"Les années 80, c’était le bon temps ! On rentrait chez Denise, les filles voulaient tellement s’encanailler qu’elles nous sautaient littéralement dessus ! C’était des bourgeoises qui se trouvaient trop coincées, elles avaient une telle envie de rentrer dans la danse qu’elles en avaient le feu aux fesses ! Elles se battaient presque pour nous sucer, c’était de la folie : les filles en voulaient plus que nous ! Elles n’arrêtaient pas de la nuit, c’était sans calcul, elles demandaient rien, elles nous suçaient ou se laissaient prendre et c’est tout, elles nous tapaient sur l’épaule et on comprenait qu’elles avaient envie, alors tu penses bien qu’il ne fallait pas nous le dire deux fois !" (témoignage que je laisse anonyme ;-))Ci-contre, la fameuse Denise, source INA
Intro si certains ignorent qui est "Denise" : Denise a été la première femme patronne de club libertin en France, « le 106 » ouvert au début des années 80 (106 Bd Saint Honoré), puis « le 41 » qui lui a succédé (41 Rue Quincampoix). Concept aujourd’hui bien connu : un bar, une piste de danse, et des alcôves où les participants pouvaient « faire tout ce qui leur plaisait, vraiment tout », c’est-à-dire : baiser direct les uns les autres sans plus de politesses… Ses deux clubs ont connu un énorme succès pendant les décennies ’80 et ‘90, attirant toute la jet-set libertine mais aussi des anonymes de tous genres (y compris, énormément, SM, travestis, …) qui venaient danser, boire et baiser en raillant joyeusement la morale bourgeoise. Comme disait Denise, «
s’il fallait faire un film sur mon club, et que tous les acteurs et chanteurs qui l’ont fréquenté y tenaient leur propre rôle, cela ferait le plus beau casting de toute l’histoire du cinéma français »… Pour l’anecdote, c’est aussi Denise qui, voyant un soir au club un jeune italien exceptionnellement fougueux et remarquablement bien monté, lui conseilla de songer à une carrière d’acteur X. Elle alla même jusqu’à recommander à un de ses amis producteur de films X ce jeune « Rocco Siffredi » alors inconnu… Le club de Denise a commencé à décliner à l’approche des années 2000 : la concurrence est devenue très forte (les clubs libertins ont poussé dans Paris comme des champignons), les people ont déserté « le 41 » au profit notamment des Chandelles (créées en 94), et tout en se libérant, les mœurs se sont parallèlement durcies sur certains aspects, rendant les fêtes moins insouciantes. Denise est à présent retirée du business libertin depuis plusieurs années, mais elle reste dans le cœur de tous ses (nombreux) ex-clients «
LA grande dame » des folles nuits parisiennes de la fin du 20
e siècle, où stars et anonymes partouzaient sur de la musique disco. [
Fin de l'intro !]* * * * *
Pour discuter à l’occasion avec quelques « libertins de longue date » qui fréquentent depuis plusieurs décennies les endroits les plus libres de Paris, combien de fois ai-je entendu cette anecdote :
- Les années 80, c’était le bon temps ! On rentrait chez Denise, les filles voulaient tellement s’encanailler qu’elles nous sautaient littéralement dessus ! C’était des bourgeoises qui se trouvaient trop coincées, elles avaient une telle envie de rentrer dans la danse qu’elles en avaient le feu aux fesses ! Elles se battaient presque pour nous sucer, c’était de la folie : les filles en voulaient plus que nous ! Elles n’arrêtaient pas de la nuit, c’était sans calcul, elles demandaient rien, elles nous suçaient ou se laissaient prendre et c’est tout, elles nous tapaient sur l’épaule et on comprenait qu’elles avaient envie, alors tu penses bien qu’il ne fallait pas nous le dire deux fois ! Maintenant les filles sont devenues chichiteuses, elles viennent mais n’osent plus trop, restent en retrait, ou alors elles veulent d’abord « savoir qui on est, et surtout ce qu’on fait, si par hasard on bosserait pas dans la mode ou le cinéma », ou bien – c’est un autre genre de filles - elles veulent voir l’engin direct avant de savoir si ça vaut le coup de se parler… La spontanéité libertine que Denise avait réussi à instaurer, ça n’existe plus ! Reste les Chandelles, ok, mais c’est snob et mondain, les filles sont prétentieuses et calculatrices, plus rien à voir avec la magie des bourgeoises qui venaient s’encanailler en suçant tout ce qui pointait le bout de son nez chez Denise !
