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Les « love(re)treat » débarquent dans le paysage français. Leur promesse : « Libérez le potentiel érotique de votre couple »… Le premier week-end a lieu les 3 et 4 décembre, dans la Ville Rose, parce que sa couleur est symbolique, et parce que les fondateurs y vivent. Capucine Moreau, créatrice de l’antenne du CCF à Toulouse, fait partie de l’aventure....
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Nouveau lieu pour un nouvel atelier, c’est le café-théâtre Le bus 111 qui a abrité nos échanges en ce samedi après-midi ensoleillé… Un grand espace, des chaises rouges et confortables, un bus, oui oui un vrai au fond du café, une tenancière des plus accueillantes, des animateurs curieux et motivés, un peu stressés, et une...
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Parce que les pannes sexuelles ne sont pas une fatalité, voici quelques pistes pour retrouver une vie sexuelle épanouie.
Pour un homme, ne pas satisfaire son partenaire au lit implique un manque de confiance en soi et engendre le stress. Cette situation est due généralement à la panne sexuelle. En raison de l'impact psychologique engendré, le problème s'aggrave et le sujet concerné doit consulter un psychologue. Parfois même, la prise de médicaments s'impose, car l'important et de retrouver la virilité. Heureusement que les solutions existent et que le dysfonctionnement érectile peut disparaître rien qu'en changeant d'hygiène vie. Plus de détails à ce sujet.
Pannes sexuelles : de quoi s'agit-il ?On parle de pannes sexuelles lorsqu'un homme n'arrive pas à faire durer son érection ou tout simplement lorsqu'il ne parvient pas à en avoir même après stimulation du pénis. Cette situation peut avoir de nombreuses causes pour ne citer que le stress, l'abus de l'alcool ou encore l'abus de la cigarette. Dans certains cas, le problème est d'ordre clinique et réclame une intervention chirurgicale. Il faut savoir qu'importe l'origine du problème d'érection, une solution s'y rapporte.
Adoptez une meilleure hygiène de vieVous avez un problème d'érection du jour au lendemain ? Identifiez son origine. Il se peut que ce soit à cause d'un évènement survenu dans votre vie : disputes de couple, angoisse, stress au bureau, déprime ou encore deuil. Si c'est le cas, commencez par vous détendre. N'hésitez pas à vous offrir une séance de massage sinon rendez-vous dans un sauna afin de retrouver le bien-être. Votre stress sera alors éliminé et vous retrouverez une bonne performance au lit.
Si vous avez un peu abusé de l'alcool ou du tabac, il y a de fortes chances à ce que ce soit ces derniers qui soient à l'origine de votre panne sexuelle. Si vous voulez retrouver une vie sexuelle épanouie, il va falloir tirer un trait sur ces habitudes malsaines et les remplacer par une alimentation équilibrée couplée à des activités physiques régulières. À noter que l'alcool et le tabac ont pour effet de ramollir les muscles, y compris ceux présents dans le pénis, en raison d'une mauvaise circulation sanguine. Grâce au sport, le cœur fonctionne mieux et la circulation s'améliore pour une bonne qualité d'érection.
Les solutions médicamenteusesSi après l'adoption d'une hygiène de vie saine, le dysfonctionnement érectile persiste, ne baissez pas les bras, car d'autres solutions s'offrent à vous. Notez qu'un traitement à base d'inhibiteur de la phosphodiestérase de type 5 est souvent nécessaire afin qu'un patient retrouve son érection. Vous avez notamment le "choix" entre le Viagra, le Cialis ou encore le Levitra. Ces médicaments se prennent entre 30 min et 1h avant l'acte sexuel pour agir de manière optimale. Bien entendu, il faut que le pénis soit stimulé pour qu'il y ait érection.
Si ces médicaments ne résolvent pas la panne sexuelle et si cette dernière s'étale sur des mois, un examen radiologique est de mise. Dans certains cas, le patient doit être opéré afin de retrouver une vie sexuelle normale. Certes, une telle intervention est assez onéreuse, mais l'enjeu est de taille.
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Jeff Sagansky et Harry Sloan sont ce qu’on pourrait appeler des poids lourds d’Hollywood. Le premier a occupé des postes de direction chez Sony et CBS, le second est l’ancien directeur général de l’énorme société de production Metro-Goldwyn-Meyer. Depuis 2011, ces deux vétérans de la bourse forment une équipe spécialisée dans les opérations d’acquisition d’entreprises liées aux médias. Leurs aventures commerciales les ont amenés à débourser des centaines de millions de dollars pour s’emparer de créateurs de contenus, de spécialistes de la communication par satellite, de bouquets de chaînes de télévision. Leur nouvelle cible est un peu différente : si les sources anonymes citées par l’agence Reuters disent vrai, MM. Sagansky et Sloan négocient actuellement le rachat de Playboy Enterprises.
Harry Sloan et Jeff Sagansky
D’après Reuters, les deux hommes d’affaires se seraient mis en tête d’acquérir l’ensemble des activités de Playboy dans le cadre de l’achat d’un portefeuille d’actifs appartenant au fonds d’investissement Rizvi Traverse Management. Entre deux et trois milliards de dollars pourraient être échangés au cours de la transaction. Playboy ne représente qu’une partie de cette somme : lorsqu’elle a engagé une banque d’affaires pour lui trouver repreneur en mars dernier, l’entreprise de Hugh Hefner était évaluée à 500 millions de dollars. Ce prix comprend toutes les divisons de Playboy Enterprises : son magazine, ses chaînes de télévision, sa station de radio, ses sites Internet et surtout ses innombrables produits dérivés.
On se demande qui va être content
Les vêtements et accessoires frappés du lapin au noeud papillon se vendent très bien en Asie. En 2015, 40% des produits dérivés écoulés par Playboy ont été achetés par des Chinois. C’est sans doute pour les séduire un peu plus que l’entreprise a décidé de faire disparaître les photographies de nu de son magazine en octobre 2015. C’est là que les intérêts de Playboy et du couple Sagansky-Sloan convergent : tous lorgnent à l’Est avec insistance. En 2013, les deux hommes d’affaires hollywoodiens ont acheté 38,4% du service de télévision indien Videocon d2h pour 273 millions de dollars. Entre leurs mains, Playboy se montrerait sans doute encore plus offensif sur les marchés orientaux.
