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Dis-moi ce que tu tweetes, je te dirai qui tu es
Tout comme les autres réseaux sociaux, Twitter répond au besoin d’exister aux yeux du monde, d’appartenir à la communauté tout en se sentant unique. Tous les moyens sont bons pour se faire remarquer surtout quand on a l’excuse de travailler dans l’industrie du X. Ainsi, quoi de plus logique pour une actrice porno que de poster quelques photos alléchantes volées à l’Iphone sur un tournage X ou prises de manière faussement désinvolte devant le miroir de sa salle de bain ? Le procédé est efficace : il instaure une complicité immédiate avec le follower/voyeur et l’incite à s’immiscer dans l’intimité de l’actrice qui s’amuse, par la même occasion, à lancer des mini-sondages stimulant sa TL: » Vous me préférez avec ma petite lingerie rose ou ma robe décolletée ? ». Reines du web, les actrices X peuvent désormais répondre immédiatement aux désirs de leurs fans et par ailleurs faire connaître les leurs en proposant aux admirateurs les plus généreux de les gâter. Mais au-delà de cette volonté de séduire semble émerger un désir bien plus fort, plus violent…et bien plus désespéré.
Certaines choisissent la surenchère des déclarations hardcores pour évoquer leurs exploits sexuels devant ou derrière caméra, affichent leur dernier « record » (nombre maximal de partenaires, intensité de leur dernière scène, bleus ou marques de suçons laissés sur leur peau etc) et postent à l’appui des photos plus ou moins explicites en guise de trophées. La démarche de partager ce qu’on est et ce qu’on fait se transforme en déballage de ce qu’on veut paraître et indirectement, de ce dont on a besoin. La hard-tweeteuse est dans la course : aux followers, aux awards, à la reconnaissance. Elle revendique le choix d’être maîtresse de son corps , de pouvoir le montrer, l’exhiber, le morceler au gré de ses envies, de ses humeurs. Elle étale, exhibe, choque. Peu importe. Elle pense que les conséquences sont minimes puisque limitées dans le temps.
Si les écrits restent, les tweets semblent en effet se dissoudre, se succédant par centaines, par milliers, pour disparaître au fil des minutes, aussitôt périmés. Un bon tweet s’apprécie comme un burger de fast food: dans l’heure. Et la narcissique tweet comme elle s’écoute parler, au risque d’oublier ses lecteurs. L’une tweete sur son récurrent mal de ventre pour finalement poster quelques minutes plus tard qu’elle vient de vomir; l’autre confie ses problèmes conjugaux, sa dépression, pleure sur l’épaule virtuelle des followers pour se conforter dans l’idée qu’après tout, elle reste « awesome » ; une dernière semble enfin trouver l’apaisement après une nuit d’insomnie : “There are times I feel very alone. But not with #twitter around.” ( * Il y a des moments où je me sens très seule. Mais pas avec #Twitter à mes côtés) Ce qui importe ici n’est de toute évidence pas de plaire ou de faire fantasmer, mais plutôt d’être regardée, téléchargée, RT. Aimée ?
Qui m’aime me suive. Qui me suive m’aime.
Le succès exige du talent et du travail, le buzz, non. Tant pis pour la photo floue ou prise sans maquillage, tant qu’on est vue. D’ailleurs la photo nature #nomakeup ( *sans maquillage) est devenue un must. Cliché type : avant de se coucher l’actrice se photographie dans son lit nue, en nuisette ou en gros pull et chaussettes et vous invite à vous glissez virtuellement sous les draps avec elle . Elle fait la moue ou esquisse un sourire; son regard presque candide semble alors vous adresser une question : toi qui me suis, m’aimes-tu vraiment ? Peut-être n’a-t-elle personne à ses côtés pour lui dire qu’elle est belle, peut-être, après tout, a-t-elle choisi la carrière indécente de hardeuse pour glaner quelques boxcovers (*jaquettes de DVD) et vivre ses moments de gloire de « star »… du X. Comment blâmer quelqu’un qui vit de l’exploitation de son image de ne pas vouloir flatter son ego ?
Au-delà de cette auto-proclamation d’être une Wonder Woman, l’actrice porno revendique son droit à être une femme comme les autres ; elle aussi a ses maux de têtes, ses déceptions amoureuses, ses moments d’angoisse, de doutes, ses kilos en trop, son acnée , ses règles, son enfant qui pleure la nuit et sa petite mine au matin. Elle abandonne volontiers son statut d’icône et de mythe sexuel pour devenir la bonne copine un peu déjantée avec qui on prendrait volontiers un verre, mais qu’on ne présenterait pas pour autant à ses parents. Il est des cas extrêmes où elle peut choisir définitivement d’abandonner son statut d’actrice ( mais en conservant néanmoins son pseudonyme) pour mettre en lumière sa nouvelle vie. Jenna Jameson, trente-sept ans, ex-numéro une mondiale, proclame aujourd’hui son rôle d’épouse modèle et de maman comblée.
