Comme nous l’expliquions récemment dans un communiqué de presse commun avec les Roses d’Acier, l’association de travailleuses du sexe chinoises qui travaillent à Belleville, une opération d’intense répression a lieu en ce moment dans ce quartier.
Parce que cette situation ne doit pas rester sous silence, nous publierons régulièrement sur cette page les témoignages de travailleuses du sexe illustrant ce harcèlement policier.
Témoignage 10, Lili :
« Jeudi 21, après midi 16h. Je marchais, un policier m’a arrêté, m’a demandé mes papiers ; puis me les a rendu et m’a pris en photo trop rapidement pour que j’ai le temps de réagir. Depuis je ne sors plus manger. Je ne peux pas travailler, je n’ai presque plus d’argent. »
Témoignage 9, Ahjie et Ahyun :
Vendredi 22 mai 18h, près du métro Belleville. Elles sont sur la route de chez elles. Un policier s’interpose et leur demande leurs papiers. Il les prend et les déchire ; leur fait un geste pour les renvoyer chez elle.
Témoignage 8 : Feifei
30 mai, vers 17h
« Belleville, Bd de la villette près de la station de métro. Je marchais pour rentrer chez moi ; 3 policiers 2 hommes une femme m’ont arrêtés. La femme m’a agrippée par l’épaule pour m’arrêter. Ils m’ont demandé mes « papiers » en faisant des gestes ; je les ai sorti, ils les ont pris en photo. Un des hommes ma pris en photo ; j’ai mis mes mains sur mon visage. La femme m’a retenue par l’épaule. Une fois qu’il m’a pris en photo, il m’a dit : « pars ». Après je suis partie. »
Témoignage 7 : Xiaoli
« Je marchais dans les rues du bas de Belleville et j’ai vu des policiers marcher vers moi. Ils m’ont demandé mes papiers. J’avais peur alors j’ai commencé à partir. Le policier m’a rattrapé et m’a demandé mes papiers. Il les a pris en photo, puis a photographié mon visage et m’a rendu mes papiers. Quand je lui ai demandé pourquoi il me prend en photo il n’a pas voulu me répondre. Je lui ai dit « Je rentre chez moi », mais il m’a barré la route en me montrant l’autre direction. J’ai du faire des gros détours pour rentrer chez moi. Depuis je ne travaille plus ; les policiers sont partout. Je ne gagne pas d’argent. »
témoignage 6 : Lili :
« 28/05 14-15h; 2 jeunes officiers ont procédé à un contrôle de papier. Ils m’ont posé plein de questions que je n’ai pas comprises et puis m’ont fait signe de partir d’un geste de la main en disant « partir »
« 30/5 17h. 2 hommes et 1 femme, très jeunes. J’étais sur la route de retour quand ils m’ont arrêtée pour me demander mes papiers. Je les lui ai donnés puis il m’a pris en photo avec son portable. Mais bon sang que font-ils avec ces photos ? Notre plus grande peur c’est qu’ils les mettent sur internet ou qu’ils les diffusent jusqu’en Chine. En tout cas, quand je lui ai demandé il n’a pas répondu pas à ma question. Il me demande mon travail et fait mine de prendre son sexe entre ses jambes pour me faire mieux comprendre. La femme policière me dit « 30-50-50 ? ». Je dis « non non ». Ils finissent par perdre patience et me disent de rentrer à la maison. (…) On n’est pas venues ici en sachant ce qu’on allait faire. On est exposées tout le temps à des pressions, des violences. Il y a les clients, maintenant il y a la police. Ils ne veulent pas faire de Belleville un « quartier rouge », mais alors qu’ils nous autorisent à faire ça en sécurité dans des endroits prévus pour ! »
Témoignage 5 : Wan Ging
« Près du métro à Belleville, je rentrais dans la station, un policier m’a couru après et m’a dit « madame, papier ». Je lui ai montré des papiers. Il m’a pris en photo et il m’a dit « partir d’ici ». Je suis sortie du métro et suis allée au supermarché et y suis restée quelques temps. Maintenant ce n’est plus seulement à Belleville qu’il y a des policiers, c’est aussi jusqu’à Couronnes. On ne peut plus rien faire, même pas marcher. Il n’y a que des sales mecs dans la rue, les tarifs sont bas ; les flics sont partout, on est encore plus en danger, on a du mal, on ne gagne pas d’argent et on ne peut pas rentrer en Chine (son amie pleure); tous les jours ils viennent à partir de 15h, on ne peut rien faire. Ils nous menacent de nous faire partir d’ici 20 jours… Sans papiers, on n’a pas de défense. »
