On a connu des coming-out en politique et dans le sport, mais au sommet de l’Eglise catholique, voilà qui est plus inhabituel. C’est la démarche assumée par Krzysztof Charamsa, un prêtre polonais de 43 ans. Ordonné en 1997 après des études à la Faculté de théologie de Lugano (Suisse), il est devenu haut fonctionnaire de la Congrégation pour la doctrine de la foi, où il officie depuis 2011 comme secrétaire adjoint de la Commission théologique internationale.
Le théologien a présenté son compagnon aux médias durant la conférence de presse. Image: Capture YouTube
«Je veux que l’Eglise et ma communauté sachent qui je suis: un prêtre homosexuel, heureux et fier de sa propre identité, a-t-il déclaré au «Corriere della Sera». Je suis prêt à en payer les conséquence. Mais il est temps que l’Eglise ouvre les yeux sur les croyants gay et comprennent que la solution qu’elle leur propose – l’abstinence totale de toute vie amoureuse – est inhumaine.» Charamsa, qui a donné des interviews dans les médias polonais et italiens, explique avoir trouvé la force de ce coming-out auprès de son partenaire. «Ma joie et liberté, je les dois à l’homme que j’aime, Eduard.»
Timing
Le théologien polonais n’a sans doute pas choisi son moment au hasard. Ce dimanche s’ouvre à Rome le synode consacré à la famille. Le statut des homosexuels pour l’Eglise catholique est un des aspects les plus épineux des débats à venir. «Je demande à l’Eglise qu’elle nous prenne au sérieux, qu’elle nous regarde dans les yeux», a ajouté Monseigneur Charamsa dans les colonnes de la «Gazeta Wyborcza». Mercredi déjà, c’est dans un hebdomadaire polonais qu’il avait critiqué ceux qui, aux Vatican, s’acharnent verbalement contre la soi-disant «idéologie du genre». Il avait dénoncé les «paroles de violence, qui rappellent les autodafés, le jihad et les croisades.»
Krzysztof Charamsa a présenté dans l’après-midi, en présence de son compagnon, un manifeste en 10 points où il dénonce l’homophobie au sein de l’Eglise. Au même moment tombait la réaction officielle du Saint-Siège. Le bureau de presse du Vatican a jugé la «démarche retentissante» de Charamsa «irresponsable, parce qu’elle cherche à soumettre l’assemblée synodale à une pression médiatique injustifiée». Le Père Federico Lombardi, chef de la communication vaticane, a ajouté que des mesures disciplinaires allaient être engagées contre le prêtre.