Si vos choix cinématographiques dépendent du niveau d'interdiction des films exploités en salles, commencez par vous détourner de Nymphomaniac de Lars von Trier, dont les volumes 1 et 2 proposés les 1er et 29 janvier 2014 sur les écrans français, n'ont été interdits qu'aux spectateurs de -12 ans, la Commission expliquant : « Le sujet du film – les accès nymphomaniaques d’une jeune fille – se déroule dans un climat d’ensemble assez sombre dans lequel les scènes de sexe sont montrées avec un certain réalisme, mais qui demeure maîtrisé. » On retrouve ici la notion de « scènes réalistes » déjà employée pour l'interdiction aux -12 ans de La Vie d'Adèle de Abdellatif Kechiche. Gauthier Jurgensen, membre de la Commission de classification, expliquait sur Allociné le 23 décembre dernier, qu'une interdiction aux -12 ans est largement suffisante : « Il faut prendre en compte le fait que ce film de Lars von Trier a déjà subi de nombreuses coupes au montage. Le réalisateur semble garder pour la télévision la version intégrale, incluant de nombreuses scènes à caractère sexuel. Le contenu du film, qui sortira dans nos salles le 1er janvier 2014, est bien moins trivial qu'on a voulu le croire. Il s'agit en réalité d'un film sur l'addiction au sexe, certes, mais décrypté de façon presque pédagogique. En ce sens, on pourrait presque le recommander à des adolescents qui se confronteraient ainsi à la sexualité, en une démarche concertée. » Donc dans l'immédiat pas de version hard pour le dernier Lars von Trier même si Régine Vial, la responsable des Films du Losange (le distributeur français du film), affirme ne pas exclure de présenter les deux volumes dans une version non censurée, d'un seul tenant, à l'avis de la commission de classification des œuvres cinématographiques au cours de l'année 2014.
Au Royaume-Uni, vous pourrez acheter quelques films vidéos interdits aux mineurs tels Cabin Fever: Patient Zero, de Kaare Andrews (l'histoire d'un virus mortel faisant son apparition sur une île dans les Caraïbes), K-11, de Jules Mann-Stewart (le nom donné à une section de la prison de Los Angeles où sont réunis tous ceux qui ne peuvent effectuer leur peine au milieu des autres prisonniers) ou encore Vendetta, de Stephen Reynolds (la traque menée par un ancien officier des forces spéciales passé maître dans l'art des interrogatoires musclés qui recherche le gang qui a massacré ses parents), avant de vous rendre au cinéma le 10 janvier prochain pour assister à la projection de Bounty Killer, de Henry Saine, interdit aux -18 ans au Royaume-Uni, en Allemagne et en Corée du Sud pour sa violence et ses séquences particulièrement gore, ou encore Crystal Fairy an the Magical Cactus, de Sebastián Silva, le 17 janvier 2014, interdit aux mineurs principalement à cause des nombreux plans de consommation de stupéfiants.
Aux États-Unis, rien de retentissant puisque les producteurs ne prennent désormais plus le risque de financer des œuvres susceptibles d'être classées « NC-17 », c'est-à-dire strictement interdites aux mineurs de 17 ans. On se souvient en effet que le film Evil Dead, de Federico Alvarez, avait fait l'objet d'un nouveau montage afin d'être classé « R » par la Classification and Rating Administration (CARA) à la fin du mois de janvier 2013. Une autocensure préférée à une perte de 20 % des recettes engendrée par une interdiction de projection aux spectateurs âgés de 13 à 16 ans. Ainsi, d'abord classé « NC-17 » par la CARA en raison des scènes décrivant le personnage principal regardant des films à caractère pornographique, Don Jon, réalisé et joué par Joseph Gordon-Levitt, a été remonté de manière à supprimer tous les plans litigieux et ainsi obtenir un classement « R », plus favorable sur le marché américain (le film est interdit aux -18 ans au Royaume-Uni et aux -12 ans en France).
Dans ces conditions, il semble difficile d'imaginer la distribution de films controversés en 2014, même si la sortie très attendue de The Human Centipede III (Final Sequence), dont le réalisateur Tom Six a dévoilé la première affiche le 7 novembre dernier, peut laisser supposer la levée d'un vent de polémique provoqué par la construction d'un ultime mille-pattes humain constitué de plus de 500 personnes dans une prison des États-Unis...