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Il n’y avait guère de suspense. Le oui au référendum présenté par ses initiateurs comme une défense de la famille l’a emporté à plus de 65%, selon des résultats quasi définitifs. Zagreb et Split, les deux plus grandes villes du pays, ont également approuvé le texte. Seuls deux comtés (sur vingt) à l’extrême nord-ouest du pays (région de Rijeka) auraient rejeté le texte. Toutefois, la participation était faible: moins de 38% des électeurs se sont déplacés dans les bureaux de vote.
Conformément au vœu des électeurs, la Constitution croate comprendra donc bientôt un article spécifiant le caractère hétérosexuel du mariage. Au niveau de l’UE, la Croatie sera l’un des deux seuls pays (avec la Lituanie) à disposer de cet outil «préventif» contre toute velléité d’ouvrir le mariage aux couples homosexuels. En l’occurrence, la campagne intervenait alors que le Gouvernement envisageait de revoir le statut des couples de même sexe, qui ne bénéficient pour l’instant que d’une reconnaissance très limitée en tant que concubins en vertu d’une loi de 2003. Le mariage égalitaire n’a jamais été en débat dans le pays, où les gay pride sont régulièrement les cibles d’attaques.
Les associations LGBT, féministes et la gauche s’étaient mobilisés dans les derniers jours de campagne. Samedi, ils avaient défilé à Zagreb sous des slogans tels que «l’homosexualité n’est pas un choix, mais la haine en est un» ou encore «vote pour ta dignité».
Extrême droite en embuscade
Le texte est issu d’une initiative populaire – la première à aboutir – lancée par U ime obitelji («Au nom de la famille»), un groupe lié à un microparti d’extrême droite qui s’est largement inspiré de la Manif pour tous française. Il est soutenu avec ferveur par la droite conservatrice et les milieux catholiques. C’est aussi la première initiative populaire à aboutir – et a fortiori à réussir – en Croatie. Le texte avait recueilli près de 750’000 signatures – un chiffre phénoménal dans un pays de 4 millions d’habitants. Un succès qui ouvre la voie à d’autres textes à visées nationaliste et réactionnaire – notamment à l’encontre de la minorité serbe.