A 1934 portrait of Leonor Fini by an unknown photographer. Credit : 2018 Artists Rights Society (ARS), New York/ADAGP, Paris; Estate of Leonor Fini, Paris.
Au bal, on porte le masque. Au carnaval, on porte le masque, lors de cérémonies rituelles, dans diverses traditions théâtrales. On le porte aussi pour se protéger. Et protéger les autres…
Masques de fête, masques funéraires, masques à gaz, masques de plongée, faces de terre cuite, masques de gardien de but…
Mais qu’est-ce qu’un masque? Pourquoi porte-t-on un masque? Et que dire de tous ces « masques sociaux », sous-ensembles de règles et scripts de comportements et de gestes attendus en telle ou telle circonstance?
Les fonctions du masque sont nombreuses : d’expression, de protection, il sert à magnifier, à grossir le trait, à faire peur, à se donner du courage. Non seulement, il cache le visage mais il devient un être différent de sa vie de tous les jours.
« Cet être peut représenter tour à tour une force naturelle d’origine divine, un guérisseur ou un esprit, un ancêtre qui revient pour bénir ou punir, un esprit de la mort ou de la forêt. »
Voire une chouette.
L’homme est moins lui-même quand il parle en personne. Donnez-lui un masque et il vous dira la vérité.
Oscar Wilde
Un masque nous parle plus qu’un visage
Le masque métamorphose, propulse, échappe aux contingences.
Porter le masque en vue d’explorer d’autres couches identitaires, d’autres facettes de soi, d’autres regards sur soi aussi.
« Au reste, rien n’est plus fallacieux et mouvant qu’une identité. Si l’on peut croire, comme le croient des centaines de millions d’hommes, que nous vivons plusieurs vies, pourquoi ne pas croire aussi que dans chacune de nos vies nous sommes le lieu de rencontres de plusieurs âmes? »
… demande Pauline Réage dans Retour à Roissy.
Jim Carrey dans le film The Mask
(1994).
Voir sans être vu
Masque physique, mommification, cagoule, anonymat, pseudonyme, le masque prend plusieurs traits.
Photos :
joelledirty.
Commode, le masque. Il permet de voir sans être vu, ni reconnu. Intentions cachées. Sous cape. Le masque répond bien au goût de la discrétion feutrée couplée à l’exhibitionnisme le plus ravageur.
Les voyeurs sont assurément plus nombreux que les exhibitionnistes. Et c’est tant mieux. Toute cette présence, cette tension libidineuse, animale, humaine par trop humaine, cette cohésion collective, partagée, règles strictes sous peine d’exclusion, d’être démasqué, n’est-ce pas mon bon docteur Hartford?
Photos tirées du film Eyes Wide shut (Stanley Kubrick, 1999).
Les masques de Léonor Fini
Léonor Fini est une artiste peintre surréaliste, graveuse, lithographe, décoratrice de théâtre et écrivaine française d’origine italienne. On lui doit de très belles vignettes accompagnant une version d’Histoire d’O.
Vignette en couleurs tirée de Histoire d’O de
Pauline Réage, illustrée par
Léonor Fini. Tchou, 1968, in-4.
L’article Ce goût pour le masque est publié dans le site cercle O - L'échange de pouvoir érotique.