34713 éléments (3171 non lus) dans 75 canaux
Pas trop de rapport avec le porno, mais je viens de découvrir un groupe qui fait de la bonne musique : Led Zeppelin. Ils ont piqué pas mal de trucs aux bluesmen noirs américains, puis ça ressemble un peu à Jimi Hendrix, mais c’est sympa à écouter. Je vous recommande leur premier album homonyme. C’était mon petit conseil culture, il paraît que c’est important la culture en ce moment. Sinon, pour les gifs, on est sur une vague phallocentrique cette semaine. La culture porn est importante aussi.
Jasmine Grey offre, ici, un magnifique exemple de tribbing sur pénis. Je ne suis pas sûr du terme, il est plus fréquemment utilisé pour les pratiques lesbiennes, clito contre clito. Mais le pénis ne serait-il pas un gros clitoris ? Peut-on parler de rubbing, alors ? En tout cas, ces hanches dansent sur une musique très agréable à regarder.
Pour le gif suivant, en principe sur Twitter, il serait accompagné d’une légende du genre : « quand la Haute-Corse a vu qu’elle était rouge sur la carte du déconfinement ». Ou bien : « la tête des pharmaciens quand ils ont appris le nombre de masques dans les supermarchés ». Ou encore : « ma tête le 11 mai devant la file pour entrer dans le supermarché ». Mais là, je vais juste me contenter de dire que Kali Roses surjoue un petit peu (le pénis est énorme, mais quand même).
SexSeason a pour signature l’éjac palpitante en fond de bouche. C’est spécifique, mais efficace. La verge pulse de plaisir et mon petit cœur aussi. Le couple Pornhub prend son pouls, derniers soubresauts avant la petite mort, le regard bien accroché pour se retrouver ensemble dans l’au-delà, dans l’eau de là-haut.
Fap & Furious, Tiny Taya va à toute allure. Pas de ralentissement, elle tabasse à coups de fesses l’asphalte de son partenaire, même pas besoin de rentrer au stand pour changer les pneus. Inépuisable, Taya travaille son cardio et ses cuisses comme si la salle était fermée depuis 1 mois et demi. Je ne sais pas qui aura le plus de bleus après cette séance intensive de baise.
On finit en douceur avec Khalamite, cam model française, qui a la gentillesse de partager une vidéo en gratis sur Pornhub. Alors, on en profite pour l’admirer et partager son plaisir au rythme de ses doigts, de ses respirations, de son sourire qui illumine l’image. Abonnez-vous à son Twitter pour la suivre de près.
Aidez-moi pour la semaine prochaine ! Si vous avez une idée de thème, d’un·e performeur·euse à mettre en avant, n’hésitez pas à lâcher un commentaire. Je compte sur vous. Pas la peine de mettre un pouce bleu, on n’est pas sur Youtube.
En 1956, deux ans après Histoire d’O parut le roman L’image.
Catherine Robbe-GrilletL’auteure, Jean de Berg, est le pseudonyme de Catherine Robbe-Grillet. Elle est l’épouse du romancier et cinéaste Alain Robbe-Grillet. chef de file du Nouveau Roman dans les années 1950 et 60. L’histoire retient de ce mouvement littéraire des gens tels Samuel Beckett (mon préféré), Claude Simon (jamais lu), Nathalie Sarraute (imbuvable), Michel Butor (que j’aime bien) et quelques autres.
Dans quel registre sommes-nous dans ce roman? Je vous préviens, nous sommes loin du Château de ma mère de Pagnol, écrit à la même époque.
L’Image, donc. Facture classique à la première lecture. Mécanique rousselienne en marche avant même le premier mot. Et confusion des apparences avant le dernier. Autant dire qu’on se retrouve quelque part, c’est-à-dire entre le dernier plan du film « Shutter Island » de Martin Scorsese et le premier plan d’une séance de ligotage de Naka Akira… avec l’état d’esprit de Didi et Gogo :
– « Qu’est-ce qu’on fait maintenant? »
Dessin de Hans Bellmer pour le roman L’Image de Jean de Berg (1956). La préface de L’ImageQu’est-ce qu’on fait maintenant? Lisons ensemble la préface, si vous le voulez bien.
« Qui est Jean de Berg ? Voilà bien mon tour de m’amuser aux devinettes. Ce qui me paraît le moins sûr, c’est qu’un homme ait écrit ce petit livre. II prend trop le parti des femmes.
« Et pourtant ce sont les hommes qui, d’ordinaire, initient leurs amoureuses aux plaisirs des chaînes et du fouet, à l’humiliation, aux tortures… Mais ils ne savent pas ce qu’ils font.
