En ces temps de révolution technologique, alors que les relations virtuelles viennent de plus en plus prendre le pas sur les relations réelles, un phénomène semble indéniablement s’intensifier: l’autoportrait photographique.
Rassurez vous, loin de nous l’idée de traiter le sujet allergisant des selfies façon cul-de-poule-instagram que les médias traitent inlassablement jusqu’à l’overdose comme si cela était l’enjeu du siècle.
En revanche, s’il y a bien une chose dont nous ne pouvons nier l’ampleur, c’est l’impact de ces clichés sur notre vision de nous même.
« Narcissism-shaming » oblige, une personne dont l’égo semble surdimensionné a bien souvent tendance à faire peur, mais sans en arriver jusqu’à cet extrémisme autophilique, ça fait du bien de parler de soi et de se montrer. Bien plus efficace qu’une cure de diet, ou n’importe quel antidépresseur (y compris le chocolat) on ne le dit jamais assez, l’estime de soi est l’ingrédient primordial de la recette du bonheur durable.
Et si le fait de se prendre en photo n’était pas qu’un simple acte narcissique?
On dénonce de nos jours ce phénomène sociétale avec le soucis que les nouvelles mœurs régies par la toute puissance des réseaux sociaux et la démocratisation des appareils photographiques (téléphones portables, instagram…) n’engendrent des générations de personnes droguées à leur apparence physique. Alors certes, ne jouons pas à l’avocat du diable, cette obsession contemporaine pour l’apparence fait plus de mal que de bien en exerçant sur nous une pression telle que nous sommes quasi littéralement ligotés par ce critère esthétique qui nous contraint à ne jurer et juger que par le physique les autres ainsi que nous même.
Triste constat.
Mais hors de question de se laisser abattre, nous ne devons nous résigner à être des victimes des réseaux sociaux. L’image virtuelle et visuelle que l’on donne à autrui ne dépend que de nous. C’est là que je reviens à mon sujet de départ: l’autoportrait photographique.
En quoi l’autoportrait photographique peut-il influencer notre confiance en nous?
Très simple. Bien au delà de la simple expression de notre narcissisme naturel, la photo sefie est avant tout le moyen de contrôler notre image, au sens propre, d’être maître de l’image que l’on donne à autrui. Et cette image influence consciemment ou non la relation que l’on entretiendra avec soi même. D’où l’importance de cette phototherapie dans notre épanouissement personnel.
Laissons de côté nos a priori et lançons nous, tâchons de découvrir par l’image le portrait qui nous siéra le mieux. Celui qui démontrera à merveille notre univers et la personnalité qui en est maître.
Vous l’aurez compris, pour se réconcilier avec son corps et sa personnalité, rien de mieux que de jouer à la mettre en scène selon les critères de notre propre imaginations. J’ai testé, je peux le confirmer. Après des années d’essais autoportraitistes, j’ai fini par enterrer mon complexe existentiel dû à ma taille 44. Et croyez-moi, ce n’était pas gagné ! (Petite fierté personnelle, oui, il y a de quoi, je me sens enfin épanouie telle que je suis.) Il suffit de sauter le pas, et de tenter. Lorsque vous verrez le résultat, vos complexes, si profondément ancrés soient-ils, s’en iront. Tout le monde mérite de s’aimer soi-même. Il n’y a rien de plus normal et naturel que cette harmonie. Cette réconciliation avec son image est essentiel pour notre épanouissement personnel duquel découlera notre bien être. Logique enfantine.
La preuve par l’exemple:
C’est dans cette optique que je défends les personnalités qui osent se mettre en scène. L’autoportrait n’est pas une histoire récente, de tout temps l’homme à cherché à se représenter pour mieux se comprendre, mais la facilité et la prolifération des moyens pour le faire de nos jours permet à chacun de jouer avec son image. Pour citer de grands noms, Cindy Sherman avait fait de l’autoportrait photographique sa marque de fabrique, et par le biais de représentations librement ou fidèlement inspirées de modèles classiques, jouait à la femme caméléon. Ou encore Orlan qui par l’utilisation de logiciels informatiques, de beaucoup de maquillage (et d’opérations chirurgicales) redonnait du sens à l’expression être en quête de soi même.
Tout cela pour prouver que non, malgré les a prioris, l’autoportrait n’est pas assurément synonyme de narcissisme assumé, mais peut être lié à une véritable démarche artistique, voire militante.
C’est dans cette optique que je vous présente le projet d’actualité suivant: camgirl project (http://camgirlproject.tumblr.com/), Surfant sur la tendance des cam girls (désignant une femme qui s’expose plus ou moins habillée par webcam), la jeune Vanessa Omoregie s’est amusé à mêler peintures de nus classiques et photos webcam ou de jeunes femmes posent à la façon des modèles d’antan. Il y aurait beaucoup de choses à dire sur ce projet, mais ici, ce qui m’intéresse est la démarche qu’on fait ces volontaires de poser en dévoilant leur intimité aux yeux de tous. Pourquoi cela? Probablement une façon de surmonter leurs craintes et complexes physiques tout en se prouvant à soi même que l’on est assez forte de conviction pour oser se surpasser. Une démarche osée que l’on ne peut que saluer.
«J’aime prendre des photos de moi-même et je ne vois pas ce qu’il y a de mal, expliqua la créatrice de ce projet audacieux. J’ai commencé ce Tumblr en réponse à tous les commentaires négatifs que l’on peut souvent lire souvent quand on poste en ligne des photos de nous-mêmes.»
En résumé, un autoportrait, c’est vous, vu par vous-même. Vous avez la possibilité de contrôler ce que le monde verra de vous. Alors face à ce diktat du critère de l’apparence physique, les filles, remontons nos manches et nos culottes, et prenons en main notre image !