J’ai rencontré Mamadou lors de la soirée organisée par l’Ardhis, une association qui s’occupe des demandeurs et demandeuses d’asile et des couples binationaux. Demandeur d’asile, il m’explique qu’il vit à la rue. Depuis plusieurs mois. Parmi les centaines de demandeurs et demandeuses d’asile qui poussent chaque année la porte du Centre LGBT, j’ai choisi de vous raconter son histoire, celle d’un jeune homme rieur et courageux, l’histoire de l’homophobie, celle de sa fuite pour la survie, puis son odyssée à travers l’Afrique, avant d’arriver à Paris pour demander la protection de la France.
Mamadou C. est né en 1990 à Tambacounda, située au sud est du Sénégal. Une ville d’environ 80000 habitants au climat désertique. Mamadou parle le wolof et du fait de ses années d’errance, son français est encore fragile.
Dans son enfance, Mamadou est hébergé par sa grand mère, car ses deux parents sont décédés avant l’âge de 5 ans. Son beau père vit dans un autre quartier, avec trois enfants, deux garçons et une fille.
Adolescent, il aime jouer au basket. Il accompagne aussi souvent sa grand mère sur les marchés pour l’aider à faire les courses. À partir de 12-13 ans, Mamadou part régulièrement avec ses amis en forêt. Ils se baignent dans les mares formées par des trous creusés par des pelleteuses pour récupérer le sable pour les constructions. «C’est là-bas que j’ai commencé à faire l’amour, avec des amis du quartier. Mais en ce temps-là, on ne connaissait pas l’homosexualité. Certains garçons ne veulent pas et il faut se cacher pour faire l’amour.»
Il est souvent interpellé par ses amis du quartier: «Pourquoi tu n’as pas d’amoureuse?». Et Mamadou de rigoler et de leur dire qu’il n’est pas prêt pour les filles. «Les filles, c’est pour après. Il ne faut surtout pas dire que tu ne le fais pas avec des filles, parce qu’ils vont dire que tu es gay.»
Vers l’âge de 18 ans, en 2008, Mamadou fait la rencontre de Djibril*. Il le décrit comme plus jeune et plus petit que lui, mais il dit aussi qu’il est plus musclé, avec une peau beaucoup plus sombre. Parfois, ils se voient très souvent, parfois moins, car le père de Djibril* lui demande parfois de travailler avec lui. «J’étais fidèle mais je pense que Djibril* le faisait aussi avec d’autres garçons.» Pour Mamadou, ce n’est pas facile de traduire en français les sentiments qu’il éprouve pour Djibril. Je crois comprendre que le plus important est qu’ils se sentaient complices. Ils emportent parfois des matelas pour dormir à la belle étoile. Mamadou se souvient en riant de ces soirées où les discussions pouvaient durer des heures et des heures. Ils sont restés ensemble pendant quatre ans, jusqu’en 2012.
Puis tout bascule au printemps 2012. Souvent Mamadou dort chez Djibril*. Mais un jour, le frère de ce dernier, qui ne dort pas souvent à la maison, les surprend dans le même lit. Il se met à crier: «Ah, c’est ça que vous faites maintenant!» Mamadou raconte la suite: «Je suis sorti par la fenêtre, j’avais juste un short. Je suis parti dans un autre quartier, pour voir un ami. Je lui ai dit que j’étais parti en forêt, que mes vêtements étaient gâtés par la pluie et je lui ai demandé de me passer un pantalon et un T-shirt. Je suis reparti chez ma grand mère pour aller chercher des affaires. Mais en m’approchant de la maison, j’entends des gens parler sur moi. Je pars et je croise mon oncle, qui passe en vélo. Il vient pour m’attraper et se battre avec moi. Mes deux frères arrivent aussi, et la bagarre a commencé.» Mamadou réussit à s’enfuir. «J’ai couru, couru couru, puis j’ai marché jusqu’à un autre quartier où je savais qu’ils ne pourraient pas me trouver.»
Mamadou: «Il ne faut surtout pas dire que tu ne le fais pas avec des filles, parce qu’ils vont dire que tu es gay.»
«SI JE RETOURNE DANS MON QUARTIER, ON VA ME TUER»
Dans ce quartier, il rencontre un groupe de Baye Fall, des musulmans, qui vivent surtout de charité publique en allant chanter dans les maisons. Mamadou leur explique qu’il n’a rien à manger et ils vont l’aider pendant quelques jours. Mais il décide de quitter le Sénégal. «Si je retourne dans mon quartier, je sais que quelqu’un va me tuer.»
Mamadou marche jusqu’à un point de contrôle en dehors de Tambacounda. «J’ai négocié avec un camionneur à qui j’ai dit que je vivais au Mali, à Bamako. Il m’a dit qu’il allait à Kayes.» Kayes se trouve à 280 kilomètres de Tambacounda par la grande route nationale qui traverse le Sénégal d’Ouest en Est, puis qui se prolonge au Mali jusqu’à Bamako.
Mamadou ne voulait pas rester au Mali qui est en 2012 dans une situation de très grande instabilité puisque les combats entre l’armée régulière et des groupes rebelles font rage. Un coup d’état a eu lieu en mars 2012 et la région de l’Azawad, au nord du Mali a déclaré son indépendance, plongeant le pays dans une crise sans précédent.
Depuis Kayes, le camionneur lui trouve un autre chauffeur pour Bamako, où il reste deux semaines. «Je commence par chercher où je peux habiter. Je dis aux gens que je suis peintre. Mais beaucoup ont peur. Je demande à manger, mais c’est dur.» Mamadou craint beaucoup pour sa sécurité. Comme il parle le bambara, il peut se faire comprendre. Il se rend dans les bureaux d’une compagnie de bus et prend un bus pour Agadez, au Niger. Le voyage dure plusieurs jours mais une fois arrivé au Niger, Mamadou vit aussi dans l’insécurité. Il ne connait évidemment personne. On lui propose de rencontrer un Sénégalais. «ll me donne à manger, je reste environ un mois durant lequel je travaille avec un de ses enfants.» Il faut que Mamadou sorte du pays. Mais il ne peut pas aller au Tchad, qu’il juge plus dangereux et pas non plus au Nigeria, qui est un pays anglophone. Il part en Libye, caché dans un camion avec des dizaines d’autres. La poussière les recouvre très vite, la nuit, il fait très froid. Selon lui, le voyage dure trois jours. Jusqu’à Qatrun, un village de 4500 habitants en plein désert du Sahara. C’est un point de contrôle pour les étrangers qui entrent en Libye.
