Après nous avoir proposé un petit voyage sur la scène underground new-yorkaise des années 80 dans Llik your Idols en s’intéressant entre autres au travail du photographe et réalisateur Richard Kern, la jeune documentariste française Angélique Bosio poursuit son expédition en remontant vers le Canada pour nous parler d’un autre prince de la subversivité : le réalisateur Bruce LaBruce.
Les films de Bruce LaBruce sont dérangeants, voire même dangereux aux yeux d’un certain public. Pour la simple raison que ses films offrent un point de vue non-consensuel sur l’amour et le sexe, souvent même en y apportant une dimension politique. En effet, dans les films de Bruce LaBruce, que ce soit dans No Skin off my ass, Super 8 ½, Hustler White ou Otto ; or up with dead people, on aborde l’homosexualité et les relations sexuelles hardcore avec une joie qui a tendance à fâcher l’opinion générale. Dans les films de Bruce LaBruce, les homosexuels s’aiment, se battent, se sodomisent, font des partouzes, jutent sur Mein Kampf et se posent parfois des questions existentielles. En bref, c’est autre chose que Brokeback Mountain.
En résumant sa filmographie de la sorte, on pourrait croire que ce réalisateur au nom un peu bizarre est un enragé qui veut juste choquer le public avec des images « outrancières ». Mais au contraire, dans le fond, LaBruce est un romantique (transgressif) et c’est entre autres pourquoi le documentaire de Bosio est intéressant car il souligne la dimension sentimentale de ses films au travers de regards extérieurs considérables. Bosio s’offre le luxe d’interroger des cinéastes tels que Gus Van Sant (Will Hunting, Harvey Milk), John Waters (Pink Flamingos, Cry Baby), Harmony Korine (Gummo, Mister Lonely) ou encore Richard Kern (Extra Action, la série de courts-métrages Hardcore) qui livrent tous un regard personnel sur le travail de LaBruce. En quoi son travail est-il intéressant ? Que peut-il apporter aux spectateurs ? Voici quelques questions posées tout au long du documentaire.
Bruce LaBruce lui-même propose d’expliquer sa démarche et apparaît comme un cinéaste pour le moins sensible désireux de voir l’exploration sexuelle et l’homosexualité abordés comme quelque chose de normal et sain, et aussi de voir des gens qui ne se soumettent pas aux idées courantes noyées dans la crainte et les stéréotypes. Au travers de ses films, LaBruce peut faire penser au personnage incarné par James Duval dans le film Nowhere de Gregg Araki : romantique et torturé, un peu paumé face à un monde qui court à sa perte, mais la seule véritable différence entre les deux est que LaBruce ne dramatise pas.
The Advocate for Fagdom peut être pris comme un approfondissement de la démarche de LaBruce, mais il peut aussi être vu par des spectateurs qui ne connaissent pas le cinéaste. Bosio propose principalement de le découvrir et d’expliquer l’intérêt de son œuvre de façon juste et positive.
Disponible en dvd chez Le Chat qui fume.
P.S. : A noter que le nouveau film de Bruce LaBruce, L.A. Zombie sort en France le 7 décembre…