Et un autre libertin, ou un patron de club, de me confier juste après :
- C’est fou la naïveté de certains ! Evidemment qu’il y avait toujours des filles prêtes à sucer tous les mecs qui rentraient : Denise en payait au moins 3 chaque soir pour passer la nuit dans son club, et s’assurer que chaque homme ait eu au moins ses 10 min de bonheur ! Et dans ce genre d’endroits, un mec qui rentre et se fait sucer direct, je peux te dire qu’il revient ! Ca te fidélise un client, ça ! Bon, les filles étaient payées pour sucer et se faire baiser, mais elles y trouvaient leur compte, elles pouvaient quand même « choisir » ceux sur qui elles se jetaient comme des folles du cul, et elles étaient à 100% en sécurité : au moindre pépin avec un type lourd, Denise le dégageait sans autre forme de procès ! Alors pour elles, ça n’avait rien à voir avec le trottoir ! N’importe quelle prostituée de la terre te dira que le truc le plus insupportable, dans le job, c’est de vivre avec la peur au ventre du serial killer qui planquerait un couteau dans son froc pour zigouiller de la pute, ou qui les frapperait, les forceraient à avoir un rapport non protégé… Alors là, pour elles, c’était un peu comme bosser dans un bordel de luxe ultra sécurisé, où en plus 1 client sur 10 était une star ! Et Denise savait être très très généreuse ! Alors elles y mettaient du zèle, tu penses ! Les grands naïfs continuent encore aujourd’hui à penser que c’étaient des bourgeoises qui s’encanaillaient, c’était juste des prostituées de luxe payées par Denise pour que son club, ce soit toujours la fête ! Les locaux n’avaient rien d’exceptionnel, la déco non plus, la musique non plus, mais il y avait toujours au moins 3-4 filles qui te disaient qu’elles adoraient le foutre, et qu’elles voulaient en boire toute la nuit : c’était ça la magie de « chez Denise » ! Denise avait inventé un concept : mi-bordel de luxe, mi club libertin. Son business était royal : tu pouvais croiser des stars, et une gourmande te sautait forcément dessus pour te sucer, tu m’étonnes qu’elle était archi-complète chaque soir de l’année, et qu’elle a même changé pour des locaux plus grands ! Et Denise choisissait des filles qui aimaient vraiment ça, qui joignaient vraiment l’utile à l’agréable, pas des putes incapables de sourire qui bâclaient leur petite pipe sans entrain ! Les filles de Denise adoraient leur job, mais n’empêche que sans le fric, jamais elles n’auraient été là… T’en connais beaucoup, toi, des filles qui sucent tout ce qui passent, soir et après-midi, chaque jour de la semaine, chaque jour de l’année, en expliquant à chaque mec que c’est juste parce qu’elles adorent le foutre qu’elles ont envie de le sucer ?
Bien sûr, je rapporte ici des propos qui m’ont plusieurs fois été tenus, sans prétendre qu’ils soient vrais (je n’en sais strictement rien) : je n’ai pas connu cette période et je serais bien en peine d’affirmer quoi que ce soit au sujet des prostituées dans les clubs avant les années 2000.
J’aurais cependant tendance à croire que si le « libertinage » a toujours « attiré » la prostitution (pour la simple raison qu’il y a bien plus d’hommes intéressés par le sexe que de femmes), une évolution marquante a eu lieu :
pendant longtemps, le recrutement de quelques « prostituées de confiance » était l’affaire des patrons de club. Aujourd’hui, évolution notable, plus un seul ne pourrait se permettre de recruter des prostituées, ou de demander à une de ses employées de mettre « un peu d’animation » les soirs où dix « hommes seuls » se regardent dans le blanc des yeux sans la moindre chatte dans les parages, sinon – justement - celle de la serveuse salariée du club...
Ce sont donc à présent les clients - du moins à ceux qui n’ont pas une complice libertine attitrée, denrée excessivement rare – qui doivent « se débrouiller » pour venir avec leur propre pute. Bref, chaque soir, aujourd’hui encore (et surtout les soirs de semaine, évidemment), il doit bien y avoir toujours au moins 3-4 putes dans chaque club : en apparence ça n’a pas changé. Et pourtant, l’évolution est profonde. Les filles ne sont pas payées pour sucer tous les mecs du club par le patron, mais seulement le type qui leur a filé 2 ou 3 billets avant de rentrer. Ce ne sont plus des « piliers » du club dont le sourire et la comédie «
j’adoooore le foutre, j’en veux j’en veux, encore encore, j’ai encore soif de foutre !! » fait partie du contrat, mais des « one shot » qui se débarrassent de leur corvée vite-fait en faisant plutôt la gueule. Et si le client veut « un petit truc en plus », ni une ni deux, la fille négocie illico une rallonge, plus ou moins discrètement. Elles ne passent pas pour des bourgeoises respectables un brin nympho, elles passent pour ce qu’elles sont : des putes qui méprisent les mecs qu’elles considèrent comme des portefeuilles sur patte qui veulent juste « faire leur ptite affaire, et bye bye ».
Je précise bien que les hommes (à ce que j’ai constaté) viennent avec leur pute : les clubs libertins ne sont pas des lieux de tapinage. Pour une raison simple : les clients n’y ont aucun argent sur eux, et une prostituée qui se fait payer après, ça n’existe pas. Pour que l’échange financier puisse avoir lieu avant, il faut que la rencontre ait lieu en amont.
Loin de moi l’idée de dire que toutes les filles sont payées –
j’en suis bien la preuve, et je connais de nombreuses libertines qui sont très souvent en club, tout simplement parce qu’elles adorent, et sans la moindre arrière-pensée financière. Je dis simplement que les proportions entre hommes et femmes souhaitant venir « naturellement » dans ces soirées sont excessivement disproportionnées.
Pour une fille qui a envie, il doit y avoir 100 ou 200 hommes dans le même état d’esprit… au moins ! Alors pour certains types, c’est tout simplement mieux de s’organiser avant pour être sur d’avoir un peu de compagnie féminine dédiée… quitte à la payer quelques billets… plutôt que de passer une soirée à s’emmerder comme un rat mort à mendier une misérable petite caresse à la rare femme qui sera présente, déjà sur-sur-sur-courtisée par une nuée d’au moins 10 hommes…
Mais revenons aux fameuses filles chez Denise, censées «
sauter littéralement sur les mecs pour les sucer » au dire de certains « libertins historiques » que j’ai rencontrés. Patrick Sébastien, qui a publiquement confessé avoir passé des centaines de nuits chez Denise - qu’il considère, selon ses mots, comme
sa 2e mère – « la 1ere m’a donné le jour, Denise fut la 2e, celle qui m’a donné la nuit » - a écrit en 2005 un épais livre de souvenirs sur le 41 et le 106,
Vitriol Menthe (Oh ! Editions), qu’il a sous-titré « roman vécu ». Certes, il dit à peu près à la moitié du livre qu’il n’y avait «
pas de putes, que des gourmandes »- seul moment où il aborde la question des rétributions : 1 unique ligne sur 500 pages. Ceci dit… plusieurs passages me semblent parfaitement révélateurs.