DES MARQUES DE COUP
Sans argent, Mamadou est coincé en plein milieu du désert. Régulièrement, il est frappé et porte encore sur son crâne des marques de coup. «Tout le temps, ils tapent les gens ». Ses geôliers demandent que la famille envoie de l’argent mais c’est impossible pour Mamadou de prévenir la sienne. Les captifs, des Gambiens, des Nigériens, des Somaliens, mangent midi et soir des pâtes, du pain, boivent un peu de coca. Mamadou maigrit très vite et est très fatigué. La cellule fait moins de 20 m2, les captifs sont serrés les uns contre les autres. Il n’y a pas de douche. Parfois, l’un d’eux tentent de fuir. Mamadou affirme qu’il a vu les geôliers tirer sur des fuyards à bout portant. «Je n’avais jamais vu ça avant». Il imite le geste et le son de la détonation. Puis sa voix se brise, le souvenir est encore vivace et insupportable.
Mamadou pense qu’il est resté environ un an à Qatrun, coincé dans ce trou perdu, sans argent, sans contact. Un jour, un homme vient à la prison et demande si quelqu’un est peintre. Mamadou lève la main et il est emmené dans sa maison pour travailler. Il n’est pas payé mais au bout de deux mois, son «patron» le met en relation avec un homme qui emmène Mamadou à Tripoli, la capitale libyenne. Il y rencontre un compatriote, qui lui propose la traversée gratuitement si Mamadou trouve quatre passagers payants. La destination? L’île italienne de Lampedusa. «La Libye, ce n’est pas bon. Ils prennent tout, l’argent, le téléphone. Je ne peux pas rester là-bas.» Selon Mamadou, près de 100 personnes s’entassent sur l’embarcation de fortune, un bateau gonflable de la taille d’une pièce d’environ 30 m2. Beaucoup de Somaliens, de Gambiens, des Maliens. Trois femmes sont montées à bord. La traversée dure trois jours.
Déplacé à Trapani en Sicile, Mamadou est emmené dans un camp rue Tunisi. Je lui demande de me le montrer sur Google Earth. «Je n’ai ni famille, ni ami, je suis coincé dans le camp. Je suis tellement fatigué que j’ai peur de tout.»
Entrée du centre pour étrangers où Mamadou a vécu à Trapani, en Sicile
Sur la plage de Trapani, non loin du camp, Mamadou rencontre un jour G., un Italien d’environ 60 ans. lls se voient souvent, Mamadou dort régulièrement chez G. . «Mais je n’ai pas de travail et je me sens inutile. Je sais bien qu’à un moment, G. voudra être seul. La situation n’est pas bonne pour moi.» De plus, certains dans le camp commencent à dire que Mamadou est sûrement gay.
En Italie, Mamadou demande l’asile mais pense qu’en raison de la fatigue, il n’a pas su bien plaider sa cause. Sa demande est rejetée. Il fait un recours, à nouveau rejeté.
Mamadou: «Je n’ai ni famille, ni ami, je suis coincé dans le camp. Je suis tellement fatigué que j’ai peur de tout.»
Il quitte Trapani fin septembre 2015, et arrive à Paris début octobre Gare de Lyon. Il demande aux gens où il peut aller dormir, rencontre un Malien, qui l’emmène à Jaurès. «J’y dors la première nuit et pendant environ un mois et demi». Puis Mamadou rencontre un Sénégalais, qui l’inscrit pour le 115. «Je dors dans un foyer, mais il faut appeler le matin très tôt, à 5 heures, pour la nuit suivante. Parfois je me réveille plus tard, vers 7 heures et j’appelle mais souvent ça ne passe pas. Je dors parfois dehors. Ça dure environ quatre mois.» Ce n’est que le 2 mars 2016 que sa demande d’asile est enregistrée à la préfecture de Paris. À partir du mois d’avril, Mamadou perçoit l’indemnité de demandeur d’asile. Pour une personne seule, elle de 6,80€ par jour, auxquels s’ajoute 4,20€ si aucune solution d’hébergement n’est proposée au demandeur d’asile. Un peu plus de 330 euros pour se loger, se nourrir, se vêtir.
Au printemps dernier, pour dormir, Mamadou se rend dans un foyer proche de l’hôpital de Nanterre où il paye 100 euros par mois. «Mais au bout de quelque temps, je dois partir car des résidents commencent à parler sur moi, disent que je suis « gordjiguene », ce qui signifie gay en wolof.»
Mamadou est reçu à l’Ofpra le 27 juillet de cette année. L’Office français de protection des réfugiés et des apatrides lui demande de raconter son récit, tel qu’il l’a rédigé quelques semaines plus tôt avec l’aide de France Terre d’asile. C’est en racontant son histoire à Médecins du monde qu’il apprend l’existence de l’Ardhis. Mais il n’a pas eu beaucoup de temps avec ses accompagnants de l’Ardhis pour préparer son entretien. Durant l’entretien à l’Ofpra, Mamadou est assisté d’un traducteur sénégalais, il en a peur, il craint que ce dernier ne le dénonce. Une crainte infondée, puisque les traducteurs sont tenus au secret. Sa demande est rejetée, son récit n’étant pas jugé crédible. Il dépose un recours auprès de la Cour nationale du droit d’asile.
Lors de l’interview, fin octobre, il ne sait pas quand son audition va avoir lieu. Cet été, il dort à Belleville, mange chez les Petites soeurs des pauvres à Parmentier ou à la Villette. « La rue, c’est dangereux, je ne dors pas bien. Il y a les voitures, les camions. À Jaurès on m’avait volé mon téléphone. »
C’est devant cet immeuble du quartier de Belleville que Mamadou a dormi plusieurs semaines.
Mamadou n’a qu’une espérance, celle de pouvoir rester en France. «Je ne peux pas retourner au Sénégal. Le père de Djibril* est très religieux et ses frères me tueraient. Je pense souvent à Djibril. Mais aujourd’hui j’ai envie de tout oublier, de laisser tout cela derrière moi. J’attends qu’on me donne les papiers pour rester ici définitivement. C’est la seule chose à laquelle je pense quand je me réveille.»
Ces dernières années, au Sénégal, des campagnes homophobes se sont déroulées dans la presse et des arrestations d’homosexuels ont eu lieu.
Depuis sa fuite du Sénégal, Mamadou n’a plus eu aucune nouvelle de Djibril*.
