J’ai actuellement 26 ans, cela fait 7 ans que cela m’est arrivé.
J’en ai parlé à très peu de personnes, avec très peu de détails, c’est l’une des premières fois que je vais raconter mon histoire et ce que je ressens. Je fais cela parce que je pense que ça m’aidera. Je ne sais pas vraiment comment commencer…
J’avais 19 ans lorsque je suis sortie avec des amis dans un bar discothèque, nous avions un peu bu avant d’aller dans ce lieu. Je dansais avec une amie et un « connard », je ne sais pas comment je pourrais l’appeler autrement, s’est mis à danser avec nous, je ne me suis méfiée de rien, j’étais dans un esprit festif.
Il m’a proposé de boire un verre. Enivrée j’ai accepté, je l’ai suivi. Cinq minutes plus tard, je me suis retrouvée dans les toilettes de ce lieu sordide avec ce connard, enfermée. Je n’étais pas sobre, je n’aurais pas dû boire, c’est ce que je me répète à longueur de temps. Je me suis retrouvée à moitié nue, lui essayant de me pénétrer… écrire ça me donne envie de vomir. Je ne sais pas combien de temps ça a duré. Ce dont je me souviens, c’est qu’en même temps on a tambouriné plusieurs fois à la porte. Quand les videurs ont ouvert, j’étais à moitié nue en train de pleurer.
Il s’est enfui. Si les videurs ont ouvert, c’est parce qu’un ami m’avait vu rentrer dans les toilettes avec ce type, mais ils ont mis du temps à ouvrir, je ne peux pas dire combien de temps. Ils ont cherché le type mais il avait disparu. Mon ami m’a retrouvée tremblante, pleurant, il m’a rhabillée. J’ai jeté ma culotte à la poubelle, je ne sais pas pourquoi j’ai fait ça. Le lendemain, j’ai même jeté tous mes vêtements.
Nous n’en n’avons jamais reparlé avec cet ami, que j’ai rejeté par la suite.
Je n’ai pas porté plainte malgré l’insistance de mon petit ami de l’époque à qui je l’ai dit. Je ne porterai jamais plainte, parce qu’au fond, je sais qu’on me dira que je n’aurais pas dû boire. De toute façon, cela fait trop longtemps.
J’ai par la suite fait n’importe quoi avec les gens autour de moi. Je buvais beaucoup, prenais des médicaments en même temps, donnais mon corps à n’importe qui. Six mois après j’ai déménagé du jour au lendemain à 800 km de chez moi alors que j’étais étudiante.
Il y a 10 mois maintenant, j’ai tenté de me suicider, j’étais soignée pour trouble borderline depuis des mois et j’avais réalisé une réserve de médicaments pour le jour où je me suiciderai. J’ai tenté de le faire, je me suis réveillée 2 jours plus tard encore vivante. J’ai été hospitalisée 2 semaines et depuis, je suis suivie par un psychiatre et suis sous anti-dépresseurs. Je déteste mon corps, j’ai réalisé plusieurs opérations de chirurgie pour le modifier avant de comprendre que c’était à cause de l’agression.
Lorsque j’ai vu « drunk is not consent » ce qui signifie « être saoul ne signifie pas être consentant » sur la page facebook de la Slutwalk, cela m’a fait beaucoup de bien c’est pourquoi je témoigne aujourd’hui.
Ce que je veux, ce que j’espère, c’est que les lieux où ces pervers agissent soient plus sécurisés. Je ne suis pas pour un état policier mais il y a des endroits où la vigilance doit être décuplée.
J’aimerais qu’il y ait plus de campagnes publicitaires insistant sur le fait que nous ne sommes pas coupables, parce que même si j’écris cela, il y aura toujours au fond de moi ce sentiment de culpabilité dont je n’arrive pas à me défaire.
Je n’en n’ai toujours pas parlé à mon psy, je tourne autour du pot parce que j’ai peur qu’il me dise que c’est de ma faute, que je n’aurais pas dû être là, que je n’aurais pas dû boire, que je n’aurais pas dû danser avec ce type, être sympa avec lui, parce que si je n’avais pas fait tout ça, ça ne me serait pas arrivé.
J’essaie de me reconstruire, je suis en thèse, je réalise une recherche sur le corps des femmes, parce que je suis obsédée littéralement par ça, c’est aussi une manière pour moi de réaliser une deuxième thérapie.
J’espère que mon témoignage pourra être utile. Je vous remercie pour vos actions et votre marche.