOI, le hardcore côtoie quelque chose de plus suggestif, de l’ordre de la pornographie cérébrale. Ce n’est pas une branlette intellectuelle, trop abstraite, mais bel et bien du porno mental.
Nombreux sont les talents outre atlantique à nous épater par leurs expérimentations – Amber Hahn, Ceara Lynch, Brooke Marie… Dans l’Hexagone, la patronne Lélé O nous abreuve régulièrement en scénarii tous plus émoustillants les uns que les autres. Des plateformes bien connues de vente de vidéos comme ManyVids et Clips4Sale regorgent de ces teasing fantasmagoriques. Une alternative au X traditionnel.
RedditQui dit fantasmes de niche dit Reddit. Là-bas l’audioporn se fait sa place parmi les gros subreddits porno. La star du genre est GoneWildAudio et ses 225 000 abonnés. Nous renvoyant au site soundgasm.net (beau résumé de l’audioporno) les titres de ses créations sont éloquents : « Riding masters cock », « bathroom sex », « creampie », « nipple play », « fingering »…Ces fichiers audio proposent des situations typiquement pornos (doggystyle, fellation et gorge profonde, masturbation en solo, ménage à trois) dont il ne reste que la couche sonore. On pourrait se demander : à quoi bon ? Pourtant, dépourvu des images qui constituent souvent l’essentiel de l’attraction, ces tags là ne font que plus d’effet. La moindre fessée électrise, les glouglous des plaisirs buccaux dégoûtent ou obsèdent (au choix), et, chose rare dans le X moderne, l’auditeur peut enfin savourer les silences qui précèdent l’explosion, et, tenez vous bien, y prendre du plaisir.
Si ces segments de baise audio creusent une voie parallèle aux vidéos, elles en assument ouvertement les codes. Le porno chez Gone Wild Audio épouse les tendances de ton tube préféré et regorge d’histoires à base de fauxcest, de babysitters, de première fois lesbienne et de femdom avec la touche « Gone Wild« , garante d’authenticité.
Dans ce genre, on trouve également notre bonheur du côté des fictions sonores érotiques du sub Pillow Talk, qui éclosent du même principe et l’épuise jusqu’aux derniers râles. Si les respirations affolées des présences féminines – majoritaires dans cet imaginaire pas très inclusif – suffisent à convaincre, le porno audio selon Pillow Talk étonne surtout par son aspect très fétichiste. Ici, l’accent français, le réveil matinal, la conversation téléphonique ou encore les mots d’amour font office de tags primordiaux. Pourquoi pas après tout ?
PodcastsLa zone de flou de cet imaginaire, c’est le podcast. Car il n’est pas toujours porn mais se contente parfois de quelques effets ASMR – c’est le cas du reportage Fais-moi ouïr, d’Arte Radio. Certains s’essaient cependant à l’audio-porn, tel Super Sexouïe !, qui se définit en « zone pornophonique« . A ce titre, l’épisode plus vrai que nature “Romy et le garçon » nous colle au plus près des ébats quotidiens d’une jeune femme, et rien ne nous échappe : bruits de bisous, glissements des corps et choc moite des sexes qui se pénètrent, draps chiffonnés et gémissements. Le plaisir émane de l’aspect voyeuriste du podcast, sa dimension de sex tape sonore. Casque aux oreilles, on écoute la chose en cachette, seul. C’est comme si les magazines de fesses que l’on cachait autrefois sous notre lit étaient devenus des fichiers mp4.
Dans cette lignée explicite, la pornographe féministe Olympe de G propose Voxxx. Aux côtés de Lele O (citée plus haut), l’artiste conjugue le format podcast au tag parfait Jerk Off Instructions, et exacerbe la dimension immersive du premier par l’excitation sensorielle que l’on ressent face au second (voix chaude et lexique provocant).