*Les prénoms ont été changés
J’ai rencontré Mamadou lors de la soirée organisée par l’Ardhis, une association qui s’occupe des demandeurs et demandeuses d’asile et des couples binationaux. Demandeur d’asile, il m’explique qu’il vit à la rue. Depuis plusieurs mois. Parmi les centaines de demandeurs et demandeuses d’asile qui poussent chaque année la porte du Centre LGBT, j’ai choisi de vous raconter son histoire, celle d’un jeune homme rieur et courageux, l’histoire de l’homophobie, celle de sa fuite pour la survie, puis son odyssée à travers l’Afrique, avant d’arriver à Paris pour demander la protection de la France.
Mamadou C. est né en 1990 à Tambacounda, située au sud est du Sénégal. Une ville d’environ 80000 habitants au climat désertique. Mamadou parle le wolof et du fait de ses années d’errance, son français est encore fragile.
Dans son enfance, Mamadou est hébergé par sa grand mère, car ses deux parents sont décédés avant l’âge de 5 ans. Son beau père vit dans un autre quartier, avec trois enfants, deux garçons et une fille.
Adolescent, il aime jouer au basket. Il accompagne aussi souvent sa grand mère sur les marchés pour l’aider à faire les courses. À partir de 12-13 ans, Mamadou part régulièrement avec ses amis en forêt. Ils se baignent dans les mares formées par des trous creusés par des pelleteuses pour récupérer le sable pour les constructions. «C’est là-bas que j’ai commencé à faire l’amour, avec des amis du quartier. Mais en ce temps-là, on ne connaissait pas l’homosexualité. Certains garçons ne veulent pas et il faut se cacher pour faire l’amour.»
Il est souvent interpellé par ses amis du quartier: «Pourquoi tu n’as pas d’amoureuse?». Et Mamadou de rigoler et de leur dire qu’il n’est pas prêt pour les filles. «Les filles, c’est pour après. Il ne faut surtout pas dire que tu ne le fais pas avec des filles, parce qu’ils vont dire que tu es gay.»
Vers l’âge de 18 ans, en 2008, Mamadou fait la rencontre de Djibril*. Il le décrit comme plus jeune et plus petit que lui, mais il dit aussi qu’il est plus musclé, avec une peau beaucoup plus sombre. Parfois, ils se voient très souvent, parfois moins, car le père de Djibril* lui demande parfois de travailler avec lui. «J’étais fidèle mais je pense que Djibril* le faisait aussi avec d’autres garçons.» Pour Mamadou, ce n’est pas facile de traduire en français les sentiments qu’il éprouve pour Djibril. Je crois comprendre que le plus important est qu’ils se sentaient complices. Ils emportent parfois des matelas pour dormir à la belle étoile. Mamadou se souvient en riant de ces soirées où les discussions pouvaient durer des heures et des heures. Ils sont restés ensemble pendant quatre ans, jusqu’en 2012.
Puis tout bascule au printemps 2012. Souvent Mamadou dort chez Djibril*. Mais un jour, le frère de ce dernier, qui ne dort pas souvent à la maison, les surprend dans le même lit. Il se met à crier: «Ah, c’est ça que vous faites maintenant!» Mamadou raconte la suite: «Je suis sorti par la fenêtre, j’avais juste un short. Je suis parti dans un autre quartier, pour voir un ami. Je lui ai dit que j’étais parti en forêt, que mes vêtements étaient gâtés par la pluie et je lui ai demandé de me passer un pantalon et un T-shirt. Je suis reparti chez ma grand mère pour aller chercher des affaires. Mais en m’approchant de la maison, j’entends des gens parler sur moi. Je pars et je croise mon oncle, qui passe en vélo. Il vient pour m’attraper et se battre avec moi. Mes deux frères arrivent aussi, et la bagarre a commencé.» Mamadou réussit à s’enfuir. «J’ai couru, couru couru, puis j’ai marché jusqu’à un autre quartier où je savais qu’ils ne pourraient pas me trouver.»
Mamadou: «Il ne faut surtout pas dire que tu ne le fais pas avec des filles, parce qu’ils vont dire que tu es gay.»
«SI JE RETOURNE DANS MON QUARTIER, ON VA ME TUER»
Dans ce quartier, il rencontre un groupe de Baye Fall, des musulmans, qui vivent surtout de charité publique en allant chanter dans les maisons. Mamadou leur explique qu’il n’a rien à manger et ils vont l’aider pendant quelques jours. Mais il décide de quitter le Sénégal. «Si je retourne dans mon quartier, je sais que quelqu’un va me tuer.»
Mamadou marche jusqu’à un point de contrôle en dehors de Tambacounda. «J’ai négocié avec un camionneur à qui j’ai dit que je vivais au Mali, à Bamako. Il m’a dit qu’il allait à Kayes.» Kayes se trouve à 280 kilomètres de Tambacounda par la grande route nationale qui traverse le Sénégal d’Ouest en Est, puis qui se prolonge au Mali jusqu’à Bamako.
Mamadou ne voulait pas rester au Mali qui est en 2012 dans une situation de très grande instabilité puisque les combats entre l’armée régulière et des groupes rebelles font rage. Un coup d’état a eu lieu en mars 2012 et la région de l’Azawad, au nord du Mali a déclaré son indépendance, plongeant le pays dans une crise sans précédent.
Depuis Kayes, le camionneur lui trouve un autre chauffeur pour Bamako, où il reste deux semaines. «Je commence par chercher où je peux habiter. Je dis aux gens que je suis peintre. Mais beaucoup ont peur. Je demande à manger, mais c’est dur.» Mamadou craint beaucoup pour sa sécurité. Comme il parle le bambara, il peut se faire comprendre. Il se rend dans les bureaux d’une compagnie de bus et prend un bus pour Agadez, au Niger. Le voyage dure plusieurs jours mais une fois arrivé au Niger, Mamadou vit aussi dans l’insécurité. Il ne connait évidemment personne. On lui propose de rencontrer un Sénégalais. «ll me donne à manger, je reste environ un mois durant lequel je travaille avec un de ses enfants.» Il faut que Mamadou sorte du pays. Mais il ne peut pas aller au Tchad, qu’il juge plus dangereux et pas non plus au Nigeria, qui est un pays anglophone. Il part en Libye, caché dans un camion avec des dizaines d’autres. La poussière les recouvre très vite, la nuit, il fait très froid. Selon lui, le voyage dure trois jours. Jusqu’à Qatrun, un village de 4500 habitants en plein désert du Sahara. C’est un point de contrôle pour les étrangers qui entrent en Libye.
