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Je publie de temps en temps des témoignages de lecteurs qui m’écrivent pour me faire part de leur réussites (ou difficultés) à atteindre l’orgasme prostatique. La plupart du temps cela prend un peu de temps, mais ce n’est pas toujours le cas et certaines personnes peuvent découvrir rapidement ce plaisir. Voici aujourd’hui le témoignage d’un…
L’article Témoignage : ma découverte en 5 jours de l’orgasme prostatique est apparu en premier sur NouveauxPlaisirs.fr.
Explorer le monde de la sexualité, celui du libertinage ou celui du porno, c’est aussi s’armer d’une ouverture d’esprit assumée, c’est aimer la zone de liberté que ces deux mondes proposent, et cela ne va pas sans accepter également de jouer avec nos stéréotypes, inspirés de la vie réelle.
La soumission féminine ? Aucun souci, même avec une gamelle et une laisse. Les simulations de viol ? Un classique du genre très apprécié, surtout avec les menottes. Le jeu du professeur et de l’écolière ? Un basique, avec les petites couettes infantilisantes en prime.
Et celui du noir qui vient jouer les étalons sauvages dans un couple de blanc candauliste ? Et les gangs bangs de noirs, un peu voyous, avec une jeune blanche effarouchée au milieu ?
Pour le milieu du porno, comme celui du libertinage, ces fantasmes racistes font partie de la panoplie classique proposée.
Mais ça commence à faire grincer des dents…
Le monde du porno : quand « l’interracial » rapporte plusEbony ass, BBC, Black, les tags pornographiques qui fétichisent les noirs et jouent sur les stéréotypes de la performance et des attributs sexuels plus développés (les fesses, les sexes, les muscles…) fleurissent sur les plateformes de porno « mainstream ».
Mais être noir et acteur porno, ce n’est pas juste être réduit à un « tag ».
La réalité économique de l’industrie traduit celle de nos...Lire la suite sur Union
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Les mots sont notre façon de penser le monde, donc de nous définir et de nous défendre. Dans “Etymologie pour survivre au chaos”, la chercheuse italienne Andrea Marcolongo a choisi «99 mots pour retrouver notre voix», parmi lesquels : amour, abandon, trahison.
«Chaque fois que nous choisissons un mot, nous mettons de l’ordre dans le chaos, nous donnons des contours et une consistance au réel ; chaque fois que nous prononçons un mot, il est notre reflet. Sans le langage, nous ne ferions que tâtonner dans la confusion, incapables de dire la réalité et ce que nous ressentons. C’est pour cela que nous devons prendre le plus grand soin des mots.» Dans un ouvrage d’étymologie intimiste (Etymologie pour survivre au chaos, aux éditions Les Belles Lettres), la chercheuse Andrea Marcolongo défend l’idée que – sans mots – l’humain perd ses moyens, ses buts ou sa raison d’être.
Pourquoi les Tahitiens s’ôtent si souvent la vie
En 1973, l’anthropologue Robert Levy enquête sur l’île de Tahiti pour comprendre pourquoi le taux de suicide y est anormal, excessif. Robert Levy s’aperçoit que la langue tahitienne, pourtant si précise concernant la notion de douleur physique, ne possède aucun mot concernant la douleur psychique : il est impossible pour les habitants de «mettre un mot» sur la tristesse, la mélancolie, l’angoisse, ni même la culpabilité. Incapables de la «dire», les Tahitiens ne peuvent exprimer leur souffrance qu’en se tuant. Robert Levy nomme ce phénomène hypocognition : soit la douleur de «connaître moins» et, donc, d’être impuissant pour faire face au chaos.
Les mots qui nous manquent
«Les étymologies servent à ceci : à ne pas rester submergés, à ne pas avoir les mots qui nous manquent face à l’immensité de ce que nous ressentons», conclut Andrea, invitant les lecteurs à choisir «scrupuleusement» leurs mots lorsqu’ils sont plongés dans l’adversité. Choisir des mots précis, ceux qui reflètent au plus près notre pensée et nos émotions, c’est la discipline à laquelle la chercheuse nous convie en termes vibrants… car il en va de notre vie, dit-elle. On ne peut pas se construire en tant qu’être humain sans exigence de lucidité, c’est-à-dire sans tenter de saisir ce qu’est notre réalité.