Moins subversif, son podcast L’appli rose adapte le téléphone rose au langage des plans cul Tinder. Les voix féminines et masculines sont des personnages à part entière, qui se taquinent, se chauffent, s’échangent des mots sales. Olympe de G mixe en un tout les qualités d’un média en vogue, le succès de l’ASMR, l’excitation X du J.O.I et la transgression du dirty talking. Celle qui avait épaté la capitale avec l’expérience de réalité sonore augmentée Chambre 206 (exploration sensuelle en son binaural au sein d’un hôtel parisien) n’a pas dit son dernier mot.
Image en une : Tangerin
Depuis toujours, la sœur de mon papa vit avec son amie. C'est comme ça. C'est mes taties adorées avec qui je partage tant. Pourtant, j'ai mis longtemps à comprendre qu'elles s'aimaient. Dans ma famille, rien n'était caché, mais rien n'était dit. Je vivais au quotidien avec deux femmes lesbiennes sans même comprendre ce mot. Il aura fallu attendre mes 20 ans et leurs 50 pour que le "secret" soit doucement dévoilé.
Deux générations et une loi ouvrant le mariage aux couples de même sexe plus tard, je me demande où nous en sommes ? Comment se dire lesbienne, comment le dire aux autres ? Qu'est ce que cela révèle de notre société, des normes, des rapports de domination ? Les témoignages de Virginie, Hanane et Sy sont commentés par trois sociologues.
Avec :
- Virginie, Hanane et Sy
- Natacha Chetcuti-Osorovitz, sociologue
Autrice de « Se dire lesbienne » (Payot)
- Virginie Descoutures, sociologue
Autrice de « Les mères lesbiennes » (PUF)
- Salima Amari, sociologue
Autrice de « Lesbiennes de l'immigration » (Du Croquant)
Lectures par Estelle Clément Béalem
- « Peau » de Dorothy Allison
- « La contrainte à l'hétérosexualité » d'Adrienne Rich
- « J'aurais voulu être un escargot » de Souad Labbize
- « Claudine en ménage » de Colette
- « Zami », « Le journal du cancer », « Un souffle de lumière » et « Sister outsider » de Audre Lorde
Pour prolonger l'écoute :
- « Ça raconte Sarah » de Pauline Delabroy-Allard
- « Le corps est une chimère » de Wendy Delorme
- « La contrainte à l'hétérosexualité » d'Adrienne Rich
- « La pensée Straight » de Monique Wittig
- Paye ta gouine
- L'association Femmes en lutte 93
- Association Fières
- Magazine Well Well Well
- Fond de dotation féministe et lesbien
Remerciements : Wendy Delorme, Marie Kirschen Bonne nouvelle, Un podcast à soi se décline en livre ! Du micro à la plume, Un livre à soi de Charlotte Bienaimé nous donne à lire ce qui fait les questions d’aujourd’hui : le sexisme ordinaire, la grossophobie, le rôle des pères, la transidentité, les luttes sociales, l’écoféminisme, le prix du sexe ou encore l’horloge biologique. Un livre ARTE Éditions / Stock, disponible en librairie.
Enregistrements : novembre 2018 - Prise de son, montage, textes et voix : Charlotte Bienaimé - Réalisation et musique originale : Samuel Hirsch - Lectures : Estelle Clément Béalem - Accompagnement éditorial : Noémie Sanquer - Illustration : Anna Wanda Gogusey - Production : ARTE RadioLe consentement, c’est pouvoir dire clairement «Non» quand on n’a pas envie. Sauf que le mot «Non» n’est parfois pas adéquat. Dans le cadre de relations SM, par exemple, le mot «Non» est un ingrédient érotique de la relation. Comment dire stop, alors ?
Il existe des moments dans la vie où quand vous dites «Non», vous n’avez surtout pas envie que l’autre vous prenne au mot. «Le sadomasochisme est l’exemple le plus banal de cas où le fait de dire “Non” contribue à renforcer le caractère sexuel d’une situation», explique l’anthropologue Don Kulick. Dans un article intitulé «No» (publié en 2003 dans la revue Language & Communication), le chercheur suédois s’attache à montrer que le mot «Non» n’est pas en soi suffisant pour marquer qu’on souhaite faire cesser quelque chose… Dans le cadre du SM, il faut trouver un autre mot.