Voici la toute première page de son livre, 1
e page du 1
erchapitre : « La soirée a été pleine d’accouplements de toutes sortes, d’orgasmes, de sourires, de caresses, de gémissements, d’alcool et de fumée. Une soirée assez banale, en somme. Il ne reste que trois clients au bar. Un couple rassasié et un jeune sportif débraillé après avoir apporté à ces deux-là toute la fougue de sa jeunesse.
Dans le petit salon du fond, Reine termine sa dixième fellation de la soirée. L’homme qu’elle comble est avachi. Il n’a même pas retiré son pantalon, d’où sont tombés quelques billets qu’il oubliera. Le va-et-vient de Reine est régulier, sans à-coups. Une application de métronome. Normal, Reine est une marathonienne émérite.
Une consciencieuse qui prendrait comme un affront le fait de ne pas mener l’opération à son terme. Même quand la mâchoire se tétanise, elle tient bon. Il ferait beau voir qu’elle faillisse à sa réputation.
Reine, la bien-nommée, est championne toutes catégories de la spécialité. » (Vitriol Menthe, Patrick Sébastien)
Passons sur les quelques billets oubliés, j’ignore si Patrick Sébastien donne ici un message précis sous forme de clin d’œil, ou si c’est une pure coïncidence, une anecdote sans la moindre arrière-pensée de sa part… Mais j’avoue que, autant je connais quelques (rares) filles qui adorent se faire prendre en levrette par 10 mecs dans une seule soirée, autant je n’en connais pas une seule, mais alors
je n’ai JAMAIS rencontré le moindre spécimen de fille qui adore sucer 10 types (et avaler) lors d’une même soirée. Et d’après moi, le bukkake est un pur fantasme d’homme. Bref, Reine est-elle une simple cliente, pas du tout rémunérée par Denise ? On peut quand même s’interroger, non ?
Prenons un autre exemple dans le livre de Patrick Sébastien. Un soir, un client est venu tenter de noyer son mal-être dans le sexe, mais sans grand succès. Alors il déprime comme une loque dans le club, en disant que sa vie est naze, et qu’il n’est qu’un looseur, etc. Alors…
«
Alors, ils [Denise et le client] parleront, et il pleurera. Et puis Denise appellera Reine qui finira le boulot autrement. Et en passant devant le bar, en essuyant de la main le liquide qui coule encore un peu à ses lèvres, Reine lancera son célèbre : - Ca lui fera ça de moins à chialer. » (Vitriol Menthe, Patrick Sébastien)Bon, donc Reine est une spécialiste de la pipe, que Denise peut appeler quand elle le souhaite pour qu’elle suce qui elle lui désigne… Ca ne fait pas très ‘’bourgeoise qui s’encanaille par pur plaisir de défier son éducation catho’’, ça… Ca fait salariée qui fait ce que lui dit sa boss…
Autre exemple du lien entre Denise et Reine : «
Reine, avec Sonia la vestiaire, fait office de patronne intérimaire en l’absence de Denise. » (Vitriol Menthe, Patrick Sébastien).OK : Reine était bien une salariée de Denise, au point de tenir la caisse les soirs où Denise est absente… Sûrement une de ces 3 ou 4 filles dont on me parlait comme étant chargées de « sauter sur chaque homme qui rentrait pour le sucer »… D’ailleurs, quand Patrick Sébastien traduit les pensées nostalgiques de Denise, il écrit :
«
Elle revoit les innombrables chevauchées libertines de ses montures les plus fidèles : Josy la Stakhanoviste, Maria la Hurleuse, Sophie la Fragile, qui sortait toujours en pleurant mais y revenait sans cesse, et puis Reine l’Unique, Reine la Reine… » (Vitriol Menthe, Patrick Sébastien)
«
Ses montures les plus fidèles » ? Bizarre de dire cela pour de « simples clientes »… Auquel cas Patrick Sébastien aurait surement écrit « ses habituées les plus fidèles »… On a bien compris de quoi, peut-être, il retournait. Des salariées qui « mettaient l’ambiance auprès des Messieurs » ? Il faut savoir que les petits surnoms, type chevaux de course, attribués par la dame patronnesse était une pratique courante des bordels au 19
e et début du 20
e siècle. Chaque fille était « Prénom la suceuse hors pair », « Prénom la baiseuse qui hurle », « Prénom la plus paire de seins de Paris », etc.
On est bien dans le fonctionnement de type bordel. Et il est donc, c’est fou, des nostalgiques qui me disent qu’il s’agissait de bourgeoises qui s’encanaillaient… mais oui, mais oui ! Les habitués me répondront que ça, « c’étaient les petits secrets de Denise »… (sous-entendu : qu’importe le contexte, on ne veut pas savoir, tant qu’on est bien sucés !…)
Bon, mais qu’en est-il aujourd’hui ? Inutile de dire que quand un homme (seul ou en couple) franchit la porte d’un club libertin, il n’arrive jamais (ou alors… je ne sais pas, cela doit se produire une fois sur dix ou cent-mille ?) qu’une fille lui saute littéralement dessus parce qu’elle «
meure d’envie de le sucer et a très, très soif de sperme ». En fait, la scène me semble TELLEMENT improbable que je suis convaincue que, si par exceptionnel cela devait arriver, le pauvre type en serait tellement surpris qu’il en aurait immédiatement ses effets coupés pour toute la soirée… De même, je ne peux tout simplement pas concevoir qu’une fille répète pour son plaisir cette improbable scène… avec dix clients du club un même soir !
