Catherine Robbe-Grillet dans
La cérémonie, un documentaire de Lina Mannheimer (2014).
C’est quoi, pour vous, une séance BDSM? Ça commence où, ça finit où? Est-ce que, pour vous, une scène de baise (juste de la baise), constitue/peut constituer une séance BDSM?
Cette question fut posée dans le groupe cercle O dans Fetlife. Voir les réponses ou donner la vôtre dans le groupe, voire en guise de commentaire ci-dessous.
La séance BDSM
« J’appris enfin à maîtriser ce qui fonde le ciment même de ce désir accru, démultiplié, lors d’une séance de domination : la délicate alchimie du désir, du jeu et de la peur. » (1)
Pour moi, une séance BDSM est un espace-temps fini où deux ou plusieurs personnes ont des rapports de pouvoir librement consentis, sous la forme de pratiques sexuelles et de jeux intimes jugés déviants en regard des normes sociales dites conventionnelles. Ces pratiques peuvent mettre en scène des scènes de bondage (restriction) et discipline (BD), des actes de domination-soumission (DS) et des activités sado-masochistes (SM). Ce que l’on voit parfois passer sous l’acronyme de pratiques BDSM.
Vous aimez jouer avec le danger?
Tirée de
Portier de nuit, de Liliana Caviani (1974).
L’avant-séance
Des gens pourraient arguer que la séance BDSM commence du moment que la personne dominante fait connaître ses instructions à la personne soumise, voire avant. Ce n’est pas faux. L’avant-séance est la première phase de la séance BDSM, l’anticipation, la montée. Cette phase comprend les conversations par écrit en direct et en différé entre les partenaires, les conversations de voix à voix, les instructions, l’organisation et la préparation de la séance et toute autre consigne.
– « N’oubliez pas les biscuits soda, mademoiselle! »
Le pendant-séance
Une séance BDSM avec attirail. Sans doute une photo tirée du site kink.com.
Le pendant-séance BDSM peut se dérouler avec ou sans accessoires, attirail et vêtements spécialisés. Avec ou sans jouets pour adultes. On joue chez soi, dans la chambre, dans la salle à dîner… dans une soirée privée, dans un donjon, chez des amis, dans la nature… Une séance BDSM a une durée plus ou moins déterminée, selon la volonté et les consentements établis entre les participants.
Une séance BDSM peut être scénarisée ou pas. Cette question relève de la personne dominante et de ses priorités.
Il est bon de se rappeler que le degré d’obéissance de la personne soumise est inversément proportionnel à la durée. En d’autres mots, sur une période très courte, disons le temps d’une séance, l’obéissance inconditionnelle est relativement plus simple à réaliser, que si on souhaite l’appliquer sur une plus longue période.
Plusieurs pratiquants BDSM mettent en place des rituels pour marquer, par exemple, le début ou la fin d’une séance, pour marquer l’arrivée des invités, etc. Nous sommes ici en présence de conventions privées qui ne sont absolument pas généralisées, ni généralisables.
L’après-séance
Enfin, il y a l’après-séance BDSM, la touche finale, la dernière communion des partenaires qui participent à la séance BDSM. C’est la phase durant laquelle ceux-ci, sous l’impulsion de la personne dominante, donnent formellement un contexte de réalité à la scène du fantasme qui vient d’être vécu.
La sexualité vanille
En 2007, le British Medical Journal, en parlant de la sexualité homosexuelle, définissait la sexualité vanille pour désigner des pratiques sexuelles n’allant pas « au-delà de l’affection, de la masturbation mutuelle, buccale et sodomie ». On parle ici de la sexualité homosexuelle conventionnelle, normée… :- ) Chez les hétéros, la masturbation, la sodomie et même le cunnilingus semblent des pratiques encore suspectes dans certains foyers. Pauvres chouettes!
Néanmoins, l’expression « sexe vanille » est devenu de plus en plus couramment synonyme de sexe conventionnel, excluant les pratiques sus-mentionnées…
L’option chocolat aux fraises
Sexualité chocolat, aux fraises, aux bananes… les gens se réclamant d’une sexualité différente, alternative, non-conventionnelle, pas vanille, que veulent-ils dire réellement?
Jeux de pouvoir? de restriction? jeux de douleur? Sexe agressif? Sexe olympique? Jeux de rôles sans conséquences réelles? Aimer jouer avec le danger? la trangression? l’exhibitionnisme? le libertinage? les plaisirs coupables? des trucs tordus?
Tout ce qui relève du sexuel et de l’érotique a explosé en une myriade de pratiques sociales intimes et publiques qui reflètent mieux que jamais la diversité et la complexité sexuelle chez l’humain. D’ailleurs, je ne crois pas que la porno a tant envahi les discours sexuels contemporains que la sexualité homosexuelle avec ses codes langagiers et ses pratiques en marge entrées dans la domaine public, plus mainstream.
La vraie dichotomie
Alors, sexualité vanille ou chocolat? Pourquoi pas les deux? Toujours au chocolat? Bonjour les défis! L’agressivité avec laquelle certaines personnes déclarent ne vouloir rien savoir de la « sexualité vanille » m’impressionne toujours. Elles veulent du BDSM. Le vrai, le dur, sans compromis. Ce qui est tout à fait louable et atteignable sur une courte durée. L’espace d’une séance BDSM, oui.
La dichotomie posée en ces termes, sexe vanille versus BDSM, comme s’il fallait choisir son camp, revient assez souvent.
La vraie dichotomie, ce serait plutôt, je crois, une sexualité dévitalisée, médiocre, insatisfaisante versus une sexualité épanouie, électrique, enrichissante dans laquelle on retrouve, mais pas toujours, des pratiques moins usuelles que la moyenne.
Lesquelles? Ça dépend de chacun.e…
L’article La séance BDSM, une délicate alchimie du désir, du jeu et de la peur est publié dans le site cercle O - L'échange de pouvoir érotique.