VOLPONE ou LE RENARD de BEN JONSON (1572 - 1637)
VOLPONE a été représentée pour la première fois à Londres en 1606.
Dramaturge anglais de la Renaissance, Ben Jonson était l’ami et le rival de Shakespeare.
Mise en scène de Nicolas Briançon
Adaptation de Nicolas Briançon et Pierre-Alain Leleu
Avec Roland Bertin Volpone
Nicolas Briançon Mosca
Anne Charrier La prostituée
Philippe Laudenbach Le juge
Grégoire Bonnet Corvino
Pascal Elso Voltore
Yves Gasc Corbaccio
Barbara Probst La jeune épouse de Corvino
Matthias Van Khache Le fils de Corbaccio
Les 3 danseurs
Décors Pierre-Yves Leprince
Lumières Gaëlle de Malglaive
Costumes Michel Dussarat
Résumé de la pièce :
Volpone, un riche bourgeois sans héritier naturel, feint d’être à l’article de la mort pour attirer les prétendants à sa succession et s’en moquer.
Mosca fait tour à tour saliver l’avocat Voltore, le vieux gentilhomme Corbaccio et le marchand Corvino en faisant croire à chacun qu’il est l’unique héritier de la fortune colossale de son maître.
Bertin, Elso et Briançon
Avis :
Décidément, Nicolas Briançon aime surprendre en revisitant des classiques !
Après sa trépidante mise en scène de Songe d’une nuit d’été, j’ai eu la chance d’assister à une représentation de sa nouvelle adaptation : Volpone ou Le Renard.
Une mise en scène ciselée avec pour écrin un décor haut et noir dans lequel s’ouvrent de nombreux coffres contenant la fortune de Volpone et contre lequel grimpent des échelles menant à des balcons où évoluent les danseurs, anges noirs en tutus, et certains acteurs. Ce décor actuel ne dénature pas les beaux costumes des comédiens, bien au contraire. Il les met en valeur, aidé en cela par un éclairage parfaitement minuté et ciblé.
Ici, je me permettrai de mettre l’accent sur la magnifique tenue que porte Anne Charrière.
Après que Philippe Laudendach tout tremblant de trac (touchant quand on connaît sa carrière !) ouvre le rideau, les spectateurs découvre un Roland Bertin en plein milieu de la scène, alité. Arrive quelques minutes plus tard, Nicolas Briançon. GRANDIOSES ! Tous les deux.
Agé de 82 ans, Roland Bertin est drôle, cynique, émouvant. Il réussit à rendre Volpone attachant à la scène finale ! Quel visage éloquent ! Quelle maîtrise ! Quelle leçon ! Et tout cela en restant pratiquement allongé pendant 1h45.
Nicolas Briançon joue à la parfaitement son rôle de serviteur parasite et rusé : joyeux quand il s’adresse aux charognards pour les rouler dans la farine, il se montre aussi très inquiétant et froid ou séducteur et charmeur (avec Anne Charrière, notamment). Diction et gestes impeccables. Sa précision est telle que son jeu est perfection. Oui, j’ose le dire !
Je n’oublie pas les trois affreux cupides, rôles tenus par Pascal Elso, Grégoire Bonnet et Yves Gasc. Quels odieux personnages que ces trois-là ! Ne sont-ils pas prêts à achever Volpone (Voltore), offrir une jeune épouse (Corvino) et déshériter un fils (Corbaccio) pour crouler sous l’or ? Formidables dans leurs jeux respectifs : calme et vicieux pour Elso ; agité, colérique et pervers pour Bonnet ; vieux, branlant et sourd pour Gasc.
Les méchants sont si monstrueux que les deux êtres purs, Barara Probst et Mattias Van Khache, en paraîtraient « presque » invisibles ! Ils finiront d’ailleurs par être condamnés alors qu’ils sont les seuls à être innocents. Il faut dire que le juge, magnifiquement joué par Laudendach, est si égaré par les explications des uns et des autres qu’il ne devine pas la vérité. Et que dire de la présence scénique d’Anne Charrière si ce n’est qu’elle est fabuleuse et sonne juste à chaque fois ?
Encore une fois, Nicolas Briançon a su s’entourer de comédiens de valeur dont le jeu est maîtrisé du lever au tomber de rideau. BRAVO !
Alors VOLPONE ?
Roman noir et comédie italienne, cynisme et drôlerie, humour féroce et ravageur, réflexion sur les mensonges et les faux-semblants, sur l’illusion théâtrale et les masques que nous portons tous.
VOLPONE est une pièce moderne qui évoque notre société où il importe de posséder, de jouir et de jeter pour soi-disant vivre heureux.
Du grand Ben Jonson, du grand BRIANÇON, de grands Acteurs et une sacrée leçon de Théâtre ! A voir absolument !
MERCI !
Depuis le 12 septembre au Théâtre de la Madeleine
19 rue de Suresnes Paris 8
20h30 du mardi au samedi
17h le samedi et le dimanche
Durée : 1h45 sans entracte
Tarifs : De 17 € à 54 € selon la catégorie