Malgré ses presque 80 piges, Tinto Brass continue de mettre le feu au slip. Ok, le voyeur est un titre un peu ancien (1994) mais il vaut vraiment le détour.
Edoardo est un professeur de littérature aussi adepte du voyeurisme. Sa femme Silvia veut rompre le mariage car elle voit un autre homme. Il est alors tenté par d’autres femmes : l’infirmière qui s’occupe de son père malade, une élève lesbienne exhibitionniste, etc. Rien ne semble pourtant détourner son esprit de Silvia. Les choses se compliquent lorsqu’Edoardo soupçonne son propre père d’avoir des relations sexuelles avec Silvia.
Tinto Brass a toujours été un voyeur et il a toujours pris un malin plaisir à utiliser cette perversion pour entraîner les spectateurs dans son sillage. Ce film lui permet d’effectuer une sorte de mise en abyme du réalisateur-voyeur. Car comme il le dit si bien lui-même (à travers le personnage du prof), le cinéma est fortement lié à la scopophilie, autrement dit le plaisir de regarder. Il nous montre que l’on peut retrouver du voyeurisme “forcé” même dans la littérature en citant le poème de Mallarmé, une négresse par le démon secoué. Il résume le texte à un 69 lesbien entre une noire et une blanche, avant d’illustrer la chose dans une scène.
Par le biais de multiples gros plans furtifs, Tinto Brass redéfinit l’érotisme et semble vouloir capturer ses actrices sous toutes les coutures, ne serait-ce que brièvement. On ne se contente donc pas d’une nudité plate et frontale. Le vieux cochon cherche à passer sous les jupes, à inspecter la lingerie fine et il se permet de nombreux coups de loupe sur les “pâles et roses coquillages marins”. Chose intéressante, le réalisateur entretient une certaine parité. Il n’hésite pas à filmer des hommes nus avec la même sorte de désir, une curiosité un peu perverse de voir ce que l’on a l’habitude de cacher. Pour les scènes de sexe, il utilise par contre souvent le subterfuge de la prothèse de phallus.
Du côté des muses, on y retrouve les canons du réalisateur italien : poitrine taillée en obus, toisons authentiques (même parfois les aisselles), des hanches larges et des fesses avec de la surface. Mais en plus d’avoir un physique à faire fondre un stalagmite, elles possèdent un charme et une spontanéité irrésistibles.
Plus qu’un simple déballage de fesses, Le voyeur propose une vraie histoire, celle d’un homme hanté par les comportements de ses parents, et qui est entré dans la chambre à coucher au mauvais moment. Edoardo doit affronter “sexuellement” son père, un vieux beau séducteur de minettes, fortement membré. Freud n’est jamais très loin. La mise en scène fait aussi preuve d’inventivité, comme ce rythme imposé par le touillage de jaunes d’oeufs avec du sucre, ou ce kaléidoscope où le voyeur est gêné par un découpage géométrique de la scène.
Comme d’habitude, le film est disponible chez Cult Epics, l’éditeur US qui a sorti à peu près tous les films du maestro dans de bien belles éditions.
Avec : Katarina Vasilissa, Francesco Casale, Cristina Garavaglia