«Sans mots, nous sommes élidés de la réalité»
La réalité prenant «forme et consistance» dans les mots, nous courons deux dangers si nous usons de formules toutes faites. Le premier, c’est de perdre nos repères face au désordre des émotions. Comment faire de l’ordre en soi si l’on n’est pas sincère et si l’on se cache derrière des mots «de pacotille qui ne signifient rien» ? Le deuxième danger, c’est de se laisser duper par des termes faux qui trahissent notre pensée et même nos idéaux. Comment réclamer le respect si l’on s’en remet par facilité à des mots creux, empruntés à d’autres personnes, qui sentent le perroquet ?
Quelle part de nous passons-nous sous silence ?
«Les mots compromis sont toujours le symptôme d’une pensée compromise», affirme Andréa, qui établit le parallèle entre le chant V de l’Odyssée et nos propres parcours brisés. Rappelez-vous Ulysse, dit-elle : c’est l’histoire d’un homme qui fait naufrage sur une île inconnue dont la reine se nomme Calypso. Son nom vient du verbe kalyptô qui signifie «cacher, envelopper». Elle tombe amoureuse d’Ulysse et le retient sept ans sur son île, l’entourant d’affection et l’enveloppant de soins. Au bout de sept ans, bien qu’elle lui offre l’immortalité, Ulysse la quitte parce que «la Nymphe ne lui plaisait plus».
Bannir quelqu’un de sa vie
Andrea raconte avoir longtemps «éprouvé compassion» pour cette femme et cela d’autant plus qu’Ulysse la quitte froidement. Il préfère rester mortel et rentrer chez lui. Dans un double mouvement, il abandonne Calypso et la bannit de sa vie. Les deux mots sont liés, bien sûr. Le verbe abandonner remonte à l’expression du XIIIe-XIVe siècle «a ban donner», autrement dit «laisser à quelqu’un» (par extension : «mettre en nourrice»). «En résumé : je ne veux pas de toi, pas maintenant, je ne peux pas – quelqu’un d’autre se chargera de te nourrir, et, s’il le faut, de t’aimer. Je ne veux pas de problèmes, donc : je te donne, je t’a ban donne» résume la chercheuse.
Abandonner : mettre au ban
De même qu’on dit «mettre au ban de la société», le verbe «abandonner» sonne comme une condamnation. Il est tiré du mot germanique ban (parole) qui désigne le fait de prononcer des mots, l’équivalent d’un arrêt de mort. Abandonner, expulser, extrader, exiler, c’est tout comme : «ceux qui nous abandonnent nous “donnent” littéralement, et de la douleur qu’ils provoquent en fermant la porte derrière eux, ils s’en moquent éperdument. Des yeux “de chien au bord de la route”, dis-je souvent pour rendre en mots la douleur que comporte l’abandon. Une corde autour du cou, attaché à la rambarde et l’espoir qu’une voiture, n’importe laquelle, s’arrête».
Le verbe «trahir» signifie d’abord «donner»
Notant que ceux ou celles qui nous abandonnent le font souvent avec des phrases banales (encore un mot dérivé du ban), Andrea Marcolongo note que le verbe «trahir» tire aussi ses origines d’une expression neutre, bien éloignée de l’acte cruel à laquelle le mot renvoie : étymologiquement, «trahir» vient du verbe latin tradere, qui signifie «transmettre, donner, remettre, faire passer». Tradere donne en français moderne les mots «traduction» (qui signifie «transmettre un message dans une autre langue»), «tradition» («transmettre une mémoire aux nouvelles générations») et «trahison» («remettre quelqu’un entre les mains de quelqu’un d’autre»).
La «donation» de Juda
S’il faut en croire Andrea, la «trahison» n’était, à l’origine, qu’une simple «livraison». «Le verbe prit définitivement une connotation négative –celle qui nous rend fou de jalousie ou de douleur– à partir de la traduction en latin du texte de l’Évangile, où le verbe tradere est employé lorsque Jésus est livré aux gardes après la trahison de Juda.» Pour avoir «remis» Jésus aux soldats, Juda fit de la trahison cet acte chargé du sens terrible qu’il a de nos jours. Trahir, quoi de plus atroce ? Mais il y a pire que la trahison entre humains. Il y a la trahison de ceux et celles qui se cachent derrière des mots vides, dérisoires, et qui s’en remettent aux rhétoriques d’emprunt.
Quel est le coût du mensonge ?
