Légende vivante du roman pornographique, Esparbec revient cette année avec Fantasmes, un livre qui réussit la prouesse de renouveler un genre qu’on croyait figé, par un audacieux postulat de forme: le recueil de fantasmes féminins, collectés par le Maître tout au long de sa vie d’obsédé incurable, et formulés avec la verve gourmande, fleurie et en même si élégante qu’on lui connaît.
En ma qualité d’attaché de presse de la Musardine, j’ai récemment fait passer une demande d’interview d’un site web à Esparbec. J’ai trouvé ses réponses si enthousiasmantes que je me suis dit: et pourquoi je ne l’interviewerais pas, moi aussi, pour le blog de la Musardine? Je me fendis alors de quelques questions par mail, dont les réponses me revinrent presque aussitôt après, directes, brutes de décoffrage et dégoulinantes de vice… en un mot esparbequiennes!
Comment décrirais tu…
… la chatte idéale ?
Epilée ou poilue, peu importe, elle doit avoir quelque chose de « scandaleux », quelque chose à quoi on ne s’attendait pas du tout après avoir vu le visage de la femme, visage qui doit avoir pour ce qui me concerne, quelque chose d’enfantin, de presque poupin. La première fois qu’elle me montre sa chatte, qu’elle me l’exhibe en écartant les cuisses, je dois être effaré par, comment dire, une certaine exagération des petites lèvres, j’aime bien qu’elles dépassent, je n’aime pas les chattes de petite fille qui ne sont que des fente de tire lire, il faut qu’il émane de la chatte de la femme qui me fascine quelque chose d’un peu effrayant, d’outrancier…
Et aussi, ça doit ressembler à une blessure ; et qu’une fois ouverte, elle continue à rester mystérieuse, on doit y découvrir sans cesse de nouveaux « petits morceaux de chair » ; et enfin, elle doit beaucoup mouiller, quant au clitoris, inutile de dire qu’il doit être de bonne dimension, révéler son excitation en s’érigeant de façon exagérée…
J’écris n’importe comment, surtout, pas du style, mais je ne trouve pas les mots qu’il faudrait pour bien dépeindre mon effarement en voyant s’ouvrir cet objet « bestial »…
Je m’arrête là, je pourrais écrire des chapitres entiers, ça n’épuiserait pas ce que je ressens la première fois qu’une femme me montre son con, et me laisse jouer avec…
… la culotte idéale ?
Il n’y a pas de culotte idéale, pour moi ; toutes se valent, chacune a son mystère, son « goût » ; d’abord, il y a le plaisir de la découvrir la première fois qu’on soulève une robe… Puis de chercher à deviner à travers elle ce qu’elle cache. J’aime presque toutes les culottes qu’on voit dans les vitrines des lingeries (sauf celles de sex-shop qui, pour moi, n’ont rien d’excitant).
Je me souviens d’une femme âgée d’une trentaine d’années, trente cinq, même, qui portait des culottes de petite fille, très sages, blanches, et comme elle mouillait beaucoup, et qu’en outre je lui interdisais de s’essuyer après avoir « fait son pipi », il y avait souvent des auréoles jaunâtres à l’endroit où la fente se trouvait en contact avec le coton…
Je n’aime pas les culottes « sexy » ; pour moi, le sexy est le contraire du sexuel…
Et j’aime bien aussi qu’on puisse déplacer latéralement l’étoffe pour dévoiler la fente du con sans retirer la culotte… Qu’on puisse glisser ses doigts dessous pour farfouiller dans les muqueuses…
Bon, j’arrête là.
… la partenaire sexuelle idéale ?
Il n’y en a pas ; chaque femme donne un plaisir différent ; en gros, j’aime bien les « passives », les somnolentes, celles qui se laissent faire tout ce qu’on veut… Je ne suis pas fou des amazones, des championnes de la baise, de celles qui veulent montrer tout ce qu’elles savent faire…
J’aime bien les « femmes vicieuses », celles qui éprouvent en même temps une certaine « honte », c’est mon côté judéo-chrétien… J’aime bien qu’elles aient l’impression de faire quelque chose de mal ; et pour cette raison, j’aime bien celles qui sont mariées avec un autre homme et qui le trompent pour s’envoyer en l’air, qui ont besoin de ce sentiment de trahison, de cachotterie…
Et qu’elle soit un peu hypocrite, aussi.
Une hypocrite salope ? Bref, tout le contraire de la femme sexuellement libérée qui s’adonne au sexe comme à une sorte de gymnastique.
… La femme idéale ?
C’est la même que ci-dessus ; mais j’y ajouterai, celle qui me dirait tout, à moi. Même ce qu’elle a du mal à s’avouer.
… Le livre de cul idéal ?
Pour moi, c’est Confession sexuelle d’un anonyme russe ; on n’a jamais rien fait de mieux. On le trouve dans la collection Lectures amoureuses ; il faut absolument avoir lu ce livre.
Quant à ce que j’ai écrit, j’hésite : Le Pornographe et ses modèles ou… le dernier Fantasmes (premier volume d’une série qui contiendra tous les fantasmes que j’ai pu recueillir.
… le lecteur idéal ?
Quelqu’un qui doit avoir l’esprit ouvert ; qui doit être prêt à accueillir les différences ; qui ne cherche pas dans le livre qu’il lit ce qu’il a déjà lu, mais du nouveau.
… le fantasme idéal ?
Mon fantasme personnel : la femme qui fait semblant de dormir pendant qu’on joue avec son corps, pendant qu’on la partage avec un homme qu’elle ne connaît pas ; ça m’est arrivé quelque fois, et, franchement, même si ça confine à la branlette, c’est divin.
(les deux dessins d’illustration sont de Wiaz… merci à lui)