Je pense que, dans les clubs, il y a toujours, sinon bien plus, aujourd’hui, de filles payées pour. Mais ce n’est plus l’affaire des patrons de clubs (on l'a bien compris : aux clients de se débrouiller). Plus un seul ne prendrait le moindre risque à ce sujet. Ils sont extrêmement surveillés par la Brigade de Répression du Proxénétisme, qui, murmure-t-on, va parfois jusqu’à faire des visites anonymes, « en civil, en se faisant passer pour un client lambda », pour observer les pratiques... Un patron de club me disait il y a quelques temps qu’il était bien plus inspecté sur la prostitution éventuelle que sur la régularité de sa compta… or, me disait-il, «
il n’est plus un seul patron qui prendrait le moindre risque avec les putes, tandis que mettre la moitié de sa recette ‘’dans la 2ecaisse, celle du dessous’’, c’est évidemment le sport national des établissements de nuit »…
Pour rappel, la prostitution n’est pas interdite en France (malgré les gesticulations de notre chère Ministre…), et, lorsqu’ un homme et une femme viennent de faire connaissance à 5 mètres du club, le temps d’échanger quelques billets, de s’entendre sur les pratiques sexuelles, puis de s’y rendre la main dans la main en se donnant du « mon amour » et du « depuis le temps qu’on en rêvait, hein mon lapinou ? » sous le nez du patron, je ne crois pas que ce soit un délit. Enfin je veux dire : faire croire qu’on est un vrai couple, qui baise ensemble depuis des années quand on vient de se rencontrer 30 secondes avant n’est pas un délit (pas plus que, quand on vient avec sa maîtresse, ou une bonne copine, ce ne soit un délit de prétendre que c’est son épouse). Ce qui est un délit, c’est de « profiter » de la prostitution d’autrui. Un patron de club qui abrite des ébats rémunérés, en quelque sorte, « en profite », au même titre que certains patrons d’hôtels qui louent des chambres qui, de toute évidence, abritent des passes tarifées au ¼ d’heure…
Oui, mais encore faut-il être au courant… Or,
bien sur, les « faux couples échangistes » dont la demoiselle est rémunérée, jouent remarquablement bien la comédie lorsqu’ils sont face au personnel du club… Alors quoi ? Les couples mal assortis ? Certes, c’est parfois flagrant… différence d’âge, de style, de physiques (je pense notamment aux très très nombreuses chinoises accompagnant des Monsieur la cinquantaine, un brin franchouillards)… Mais encore ? J’ai déjà vu des hommes inconnus du grand public, producteurs de cinéma, ou de télé, ou patrons d’énormes entreprises, franchement pas favorisés physiquement, dirons-nous, avoir pour maîtresses des filles absolument sublimes, dignes des couvertures de Vogue, qui étaient sincèrement et éperdument amoureuses d’eux (d’eux ou de leur situation, vaste débat que je n’ouvre pas ici)… Bref, les « vrais couples » totalement désassortis, ça existe aussi… Donc je vois mal comment un patron de club pourrait « tester » la sincérité des couples. Ils ne vont pas se mettre à faire des interros style « les Zamours » à tous les couples qui se présentent, pour vérifier que Madame connaît bien le livre préféré de Monsieur, que Monsieur sait bien où Madame rêve d’aller en vacances, etc…
Et je n’ai aucune envie que l’entrée devienne interdite à tous les couples dont les deux membres ne sont pas de strictes copies conformes l’un de l’autre (dans ce cas là, je ne passerai jamais aucune entrée, car je suis plus jeune que mon homme – et pourtant, nous sommes bien deux authentiques libertins…). Alors quoi d’autre ? Les couples qui ne baisent qu’entre eux, et avec capote, refusant tout « échange », ça pourrait être une piste, certes… Mais s’il est bien un endroit que les patrons de club ne surveillent pas, ce sont bien les alcôves ! Ils ne vont pas se mettre à surveiller que chacun a bien eu au moins deux partenaires dans la soirée, et suspecter ceux qui n’ont rien voulu faire, non mais oh, et puis quoi encore ! Alors quoi d’autres ? Les libertins qui viennent de temps en temps avec différents partenaires ? Là aussi, délicat… moi par exemple, je vais parfois aux Chandelles avec mon homme (le plus souvent), mais il m’est déjà arrivé aussi d’y aller avec des amants, ou même pour dîner, avec de simples copains… Et pourtant, jamais de ma vie personne ne m’a rémunérée pour l’accompagner en club libertin…
Alors la réalité de la prostitution, je pense que les patrons de club n’en savent pas grand-chose. Ils se doutent, très probablement, mais sans avoir les moyens d’avoir la moindre preuve.
Car, pour savoir la réalité de la prostitution dans le monde libertin, il faut être soit aux abords des clubs, dans les rues adjacentes, notamment, soit dans les alcôves. Deux endroits où les patrons de club, par définition, ne sont jamais.
Trois exemples observés, chacun démontrant un des « trois types de prostitution » existant dans les clubs échangistes.Mon observation n° 1 (assez courante) : dans les alcôves, ça parlemente sec… La scène se passe un samedi soir, dans un des clubs libertins parisiens les plus courus. Le club est plein (soit environ, d’après moi, entre 30 et 35 couples). Certains couples me semblent
a priori terriblement désassortis : notamment, il y a au moins 4 ou 5 couples de ce type : Monsieur la cinquantaine, très bien mis, look cadre sup, avec une jeune chinoise, la trentaine, pas spécialement super-apprêtée, et pas belle en fait...Dans les alcôves, les partenaires s’échangent dans la pénombre. Dans ce club, la dominante est échangiste, c'est-à-dire que si dans un couple Monsieur va avec une autre femme, l’échange est censé être identique avec les deux autres moitiés (tu veux baiser ma copine ? – ok mais alors cela me confère un « droit » de baiser la tienne, sinon rien ne se fera). Un type que je trouve plutôt attrayant me fait de l’œil. Je ne repère pas qui est sa compagne au premier coup d’œil. Il nous rejoint, mon homme et moi, et commence à manifester assez ouvertement son intérêt pour moi. Nous nous plaçons un peu à l’écart tous les trois, autour d’un verre ; nous attendons que sa chérie nous rejoigne pour faire connaissance. L’homme commence à me caresser la cuisse, avec insistance, quand sa « compagne » arrive en effet. Une chinoise d’une trentaine d’année, vraiment pas jolie. Sans la moindre gène, devant mon compagnon et moi, elle parle à l’homme qui me caresse la cuisse : «
Si toi vas avec jeune fille là, moi possible avec son Monsieur à elle, si toi rajoute 100 ».