DES MARQUES DE COUP
Sans argent, Mamadou est coincé en plein milieu du désert. Régulièrement, il est frappé et porte encore sur son crâne des marques de coup. «Tout le temps, ils tapent les gens ». Ses geôliers demandent que la famille envoie de l’argent mais c’est impossible pour Mamadou de prévenir la sienne. Les captifs, des Gambiens, des Nigériens, des Somaliens, mangent midi et soir des pâtes, du pain, boivent un peu de coca. Mamadou maigrit très vite et est très fatigué. La cellule fait moins de 20 m2, les captifs sont serrés les uns contre les autres. Il n’y a pas de douche. Parfois, l’un d’eux tentent de fuir. Mamadou affirme qu’il a vu les geôliers tirer sur des fuyards à bout portant. «Je n’avais jamais vu ça avant». Il imite le geste et le son de la détonation. Puis sa voix se brise, le souvenir est encore vivace et insupportable.
Mamadou pense qu’il est resté environ un an à Qatrun, coincé dans ce trou perdu, sans argent, sans contact. Un jour, un homme vient à la prison et demande si quelqu’un est peintre. Mamadou lève la main et il est emmené dans sa maison pour travailler. Il n’est pas payé mais au bout de deux mois, son «patron» le met en relation avec un homme qui emmène Mamadou à Tripoli, la capitale libyenne. Il y rencontre un compatriote, qui lui propose la traversée gratuitement si Mamadou trouve quatre passagers payants. La destination? L’île italienne de Lampedusa. «La Libye, ce n’est pas bon. Ils prennent tout, l’argent, le téléphone. Je ne peux pas rester là-bas.» Selon Mamadou, près de 100 personnes s’entassent sur l’embarcation de fortune, un bateau gonflable de la taille d’une pièce d’environ 30 m2. Beaucoup de Somaliens, de Gambiens, des Maliens. Trois femmes sont montées à bord. La traversée dure trois jours.
Déplacé à Trapani en Sicile, Mamadou est emmené dans un camp rue Tunisi. Je lui demande de me le montrer sur Google Earth. «Je n’ai ni famille, ni ami, je suis coincé dans le camp. Je suis tellement fatigué que j’ai peur de tout.»
Entrée du centre pour étrangers où Mamadou a vécu à Trapani, en Sicile
Sur la plage de Trapani, non loin du camp, Mamadou rencontre un jour G., un Italien d’environ 60 ans. lls se voient souvent, Mamadou dort régulièrement chez G. . «Mais je n’ai pas de travail et je me sens inutile. Je sais bien qu’à un moment, G. voudra être seul. La situation n’est pas bonne pour moi.» De plus, certains dans le camp commencent à dire que Mamadou est sûrement gay.
En Italie, Mamadou demande l’asile mais pense qu’en raison de la fatigue, il n’a pas su bien plaider sa cause. Sa demande est rejetée. Il fait un recours, à nouveau rejeté.
Mamadou: «Je n’ai ni famille, ni ami, je suis coincé dans le camp. Je suis tellement fatigué que j’ai peur de tout.»
Il quitte Trapani fin septembre 2015, et arrive à Paris début octobre Gare de Lyon. Il demande aux gens où il peut aller dormir, rencontre un Malien, qui l’emmène à Jaurès. «J’y dors la première nuit et pendant environ un mois et demi». Puis Mamadou rencontre un Sénégalais, qui l’inscrit pour le 115. «Je dors dans un foyer, mais il faut appeler le matin très tôt, à 5 heures, pour la nuit suivante. Parfois je me réveille plus tard, vers 7 heures et j’appelle mais souvent ça ne passe pas. Je dors parfois dehors. Ça dure environ quatre mois.» Ce n’est que le 2 mars 2016 que sa demande d’asile est enregistrée à la préfecture de Paris. À partir du mois d’avril, Mamadou perçoit l’indemnité de demandeur d’asile. Pour une personne seule, elle de 6,80€ par jour, auxquels s’ajoute 4,20€ si aucune solution d’hébergement n’est proposée au demandeur d’asile. Un peu plus de 330 euros pour se loger, se nourrir, se vêtir.
Au printemps dernier, pour dormir, Mamadou se rend dans un foyer proche de l’hôpital de Nanterre où il paye 100 euros par mois. «Mais au bout de quelque temps, je dois partir car des résidents commencent à parler sur moi, disent que je suis « gordjiguene », ce qui signifie gay en wolof.»
Mamadou est reçu à l’Ofpra le 27 juillet de cette année. L’Office français de protection des réfugiés et des apatrides lui demande de raconter son récit, tel qu’il l’a rédigé quelques semaines plus tôt avec l’aide de France Terre d’asile. C’est en racontant son histoire à Médecins du monde qu’il apprend l’existence de l’Ardhis. Mais il n’a pas eu beaucoup de temps avec ses accompagnants de l’Ardhis pour préparer son entretien. Durant l’entretien à l’Ofpra, Mamadou est assisté d’un traducteur sénégalais, il en a peur, il craint que ce dernier ne le dénonce. Une crainte infondée, puisque les traducteurs sont tenus au secret. Sa demande est rejetée, son récit n’étant pas jugé crédible. Il dépose un recours auprès de la Cour nationale du droit d’asile.
Lors de l’interview, fin octobre, il ne sait pas quand son audition va avoir lieu. Cet été, il dort à Belleville, mange chez les Petites soeurs des pauvres à Parmentier ou à la Villette. « La rue, c’est dangereux, je ne dors pas bien. Il y a les voitures, les camions. À Jaurès on m’avait volé mon téléphone. »
C’est devant cet immeuble du quartier de Belleville que Mamadou a dormi plusieurs semaines.
Mamadou n’a qu’une espérance, celle de pouvoir rester en France. «Je ne peux pas retourner au Sénégal. Le père de Djibril* est très religieux et ses frères me tueraient. Je pense souvent à Djibril. Mais aujourd’hui j’ai envie de tout oublier, de laisser tout cela derrière moi. J’attends qu’on me donne les papiers pour rester ici définitivement. C’est la seule chose à laquelle je pense quand je me réveille.»