« Ils pensent, ces esprits naïfs, assouvir ainsi leur orgueil, leur soif de puissance, ou même exercer les droits de quelque ancestrale supériorité. Pour accroître encore le malentendu, nos intellectuelles leur donnent aussitôt la réplique, assurant que la femme est libre, que la femme est l’égale de l’homme, qu’elle entend ne plus se laisser asservir…
« Il s’agit bien de cela !
La méprise*« L’amant, dès qu’il possède quelque subtilité s’aperçoit vite de sa méprise : il est le maître, c’est vrai, mais il ne l’est vraiment que si sa compagne le veut! Jamais les rapports de maître à esclave n’ont illustré si bien les échanges de la dialectique. Jamais la complicité n’a été aussi nécessaire entre la victime et le bourreau. Même enchaînée, à genoux, suppliante, c’est elle en fin de compte qui commande.
« Et elle le sait bien. Son pouvoir grandit en fonction de son apparente déchéance. D’un simple regard elle peut tout interrompre, tout faire tomber en poussière d’un seul coup.
Quand l’esclave devient le maître*« Une fois réalisée l’entente, au prix de cette double lucidité, le jeu peut se poursuivre. Mais il a changé de signification : l’esclave toute puissante, qui se traîne aux pieds du sacrificateur, est devenue le dieu lui-même. L’homme n’est plus que le prêtre, fragile et tremblant de commettre une faute. Sa main ne sert plus que pour accomplir le cérémonial autour de l’objet sacré. S’il perd la grâce, tout s’écroule !
« Ce qui explique les postures hiératiques et figées que l’on trouvera dans ce récit, ses rites, ses décors de chapelle, le fétichisme de ses objets. Les photographies longuement décrites n’y sont rien d’autre que des images pieuses, les étapes d’un nouveau chemin de croix.
« Comme toute histoire d’amour, celle-ci se passe entre deux personnes. Mais l’une des deux commence par se dédoubler : celle qui s’offre et celle qui inflige. Est-ce que ce ne sont pas là les deux faces de notre sexe bizarre, qui se livre à autrui mais n’a conscience que de soi?
« Oui, les hommes sont naïfs, qui voudraient qu’on les adore, alors qu’ils ne sont en somme presque rien. La femme, comme eux-mêmes, n’adore que ce corps écartelé, tour à tour caressé et battu, ouvert à toutes les hontes, mais qui est le sien. L’homme, en cette affaire, reste tout d’une pièce : il est le fidèle qui aspire en vain à se fondre avec son dieu.
« La femme au contraire, qui est également le fidèle et possède aussi ce regard anxieux (sur elle-même), reste en même temps l’objet regardé, violé, immolé sans cesse et toujours renaissant, et dont toute la jouissance consiste, par un subtil jeu de miroir, à contempler sa propre image. »
P. R.
* Les intertitres sont de Monsieur Valmont.
Un miroir dans le miroir Sanguine de Hans Bellmer pour le roman Histoire d’O, de Pauline Réage (1954).La préface du roman L’Image n’est pas sans rappeler certains traits d’Histoire d’O.
Elle est signée avec les initiales P.R. Le texte sonne très « Pauline Réage », on dirait un pastiche. Sur le coup, on ne sait pas de qui il vient. On le saura plus tard. Histoire d’O est, pour sa part, préfacé par Jean Paulhan, écrivain et directeur de La Nouvelle Revue française (NRF) chez Gallimard pendant trente ans.
Tout semble fait pour dérouter les fourches de la censure qui poursuivent ces deux romans sulfureux, écrits par des femmes — l’une a 26 ans, l’autre a 45 ans, au moment de publier–, même si Camus ne croyait pas qu’une femme eut pu écrire une chose comme Histoire d’O…
D’ailleurs, parmi les écrivains soupçonnés d’avoir écrit Histoire d’O figurait… Alain Robbe-Grillet.
Les artisans devant et derrière les dits romans avaient intérêt à brouiller les pistes. D’où les doublures, les miroirs, les masques, les pseudonymes, la proximité dialectique mystique de l’esclave et du maître, le brouillage du féminin et du masculin tout en insistant sur les particularités de chacun.
Histoire d’O, le seul roman écrit par Pauline Réage (elle a écrit beaucoup d’autres choses), ne s’inspirait pas de son histoire personnelle. Sa doublure de tous les jours, Dominique Aury, ne s’adonnait pas aux jeux dits BDSM, « ces choses-là », bien qu’elle vivait une sexualité non-conventionnelle, si l’on en croit une première biographie.