Situation totalement ubuesque. Elle n’est pas du tout gênée de notre présence, ne prend plus du tout la peine de simuler le couple amoureux comme ils ont du le faire, je suppose, au moment d’entrer.
Je me rends compte que coucher avec moi coûterait à cet homme 100€, par ricochet. Mais 100€ qui n’iront pas dans ma poche, mais dans la poche de sa pute. Mon compagnon réalise que cette fille est prête à coucher avec lui, juste pour du blé, donc le degré zéro de la séduction, mais qu’un autre que lui va devoir payer pour cela. Et lui n’a évidemment aucune envie de se taper une pute (surtout que, pute ou pas pute, elle ne lui plait pas).
Et le type réalise qu’il va payer la fille pour qu’elle aille baiser avec un autre homme que lui, pour qu’il puisse (dans ses rêves) baiser la copine du type en question. Bref, pour résumer, on se retrouve tous comme des cons, un peu interloqués du comportement anti-libertin totalement décomplexé de cette fille. Après tout, elle n’est pas là pour s’amuser : ce soit, elle bosse. Certes, elle n’a pas l’air bien méchante (d’autant qu’elle ne parle pas super bien français), elle n’a juste aucune jugeote pour penser que, disant cela devant nous, moi et mon compagnon pourrions être intéressés… C’est moi qui signifie à la fille que ça ne nous intéresse pas. Du coup, elle s’éloigne retrouver une autre chinoise (visiblement, elles se connaissent). Mon compagnon et moi interrogeons alors cet homme. Il a l’air bien, pas désespéré, intelligent, élégant… pourquoi prendre une prostituée, et qui plus est, une pas belle et pas futée (pour dire cela devant nous !) ?
Sa réponse enfonce des portes ouvertes : il aurait «
commencé dans le libertinage avec une maîtresse très chère à son cœur qui a du quitter Paris, donc il se retrouve seul dans ses escapades, dont sa femme qui se désinteresse à 100% du sexe ignore tout, ou du moins, ne veut rien voir » (
ben voyons, tous les hommes seuls ou qui paient des putes avaient « une complice géniale qui a malheureusement du changer de pays / de ville / de quartier, je ne sais quoi, mais c’est drôle, c’est systématique :-) comme si ils devaient se ranger tant bien que mal, eux aussi, dans la sacro-sainte catégorie du « couple »… Genre « bon ok, là je commets le sacrilège de venir seul / avec une pute, mais promis, non vraiment je vous jure, normalement je suis « en couple » moi-aussi, oui oui oui, je suis qn de bien normalement, croyez-moi... »). Il est patron de société donc, devoir d’exemplarité oblige, il ne peut même pas envisager un dixième de seconde de draguer une subordonnée, et il a passé des heures et des heures à écumer les grandes web-boucheries que sont les sites de rencontres libertins («Netech… » et « Nouslib… »). Evidemment, il n’y a trouvé qu’un vaste festival des pires vulgarités, et pas la moindre « fille seule » qu’il pourrait séduire… Il a alors écumé un célèbre site de rencontres adultères, y a claqué au passage 499€ pour le « pass VIP » mais sans plus de succès, et à présent
il ne sait tout simplement pas comment faire pour rencontrer une complice qui pourrait le suivre dans sa vie libertine. Bien sur qu’il rêve d’une fille gourmande, libre, désintéressée, aimant ces soirées autant que lui… mais il nous explique qu’il en vient à penser que ça n’existe tout simplement pas, ou alors, que c’est si rare qu’il risque bien de passer sa vie entière à en chercher une, en vain. Alors il crève sur place dans sa vie de PDG parfait, d’époux parfait, de vie parfaite où tout est parfait, mais parfaitement sans sexe. Il ne veut pas une maîtresse pour des 5 à 7 auprès de qui il serait vite contraint de faire miroiter monts et merveilles, il veut juste avoir droit aux soirées débridées qui lui permettent une totale évasion sensuelle, sans avoir à faire de fausse promesse à personne.
Alors, il nous le jure ses grands dieux, payer une fille, c’est son tout dernier recours, et il préférerait cent fois ne pas avoir à le faire. Il n’en est pas fier. Evidemment, il n’a pas la latitude de choisir une escort qui serait, en plus d’autres qualités, intelligente, belle, cultivée et élégante – parce que trouver cette perle rare, c’est soit 1000€ la soirée en passant par une agence, soit il faut avoir un coup de bol de folie. Même une étudiante sympa, il n’a pas trouvé. Alors il s’est rabattu sur ce qu’il a trouvé très facilement sur le net : une chinoise qui lui a envoyé une fausse photo, à qui il a donné rendez-vous à 23 heures 30 à l’angle ; et quand il s’est rendu compte qu’elle n’avait pas la plastique annoncée, il n’a pas non plus eu envie de renoncer… Ce qui l’a conduit ici, d’abord ils ont baisé tous les deux, et la fille lui demande donc une rallonge pour poursuivre « de façon active » la soirée.
Son histoire se tient.
S’il était producteur de cinéma ou un truc du genre, ce type là (plutôt mignon, je le répète) aurait 20 filles toutes prêtes à l’accompagner dans n’importe quel club échangiste de la capitale, à le sucer et le resucer et compagnie. Comme il est PDG d’une boîte industrielle pas forcément sexy pour les pétasses calculatrices, il ne trouve pas la moindre maîtresse (même pas forcément libertine), et même trouver une escort à son goût, il a beau payer, il a bien compris que le marché n’est pas dans son sens, et qu’il a intérêt à prendre ce qui se présente.
