Nid d’Eve, Nid d’Adam, sorti chez Tabou Editions, est un essai autour du sexe tarifé par Catherine Marx (le roman d’anticipation anxiogène Moralopolis, publié chez le même éditeur).
L’auteure y développe sa propre réflexion sur la prostitution, souvent par le biais de voies fictionnalisées, où l’invention s’ancre dans le réel et s’appuie sur un gros travail de documentation ; le tout sous haut patronage de la « puta maxima » Grisélidis Réal.
A première vue, on redoute sérieusement le pensum indigeste, eu égard à une légère tendance à la moralisation et au misérabilisme (bien que cet aspect soit lié à la dureté des situations relatées). Catherine Marx déroule sa pensée dans un style direct parfois trop didactique et à la tendance illustrative un peu gênante (déjà un des écueils de l’efficace Moralopolis).
Les parties documentées de l’ouvrage, s’apparentant à une investigation journalistique, marquent des points et à contrario, ne font que renforcer la faiblesse des portions fictionnelles (manque de style et de verve, personnage principal – relais du lecteur – un tantinet insipide, etc.).
Par contre, Nid d’Eve, Nid d’Adam emporte l’adhésion par la variété des sujets traités (victimisation systématique des travailleurs du sexe, stigmatisation des clients, retour d’une morale pudibonde, …) et remue les consciences quand il s’attaque à la question de l’assistance sexuelle pour handicapés, de loin les pages les plus passionnantes de l’ouvrage.