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«Jamais de ma vie je ne me suis sentie aussi maladroite – sauf peut-être pour mon premier baiser ou la première fois que j’ai fait l’amour. Je peux vous dire que le temps paraît drôlement long quand on se retrouve tout seul avec un vieillard mort, un rasoir rose à la main».
Caitlin Doughty, belle brune née à Hawaï, est extrêmement connue aux Etats-Unis pour sa série de vidéos Internet «Demandez à un croque-mort» (Ask a mortician). Entrepreneur en pompes funèbres, elle milite en faveur de pratiques funéraires plus humaines et surtout plus «intimes», disons, affectueuses, enfin… difficile de trouver le mot adéquat. Il s’agit d’aider les gens à vaincre leur peur des cadavres, même et surtout quand c’est celui d’un proche : lavez-le vous-même, encourage-t-elle. Donnez-lui les derniers soins. Lui, ça ne lui fera ni chaud ni froid. Mais vous… cela vous aidera.
Dans un livre récemment publié aux éditions Payot-Rivages (Chroniques de mon crématorium), Caitlin raconte qu’a priori rien ne la destinait à manipuler des restes humains. Sur son site Internet, on peut lire que ses «parents avaient peu de raison de penser qu’elle finirait par gagner sa vie en sondant les limites séparant les morts des vivants. C’est seulement lorsqu’elle s’est mise à poser des questions bizarres, qu’ils ont commencé comprendre : “Maman, si je me trouvais en haut d’une falaise et que je glissais, si mon corps se fracassait contre les rochers, est-ce que tu serais triste ?“ ».
Tout vient d’un accident auquel elle assiste, à l’âge de 8 ans. Sous ses yeux, dans un centre commercial, une petite fille gravit une rambarde puis s’écrase 10 mètres plus bas, la tête la première sur le rebords d’un comptoir, dans un bruit d’os et de chair broyée. Caitlin n’en dort plus. «C’est comme si la petite fille n’en finissait pas de tomber dans un puit de terreur au beau milieu de mon corps».
Tout peut donc s’arrêter d’une seconde à l’autre ? Pour combattre cette hantise, Caitlin accomplit d’abord des petits rituels. Faire le tour de la maison trois fois avant de nourrir le chien. Marcher sur les dalles impaires pour aller à l’école… Ces tics disparaissent peu à peu, sans que cela ne résolve rien. Après le lycée, Caitlin rédige une thèse sur le sexe démoniaque dans l’imaginaire de la sorcellerie au XVe siècle. Puis, au lieu de chercher du travail comme historienne, elle se met à envoyer son curriculum à toutes les entreprises funéraires de Californie, essuyant d’innombrables refus jusqu’à ce qu’une petite firme spécialisée dans l’incinération l’accepte. Elle n’a strictement aucune expérience.
A 23 ans, le premier jour de son embauche, le patron lui tend un rasoir de plastique rose et lui demande de raser le visage d’un homme mort de cancer à 70 ans. Elle doit donc toucher le cadavre. Et en douceur : la peau des morts ne cicatrise pas. La moindre blessure serait du plus mauvais effet sur la famille venu leur dire adieu. Après avoir fixé le corps pendant dix longues minutes en essayant de se convaincre qu’il s’agit juste d’une carcasse d’animal, Caitlin se penche sur le défunt (qu’elle nomme Byron) et, craignant de lui faire mal, se met doucement à le raser…car «Byron était bien autre chose qu’une viande avariée : une créature noble et féérique, au même titre qu’une licorne ou qu’un griffon».
Pour son patron, l’épreuve est réussie. Caitlin désormais sera en charge du travail principal. A elle d’aller chercher, parmi les «cercueils» (boîtes) en carton empilés dans la salle froide, celui des morts ayant reçu leur permis de crémation. Une fois qu’elle les a trouvé, parfois sous une pile, Caitlin doit charger l’élu sur une table roulante aussi difficile à manier qu’un wagon de mineur avant de pousser son contenu dans la chaudière à 800°.
