«Blue Human Condition» (Condition humaine en bleu): c’est le nom d’une œuvre du sculpteur américain Mark Chatterley qui a fait beaucoup parler d’elle, la semaine dernière parmi les 20’000 habitants de la petite ville d’Adrian, Michigan. L’installation, qui représente sept formes humaines de sexe indéterminé qui s’appuient les unes contre les autres, a été dévoilée devant l’hôtel de ville.
Pour l’artiste, la statue représente la difficulté de survivre, de nos jours, sans se soutenir les uns les autres. Ce n’est pas l’interprétation qu’en ont fait la plupart des administrés d’Adrian. Beaucoup ont surtout trouvé que la pose des personnages était, comment dire… équivoque. La polémique s’est enflammée dans le journal local. Sur le site des autorités municipales, un internaute a résumé l’opinion de beaucoup d’habitants (selon lui): «Ce n’est pas juste, c’est même malhonnête de dire que nous avons l’esprit mal tourné et que nous sommes des prudes réprimés sexuellement», a-t-il écrit, soulignant que ses enfants de 10, 11 et 13 ans avaient tous trouvé la sculpture «dégoûtante», et évitaient de passer à proximité. L’administré a fini par réclamer l’enlèvement de l’œuvre au nom d’un audacieux «droit à la liberté de vue» (sic), comme le relève le Huffington Post.
«Contacts génitaux» détaillés
Un pasteur local a vu dans «Blue Human Condition» rien de moins qu’une orgie homosexuelle. «Il n’y a personne que je connaisse qui ne la perçoive pas comme une abomination», a lancé le Révérend Rick Strawcutter. Ce dernier a réalisé une vidéo, où il détaille les «contacts génitaux» figurés par la statue – pourtant asexuée. Pour le prédicateur, ce n’est pas un hasard si la sculpture a été dévoilée peu après que la Ville a adopté une ordonnance antidiscrimination qui protège notamment les personnes LGBT: c’est un «monument à la perversion et à l’abomination», le signe que le jumelage d’Adrian avec Sodome est en marche.
Il n’a pas fallu une semaine aux autorités pour prendre acte de ce tollé. Quelques jours après son inauguration, la statue de Chatterley a été recouverte d’une pudique bâche bleue, avant d’être déplacée dans un coin du parc municipal, à l’abri des regards de la plupart des promeneurs. L’artiste, originaire du Michigan, s’est montré peu ému par la tempête provoquée par son œuvre. «Ce travail, je l’ai réalisé avant tout pour moi, parce que je voulais le voir exister», s’est contenté d’expliquer Mark Chatterley.