En attendant, mon chéri et moi, cela nous a totalement refroidis. Nous partons nous réchauffer plus loin (que les lecteurs se rassurent : nous ne mettrons pas longtemps ;-) ) et laissons ce compère à son triste sort, mais sans le juger ni,
de facto, le condamner non plus. Inutile de dire qu’il ne nous a même pas effleuré l’esprit d’aller le dénoncer au personnel du club.
Soit dit en passant, je me suis souvent interrogée sur la situation de ces hommes là, qui n’ont plus de sexe dans leur mariage (souvent ils ont la 50
e),
et pas un « accès facile » aux maîtresses ni aux filles open pour des "plans d'un soir, ou à peine plus" (soit parce qu’ils n’ont pas un énorme pouvoir de séduction, soit pas trop de moyens, soit ils sont un tout petit peu connus et craignent les filles qui pourraient les faire chanter, soit parce qu’ils bossent dur et n’ont pas des centaines d’heures à consacrer à écumer les sites de rencontre sur le web pour trouver « la » perle rare, etc… Ce sont souvent ceux-là, me semble-t-il, qui font « des trucs moches » pour grappiller un peu de sexe et d’attention, mais « sans penser à mal »… Sans être nécessairement des gros connards, juste parce qu’ils sont des hommes dotés de testostérone, et que la branlette ne peut pas, à long terme, tenir lieu de vie sexuelle épanouie… Toucher un corps, toucher une peau, embrasser, lécher... ça compte aussi, et peut-on durablement s'en passer ? Vu son témoignage, je place totalement mon coco ''recruteur de putes pour sortir en boîtes libertines'' dans cette catégorie !
Pour confirmer cette anecdote (qui n’en est pas une, justement), je peux ajouter que j’ai souvent entendu des tractations de ce type dans des soirées en club. Pas toujours aussi directement que cet échange, mais par exemple, chuchoté dans les alcôves :
« si tu veux plus que pipe prévue tu rajoutes tant, et on monte avant au vestiaire pour que tu me files le blé… ». Je dirais que dans les clubs, c’est vraiment monnaie courante. Et parfois, les filles que j’entends me semblent totalement indétectable (la fille dont jamais je n’aurais dit que…) Et oui, il n’y a pas que les étudiantes de 18 ou 20 piges et les immigrées qui cherchent à se prostituer : on n’imagine pas le nombre de jeunes mères de famille « bien sous tous rapport » ou de femmes un peu plus âgées qui cherchent « juste une petite rallonge totalement occasionnelle »...
Autres exemples qui me font parfois sourire : les couples qui se prétendent « mariés depuis 10 ans », mais baisent avec préservatif dix minutes après… ou qui sont incapables de se présenter l’un l’autre (lorsque je dis « je suis Camille », l’homme me dit en me désignant sa compagne « enchanté, moi c’est Paul et voici ma compagneeeee… euh… ma compagneeeeee… euh… euh euh… » jusqu’à ce que la fille le sauve en donnant son prénom.
En pratique, cette « première forme » de prostitution est donc de très loin la plus répandue dans les clubs. La fille n’est absolument pas libertine, elle a juste détecté qu’il existe « un marché » des hommes qui ont besoin d’une fille pour rentrer en club. Pour les filles, c’est intéressant car assez sécurisé : le monde autour doit les tranquilliser et puis globalement, les actes sexuels sont sommaires et assez rapides (on n’imagine pas le type baiser la fille pendant 45 minutes dans toutes les positions sans discontinuer…). Elle a conclu la transac avec le type 2 ou 3 heures avant, sur le net, puis lui a donné rendez-vous. Une fois dans le club, elle n’est pas là pour batifoler avec tout un chacun. Quitte à « faire sa petite affaire » puis attendre que son client s’amuse avec d’autres, en faisant tapisserie au bar et en refusant toutes les avances.
Il faut savoir que ce genre de transac (conclure un rendez-vous rémunéré pour aller dans une boîte libertine) a été, bien évidemment, facilité par quelques sites web (deux, je crois) qui sont devenus de vraies plaques tournantes de ces rendez-vous. Ils sont totalement gratuits (tant pour la fille que pour l’homme), et marchent sur le principe des annonces / réponses.
Petit test, en exclu pour ce blog… D’abord, il faut juste se créer un compte sur le site. Renseigner si on est une F / un H, mettre son âge, etc. Et écrire une annonce.
Alors bien sûr, on est sacrément averti que non non non, ça ne doit pas être une annonce pour de la prostitution (mais bon, tout le monde sait bien que ce site sert à ça…)
Je renseigne donc un texte très court et ultra sobre : « J ch qn pour aller club échangiste avec moi », sans mentionner un quelconque souhait financier, conformément à l’avertissement en rouge du site…
Et…
Dans la seconde, les premières sollicitations arrivent (via le système de chat du site). Il ne resterait plus qu’à négocier, si je voulais aller au bout (par discrétion, j’ai masqué les pseudos).
Je reçois également, aussitôt, des sollicitations par messagerie. Si je veux « convenir d’une rencontre », je vois que le membre est en ligne, je peux lui parler directement sur le chat. Le site ne conserve aucune des conversations chat (sous entendus, c’est OK, on peut se parler franchement…).
Précision pour bien comprendre « la loi de l’offre et la demande » : pendant les 2h ou 2h30 durant lesquelles cette fausse annonce est restée en ligne,
183 messages reçus (sans compter toutes les demandes directes en chat, qui semblent être plutôt la règle !). Alors que j’ai mis l’annonce ce matin (vers 9h45), et qu’on m’a indiqué que c’est en fin d’après-midi, lorsque les hommes viennent chercher celle qui pourra les accompagner dans quelques heures, que le système est très actif (en gros, il y aurait 30 fois plus d’hommes connectés vers 18-19h qu’à 10h le matin).