Moins idyllique , Raven Alexis, vingt-quatre ans et récemment sous contrat avec une grande société de production X américaine, annonçait il y a quelques semaines l’arrêt brutal de sa carrière. Une tumeur au cerveau la stoppe net dans sa course. Depuis, la jeune femme raconte quotidiennement sur Twitter sa lutte acharnée contre le cancer , célèbre l’amour de son compagnon qui la soutient chaque jour, jusqu’à poster une photo où le couple pose souriant après s’être mutuellement rasé le crâne. #FuckCancer est devenu son leitmotiv. » J’espère que la Mort ne me suit pas sur Twitter » poste-t-elle avec ironie… Les messages de soutien se multiplient et l’ex-hardeuse ne lâche pas. L’amour est bien là, il fuse de toutes parts. A sa manière cette jeune femme a bel et bien acquis son statut d’icône. Si elle parle toujours d’elle, sa cause est elle universelle. Montrer ses seins peut attirer les regards mais ne touche pas les cœurs. Comportez vous en dieu, vous serez idolâtré puis brûlé. Soyez humain et vous serez aimé.
Twitter, superficiel ? Je me souviens d’un plateau télé partagé avec Patrick Poivre D’Arvor qui exprimait sa nostalgie des traditionnelles correspondances par lettres manuscrites, l’encre et le papier étaient plus “authentiques”, plus “romantiques”, “c’était mieux avant”. J’ose penser que beaucoup de papier n’a pas été que le support d’oeuvres littéraires et qu’il a souvent été noirci pour dire “peu” ou “mal”, qu’il a souvent été gaspillé. J’ose affirmer que les plus belles déclarations d’amour peuvent aussi se taper par DM et par vers de cent-quarante caractères, reliant d’un tweet une femme à Paris à un homme à Los Angeles. Le vice de Twitter est de flatter les narcissiques. Sa vertu est de rassembler les altruistes. Au final, le mode ou le lieu de communication importent peu. L’essentiel étant sans doute de savoir ce que l’on a à partager.
(* la plupart des actrices postent le lien de leur « Amazon Wishlist » sur leur compte Twitter. Les fans peuvent ainsi leur acheter à distance les cadeaux qu’elles souhaitent et leur faire livrer directement à leur domicile)
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Il suffit de regarder en direction des meilleurs photographes de la thématique pour s'apercevoir bien vite de quelques règles d'or que chacun utilise en poussant plus ou moins le curseur dans un sens ou dans un autre.
Puisque la photo ne parle pas et ne se lit pas, il faut lui donner sens par l'atmosphère. La lumière c'est un peu comme la rime: elle doit tomber juste et faire s'exprimer l'image. A elle seule, elle peut constituer un décor et souligner un trait ou un caractère! Mal employée, ou trop abondamment soulignée, elle peut faire de la plus belle demoiselle une véritable caricature!
Et oui, j'ai souvent constaté que les grands maîtres savaient ce qu'ils voulaient dire avant d'appuyer sur le déclencheur. Pour moi, l'idée claire c'est l'adjectif que l'on a en tête avant de faire le fameux "clic-clac" qui fixera à jamais notre projet. Alors oui, quand je regarde une image, ou que je m'aventure à en faire une, c'est avant tout à des mots comme: triste, sensuel, gai, rigolote, colérique, drôle..etc auxquels je pense!
Son non-choix est une erreur fatale même en photo-reportage! Rien de pire que la photo nette et belle mais avec des parasites tout autour liés à des décors mal maitrisés. Mais le décor, aussi peu propice soit-il peut s'avérer être un atout majeur si on le retourne en sa faveur! Ainsi, une usine désaffectée, un champ de ruines, des milieux urbain tagués, une ferme nauséabonde, peuvent constituer des lieux rêvés pour la photo de charme si on sait exploiter le décalage ainsi créé!
J'ai donc mis mon casque de chantier et je suis descendu dans mes archives photographiques dans les coins reculés de mon disque dur... Et, grâce à la magie des étiquettes et du classement entrepris depuis des années, j'ai ressorti une galerie d'un cinquantaine d'images où le décor, de prime abord peu évident, permet de mettre en valeur les personnages par l'atmosphère créée. Je vous invite donc à un voyage assez surprenant dans l'univers décalé de quelques grands photographes qui ont su s'aventurer vers des ailleurs inattendus!