La saga Femme de Vikings a d’abord été publiée sous la forme d’un feuilleton en 6 épisodes, vendus uniquement au format numérique sur Sexie, le label numérique des éditions La Musardine. Mais son succès a été tel qu’une version papier sortira le 14 janvier 2016 aux éditions La Musardine ! L’occasion de poser quelques questions à Carl Royer, auteur du livre, sur l’esprit et la genèse de son roman.
Comment vous est venue l’idée d’écrire Femme de Vikings ?
Il y avait longtemps que je voulais écrire un roman érotique, mais je craignais de tomber dans les écueils du genre en prenant le parti d’une intrigue contemporaine (sentimentalisme exacerbé, trame trop lâche, personnalité des personnages survolée…). Passionné d’histoire et de séries historiques, il m’a semblé que la thématique viking, avec tout l’imaginaire guerrier et bestial qu’elle véhicule, offrait un terreau particulièrement fertile pour une intrigue érotique. Ayant appris que La Musardine envisageait de publier des feuilletons numériques, je me suis lancé dans l’écriture de Femme de Vikings ; c’était aussi pour moi l’occasion d’expérimenter l’écriture « scénaristique », avec un découpage en épisodes et la multiplication des rebondissements pour « tenir en haleine » le lecteur. L’exercice a été pour moi très enthousiasmant. C’est ainsi que le projet est paru, courant 2015, sous forme de série littéraire en six épisodes. Le titre a tout de suite très bien fonctionné, et mon éditeur m’a demandé de retravailler le texte pour en faire un roman, celui dont on parle maintenant.
Y a-t-il un lien entre Femme de Vikings et la célèbre série « Vikings » ?
Oui, il y en a même deux. Le premier est thématique : j’ai, comme beaucoup de spectateurs, adoré cette série et tremblé d’excitation devant la sensualité des femmes vikings (pour ma petite amie, ce fut l’inverse : ce sont les guerriers danois qui l’ont émoustillée !). Seulement voilà, Vikings est une série anglo-saxonne à gros budget, qui interdit tout érotisme explicite : on se contente d’y suggérer le sexe. Quelque part, j’ai voulu dépasser cet interdit et montrer à mes lecteurs ce qui se passait « pour de vrai » entre ces beaux guerriers et leurs superbes femmes. Le second lien est historique : tout comme la série Vikings romance la vie d’un héros ayant réellement existé (Ragnar Lodbrok), mon roman se situe une génération plus tard, et s’inspire des exploits des trois fils de Ragnar.
Avez-vous été influencé par d’autres univers lorsque vous avez créé l’intrigue de Femme de Vikings ?
Après la parution du feuilleton numérique, j’ai reçu de nombreux retours positifs venant de lecteurs des littératures de l’imaginaire (fantasy en premier lieu). Je n’y avais pas vraiment pensé, mais il est vrai qu’il y a, dans Femme de Vikings, des ressorts communs à l’heroic fantasy : l’univers médiéval, les intrigues politiques, les grandes batailles, les questions d’honneur et de loyauté, le destin familial… Il est donc possible que j’aie été influencé par de grands succès tels que Game of Thrones, par exemple. Je dois dire que j’en suis très heureux, car si je parviens, avec ce texte, à toucher un public non habitué à la littérature érotique, j’estimerai avoir réussi mon pari du « mélange des genres ».
Qu’est-ce qui différencie la sexualité d’un Viking de celle d’un homme d’aujourd’hui ?
Je dirais que la sexualité moderne a tendance à se perdre dans la sophistication : tout est intellectualisé, rien n’est simple, rien n’est spontané. Les gens en souffrent, d’ailleurs, et ça n’est pas un hasard si le Viking – et le barbare en règle général – fait autant fantasmer les jeunes femmes d’aujourd’hui : on ressent le besoin d’un retour au sexe irréfléchi, naïf. C’est ça, précisément, que l’érotisme viking inspire à l’imaginaire populaire : la naïveté du sexe brutal, exutoire, et qui fait un bien fou. Et c’est aussi ça que j’ai voulu faire passer dans mon roman. Mes deux personnages principaux, Nora et Denisc, sont d’ailleurs de jeunes gens naïfs, heureux et surpris d’être soumis à leurs pulsions, leurs envies. Ils se sentent libres et, je l’espère, transmettent cette envie de liberté au lecteur.
Comment expliquez-vous la mode actuelle des grandes sagas historiques (Vikings, Game of Thrones, etc.) ?
Je crois qu’il ne faut pas chercher beaucoup plus loin que l’explosion de la série télé à gros budget. Il y a toujours eu des succès mondiaux en heroic fantasy, leur adaptation sur support visuel (je pense à Game of Thrones) n’a fait qu’élargir dans des proportions considérables leur succès.
Femme de Vikings est-il un roman « one shot », ou une suite est-elle prévue ?
Il a été pensé comme un one shot. Mais je me suis tellement amusé à développer cet univers viking qu’il n’est pas impossible que je m’y replonge prochainement… Affaire à suivre, donc.