Ah oui, et les tarifs moyens ? Sur ce site, qui n’est pas de la « prostitution de très haut luxe », qui est le fait des agences d’escorting, souvent domiciliés en Suisse mais qui sont actives sur Paris, puisqu'il suffit de répondre au tél à l'homme qui demande, puis d'appeler une fille du catalogue : pas besoin d'être sur place (le nombre d’hommes ultra-riches capables de payer une fille 800 ou 1000€ la nuit est très faible, tout de même), il me semble constater que
les « tarifs demandés » vont entre 100 et 300€. A ce prix, la fille est censée accompagner le Monsieur pour lui permettre d’entrer, et avoir un rapport avec lui. La marge de 100 à 300, c’est selon le pouvoir de négociation de la fille… le temps qu’elle promet, aussi, j’imagine (globalement, 100€ pour une heure, 150€ pour deux heures, etc). Car il faut bien savoir que la fille ne peut en aucune manière quitter le club avant l’homme. On arrive en couple, on repart en couple… Bref, si l’homme veut payer la fille pour l’entrée, en imaginant passer ensuite toute la nuit à mater et approcher les autres personnes présentes, il faudra que la fille passe elle aussi la nuit entière dans le club, dans un coin, à attendre pour pouvoir sortir… tout ce temps passé se négocie et se paie…
Et voilà. C’est triste, mais le libertinage, c’est aussi ça. Des types qui se connectent à un site d’annonces d'accompagnatrices pour clubs libertins, pour prendre la 1e fille dispo, négocier avec elle « son tarif », la découvrir à moins de 10 mètres du club, avec parfois des surprises, et espérer qu’elle va « bien se tenir » (du genre : pas racoler d’autres hommes en proposant ses tarifs à l’intérieur du club) le temps des quelques heures qui lui ont été payées. Pas très glorieux. Pas libertin, en tout cas. Pas du tout…Oh bien sur, rien n’empêche d’avoir une bonne surprise, et de tomber via ce site sur une fille sympa. Enfin, quand on voit que dans la cas de ma fausse annonce, en 2h j’ai eu 183 demandes, ça laisse réfléchir sur la marge de négo des hommes, qui n’ont franchement par le marché des prostituées dans leur sens…
Nota : il y a aussi, bien sûr, le cas des hommes qui veulent juste se taper une pute, et qui réalisent que rentrer « en couple » dans un club échangiste leur coûte bien moins cher qu’une chambre d’hôtel. Je n’en parle même pas, ceux-là utilisent les clubs comme de simples hôtels de passe…
Mon observation n°2 : un samedi soir, aux abords des Chandelles… Pour cette seconde observation, je prends tout simplement un exemple on ne peut plus frais… Samedi dernier, mon homme et moi rentrons d’un dîner chez des amis, il doit être environ minuit. Cela nous conduit à remonter la rue de Richelieu en voiture, qui est la rue perpendiculaire à la rue Thérèse (la fameuse rue des Chandelles).
Sur la petite place attenante aux Chandelles (croisement rue Thérèse / rue de Richelieu), une superbe fille nous fait signe de ralentir. Il faut préciser que mon homme conduisait, alors, sa plus belle voiture (voiture de très grande marque). La jeune femme qui nous a fait un signe est absolument incroyable. Une black comme jamais je n’avais vu dans ma vie. Sublime. Une liane perchée sur des jambes absolument interminables, fines comme pas possibles (ses cuisses faisaient la taille d’un poignet pour une fille normale…), une robe noire magnifique avec des strass sur les épaules, qui soulignait sa taille ultra fine et lui faisait un décolleté très chic, et surtout des escarpins de très grande marque, compensés, on ne voyait que leur semelle à chacun de ses pas… La fille avait l’air si fragile, perchée sur ses escarpins vertigineux, elle n’en était que plus envoutante… Bref, une fille à qui bien des mannequins, bien des actrices, bien des starlettes, bien des petites chanteuses pourraient envier ce physique de top… Les vitres de la voiture sont sombres, et surtout la fille porte des lunettes de soleil, mais enfin elle s’aperçoit quand même, ce qu’elle avait du rater au premier abord, que mon homme n’est pas seul à bord – je suis là. Elle se ravise alors, et nous tourne le dos.
Mon homme me dit tout simplement que « c’est une pute ». J’avais bien compris…
« Mais elle ne va pas tarder à comprendre, me dit-il, qu’elle est placée au très mauvais endroit… Tout simplement parce que de là, le voiturier des Chandelles peut repérer son manège. Et il n’aurait aucun scrupule à dire à Valérie (la boss des Chandelles) qu’il a repéré une black habillée comme ceci qui faisait son petit tapin aux abords »
En effet, nous poursuivons dans la rue, et juste au feu rouge avant la Comédie Française (soit, 20 ou 30 mètres plus loin), une autre fille absolument incroyable, look de mannequin de grande classe elle aussi, attend au feu rouge. Elle aussi, perchée sur des talons incroyables, avec une pose particulièrement caractéristique… Une jambe repliée, le bassin en avant, la moue boudeuse… ça n’aurait pas pu être plus clair… Et ainsi adossée au feu, tous les hommes ont le loisir de la contempler !
C’est sûr que leur manège doit être assez efficace… Minuit, c’est l’heure où les gens sortent de leur première partie de soirée, c’est aussi le meilleur horaire pour rejoindre un club libertin… L’homme qui est seul peut tout à fait se laisser tenter, c’est si facile, il passait devant et paf, comme par miracle il a croisé la fille… Et s’il n’a pas envie des Chandelles, il y a un hôtel de grand luxe, à deux pas, qui doit tout autant pouvoir abriter un rendez-vous impromptu (bon, à 500€ la chambre, mais on n’a pas tous les jours l’opportunité de baiser une fille pareille, j’imagine ?).
