C’est l’histoire vraie d’un procureur allemand de confession juive qui a poursuivi les criminels nazis et favorisé la capture d’Adolf Eichman. En 1957, le juge Fritz Bauer apprend que ce dernier se cache à Buenos Aires. Les tribunaux allemands préfèrent tourner la page plutôt que le soutenir. Et pour cause. Même après la chute du troisième Reich, les hautes sphères du pouvoir sont encore gangrenées par la présence d’anciens fonctionnaires nazis.
Soutenu dans sa difficile enquête par le fidèle lieutenant Karl Angermann, Fritz Bauer décide alors de continuer son combat en faisant notamment appel au Mossad, les services secrets israéliens. Un acte qui aurait pu lui valoir la prison.
Répression
Le réalisateur, scénariste et producteur allemand Lars Kraume, 46 ans, revient sur la période captivante de la vie de ce quinquagénaire, héros de l’ombre formidablement interprété par Burghart Klaussner, en évoquant parallèlement une homosexualité supposée qu’il n’a jamais vécue ouvertement. Il ne faut pas oublier la répression de la prostitution homosexuelle en Allemagne, dans les années 50 et 60, alors que la législation nazie à l’encontre des gays n’a pas été abolie.
En se penchant sur cette chasse au nazi particulière, il rend surtout hommage à un être exceptionnel en quête de rédemption animé d’un fort esprit de justice, qui a décidé envers et contre tout de lutter contre l’oubli qu’elles qu’en soient les conséquences. Fritz Bauer a été retrouvé mort dans sa baignoire en juillet 1968, dans des circonstances encore controversées.
Emouvant, humaniste, expliquant bien les événements, ne cachant aucune vérité, «L’Etat contre Fritz Bauer» traite d’une page d’histoire que personne ne devrait ignorer. Le réalisateur privilégie une mise en scène classique dans cette traque en forme de dossier à l’ancienne, qui réussit à vous scotcher au fauteuil en dépit de son manque d’action. Le public ne s’y est pas trompé en lui décernant son prix lors du dernier Festival de Locarno.
» Sortie le 8 juin.