Affiche de propagande du régime de Vichy – flickr/Jean-Pierre Dalbéra
Est-ce l’effet de l’après Charlie Hebdo? De la menace barbare de Daesh et de la lutte contre l’islamisme radical? Toujours est-il que ces dernières semaines, les conservateurs de tous bords se sont pris d’affection pour une cause qu’on les voyait d’habitude regarder de travers : l’égalité homme-femme.
Travail, famille, patrie, égalité homme-femme?
Le renvoi des femmes au foyer est pourtant un vieux fantasme des pétainistes, dont la devise « travail, famille, patrie » nous revient régulièrement comme un boomerang. Brice Hortefeux avait maladroitement ressorti le tiercé dans le désordre lors d’un passage dans la matinale de France Info en 2009, en plein débat sur l’identité nationale. Je ne retrouve pas l’extrait, mais le choc avait été si fort que ça m’est resté gravé : « Oui les français ont envie qu’on leur parle de certaines valeurs, comme la famille, le travail, ou la nation ».
Le FN, quant à lui, compte dans son rang des soutiens de choix à Philippe Pétain (que ce soit Jean-Marie Le Pen ou Bruno Gollnisch), mais voudrait que ça reste discret. Le dernier à avoir proposé à ses soutiens de reprendre avec lui la devise « Travail, Famille, Patrie » s’est vu retirer son investiture aux départementales.
Gilbert Collard et la liberté de la femme
Mais aujourd’hui, tout a changé. Quand vient l’heure de lister les valeurs républicaines qu’il convient d’opposer à l’islam radical, l’invariable gagnant est la liberté de la femme et l’égalité homme-femme. Ainsi, le 16 février, alors qu’il est invité de la matinale de France Info, le député FN Gilbert Collard cite, suite aux attentats de Copenhague, « la liberté de la femme » comme première « valeur de l’occident ».
Un FN qui avait pourtant voté contre la loi sur l’égalité homme-femme de janvier 2014, au nom d’une lutte contre « l’égalitarisme » et les « concessions faites à la théorie du genre ». Et puisqu’il n’en est pas à une contradiction près, Gilbert Collard rappelle dans la même interview les « racines chrétiennes » de la France, fille aînée d’une Eglise Catholique pour qui le rôle de la femme reste la procréation et la contemplation.
Nicolas Sarkozy, parangon de l’égalité homme-femme
Nicolas Sarkozy, lui, ne veut pas du voile, car dans la République, les « hommes et les femmes sont à égalité ». Sarkozy, patron d’un parti, l’UMP, qui a préféré payer 4 millions d’euros d’amende en 2012 plutôt que de présenter des candidates aux législatives. Un parti qui a livré une féroce bataille parlementaire contre le mariage pour tous, débats durant lesquels on a pu entendre ses députés défendre bec et ongles « l’altérité des sexes » et les rôles différenciés que les hommes et les femmes se voient attribués, suivant le « droit naturel humain s’imposant à tout législateur« .
En attendant un prochain revirement, on peut toujours se réjouir de ces conversions instantanées à la lutte pour une meilleure place des femmes dans la société française.