Je n’aime pas la notion de « vieux de la vieille » dans les forums et groupes bdsm. On y sent ce mépris à peine déguisé dans cette expression qui dit en gros « moi je sais… et vous, vous ne savez pas, bande de petits cons. »
J’essaie de me rappeler, quand j’étais « nouveau » dans ce milieu moi-même, il y a vingt ans, face aux pratiques dites bdsm. Les vieux du moment aussi se sentaient menacés par l' »ouverture du milieu », par toute cette déferlante de cultures alternatives entrant dans la culture populaire et mainstream, l’internet aidant.
Je les entends encore se lamenter : « aujourd’hui avec la nouvelle génération, le respect est moins présent »… Ou encore : « il y a moins de vrais pratiquants… »
C’était mieux avant?Aujourd’hui, ceux et celles qui se la jouent « vieux de la vieille » aiment bien se moquer des lecteurs de la trilogie « Fifty Shades of Grey » qui dénaturerait selon eux le vrai esprit du bdsm. À ce compte-là, je leur rétorquerais : pas plus pas moins qu’Histoire d’O, où l’on apprend en bout de ligne que Sir Stephen n’est qu’un membre d’un réseau international de prostitution… ni davantage que la trilogie de la belle au bois dormant d’Anne Rice où la soumise se transforme en domina… ni…
Cela dit, je considère que la néo-porno à la Upper Floor et la déferlante de photos léchées et de vidéos mal léchées dans Fetlife ou Hamster machin font bien plus de ravages dans les esprits et les pratiques, qu’un roman Harlequin sulfureux plutôt inoffensif. Tout de même, il suscite des vocations… :- )
Pourquoi? Parce que beaucoup croient que que ce qu’ils voient dans toutes ces photos et ces clips vidéos dans cette néo-porno, c’est ça du bdsm, que c’est comme ça que ça doit se passer dans une relation de pouvoir, que c’est ce qui attendu d’un « Maître » et d’une « soumise », que toutes ces disciplines olympiques, où l’ingéniosité rivalise d’adresse avec des dangers réels, sont la marque de vrais pratiquants estampillés catégorie A1…
Remarquez, c’est pas mieux avec toute la représentation du parfait dominant dans la trilogie d’E.L. James.
Les stéréotypes bdsm ont la tête dureJe vis la relation de pouvoir sur une base continue depuis la naissance de ce blogue en 2001.
Oh, pas avec la même personne. Plusieurs relations se sont succédé au fil du temps : des relations à temps plein, à temps partiel, freelance, en co-propriété, de couple, des rencontres coup-de-dés.
Quand je parle de relation de pouvoir sur une base continue (expression que je préfère à relation 24/7, qui mêle plus qu’elle n’éclaire), je ne dis pas que je me promène constamment avec une cravache en main, un contrat bdsm dans mon portefeuille, et que j’attends de ma compagne qu’elle m’offre son cul à tout bout d’champ pour une diablerie de mon cru.
Non. Je dis : base continue, dans le sens qu’à tout moment la femme qui se soumet à moi connait sa place dans notre relation et je connais la mienne. Tout comme elle reconnaît ma place et que je reconnais la sienne. Même si personne dans notre entourage ne peut percevoir un quelconque « signe » de soumission ou de domination.
Oh, forcément, ma vision d’une relation de pouvoir a évolué au fil du temps. Je n’aurais pas écrit le paragraphe précédent il y a vingt ans. Ma pensée a évolué, elle s’est construite au fil du temps sur des bases empiriques et pratiques, bien davantage que sur des bases théoriques plutôt inexistantes.
Ce qui était au départ l’exploration de fantasmes avec ma conjointe de l’époque, s’est transformé au fil du temps en façon de vivre mon intimité, ma sexualité, ma relation de couple, ma vie.
Phoque les clichésEt au fil du temps, je me suis aperçu que vivre la relation de pouvoir sur une base continue et saine, n’avait rien à voir avec les clichés véhiculés par la culture populaire, ni avec les nombreux mythes et légendes qui inondent Fetlife, y compris chez les gens « de la scène ».
Au moment où je réfléchissais à ces questions, bien en selle entre deux délicieuses, je suis tombé sur une entrevue donnée par Stefanos et Shay à Ayzad, un journaliste italien explorant les sexualités alternatives :
When my latest book was published last week, I was rather surprised by the prevalent reaction among both reviewers and readers alike. One of the most frequent comment to my beginners’ guide to sensible and healthy BDSM relationships is of amazement for its description of kinky games and mindsets so different from their “normal” portrayals – namely 50 shades of Grey and porn.
In fact, I had to stop and think to realize that I am privileged to see erotic domination and submission games from the vintage point of somebody with over a quarter of century of direct experience of this lifestyle.
This is more than enough time to get over the loads of bullshit about ‘true BDSM’ preached by most alternative media as well as the mainstream ones, but people inexperienced with the reality of the Scene are especially prone to believe its myths and legends.
As a matter of fact, most of them actually try to follow them to the letter – often to their disappointment.
Je vous laisse vous organiser avec la traduction, vous êtes de grandes personnes.
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