Ces dernières années, au Sénégal, des campagnes homophobes se sont déroulées dans la presse et des arrestations d’homosexuels ont eu lieu.
Depuis sa fuite du Sénégal, Mamadou n’a plus eu aucune nouvelle de Djibril*.
*Les prénoms ont été changés
Alors oui, j’étais absent cette semaine
Oui, je ne t’ai pas soutenu par ma présence
Oui, nous avons passé, tous deux, des jours fatigants
Mais, sache-le, je ne suis pas en manque
Mes yeux brillants de désir avec un grand D
Mon corps qui me crampe d’envies
Tu as l’impression que je vais te sauter dessus
Mais je ne suis pas en manque, j’insiste.
Je te dis des mots doux
J’annonce un programme simple et sensuel pour ce soir
Ton odeur fait palpiter mon coeur
Mais je ne suis pas en manque, je te l’assure
Ce soir c’est le weekend
Nous aurons l’esprit serein dès le coucher de nos soleils
Peut être m’offriras-tu un simple câlin
Et, pour autant, je ne suis pas en manque
En fait, tu ne peux pas me comprendre
Toi, femme, épouse et mère, tu ne peux pas comprendre
Je suis homme avec un esprit d’homme et, dois je le dire
Je ne suis pas en manque, j’ai juste envie de toi.
Tu m’as manqué
Ton odeur, ton regard et tes manies m’ont manqué
Les enfants m’ont manqué, mon lit aussi m’a manqué….
Et malgré tout, je ne suis pas en manque
Mais ce soir c’est le weekend et enfin nous allons avoir un moment pour nous
Boire l’apéritif et peut être un deuxième
Une bonne bouteille de vin et un peu d’impatience
Manger en famille puis coucher notre enfance
Trouver un peu de calme et se retrouver en silence
Fermer la porte pour s’enlacer
Se câliner, ça oui, ça m’a manqué
Te découvrir toute satinée
Puis verrouiller la porte et nous dénuder
Scruter le calme sans s’affoler
Se laisser un long moment être caressés
Ressentir nos sens, dans le noir, se mêler
Enfin, envoûtés, laisser le plaisir nous submerger
(cc) miuenski miuenski
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Petite plongée dans le monde des arts où se mêlent pornographie et pinceau, masturbation et coup de crayon ou encore fisting et photographie. Commençons avec Robert Mapplethorpe, l’un des photographes les plus influents de la seconde moitié du XXème siècle. Rock star à la gueule d’ange, Mapplethorpe est un véritable pionnier dans la culture gay new-yorkaise des années 1970. Avec son univers aussi sado que maso, l’artiste provoque et bouscule les conventions avec ses photographies empreintes des esthétiques du fantasme et du martyr.
Enfant de la chambre 1017Né en 1946 dans le Queens, à New York, le petit Robert grandit dans une banlieue policée, au sein d’une famille middle-class, conservatrice et particulièrement religieuse : « Chaque dimanche, j’allais à l’église. Et la façon dont je compose les choses vient de là. C’est toujours de petits autels, chaque fois que j’assemble des choses, je remarque que c’est symétrique. Une église c’est un lieu magique et mystérieux pour un enfant » confie l’artiste dans Mapplethorpe, a biography. Le besoin de s’échapper de ce cocon trop étouffant se fait vite ressentir ; il quitte le foyer familial en 1963, à l’âge de 16 ans, pour les cours d’art, de peinture et de sculpture du célèbre Institut Pratt.
Autoportrait – 1975
Envoyé pour y suivre une carrière de publiciste, il adopte rapidement une attitude rebelle contre le système rigide imposé par l’école. Il est très tôt attiré par le monde des arts : fasciné par la Factory de Warhol, à son apogée à la fin des années 60, il s’inspire également des travaux de Joseph Cornell. Dès cette époque, il se penche sur des revues pornos gay pour en faire les sujets principaux de ses collages et dessins : « Je suis devenu obsédé par ces kiosques à journaux. Je voulais voir ce qui était à l’intérieur de ces magazines. Ils étaient tous scellés, ce qui les rendait encore plus sexy en quelque sorte, parce que vous ne pouviez pas les ouvrir. J’ai eu ce sentiment jusque dans mon estomac, ce n’était pas uniquement sexuel, c’était plus puissant que ça. J’ai pensé que si je pouvais apporter cet élément dans l’art, si je pouvais en quelque sorte conserver ce sentiment, je ferais alors quelque chose d’unique. » se confie l’artiste auprès de Patricia Morrisroe, auteure désignée pour sa biographie.
Untitled, autoportrait, 1971
Mais cette fin des années 1960 marque avant tout sa rencontre avec sa muse et confidente de toujours Patti Smith. Ensemble, ils mènent une vie de bohème, passants de la chambre 1017 du Chelsea Hotel aux hôtels miteux de la capitale. C’est dans ce cadre que Mapplethorpe expérimente sa nouvelle passion pour la photographie. Accompagné de son Polaroid, il fait ses premiers portraits en noir et blanc avec Patti Smith.
Patti Smith and Judy Linn, 1974
Apollon en lanière de cuirIl poursuit ses expérimentation photographiques auprès des membres de groupes BDSM à New York. Mais l’ouverture aux sphères plus fermées de l’underground new-yorkais se fait lors de sa rencontre avec Sam Wagstaff. De 25 ans son aîné, le conservateur et collectionneur va permettre à Mapplethorpe de s’émanciper et de rencontrer de célèbres artistes et écrivains. A la fois amant et mentor, Sam Wagstaff l’accompagnera tout au long de sa vie, récoltant ainsi plus de 2 500 oeuvres.
Mapplethorpe et Wagstaff
Sa première exposition solo se tient à New York en 1976 où sa série de photos au caractère sado-maso sera mise en avant. Mélange de cuir, bottes, cagoules et chaines, son univers reprend les codes de la virilité et l’autorité. Les corps sont attachés, tordus et soumis au maître. Les sexes sont brandis, manipulés et étranglés comme s’il s’agissait d’une sculpture en devenir. À la fois esthétiques et politiques, ses photos exacerbent la libido et la jouissance. Ses oeuvres sont des armes à orgie dionysiaque : « Le sexe est magique. Si vous le canalisez bien, il y a plus d’énergie dans le sexe que dans l’art » commente Mapplethorpe toujours auprès de P.Morrisroe. Certaines d’entres elles seront d’ailleurs publiées dans la magazine « pour Macho Male » Drummer, alors dirigé par son amant Jack Fischter. Au côté de grands noms de l’art gay comme Tom of Finland, Mapplethorpe fait la Une du mensuel en septembre 1978.