Quand le SM, ce n’est plus du «jeu»
«Les manuels de SM font fréquemment allusion à ce qu’ils appellent un safeword. C’est un mot ou une phrase décidée à l’avance, avant le début d’une séance sexuelle, pour marquer son arrêt au cas où l’un des deux souhaite stopper une pratique. La chose la plus importante à savoir concernant le choix du safeword c’est qu’il exclut d’emblée le mot “Non”». Pourquoi ? En guise d’explication, Don Kulick s’amuse à citer un dialogue d’un manuel SM américain datant de 2001 (The New bottoming Book), ce qui donne l’échange suivant :
Top [supérieur] : «Il me semble que tu mérites une bonne fessée à la brosse à cheveux, petite pute.
Bottom [inférieur] : «Non ! Je vous en prie ! Pas la brosse à cheveux !»
Le manuel ajoute que, «le Top ne dispose d’aucune indication claire quant aux sentiments réels de la personne dominée.» C’est-à-dire que la «proie» peut très bien s’ennuyer mortellement (ce qui est compréhensible). Ou, au contraire, éprouver une très forte excitation (sait-on jamais). Ou traverser une crise de peur panique à l’idée d’être fessée avec la brosse à cheveux (ça arrive). Le manuel conclut : «La raison pour laquelle nous avons besoin d’un safeword c’est que nous faisons souvent semblant de ne pas vouloir subir les choses merveilleuses qui nous sont faites et que nous n’hésitons jamais à crier “Non, non, non, non”, raison pour laquelle le safeword ne doit surtout pas être “Non”.»
A la recherche d’un Safeword adéquat
Effectivement, ce serait dommage que la personne dominante arrête au premier «Non», sous prétexte d’éthique. Un autre manuel (Consensual Sadomasochism, 1996), cité par Don Kulick, précise «Si une personne dominée n’avait qu’à dire “Stop” pour mettre fin à une scène sexuelle, l’illusion que la personne dominante possède le contrôle absolu serait mise en danger.» Traduction : il importe que les supplications, les cris et même les larmes de la personne dominée ne soient pas prises en compte comme des motifs suffisants pour arrêter une séance, car ces cris et ces larmes font partie du scénario. La mise en scène implique qu’il y ait véritablement de la douleur, de la souffrance et des franchissements de limite. Autrement, ce ne serait plus du SM mais un théâtre bouffon dénué de tout enjeu. Sans aller aussi loin, Don Kulick se contente prudemment d’expliquer que le mot «Non» chez les sadomasochistes pourrait se traduire «Encore» ou «Oh oui, c’est bon». Comment faire, dans ce cas, pour signaler un vrai refus ? Etant donné qu’on ne peut pas dire «Non», on choisit un mot bizarre : «Certains manuels recommandent des mots discordants comme “Radis” ou “Cornichon” ou bien des mots qui évoquent les feux de circulation : “Jaune” signifiera “Plus doucement” et “Rouge” signifiera “Stop”.»
Mayday, Fraise, Rouge, Radis, Cornichon ?
En France, l’expression Safeword est traduite «Mot d’arrêt» ou «Mot d’alerte». Dans son Dictionnaire du SM (publié en 2016 aux éditions La Musardine), Gala Fur –célèbre dominatrice parisienne, réalisatrice de documentaire et auteure– définit ainsi le «Mot d’arrêt» : «L’une des règles du BDSM est de choisir un mot qui mettra immédiatement fin à un jeu ou à une pratique lorsque la personne soumise le prononcera haut et fort, en particulier s’il s’agit d’un jeu à risque (edgeplay). Les Anglo-Saxons utilisent souvent le mot de détresse des marins «mayday», mais on peut employer «stop», «fraise», «rouge» comme dans Cinquante Nuances de Grey ou tout autre mot d’alerte convenu entre les partenaires.» Gala Fur prône l’usage des règles de sécurité. Et tant pis pour le ridicule. Prononcer le mot «fraise» en plein milieu d’une séance de cul vaut mieux que finir aux urgences. Mais Gala Fur a aussi tout à fait conscience que beaucoup de pratiquants (en France) refusent le ridicule et dénoncent ce qu’ils appellent «le tout sécuritaire» : «rebelles à cette nouvelle norme, [ils] confessent ne pas employer de mot d’arrêt, affirmant que leur-s partenaire-s et eux-mêmes sont suffisamment responsables pour s’en passer», résume Gala Fur.