Chaque crémation prend environ deux heures, au cours de laquelle elle doit ouvrir la porte du four et munie d’une fourche, déplacer le cadavre en combustion pour le positionner correctement dans le coeur de la flamme. C’est salissant. Mais Caitlin ne trouve pas cela sale, au contraire : lorsque le corps a été entièrement brûlé, elle effectue avec son râteau un va-et-vient presque hypnotique qu’elle compare aux mouvements des moines qui chaque matin brossent des motifs de vague dans les graviers des jardins zen. Les cendres viennent à elle, mêlées d’os tièdes. Les cendres lui recouvrent les cheveux, s’infiltrent sous ses ongles, lui imbibent les pores de leur odeur étrange… Elle prend ses repas où elle peut, cherchant un abri, terrifiée à l’idée qu’il y ait des «des gens» dans ses nouilles. Mais heureuse d’avoir pu transformer leur corps en une poudre si douce et si légère.
Caitlin parle de tout, même du putride, avec des mots simples et lumineux. Elle parle aussi de la difficulté qu’il y a à draguer des garçons lorsqu’elle sort du travail, trainant après elle l’odeur tenace du crématorium. Et de la magie qui consiste à clore les paupières et la bouche d’un cadavre, dont il faut masser les muscles pour lui donner l’expression apaisée. Ce contact peau à peau c’est sa thérapie quotidienne. Le livre, rédigé six ans après ses débuts dans le crématorium, retrace l’histoire d’une réconciliation avec soi-même. Ses mots ne sont pas sans rappeler ceux du livre Mille cercueils, bouleversant documentaire consacré à la morgue improvisée de Kamaishi dans laquelle – après le grand séisme du 11 mars 2011 au Japon – des survivants se sont battus pour redonner aux morts un nom, un visage et une famille. Il y a de la beauté dans le rapport aux cadavres. Une beauté extrêmement proche parfois de ces gestes amoureux qui nous réconcilient avec ce corps que nous aimons si peu. Et pourtant, c’est ce corps-là que l’autre désire. C’est ce corps-là que quelqu’un caresse, même lorsque nous n’y sommes plus… qu’en souvenir. Il y a donc quelque chose de précieux en lui ?
A LIRE : Chroniques de mon crématorium, Caitlin Doughty, éditions Payot-Rivages.
Mille Cercueils, de Kôta Ishii, traduit bénévolement par le groupe Honyakudan, afin d’aider les survivants du du séisme et du tsunami du 11 mars 2011 au Japon. Editions Seuil.
«Jamais de ma vie je ne me suis sentie aussi maladroite – sauf peut-être pour mon premier baiser ou la première fois que j’ai fait l’amour. Je peux vous dire que le temps paraît drôlement long quand on se retrouve tout seul avec un vieillard mort, un rasoir rose à la main».
Caitlin Doughty, belle brune née à Hawaï, est extrêmement connue aux Etats-Unis pour sa série de vidéos Internet «Demandez à un croque-mort» (Ask a mortician). Entrepreneur en pompes funèbres, elle milite en faveur de pratiques funéraires plus humaines et surtout plus «intimes», disons, affectueuses, enfin… difficile de trouver le mot adéquat. Il s’agit d’aider les gens à vaincre leur peur des cadavres, même et surtout quand c’est celui d’un proche : lavez-le vous-même, encourage-t-elle. Donnez-lui les derniers soins. Lui, ça ne lui fera ni chaud ni froid. Mais vous… cela vous aidera.
Dans un livre récemment publié aux éditions Payot-Rivages (Chroniques de mon crématorium), Caitlin raconte qu’a priori rien ne la destinait à manipuler des restes humains. Sur son site Internet, on peut lire que ses «parents avaient peu de raison de penser qu’elle finirait par gagner sa vie en sondant les limites séparant les morts des vivants. C’est seulement lorsqu’elle s’est mise à poser des questions bizarres, qu’ils ont commencé comprendre : “Maman, si je me trouvais en haut d’une falaise et que je glissais, si mon corps se fracassait contre les rochers, est-ce que tu serais triste ?“ ».
Tout vient d’un accident auquel elle assiste, à l’âge de 8 ans. Sous ses yeux, dans un centre commercial, une petite fille gravit une rambarde puis s’écrase 10 mètres plus bas, la tête la première sur le rebords d’un comptoir, dans un bruit d’os et de chair broyée. Caitlin n’en dort plus. «C’est comme si la petite fille n’en finissait pas de tomber dans un puit de terreur au beau milieu de mon corps».