Evidemment, ces filles-là ne se font pas payer 300€, plutôt 3 ou 4 fois plus à mon avis ;-). Elles visent un certain type de clientèle, les hommes très mondains, pour qui il est impératif d’être vu au bras de la plus jolie fille possible… Alors leur « cible » est étroite, il doit même arriver des soirs, surement, où elle passent la nuit à attendre en vain, sans que le moindre pigeon ne propose de « les ramasser »…
C’est donc, évidemment, une forme de prostitution extrêmement minoritaire dans le milieu libertin.
J’imagine même qu’il se limite aux Chandelles, qui est le seul club qui a la réputation d’être aussi mondain en France. Plus précisément, il a la réputation d’être un peu, le samedi soir, un concours des plus belles filles aux bras de tel ou tel…
En vérité, les Chandelles ne sont presque plus fréquentés par aucune star, y compris le samedi soir. Mais la preuve que cette forme de prostitution existe encore : la semaine dernière vers minuit, il y avait donc 2 filles plus sublimes que sublimes qui tentaient leur chance sur les trottoirs attenants.
Ma 3e observation… un genre de rapports tarifés beaucoup « moins grave »… Il faut d’abord comprendre que, dans tous les clubs libertins, les tarifs sont modulés selon son « statut » :
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femme seule : c’est toujours gratuit (même si certains clubs affichent sur leurs sites internet des tarifs genre 10€, c’est juste de l’affichage pour ne pas pouvoir être accusés d’inciter des filles à venir tapiner… Mais en pratique, jamais un patron de club ne fera payer une femme seule…-
couple : globalement, entre 0 et 70€ selon les lieux.-
homme seul : entre 100 et 180€ l’entrée, sans les conso bien sûr (souvent, c’est +/- le tarif « couple » multiplié par 3).
Pour un homme seul, le calcul peut donc être vite fait… S’il connait une copine libertine, mieux vaut lui offrir à elle un petit cadeau pour qu’elle le fasse rentrer au tarif « couple », plutôt que de payer 180€ au patron de la boîte. Je connais une fille qui sort seule en boîtes libertines (elle préfère n’avoir aucune contrainte, faire vraiment ce qu’elle veut sans avoir à demander aucune permission à aucun « compagnon attitré »…) Et vraiment elle adore ça, une fois rentrée, elle se tape en moyenne 5 mecs à chaque fois, et sans jouer la comédie... Elle m’expliquait que « pour rendre service à ses potes » (car tous les types qu’elle croise dans les boîtes, du coup, deviennent ses amis ;-)), et « parce que les patrons de clubs s’en mettent déjà suffisamment dans les fouilles », elle appelle toujours un copain, avant, pour lui proposer de faire une entrée « couple » tous les deux. Elle, ça ne lui change rien. Lui, il économise souvent une 100
ed’euros. Elle lui demande « juste » de la raccompagner chez elle après ou de lui offrir le taxi. Mais bien sûr, me disait-elle, à chaque fois, du coup, les hommes me font « un petit cadeau » : un parfum, un bracelet en strass…
Bon, ça, ça ne me semble pas être bien grave, puisque la fille serait venue de toute façon !
Conclusion : Contrairement à ce que ce billet pourrait peut-être laisser croire, je n’ai rien contre la prostitution en tant que telle. Je trouve, notamment, les propos de Madame Claude (une de mes grandes héroïnes fantasmatiques…) excessivement justes – je les reproduis ci-dessous
(source : Allo Oui, les Mémoires de Madame Claude, écrites avec Jacques Quoirez, Stock, 1978). Et quand Madame Claude parle « de l’épouse qui a piégé un homme riche », un célèbre tenant de club (« B »…) me parlait récemment du
« semi-prostitutionnel » : quelle est la différence entre la fille qui vient se faire baiser contre 150€ et se tire, et la fille qui vient, certes gratuitement, mais ne baisera qu’avec un producteur de télé, de cinéma ou un patron de presse qui devra à demi-mot lui promettre un rendez-vous avec un directeur de casting ?… C’est du « semi-prostitutionnel », et la 1e n’est pas plus malhonnête que la 2nde…
Simplement, la prostitution n’a strictement rien à voir avec le libertinage, qui ne peut se pratiquer qu’entre hommes et femmes entièrement libres. Il est regrettable que les deux débats se croisent, s’entremêlent. Si je n’ai aucune raison de me prononcer sur la prostitution, j’en suis pourtant, en tant qu’adepte et défenseur « d’un certain libertinage » à souhaiter ardemment de meilleures pratiques (la réouverture des bordels, pour être claire, avec une sécurité accrue pour les prostituées et des conditions de travail excellentes – par exemple, pas plus de 3 h par jour, incluant de vraies pauses…). Cela permettrait enfin de libérer le libertinage de toutes ces mauvaises pratiques qui le gangrènent.
« La prostitution, mot unique pour les formes bien diverses d’une même activité. Que celui ou celle qui ne s’est jamais prostitué me jette la première pierre. Qui n’a pas prostitué son talent, par exemple ? Combien d’avocats, de cinéastes, d’artistes, font de basses besognes dans leurs spécialités pour de l’argent ?... Mais pour rester dans le domaine qui nous concerne, au nom de quels intérêts, au nom de quels critères, à partir de combien d’hommes devient-on prostituée ? Et à votre avis, quelle est la plus prostituée, de la femme mariée qui se fait entretenir toute une vie par un homme qu’elle a piégé un jour et qui n’a plus de goût pour elle, de la fille dont l’ami subvient à ses besoins, souvent d’une façon disproportionnée, contre un peu de son temps et si peu de son sentiment ; ou bien de celle qui n’a que des amis de passage et qui donne l’équivalent de ce qu’elle reçoit, dans l’instant, sans tromperie, ni chèque sur l’avenir ? Les prostituées, au moins, paient comptant. » (Allo oui, les Mémoires de Madame Claude)