Envie d’un moment de lecture « érotique, libre, sexy, curieux, impertinent, mutin »? Jessica Rispal a fait appareiller Le Bateau, bimensuel photographique et textuel, qui promet de trôner très vite sur les meilleures tables basses.
Que va-t-on retrouver tous les deux mois sur le Bateau?
Tous les deux mois on y retrouve les mêmes auteurs. Certains ont commencé des chroniques qu’ils vont continuer dans chaque numéro comme des épisodes : Romain Tord revisite par exemple l’histoire d’Adam et Eve en respectant le thème, Ju’ est parti pour un an au Japon en janvier et nous raconte ses découvertes dans les soirées libertines, fétichistes et bondage mais aussi sur la vie de tous les jours, De la Motte est expert en art et écrit une chronique sur le thème replacé dans l’histoire de l’art. En revanche Sixtine écrit une nouvelle érotique différente à chaque fois. Les illustrateurs et les photographes proposent aussi des images différentes à chaque fois. Parfois des histoires, parfois des mini reportages : Alain STHR nous livrait dans le N#1 une interview autour de la vente de culottes en ligne, je propose dans le N#2 deux récits de transexuels accompagnés de photographies.
A la lecture de votre présentation, je ressens comme une filiation avec feu l’Imparfaite dont le dernier numéro remonte à mai 2013 qui mêlait aussi textes et photos.
Je comprends la filiation avec l’imparfaite, que je ne connaissais pas. Cependant je crois que nous n’avons pas les mêmes envies en matière d’esthétique. L’imparfaite me semble un peu plus arty léché, un peu comme les galeries d’art en ce moment, un peu froid et tendance. Il me semble que Le Bateau a des racines plus underground de par ma propre culture. Je ne cherche pas à montrer le fétiche, le porno, le sexe ou le bondage de manière fashion comme le font tous les magazines depuis quelques temps. Les images de mode très froides me lassent, j’ai besoin de vie. J’aime le grain, la matière, la peau, je veux qu’on sente les corps, qu’ils bougent, à travers les textes comme les images.
Au départ ça semble un projet personnel, l’appeler le Bateau c’était pour y rassembler votre équipage?
Le Bateau, c’est effectivement pour rassembler mon équipage, mes amis, les personnes que je vois autour de moi faire de belles choses. Je suis quelqu’un de très solitaire mais de paradoxalement fédérateur. Je sais réunir des personnes, les motiver et réaliser des projets. Le cercle s’agrandira certainement, avec les pages « escales » qui accueilleront de nouveaux artistes dans la version digitale prévue pour avril.
C’est un projet avant tout artistique, mais est-il aussi militant?
C’est un projet artistique oui, militant peut être un peu aussi. Dans le sens de la liberté d’expression. Chaque contributeur est totalement libre de traiter le thème à sa façon. Il peut explorer des techniques, des styles, des envies pas toujours réalisables dans une commande professionnelle. Militant aussi pour explorer les sexualités sans tabou, exposer les corps aussi bien masculins que féminins.
Le thème est prétexte à être malmené, trituré et exploité afin de parler de sujets de société, de sexualités, de tabous, de clichés. Je ne veux pas en faire un magazine qui montre une image « mode » de sujets underground. Si on parle bondage et SM on fera pas du 50 shades. Quand je parle transexualité comme dans le #2, je n’enferme pas tout un tas de gens sous une étiquette bourrée de préjugés, j’essaie de donner à voir des visions qui ne sont pas identiques.
Comment votre diffusion décolle-t-elle ?
Le premier numéro se vend chaque jour, petit à petit, et je suis contente car les gens sont enthousiastes. Nous avons reçu de l’aide de quelqu’un qui a créé le site web pour nous, c’est un vrai coup de pouce ! Ce n’est pas facile de tout faire d’un coup car j’ai tout monté seule, je suis enceinte, maman d’une fille de 3 ans, j’ai déménagé et je viens de décrocher un job génial et épuisant… Mais j’adore ! On a qu’une vie et l’expérience est très stimulante!