Tout peut donc s’arrêter d’une seconde à l’autre ? Pour combattre cette hantise, Caitlin accomplit d’abord des petits rituels. Faire le tour de la maison trois fois avant de nourrir le chien. Marcher sur les dalles impaires pour aller à l’école… Ces tics disparaissent peu à peu, sans que cela ne résolve rien. Après le lycée, Caitlin rédige une thèse sur le sexe démoniaque dans l’imaginaire de la sorcellerie au XVe siècle. Puis, au lieu de chercher du travail comme historienne, elle se met à envoyer son curriculum à toutes les entreprises funéraires de Californie, essuyant d’innombrables refus jusqu’à ce qu’une petite firme spécialisée dans l’incinération l’accepte. Elle n’a strictement aucune expérience.
A 23 ans, le premier jour de son embauche, le patron lui tend un rasoir de plastique rose et lui demande de raser le visage d’un homme mort de cancer à 70 ans. Elle doit donc toucher le cadavre. Et en douceur : la peau des morts ne cicatrise pas. La moindre blessure serait du plus mauvais effet sur la famille venu leur dire adieu. Après avoir fixé le corps pendant dix longues minutes en essayant de se convaincre qu’il s’agit juste d’une carcasse d’animal, Caitlin se penche sur le défunt (qu’elle nomme Byron) et, craignant de lui faire mal, se met doucement à le raser…car «Byron était bien autre chose qu’une viande avariée : une créature noble et féérique, au même titre qu’une licorne ou qu’un griffon».
Pour son patron, l’épreuve est réussie. Caitlin désormais sera en charge du travail principal. A elle d’aller chercher, parmi les «cercueils» (boîtes) en carton empilés dans la salle froide, celui des morts ayant reçu leur permis de crémation. Une fois qu’elle les a trouvé, parfois sous une pile, Caitlin doit charger l’élu sur une table roulante aussi difficile à manier qu’un wagon de mineur avant de pousser son contenu dans la chaudière à 800°.
Chaque crémation prend environ deux heures, au cours de laquelle elle doit ouvrir la porte du four et munie d’une fourche, déplacer le cadavre en combustion pour le positionner correctement dans le coeur de la flamme. C’est salissant. Mais Caitlin ne trouve pas cela sale, au contraire : lorsque le corps a été entièrement brûlé, elle effectue avec son râteau un va-et-vient presque hypnotique qu’elle compare aux mouvements des moines qui chaque matin brossent des motifs de vague dans les graviers des jardins zen. Les cendres viennent à elle, mêlées d’os tièdes. Les cendres lui recouvrent les cheveux, s’infiltrent sous ses ongles, lui imbibent les pores de leur odeur étrange… Elle prend ses repas où elle peut, cherchant un abri, terrifiée à l’idée qu’il y ait des «des gens» dans ses nouilles. Mais heureuse d’avoir pu transformer leur corps en une poudre si douce et si légère.
Caitlin parle de tout, même du putride, avec des mots simples et lumineux. Elle parle aussi de la difficulté qu’il y a à draguer des garçons lorsqu’elle sort du travail, trainant après elle l’odeur tenace du crématorium. Et de la magie qui consiste à clore les paupières et la bouche d’un cadavre, dont il faut masser les muscles pour lui donner l’expression apaisée. Ce contact peau à peau c’est sa thérapie quotidienne. Le livre, rédigé six ans après ses débuts dans le crématorium, retrace l’histoire d’une réconciliation avec soi-même. Ses mots ne sont pas sans rappeler ceux du livre Mille cercueils, bouleversant documentaire consacré à la morgue improvisée de Kamaishi dans laquelle – après le grand séisme du 11 mars 2011 au Japon – des survivants se sont battus pour redonner aux morts un nom, un visage et une famille. Il y a de la beauté dans le rapport aux cadavres. Une beauté extrêmement proche parfois de ces gestes amoureux qui nous réconcilient avec ce corps que nous aimons si peu. Et pourtant, c’est ce corps-là que l’autre désire. C’est ce corps-là que quelqu’un caresse, même lorsque nous n’y sommes plus… qu’en souvenir. Il y a donc quelque chose de précieux en lui ?