Drummer, n°24, 1978
L’équilibre, la perfection et la mesure illustrent l’esthétique plus classique sur laquelle Mapplethorpe se penche durant les années 1980. Fasciné par les statuaires grecques, il fait poser ses modèles selon les codes de la Renaissance. Il entame notamment une collaboration avec Ken Moody, athlète et ami au corps musclé et affuté. Etendard de la beauté masculine, l’artiste le porte au rang de symbole dans une Amérique encore en proie au séparatisme. Ils feront ensemble plus de 60 clichés. A travers son regard, Mapplethorpe fait naitre le désir chez le spectateur, il érotise les corps et les objets, comme l’atteste sa série sur les fleurs au caractère brut et sexuel.
Ken, Lydia and Tyler, 1985
Calla Lily, 1987
I don’t like that particular word ‘shocking’Sa renommée va s’établir et s’installer en 1988 à travers quatre grandes expositions qui vont lui être consacrées en Europe (National Portrait Gallery à Londres, Stedelijk Museum à Amsterdam) et aux Etats-Unis (Whitney Museum de New York, Institute of Contemporary Art de l’université de Pennsylvanie). Ses photographies à l’esthétique sadomasochiste vont faire l’objet d’un déferlement de critiques, ce qui réanime les débats autours des subventions et de l’implication de l’Etat dans la propagation d’un art aussi controversé. Des groupes religieux aux autorités fédérales, tous auront été impliqués dans ce débat qui cache en vérité des relents de censure.
Le désir du spectateur pour des corps fantasmés et martyrisés est le centre de cette internationalisation de la controverse. Le désir fait peur, inspire et tue. Au coeur de la tourmente, le Sida se propage en cette fin des années 80 et touche l’artiste qui meurt à l’aune de ses 42 ans.
Self Portrait, 1988
Robert a pris les fantasmes les plus obscurs pour en faire de l’art. Il travaillait sans s’excuser, en investissant l’univers gay avec grandeur, masculinité et noblesse. Sans coquetterie, il a créé une présence entièrement masculine sans sacrifier la grâce de la féminité. Il ne cherchait pas à faire des déclarations politiques ou d’appel à caractère sexuel. Il offrait juste quelque chose de nouveau, quelque chose qui n’avait pas encore été vu ou exploré à sa manière. Robert cherchait à élever les expériences masculines vers une homosexualité imprégnée de mysticisme. Comme Cocteau le disait d’un poème de Genet : « Son obscénité n’est jamais obscène. » » déclare Patti Smith dans les pages de Just Kids, relatant ainsi les intentions de l’artiste.
Oscillant sans cesse entre provocation et équilibre, esthétique et brutalité, ses oeuvres se tendent sur la corde sensible de la pornographie et de l’érotisme. Roland Barthes, dans La Chambre Claire, résumait en ces mots les chef-d’oeuvres de Mapplethorpe : « Quelques millimètres de plus ou de moins, et le corps deviné n’eût plus été offert avec bienveillance (le corps pornographique, compact, se montre, il ne se donne pas, en lui aucune générosité) : le Photographe a trouvé le bon moment, le kaïros du désir. » A revoir et à méditer.
Ajitto, 1981
Vincent, 1981
Cock and Gun, 1982
Pendant près de 15 siècles, la pédérastie domine les cités de la Grèce antique. 15 siècles, c’est long. Dans un livre passionnant «Aux origines de la pédérastie», Nicolas Cartelet essaie de comprendre l’énigme.
Ne pas confondre pédérastie et pédophilie. Dès les premières lignes, Nicolas Cartelet met les choses au point : oui, pédérastie signifie littéralement «amour de l’enfant», mais non la pédérastie n’est pas un comportement sexuel. C’est une institution sociale, au même titre que le mariage. Elle structure les relations entre hommes : ceux qui sont éduqués dans des familles riches où domine «la stricte ségrégation» des sexes. «Au sein des classes sociales supérieures, un jeune homme grandissait et passait la puberté sans jamais avoir affaire à d’autres femmes que sa mère et ses sœurs. Il passait au contraire le plus clair de son temps avec d’autres hommes, dont certains le courtisaient ouvertement. Il est logique que la plupart des adolescents dans cette situation aient vécu leurs premiers émois amoureux dans la sphère homosexuelle.» Dans les classes populaires, où les femmes travaillent, l’hétérosexualité est la norme. La pédérastie c’est l’école des élites, une école à la dure au règlement impitoyable : l’avenir des citoyens se joue dans cette arène. C’est là qu’ils forgent leur réputation. Se conduiront-ils en homme ?
Comment devenir un homme, un vrai
Tout commence par le strict respect de la hiérarchie. Il existe deux sortes d’hommes : les jeunes et les adultes. Les jeunes ont un statut inférieur. Ils sont passifs. Comme des lapins ou des cailles, ils sont «chassés» par les mâles adultes qui essayent de les conquérir, subjuguer, ravir… La relation pédérastique est profondément «inégale», insiste Nicolas Cartelet. «Le plus jeune, pas encore ou tout juste citoyen (ce qui lui donnait entre 12 et 20 ans), était appelé l’éromène, «celui qui est aimé». Le plus âgé, homme et citoyen accompli, était l’éraste, «celui qui aime».» L’éromène est considéré comme un enfant, même s’il a 17 ans. L’éraste est considéré comme adulte, même s’il a 21 ans : lui, au moins, a accompli le rituel de l’éphébie. A ce titre, il a le droit de partir en chasse après un jeune. C’est d’ailleurs à cela qu’il est tenu pour montrer qu’il est devenu un homme.
L’éromène : trophée de chasse virile ?
L’éromène, comme une femelle, entretient son corps et se fait beau pour l’éraste qui ravira son cœur. La pin-up des cités grecques est un garçon bronzé, taillé pour la course, les cuisses musclées, les fesses larges et fermes, au cœur palpitant. «Traditionnellement, c’était au gymnase, centre culturel de la vie aristocratique grecque – car oui, la pédérastie était affaire de riches – que ces rencontres avaient lieu. Les garçons y étaient réunis, nus, huilés pour la lutte, autant dire dans les dispositions idéales pour être observés et jaugés par leurs prétendants.» Les érastes, en chasse, rôdent autour du gymnase et s’affrontent pour l’amour d’un garçon. Il y a des combats entre hommes. Le plus fort ou le plus séduisant remportera l’éromène comme un trophée de chasse (1). Mais attention : il faut que l’éromène soit en âge de donner son accord et son cœur. On ne passe pas aux actes sur un «mineur».