Témoignage 4 : Xiaohui
22/05 16-17h
« J’étais près du magasin de Tofu et je marchais quand 2 policiers m’ont demandé mes papiers. L’un d’eux a plissé les yeux sur la photo comme s’il ne me reconnaissait pas, alors j’ai enlevé mes lunettes et l’autre m’a pris en photo. Il a déchiré les papiers, les a gardé et m’a dit de partir en me montrant la direction opposée à la station de métro. Je suis partie en prenant des grands détours pour être sûre qu’il ne me suive pas ; Je n’ai jamais travaillé dans d’autres quartiers, mais si ça continue comme ça on va à peine pouvoir s’acheter à manger. J’ai entendu par des amies que Saint-Denis c’est plus sûr… on verra. »
Témoignage 3 : Yiyi
« Dimanche soir, 22 mai, 22h. J’étais à Belleville, près du Boulevard de la Villette, je marchais et un policier est venu en me demandant mes papiers. Je les lui ai tendu, et il a sorti son portable pour me prendre en photo, mais je ne voulais pas qu’il me prenne en photo, alors il m’a attrapé par la manche de mon vêtement et m’empêcher de partir. Il m’a lâché et a déchiré mes papiers. J’ai repris la marche vers chez moi mais j’ai à peine fait quelques mètres qu’il m’a crié après, il m’a rattrapé en me bloquant le passage et en me demandant à nouveau « papiers ». Mon français n’est pas bon donc ce n’était pas facile de m’exprimer, il m’a dit d’ouvrir mon sac, a pris le portefeuille qu’il y avait à l’intérieur. Il me l’a rendu et pendant que je le remettais dans mon sac il m’a pris en photo. Il y avait des gens qui étaient témoin, et finalement un français l’a interpelé. Du coup le policier m’a laissé partir. Si le monsieur n’était pas intervenu, il aurait continué à me harceler je pense. »
Témoignage 2 : Xiaohua
« Le 23 mai vers 17h, je sortais de la station de métro de Belleville quand j’ai vu des policiers. J’ai marché vers Couronnes, et j’ai vu qu’ils me suivaient. J’ai pris une rue transversale et m’y suis cachée une demi-heure. Je suis redescendue, et je les ai vu derrière la porte vitrée du rez-de-chaussée d’un immeuble. J’ai marché, et ils m’ont arrêtée. Ils étaient 4 hommes. Ils m’ont dit « papiers Madame », je les leur ai donnés. Ils les ont pris en photo, l’un m’a pris par le menton pour me soulever le visage et m’a photographié avec son portable. J’ai voulu repartir vers Belleville, il m’en a empêché, m’a montré la direction de Courronnes en me disant « par-là ». J’ose à peine sortir maintenant. »
« La 2eme fois que j’ai été interpelée par un policier. C’était 3 jours plus tard, le 26, vers 17h-18h aussi. Je l’avais vu près du Paris Store. J’habite juste à côté. J’ai tapé le premier code pour rentrer chez moi et au moment où je tapais le 2ème le policier est rentré dans le sas, puis un autre après lui, et encore 2 autres. Finalement ils sont quatre, et l’un me demande si j’habite au-dessus. Un autre me demande mes papiers. Ils me font signe de les emmener en haut. Je les fais monter. C’est un dortoir de 3 petites chambres où on est 6 à habiter. Un me demande « travailler ? », je réponds « non non, dormir », ils continuent à me poser des questions mais je ne comprends pas. Ils ont regardé les toilettes et la cuisine, deux sont partis et deux sont restés. L’un a pris mes papiers, et il a écrit quelque chose sur son carnet pendant longtemps, mais je ne sais pas ce qu’il a écrit, et il me les a rendu. Je ne suis redescendue qu’à 23h, il n’y avait plus personne dans la rue. Je crois que je vais faire de nombreuses photocopies de mes papiers maintenant ! En tout cas, quoiqu’on fasse on est arrêtées ; On nous empêche complètement de bouger ! »
Témoignage 1 : Lili
« Le 23 mai vers 17 h. Je suis descendue de chez moi et trois policiers étaient en bas dans la cage d’escalier. L’un des policiers est venu vers moi; J’ai juste compris « papier ». Je lui ai tendu ; il a arraché la pochette brutalement puis a photographié chacun des papiers à l’intérieur et m’a tout rendu. J’ai voulu partir, il m’a retenu ; m’a pris par le menton, l’a soulevé et m’a pris en photo avec son téléphone portable. J’ai alors pu partir. »
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