Catherine Robbe-Grillet a joué au théâtre et au cinéma. Portant le pseudonyme Jean (et Jeanne) de Berg et sous son nom, elle a créé une oeuvre singulière autour des pratiques BDSM assumées, à travers romans, journaux, entretiens, performances.
Catherine Robbe-Grillet fut initiée aux pratiques BDSM par son mari, d’abord en tant que soumise « pas très douée pour la souffrance », avant de devenir dominatrice. Elle se définit comme « une scénographe du BDSM, une maîtresse de cérémonie. »
« Je me veux « femme-sujet », maîtresse du jeu, des jeux sur le retard, les préambules, l’ornementation du désir, le déplacement du sexuel. Une gifle est une gifle, un coup de fouet est un coup de fouet et il peut faire très mal (…) mais ces pratiques sont encadrées, reprises dans une dramatisation assumée. »
Il y a dans cette dernière citation pas mal résumée toute la philosophie de la domination érotique, ma foi. :-))
Et puis, il y a cette belle question, qui rappelle à l’équilibre des forces.
« Comment peut-on être à la fois « quelqu’un de tolérant, facile, rieur » dans la vie sociale et « autoritaire, peu douée pour le fun, comme on dit » dès lors que s’ouvrent les portes de l’intimité? »
La réponse dure une semaine… à travers une série radio de cinq émissions de 29 minutes : Catherine Robbe-Grillet, la singulière.
Épisodes« Telle une élève appliquée, Catherine Robbe-Grillet raconte son double, Jeanne de Berg, avec précision ; non qu’elle souhaite la faire accepter à ceux qu’elle dérange, mais pour lui rendre justice : sa minutie, son amour du cérémonial, son attention à l’autre et à ses désirs (aussi surprenants soient-ils). »
L’amour du cérémonialLa cérémonie est un documentaire de Lina Mannheimer (2014).
Une cérémonie est une célébration, un hymne à plus grand que soi. Le désir se déguise en lui-même. Il fait une place importante à l’aspect théâtral des gestes et des mouvements, des danses, des processions, l’imposition des mains. Une grande importance est donnée à ce qui est dit et comment.
Toute la concentration se dirige vers la Maîtresse du cérémonial. Elle maintient la tension, discipline le rythme des souffles. Elle imprime une direction, oriente les énergies… Sa volonté prime dans l’instant présent.
Un bel exemple de protocole élevé.
Quelques aperçus du déroulement de l’événement Diner noir en 2014. Maîtresse de cérémonie : Catherine Robbe-Grillet et sa soumise-assistante, Beverly Charpentier.
Dans la programmation de Côté Court, on y lit ceci :
« Librement inspiré du festin noir de Des Esseintes dans À Rebours de Huysmans et par le genre de la cérémonie masochiste, Dîner noir rassemble la dominatrice Catherine Robbe-Grillet et vingt deux invités habillés en noir dans la salle à manger d’un grand hôtel international à Istanbul. Soumis à des règles strictes pendant le repas, les invités sont transformés en lecteurs et voyeurs de tableaux vivants mêlant souvenirs biographiques et fantasmes cinématographiques. »
Entrevues, portraits, articlesCe court inventaire se bonifiera au fil des lectures.
Qu’est-ce que le sado-masochisme ? Comment arrive-t-on à cette pratique ? Quel est le plaisir de la domination et de la soumission ? Quels sont les risques et dangers de cette pratique ? Extrait du magazine magazine ‘Les Tabous du…. Plaisir féminin’ présenté par Karine Le Marchand. Elle propose le témoignage de Catherine Robbe-Grillet , écrivain et maîtresse sado-masochiste, de Sophie Cadalen (psychanalyste) et de Catherine Solano médecin sexologue. Elle reçoit comme invitée l’acteur François Berléand. Catherine Robbe-Grillet interrogée par le journal Libération, publiée dans dailymotion.com le 9 novembre 2013.Voici comment Catherine Robbe-Grillet est présentée par Toni Bentley en 2015 :
« Get a glimpse inside the secret ceremonies and sadomasochistic rites of Catherine Robbe-Grillet, France’s most notorious dominatrix. The modern-day Marquise de Sade and Beverly Charpentier—the woman who gave up her freedom to serve her— talk with author and journalist Toni Bentley about their love, friendship, and rituals. The Art of Sex and Seduction series is curated by writer and journalist Erica Lumière. »
Catherine Robbe-Grillet et Beverly Charpentier interviewées par Toni Bentley, dans la série Avec plaisir, Ceremonies of Love and Desire d’Erica Lumière, octobre 2015.L’article La nécessaire complicité est publié dans le site cercle O - L'échange de pouvoir érotique.