Le vingt-deuxième long-métrage du réalisateur est son meilleur depuis «Les Témoins», en 2007, où il brossait le portrait émouvant d’une société en crise d’identité face au sida. Dans «Quand on a 17 ans», qui fait évidemment écho aux «Roseaux sauvages» sorti en 1994, André Téchiné explore l’un de ses thèmes favoris, les brûlures de l’adolescence. En mettant en scène deux garçons qui se déchirent et ont du mal à assumer leur attirance, ce brillant cinéaste des sentiments les observe se découvrir entre rage, rejet et désir.
Damien (Kacey Mottet Klein), fils de pilote militaire qu’il voit entre deux missions dangereuses à l’étranger, vit avec sa mère médecin, Marianne (Sandrine Kiberlain), dans une petite ville pyrénéenne. Au lycée il entre violemment en conflit avec le beau Tom (Corentin Fila), qui descend chaque jour de sa montagne et dont la mère adoptive est enceinte. Par prudence, Marianne l’envoie à l’hôpital et accueille Tom à la maison.
Cela ne plaît à aucun des deux ados qui, à fleur de peau, ne cessent de se chercher pour mieux se rejeter avec colère. Des affrontements annonciateurs d’une passion que l’on pressent dès les premiers regards échangés, même si Téchiné prend son temps à la dévoiler au fil de son récit initiatique.
Tout s’efface quand on est amoureux
Composé de trois parties coïncidant avec les trimestres scolaires menant au baccalauréat, le film n’est toutefois pas uniquement centré sur Tom et Damien, Son auteur s’intéresse aussi à leur entourage, au trio qu’ils forment avec Marianne. Il regarde tous ses personnages avec affection, montrant une communauté solidaire balayant les différences sociales ou les préjugés sexuels. Des comportements symbolisés par une Sandrine Kiberlain expliquant à son fils qu’il ne faut pas avoir peur et que tout s’efface quand on est amoureux. Parfaite, la comédienne tient là un de ses plus beaux rôles, incarnant à la fois la tendresse, la sérénité, la sollicitude.
Quant aux deux jeunes interprètes, ils sont formidables. A commencer par Kacey Mottet Klein, récemment vu dans «Keeper» de Guillaume Senez, mais révélé dans «Home» et «L’Enfant d’en-haut» d’Ursula Meier, qui peut se vanter d’avoir déniché une pépite. Avec le très prometteur Corentin Fila, dont c’est le premier rôle au cinéma, ils proposent un jeu poignant de vérité. A tous ces talents on ajoutera celui de la co-scénariste Céline Sciamma, qui excelle dans le traitement de la sexualité trouble à un âge difficile, comme dans «Naissance des pieuvres» et «Tomboy», ou dans le portrait de la jeunesse actuelle, à l’image de «Bande de filles».
» Dans les salles romandes et française dès le 30 mars