Il y a quelque temps via le réseau Webio, un utilisateur affirmait qu’il venait de terminer un programme capable de faire le lien entre un profil de réseau social (type Facebook ou Instagram) et des vidéos postées sur les tubes pornos. Sans aucune preuve, le développeur affirmait avoir pu identifier plus de cent mille filles grâce à ça. Le phénomène prend de l’ampleur et très vite, le programme est vu comme un outil pour vérifier si « ta copine n’a pas tourné dans un porno dans ton dos ». On se permet de rappeler à quel point ceci est dangereux et encore une fois pour… les femmes. Parce qu’apparemment, une femme qui fait du porno, ça la fout mal, surtout si elle va se marier.
A Germany-based Chinese programmer said he and some friends have identified 100k porn actresses from around the world, cross-referencing faces in porn videos with social media profile pictures. The goal is to help others check whether their girlfriends ever acted in those films. pic.twitter.com/TOuUBTqXOP
— Yiqin Fu (@yiqinfu) May 28, 2019
Ce n’est pas la première fois que l’on s’essaie à la reconnaissance faciale dans le porno : en 2017 sortait Pornstar By Face , un site qui se vantait de retrouver le nom d’une actrice grâce à une de ses images. Déjà, on pouvait observer combien le système n’était pas efficace : comme l’informatique refuse catégoriquement l’échec, il rapproche de l’image chargée ce qui lui ressemble le plus. J’ai testé pour vous, ça fonctionne bof : il paraît que je ressemble à Léa Guerlin.
Test non concluant
Pour revenir au programme allemand, du bruit commence à se faire entendre et le programmeur revient sur sa parole (il avait en effet déclaré que son but était que « les deux parties du mariage sachent ») et se reprend en annonçant que son but était plutôt de permettre aux jeunes femmes de retrouver leur propre image afin de la contrôler.
Habile retournement de veste, il est vrai, ce qui laisse à penser qu’un tel programme pourrait être bien plus utile que dangereux : contrôler son image, prévenir le revenge porn notamment. Cependant, ce genre d’outil n’en reste pas moins illégal, utiliser l’image de quelqu’un, ses données biométriques, est purement interdit par la loi, et surtout par notre cher RGPD (article 9, sur l’usage des données dans le but de la recherche). Eh oui, pour pouvoir scanner le web à la recherche d’une image, il faut bien se créer une base d’images, très souvent privées, uniquement disponible sur les réseaux sociaux.
The OP was asked whether he knew what sort of legal jeopardy he could be in. He said everything he did was legal because 1) he hasn't shared any data, 2) he hasn't opened up the database to outside queries, and 3) sex work is legal in Germany, where he's based. pic.twitter.com/XhMc29wRhn
— Yiqin Fu (@yiqinfu) May 28, 2019
On peut se rassurer en rappelant que la reconnaissance faciale efficace à 100%, c’est pour l’instant de la fiction, que ce programmeur n’a apporté aucune preuve de la performance de son outil, et que la surveillance biométrique n’est encore de l’ordre que de la dystopie. On peut aussi pointer une grande faiblesse de ce dispositif : on voit assez rarement des visages dans le porno quand il s’agit de productions home-made ou amateur. Combien de performeur·euses portent des masques, se cachent ou couvrent le visage pendant des scènes ? Les visages et les signes distinctifs (tels que les tatouages) sont régulièrement floutés, anonymisés, justement pour se prémunir contre des personnes mal intentionnées et le stigma qui pèse encore sur les personnes évoluant dans le milieu du X.
Est-ce qu’un jour la technologie rattrapera les astuces comme celle-ci et comblera ses déficiences ? On est un peu loin du scénario catastrophe, mais il faut garder à l’esprit qu’il y a toujours quelque part quelqu’un dont le cerveau va faire germer une idée pareille, qui remettra en question la sécurité et l’intégrité de chacun, tout particulièrement quand il s’agit de porno.
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