Invitant ses lecteurs à s’exprimer de façon personnelle et à choisir soigneusement leurs propres mots, Andréa Marcolongo prie que la langue devienne «sincère et authentique comme la vie telle qu’elle est vécue […] Intègres, les étymologies nous contraignent à nous révéler, à nous comprendre, à nous dépouiller de milliers d’excuses, pour être, à notre tour, les étymons à la source de nos vies : des hommes et des femmes réels, authentiques, fidèles.» Lorsque nous prononçons une phrase convenue, par facilité, «nous offensons notre propre faculté de raisonnement, parce que s’il y a moins de mots, la pensée n’existe plus», ajoute-t-elle, insistant sur cette vérité : qu’employer des mots faux, c’est se trahir soi-même.
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A LIRE : Etymologie pour survivre au chaos, Andrea Marcolongo, traduit par Béatrice Robert-Boissier, éditions Les Belles Lettres, 5 juin 2020.
ILLUSTRATION : Ulysse et Calypso, Arnold Böcklin, 1882, Kunstmuseum de Bâle.
Les mots sont notre façon de penser le monde, donc de nous définir et de nous défendre. Dans “Etymologie pour survivre au chaos”, la chercheuse italienne Andrea Marcolongo a choisi «99 mots pour retrouver notre voix», parmi lesquels : amour, abandon, trahison.
«Chaque fois que nous choisissons un mot, nous mettons de l’ordre dans le chaos, nous donnons des contours et une consistance au réel ; chaque fois que nous prononçons un mot, il est notre reflet. Sans le langage, nous ne ferions que tâtonner dans la confusion, incapables de dire la réalité et ce que nous ressentons. C’est pour cela que nous devons prendre le plus grand soin des mots.» Dans un ouvrage d’étymologie intimiste (Etymologie pour survivre au chaos, aux éditions Les Belles Lettres), la chercheuse Andrea Marcolongo défend l’idée que – sans mots – l’humain perd ses moyens, ses buts ou sa raison d’être.
Pourquoi les Tahitiens s’ôtent si souvent la vie
En 1973, l’anthropologue Robert Levy enquête sur l’île de Tahiti pour comprendre pourquoi le taux de suicide y est anormal, excessif. Robert Levy s’aperçoit que la langue tahitienne, pourtant si précise concernant la notion de douleur physique, ne possède aucun mot concernant la douleur psychique : il est impossible pour les habitants de «mettre un mot» sur la tristesse, la mélancolie, l’angoisse, ni même la culpabilité. Incapables de la «dire», les Tahitiens ne peuvent exprimer leur souffrance qu’en se tuant. Robert Levy nomme ce phénomène hypocognition : soit la douleur de «connaître moins» et, donc, d’être impuissant pour faire face au chaos.
Les mots qui nous manquent
«Les étymologies servent à ceci : à ne pas rester submergés, à ne pas avoir les mots qui nous manquent face à l’immensité de ce que nous ressentons», conclut Andrea, invitant les lecteurs à choisir «scrupuleusement» leurs mots lorsqu’ils sont plongés dans l’adversité. Choisir des mots précis, ceux qui reflètent au plus près notre pensée et nos émotions, c’est la discipline à laquelle la chercheuse nous convie en termes vibrants… car il en va de notre vie, dit-elle. On ne peut pas se construire en tant qu’être humain sans exigence de lucidité, c’est-à-dire sans tenter de saisir ce qu’est notre réalité.
«Sans mots, nous sommes élidés de la réalité»
La réalité prenant «forme et consistance» dans les mots, nous courons deux dangers si nous usons de formules toutes faites. Le premier, c’est de perdre nos repères face au désordre des émotions. Comment faire de l’ordre en soi si l’on n’est pas sincère et si l’on se cache derrière des mots «de pacotille qui ne signifient rien» ? Le deuxième danger, c’est de se laisser duper par des termes faux qui trahissent notre pensée et même nos idéaux. Comment réclamer le respect si l’on s’en remet par facilité à des mots creux, empruntés à d’autres personnes, qui sentent le perroquet ?
Quelle part de nous passons-nous sous silence ?
«Les mots compromis sont toujours le symptôme d’une pensée compromise», affirme Andréa, qui établit le parallèle entre le chant V de l’Odyssée et nos propres parcours brisés. Rappelez-vous Ulysse, dit-elle : c’est l’histoire d’un homme qui fait naufrage sur une île inconnue dont la reine se nomme Calypso. Son nom vient du verbe kalyptô qui signifie «cacher, envelopper». Elle tombe amoureuse d’Ulysse et le retient sept ans sur son île, l’entourant d’affection et l’enveloppant de soins. Au bout de sept ans, bien qu’elle lui offre l’immortalité, Ulysse la quitte parce que «la Nymphe ne lui plaisait plus».