Le SM comme du ski hors-pistes
Pourquoi refusent-ils les ceintures de sécurité ? Certains répondent que «les safewords, c’est bon pour les débutants. Quand on se connaît bien, on sait à quel moment s’arrêter : les cris ne sont plus les mêmes, ni les mouvements du corps.»
Par ailleurs, se moquent-ils, le safeword ne sert souvent à rien : comment mettre fin à une séance de SM avec une cagoule sur la tête ? Un bâillon dans la bouche ? Le mot d’arrêt est insuffisant.
Sans compter qu’il existe des soumis dangereux ou des esclaves folles qui pratiquent le SM des cîmes et refusent d’écouter leur corps : ils et elles repoussent les limites. C’est au Top de deviner quand la mesure est pleine.
Il y a, à l’inverse, des soumis douillets et des esclaves appelées «smart-ass» qui prennent plaisir à prendre en faute leur Top en geignant pour une écorchure avec une sorte de plaisir sadique : troubler le jeu les amuse. Ils-elles veulent que le Top les mette au pas, leur impose sa loi. Si on leur donnait un safeword, ils s’en serviraient à tout bout de champ.
«Une maîtresse, c’est Hitchcock, en jarretelles»
C’est probablement la raison pour laquelle certaines dominatrices professionnelles refusent, elles aussi, d’employer un mot d’alerte. Dans son Dictionnaire du SM, Gala Fur cite notamment Maîtresse Françoise : «Lorsqu’ils arrivaient avec des programmes écrits, je les déchirais. Je préférais les découvrir par des questions indirectes. Je refusais les mots d’arrêt. Hitchcock arrêterait-il de faire peur si vous le lui demandiez ? Eh bien une maîtresse, c’est Hitchcock, en jarretelles, la queue rentrée.» (Françoise Maîtresse, Annick Foucault). Se soumettre implique une part de renoncement. Et même si, bien sûr, le jeu implique deux adultes consentants, ainsi que des accords conclus au préalable, la «proie» reste une proie. Même si elle prononce un mot d’alerte, il est probable que le-la Top n’arrêtera pas dans la seconde, mais marquera –pour la forme– deux ou trois traits supplémentaires afin de mettre les choses au point. Qui c’est qui dirige ici ?
.
A LIRE : «No», de Don Kulick, dans: Language & Communication, 23, 2003, p. 139-151.
Dictionnaire du SM, de Gala Fur, éditions La Musardine, 2016.
Osez tout savoir sur le SM (nouvelle édition), de Gala Fur, éditions La Musardine, 2018.
CET ARTICLE FAIT PARTIE D’UN DOSSIER EN TROIS PARTIES : «Pourquoi dire Non: pour exciter le mâle ?» ; «Un gay vous drague: que faites-vous ?» ; «Pourquoi certain-es soumis-es crient Cornichon»
SUR LE MEME SUJET : «Tu consens, oui ou non ?»
«Peut-on aimer le sexe, sans avoir à s’en cacher ?»
«Faut-il dire non pour se faire aimer?»
«Les hommes : phobiques de l’engagement ?»
«On ne négocie pas avec le sexe»
«Idée reçue : l’homme demande, la femme refuse»
«Soyez érotique, devenez des battants»
«Il faut coucher pour réussir ma fille»
«Faire l’amour pour faire plaisir ?»