A LIRE : Chroniques de mon crématorium, Caitlin Doughty, éditions Payot-Rivages.
Mille Cercueils, de Kôta Ishii, traduit bénévolement par le groupe Honyakudan, afin d’aider les survivants du du séisme et du tsunami du 11 mars 2011 au Japon. Editions Seuil.
C’est un genre tombé en désuétude chez les hétéros, mais qui revient en force – chez les homos, cette fois: les vidéos de demandes en mariage gay. Plusieurs sites, dont le très caustique Towleroad, ont depuis quelques temps une sorte de carnet blanc, où l’on retrouve une série de clips romantiques de fiançailles et de noces (la plupart plutôt chic et glamour). La plupart sont des surprises plus ou moins élaborées préparées par un des deux amoureux. Au programme: des danses, de blagues, de mots tendres et un baiser si tout va bien. Le tout en public, bien sûr.
Beaucoup d’internautes sont aux anges: «Il faut montrer plus de vidéos de ce type: elles montrent que les gays sont doués pour le bonheur et le bien-être.» D’autres ironisent «Si adorable! Gloussons à l’unisson! Ces «moments privés» en quête de publicité ne sont pas du tout en train de devenir énervants sur tous nos sites gay.»
Kitsch à Disneyland
La semaine passée, c’est un clip tourné à Disneyland qui a été vu par quelque 256’000 internautes. Musique hollywoodienne, montage pro et effets kitschissimes: la production a mis une double dose de praline sur un scénario cucul à souhait.
Gavin pensait retrouver son boyfriend dans le parc d’attraction pour boire un verre. Surprise! Le voilà entouré par trois cameramen et autant de photographes, priés de le conduire auprès de son Patrick. En chemin, on lui a remis des messages de son bien-aimé: «Tu es l’amour de ma vie», «J’ai hâte de t’appeler chéri». Gavin sanglote, titube, vient pleurer sur l’épaule de personnes indéfinies. Soudain, devant lui, 12 danseurs entament une chorégraphie sur «Unconditionnally», de Katy Perry. A la fin du morceau, ils s’écartent pour laisser le passage à Patrick et à sa foutue bague…
Le genre fait fureur sur les sites LGBT anglosaxons, où les news intitulées «You have to watch…» («Vous devez voir absolument…») se multiplient. Remonter le moral des lecteurs avec une bonne nouvelle, manifestement ça ne se refuse par les temps qui courent.
This video made me smile a few times (and it’s really sexy). I’m so glad they’re doing this whole project! Keisha Grey gets tied up as part of a documentary for the Take 1 Art Series (Damon Pierce, Eric Minh Swinson, and Dave Naz), with an interview of her perspectives and feelings throughout. Here’s the video’s Vimeo page text:
Content copyright © 2015 Violet Blue ® (R) permitted for use on tinynibbles.com only.ROPE is the 2nd feature film documentary produced and directed by Eric Minh Swenson on the contemporary Southern California art scene. ROPE is a film that focuses on the intricate beauty and and ornate process of rope bondage as art and liberation from sexual norms.
The film features Damon Pierce as rope artisan and bondage rigger. ROPE will present an in-depth look behind Pierce’s passion as a BDSM educator and extreme performance artist. The film will also provide an impassioned view and joy among both sexes.
http://www.lematin.ch|«Tafiole», «pédé», «lopette»: des termes qui pourraient bientôt devenir passibles d’une condamnation, avec le projet de révision du Code pénal visant à pénaliser les injures homophobes. Dans l’encadrement sportif, on assure travailler déjà à éradiquer ces injures des terrains et des vestiaires. «Le Matin Dimanche» interroge quelques entraîneurs, dans les milieux hyper macho du foot et du hockey. «Quand j’entends tafiole ou pédé, je prends le jeune à part plutôt que lui faire une remontrance devant tout le monde. Les yeux dans les yeux, je lui demande si on l’a déjà questionné sur sa vie sexuelle, de manière à lui faire comprendre les implications, les conséquences que peut avoir ce qu’il a dit. Comme éducateur, on se doit de fixer des règles», explique Real Vincent, entraîneur de hockey. Bref, tout va très bien madame la marquise… tant qu’on ne va pas écouter (par exemple) ce qui se hurle dans les tribunes.