Bannir quelqu’un de sa vie
Andrea raconte avoir longtemps «éprouvé compassion» pour cette femme et cela d’autant plus qu’Ulysse la quitte froidement. Il préfère rester mortel et rentrer chez lui. Dans un double mouvement, il abandonne Calypso et la bannit de sa vie. Les deux mots sont liés, bien sûr. Le verbe abandonner remonte à l’expression du XIIIe-XIVe siècle «a ban donner», autrement dit «laisser à quelqu’un» (par extension : «mettre en nourrice»). «En résumé : je ne veux pas de toi, pas maintenant, je ne peux pas – quelqu’un d’autre se chargera de te nourrir, et, s’il le faut, de t’aimer. Je ne veux pas de problèmes, donc : je te donne, je t’a ban donne» résume la chercheuse.
Abandonner : mettre au ban
De même qu’on dit «mettre au ban de la société», le verbe «abandonner» sonne comme une condamnation. Il est tiré du mot germanique ban (parole) qui désigne le fait de prononcer des mots, l’équivalent d’un arrêt de mort. Abandonner, expulser, extrader, exiler, c’est tout comme : «ceux qui nous abandonnent nous “donnent” littéralement, et de la douleur qu’ils provoquent en fermant la porte derrière eux, ils s’en moquent éperdument. Des yeux “de chien au bord de la route”, dis-je souvent pour rendre en mots la douleur que comporte l’abandon. Une corde autour du cou, attaché à la rambarde et l’espoir qu’une voiture, n’importe laquelle, s’arrête».
Le verbe «trahir» signifie d’abord «donner»
Notant que ceux ou celles qui nous abandonnent le font souvent avec des phrases banales (encore un mot dérivé du ban), Andrea Marcolongo note que le verbe «trahir» tire aussi ses origines d’une expression neutre, bien éloignée de l’acte cruel à laquelle le mot renvoie : étymologiquement, «trahir» vient du verbe latin tradere, qui signifie «transmettre, donner, remettre, faire passer». Tradere donne en français moderne les mots «traduction» (qui signifie «transmettre un message dans une autre langue»), «tradition» («transmettre une mémoire aux nouvelles générations») et «trahison» («remettre quelqu’un entre les mains de quelqu’un d’autre»).
La «donation» de Juda
S’il faut en croire Andrea, la «trahison» n’était, à l’origine, qu’une simple «livraison». «Le verbe prit définitivement une connotation négative –celle qui nous rend fou de jalousie ou de douleur– à partir de la traduction en latin du texte de l’Évangile, où le verbe tradere est employé lorsque Jésus est livré aux gardes après la trahison de Juda.» Pour avoir «remis» Jésus aux soldats, Juda fit de la trahison cet acte chargé du sens terrible qu’il a de nos jours. Trahir, quoi de plus atroce ? Mais il y a pire que la trahison entre humains. Il y a la trahison de ceux et celles qui se cachent derrière des mots vides, dérisoires, et qui s’en remettent aux rhétoriques d’emprunt.
Quel est le coût du mensonge ?
Invitant ses lecteurs à s’exprimer de façon personnelle et à choisir soigneusement leurs propres mots, Andréa Marcolongo prie que la langue devienne «sincère et authentique comme la vie telle qu’elle est vécue […] Intègres, les étymologies nous contraignent à nous révéler, à nous comprendre, à nous dépouiller de milliers d’excuses, pour être, à notre tour, les étymons à la source de nos vies : des hommes et des femmes réels, authentiques, fidèles.» Lorsque nous prononçons une phrase convenue, par facilité, «nous offensons notre propre faculté de raisonnement, parce que s’il y a moins de mots, la pensée n’existe plus», ajoute-t-elle, insistant sur cette vérité : qu’employer des mots faux, c’est se trahir soi-même.
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A LIRE : Etymologie pour survivre au chaos, Andrea Marcolongo, traduit par Béatrice Robert-Boissier, éditions Les Belles Lettres, 5 juin 2020.
ILLUSTRATION : Ulysse et Calypso, Arnold Böcklin, 1882, Kunstmuseum de Bâle.