L’âge de la première relation
«Si la relation débutait bien par le «repérage» d’un jeune homme, parfois dès 13 ou 14 ans, il n’était pas question de la consommer aussi tôt. À l’acte en lui-même précédait une longue phase d’approche, de séduction, d’apprivoisement qui pouvait durer des années, jusqu’à ce que le garçon ait atteint son plein développement – car c’est bien la beauté de l’éphèbe bronzé, musclé, dans la fleur de l’âge que louent les textes et l’art figuratif grecs, et non pas celle du garçon encore plongé dans l’enfance. Il fallait également attendre, nous apprend Eschine dans l’un de ses discours, «l’âge de raison» du jeune homme, c’est-à-dire l’âge auquel il était en mesure de décider lui-même d’accorder ou non ses faveurs à un prétendant (inutile de préciser que les Grecs ne plaçaient pas l’âge de raison entre 6 et 8 ans, comme nous le faisons aujourd’hui, mais au moment du basculement de l’enfance vers l’âge adulte).»
A qui accorder ses faveurs ?
Pendant des mois, parfois des années l’éraste a suivi un jeune homme en lui accordant attention et présents. Vient le moment où l’éromène va s’en remettre à l’éraste du soin de l’éduquer. Officiellement, la pédérastie vise «l’échange pédagogique et la formation des jeunes citoyens», rappelle Nicolas Cartelet. Cette formation commence par le jeu du chat et de la souris qui consiste à jauger les prétendants : le garçon courtisé se doit d’abord de «refuser les avances des hommes, du moins dans un premier temps. Dans le Banquet de Platon, Pausanias conseille d’ailleurs aux adolescents de feindre l’indifférence pour éprouver la sincérité des prétendants et écarter les beaux parleurs.» Il ne retiendra parmi eux que celui qui sera son mentor, son vrai. Choix stratégique.
Prostitution interdite
Gare à la vénalité. «L’appât du gain était sévèrement condamné : le jeune garçon convaincu de prostitution (et l’on était prostitué dès lors que l’opinion publique vous jugeait vénal et non plus sincère dans vos engagements amoureux) perdait une partie de ses droits civiques, dont la liberté de s’exprimer devant l’assemblée des citoyens. Ajoutons qu’un interdit similaire pesait sur l’engagement de l’éraste : l’homme dont on soupçonnait qu’il préférât le corps de son partenaire à son esprit était «regardé de travers» (mais la législation ne prévoyait aucune sanction dans ce cas). Non, ni l’argent ni le sexe ne devaient motiver l’éromène, mais seulement la recherche de l’élévation morale. Il existait entre les amants un lien de type maître-élève, et de cet échange pédagogique devait «naître» un jeune citoyen à la vertu et aux qualités intellectuelles impeccables (2).»
Travaux d’approche
En remerciement de la vertu inculquée par son amant, le garçon «acceptait le coït», explique Nicolas Cartelet qui utilise à dessein cette expression bizarre : il importe de sauver la face dans la bonne société. L’éromène prétend qu’il se donne par devoir. Il doit d’ailleurs se montrer insensible aux caresses, comme s’il le faisait malgré lui. Sur les vases, en tout cas, la scène d’approche classique, qui précède le coït, montre un éromène au sexe mou. «On y voit l’éraste penché vers son éromène, dans la position dite «par le haut et par le bas» : d’une main l’homme attrape la nuque ou les cheveux du jeune homme, de l’autre il lui caresse le pénis ou les testicules. Cette pratique de la caresse des parties génitales semble avoir été habituelle, en tout cas Aristophane fait suivre le premier baiser d’un «petit pelotage intime», qui paraît extrêmement naturel dans sa comédie Les Oiseaux». Ce pelotage, cependant, ne doit pas faire bander l’éromène. Pas trop.
Le rituel de la première relation
«La tradition voulait que l’éraste sur le point de «conclure» offrît un présent à l’éromène en gage de son amour. Cette scène de don pédérastique est surreprésentée sur la céramique, qui nous présente toute la gamme de cadeaux envisageables. À l’époque, les goûts allaient aux petits animaux : on offrait tantôt un lapin, tantôt un coq, un lièvre, un petit chien…». Ce don scelle l’union qui, faut-il le rappeler, ne doit avoir aucun autre but, officiel, que la formation d’un jeune citoyen. Voilà pourquoi sur les vases l’éromène se tient toujours droit comme un i, dans une attitude statique et amorphe, qui regarde droit devant lui comme s’il ne ressentait aucun plaisir. Il n’a pas le droit de prendre d’initiative pendant l’acte. Il lui est interdit (officiellement) de pénétrer l’éraste ou de le sucer, ni même d’avoir aucun geste lascif.
Sauver la face, à défaut de sauver la fesse
Dans la Grèce antique, un citoyen est par définition actif. Comment fabriquer un citoyen à qui l’on fait subir des pénétrations ? «Nous touchons à la profonde ambiguïté de la relation pédérastique, explique Nicolas Cartelet : l’on interdisait à l’éromène de ressentir le plaisir sexuel, car la société grecque considérait la sodomie comme une marque de domination insupportable pour le citoyen pénétré.» Gare au garçon qui se laissait aller à la débauche de la couche ! «Celui-là était soudain suspect aux yeux de la communauté, il devenait «pervers», «prostitué»… On imagine à quel point il pouvait être difficile aux jeunes hommes, souvent sincèrement épris de leurs prétendants, de «tenir leur rôle» en toute occasion sous l’implacable regard de leurs concitoyens.» Feindre la frigidité. C’était, semble-t-il, une des conditions imposée aux garçons de la bonne société.
A LIRE : Aux origines de la pédérastie. Petites et grandes histoires homosexuelles de l’antiquité grecque, de Nicolas Cartelet, éditions La Musardine, 2016.
NOTES
(1) «Tout comme les loups aiment l’agneau, les érastes aiment l’éromène» tranche Platon à ce sujet !
(2) On sait par Plutarque que l’éraste spartiate dont l’éromène faisait preuve de couardise au combat était puni par la communauté : il payait pour n’avoir pas été un bon professeur.