Dan Cermak est un photographe suisse. Il édite par ses propres moyens un recueil de clichés intitulé « I’ve always wanted to do this ». Travaillant habituellement dans le milieu de la mode, des magazines et de la publicité, il présente ici une oeuvre plus personnelle. Sous une lumière forte qui rend les murs blancs et efface les contours, il expose ses modèles nus (hommes et femmes) dans un cadre banal de maison ou d’appartement, qui sont en fait les foyers des modèles. Il intègre dans ses compositions des accessoires du quotidien, qu’il met en scène pour donner un propos à l’image. Ainsi, on trouve cet étrange lave-vaisselle anthropophage ou cette valise qui se prend pour un avion. Même les animaux domestiques sont parfois inclus dans la mise en scènes ! Le mobilier (frigo, buffet, canapé) sert de piédestal aux modèles. L’union entre l’objet et le corps est assez violente. Elle rend le corps plus vivant et l’objet encore plus inanimé. Le contraste est plus ou moins souligné suivant la matière de l’objet. Le bois passe encore mais avec une télé LCD, on confine au surréalisme.
Ne vous attendez pas à trouver parmi ces pages uniquement des bombes sexuelles. Au contraire, Dan Cermak a choisi la diversité dans le physique et l’on a ici des hommes et des femmes de tous les jours. La démarche est donc plus artistique qu’érotique, ce qui n’enlève rien à l’intérêt du projet. Au contraire, l’oeil de Dan parvient à trouver du charme même dans les rondeurs.
Format : 19,5 cm X 24,5 cm
Le site officiel de l’artiste : http://dancermak.ch
Entretien
Pouvez-vous nous en dire plus sur vous ?
Je suis né en Suisse mais mes parents sont nés en République Tchèque. J’ai étudié la photographie à la « Zürcher Hochschule der Künste » et la « FAMU » à Prague. Depuis 2002, je travaille comme photographe free lance pour des magazines et la publicité.
D’où vient le titre « J’ai toujours eu envie de faire ça » ? D’où est venue l’idée ?
Quand j’ai commencé ce projet en 2009, je me suis demandé pourquoi des gens répondraient à une petite annonce dans la journal : recherche modèle pour être photographié nu à la maison. Est-ce du narcissisme ou est-ce que les participants voulaient expérimenter quelque chose d’extrême ? J’ai donc demandé aux modèles et ils me répondaient souvent : j’ai toujours eu envie de faire ça. D’où le titre de mon livre.
Les modèles sont-ils des professionnels ?
Toutes les idées ont été mises en oeuvre en coopération avec le modèle. Au début de chaque shooting, nous discutons de ce que nous voulons faire. Parfois c’est moi qui évoque une idée, parfois c’est le modèle. Ce ne sont pas des professionnels. Chacun avait un background différent mais tous étaient intéressés pour participer à mon projet.
Les photos ont l’air « surexposé », rendant les murs très blancs. Pourquoi ?
Le but était de faire de la photographie « brute ». J’utilise un appareil photo très simple afin de réagir rapidement et spontanément. Et j’aime beaucoup la photographie au flash. C’est mon style !
Les clichés sont-ils plutôt érotiques ou plutôt artistiques ?
Je m’intéresse avant tout aux êtres humains. La forme la plus pure d’un être humain est la nudité. Nous sommes nés sans vêtements et quand nous mourons, notre corps retourne à la nature. Une fois que les gens se déshabillent devant l’appareil photo, ils deviennent vulnérables. La protection des habits disparaît. Je crois que les photographies de gens nus, si elles ne sont pas trop mises en scène, peuvent montrer l’intimité et la pureté de la personne.
Ce qui était important ici était de ne pas faire de photo de mode (j’ai essayé différentes poses) ni de photographie érotique (pas de look sexy par exemple). Je n’ai pas non plus retouché les photos après coup car je voulais du « vrai ». Je voulais voir différentes formes, différents corps, sans aucun artifice. Pour en revenir à la question, on peut dire qu’il s’agit de « nudisme artistique » évoquant les gens, leur apparence et les lieux où ils vivent.
Quel est votre meilleur souvenir de ces séances photo ?
Il y en a beaucoup ! Le plus important pour moi est de parler au modèle et de découvrir ce qu’ils font dans la vie et pourquoi ils ont décidé de participer à mon projet.
Vous n’avez pas trouvé d’éditeur pour votre livre ?
Pour le moment, j’ai fait un livre artistique, une édition limitée. Bien entendu, j’aimerais trouver un éditeur. Avant cela, mon objectif est de trouver 100 personnes pour faire du nu. Pour l’instant, j’en ai photographié une cinquantaine.
Le livre peut être commander en me faisant un mail à mail@dancermak.com. Il coûte 40 euros + 5 euros de frais de port pour l’Europe.
Interview – English version
Can you tell me a few word about your background ?
I was born in Switzerland, but my parents are from Czech Republic. I studied photography at « Zürcher Hochschule der Künste » and « FAMU » Prague. Since 2002 I work as an independent photographer and artist for magazines and advertisement.
About the book : why is it called « I’ve always wanted to do this » ? Where does these ideas come from ?
When I started the project in 2009 I wondered why would people answer to an ad in the paper asking to be photographed naked at home. Is it narcissism or do the models just want to experience something extreme? So I started to ask my models and the answer to that very often was: « I’ve always wanted to do this », so that’s why this is the title of my book.
Are the models professionnals ?
All the ideas came up in cooperation with the model. At the beginning of every shooting we discuss what we want to do. Sometimes it’s me comming up with an idea, sometimes it’s the model. The models are not professional models. They all have different backgrounds. But all of them where interessted in attending my project.
All pictures seem to be « overexposed », making all the walls really white. Why ?
The photographic style of the pictures is « straight » photography, means I always use a very simple camera in order to react fast and spontanous. And I like flash photography. it’s my style!
Is it meant to be erotic or just « artistic nudism » ?
First, I am interested in human beings. To find out, the purest form of a human being is nudity. You are born without any clothes on and when you die your body will transform into nature again. Once people get undressed in front of the camera they get vulnerable. All the protection of the clothes is gone. I believe the photographs of naked people, if they are not too staged can show intimacy and the pure self of a person.
What was important to me is the fact the photographs didn’t go into fashion photography (I tried to find different posings of the model) or erotic photography (no sexy looks for example). I also didn’t do any retouching on the bodies, because I wanted to have the real thing. I wanted to see all the different shapes of all the different bodies. No tricks.
So, to come back to your question: The work is « artistic nudism » and it’s about the people where they live, how they look.
The differents places we see, are they really the houses of the models ?
The different places are always at the models house or flat.
What’s the best memory you have about these shootings ?
There are many nice memories I have. Very important to me is to talk to the models and find out what they do and why they are attending to my project.
You have published the book yourself. Is it a choice or no publisher were interested ?
I have published the book as an artistic book. Means you can order it at mail@dancermak.com. Of cource I am interested to publish it with a publisher. My aim is to get 100 people naked and then have it published with a publisher. At the moment I have photographed around 50 people.
What are your next projects ?
There is a show coming up in January, which I have to prepare. Then I do some photoshoots for magazines and an advertisement campaign.
How to buy the book ?
Buy the book at mail@dancermak.com, it costs: 40 Euros + shipping 5 Euros (Europe).