On parle très peu de la sexualité des personnes âgées. Et pourtant elle existe bel et bien ! Dans les maisons de retraites, on tombe amoureux à nouveau et on se fait plaisir parfois, des couples divorcent après 30 ans de vie commune pour vivre un nouvel amour…
Dans une étude menée en 1980 (oui je sais ça date) par Bretschneider et Mc Coy (Department of Psychology, San Francisco State University, California) sur 202 sujets (100 hommes et 102 femmes) âgés de 80 à 102 ans (âge moyen 86 ans) montre que 63% des hommes et 30% des femmes ont des rapports sexuels. 72% des hommes et 40% des femmes pratiquent la masturbation. 82% des hommes et 64% des femmes ont des rapports de tendresse, parfois les 3 réunis ou les deux. Impressionnant non ?
Notre espérance de vie rallonge, nous pouvons donc espérer pouvoir être sexuellement actifs le plus longtemps possible. Sinon, il nous restera toujours les clubs de bridge pour le 3ème et le 4ème âge (moins sexy tout de même). Même si vieillissement est synonyme de diminution des forces générales, on peut y intégrer la sexualité et se dire que tout n’est pas terminé.
Evidemment, le désir et le comportement sexuel évolue avec l’âge, mais de manière variable d’une personne à une autre. Les facteurs psychologiques et sociaux jouent un rôle important dans cette évolution. Prenons en compte les tabous liés à la sexualité, le deuil, la maladie…
Les troubles sexuels liés aux facteurs physiques :
- Ménopause
- Trouble de l’érection
- Effets néfastes liés aux médicaments (c’est ce que l’on appelle la iatrogènie médicamenteuse)
Mais il est possible de faire une demande de prise en charge de la sexualité du 3ème âge, lorsque les personnes le souhaitent. Ce n’est pas ridicule de se dire « j’ai 75 ans, je vais consulter parce que mon érection est plus molle qu’auparavant et comme je viens de rencontrer Suzette, j’aimerai la faire monter au 7ème ciel » ou bien « Et si je me faisais quelques exercices de Kegel pour atteindre plus facilement l’orgasme avec Hubert ». Et bien très franchement, j’aimerai pouvoir me dire cela quand je serais plus âgée.
Lorsque j’étais plus jeune, je travaillais durant mes vacances scolaires en maison de retraite, j’étais heureuse et même soulagée de constater que l’amour et la sexualité était encore possible.
Deux histoires m’ont particulièrement touchées.
L’une était celle d’une petite dame qui avait 82 ans, on l’appellera Lucette. Je la voyais souvent faire des allers/retours dans les appartements d’autres résidents hommes. Et un jour, j’ai voulu lui demander ce qu’elle faisait lorsqu’elle allait voir ces messieurs. Elle m‘a regardé, m’a souri tendrement et elle m’a répondu « ma chérie, je suce des queues, je me fais plaisir et en plus de ça, ils sont sympa ils me donnent 10 euros à chaque fois, alors je ne vais pas m’en priver». J’ai éclaté de rire et je me suis dit qu’il n’y avait pas de mal à se faire du bien et prendre les choses de cette façon à son âge c’était génial. Lucette, elle avait toute sa tête !
L’autre histoire concernait un couple qui s’était formé dans la maison de retraite. Le monsieur (ho oui c’était un monsieur !), il avait une classe pour ses 93 ans, il était grand et toujours bien habillé. Il faisait tourner la tête des autres résidentes. Mais une seule avait réussi à le séduire (ce n’était pas la plus jolie mais elle devait être sacrément délurée à mon avis). Toujours est-il que cette dame, plus jeune d’une dizaine d’années, avait la maladie d’ Alzheimer. On avait l’impression que la maladie n’existait plus lorsqu’il s’agissait de retrouver son amant dans sa chambre. On les retrouvait à n’importe quelle heure au lit tous les deux. C’était étrange parce que le reste du temps la dame était complètement désorientée. Mais cet homme-là, il lui appartenait et elle s’en souvenait très bien parce que lorsqu’une autre résidente discutait avec son monsieur, elle savait le récupérer.
Enfin tout ça pour dire que les histoires de sexe, d’amour… ce n’est pas uniquement pour les « jeunes ». Deuxième jeunesse ou élixir, le plaisir n’a pas d’âge !