Avec 500 000 exemplaires vendus à son actif, Jean-Luc Bizien est aujourd’hui un auteur incontournable aussi bien dans l’imaginaire jeunesse que dans le roman policier. Il a publié de nombreux romans et reçu 2 prix : le Prix du roman d’aventures en 2002 pour La Mort en prime time (Le Masque) et le prix Lion Noir en 2011 pour La Chambre mortuaire (10-/18), les enquêtes de Simon Bloomberg, publiées dans la collection « Grands Détectives ».
Extrait choisi
Le soleil était déjà haut dans le ciel. Le vent s’était levé, balayant les collines, tandis que les hautes herbes se livraient sous ses assauts à un ballet hypnotique. Une corneille, furieuse de devoir lutter contre les bourrasques, trouva refuge au sommet d’un arbre touffu. De son abri, elle entreprit d’inspecter les environs et fut interloquée par la présence immobile de deux humains. Les hommes étaient rares en ces lieux. Ces deux-là se toisaient, semblables à des statues jaillies du néant.
Le premier était jeune, avec des cheveux d’un noir de jais. Il portait encore la frange, à la manière des enfants.
L’autre était âgé. Ses cheveux blancs étaient retenus en chonmage sur sa nuque.
Tous deux étaient vêtus de simples kimonos aux couleurs sombres. S’ils tenaient en main des bokkens, ces sabres de bois que l’on utilisait pour l’entraînement, rien dans leur attitude ne laissait entendre qu’il ne s’agissait pas d’un duel sans merci.
Lentement, ils avançaient l’un vers l’autre.
Un pied d’abord, puis l’autre, dans un glissement imperceptible. C’était à peine si leurs talons décollaient du sol, chaque combattant désirant s’assurer le meilleur appui.
Ils ne se quittaient pas des yeux, l’arme haute.
Enfin, ils se figèrent, à portée de sabre.
La corneille, fascinée, observait cet étrange ballet.
Le vent sifflait, faisait danser les mèches de cheveux et les replis des kimonos. Les deux guerriers, comme insensibles aux éléments, gardaient leurs postures roides et s’observaient, épiant le plus petit signe, la moindre faille. Le moment propice où, lançant toutes ses forces dans l’assaut, il faudrait se fendre et percer les défenses adverses.
Une seule attaque.
Une seule chance.
La victoire ou la mort, c’était la loi du kenjutsu.
Une fois le sabre dégainé, le samouraï se devait de combattre.
Résumé
Hichirô apprend que l’actuel souverain du Japon a tué ses parents. Ce Shogun tyrannique est craint de tous mais cela n’arrête pas le jeune homme : il assouvira sa vengeance.
Hatanaka, son père adoptif, va le préparer à l’impossible.
Avis
Vent rouge est le premier tome de Katana de Jean-Luc Bizien et paru dans la collection Pandore dirigée par Xavier Mauméjean, cataloguée fantasy young adult. Cela me gêne toujours un peu quand on tente de cadrer ma curiosité de lectrice, même si je comprends que d’autres aient besoin d’être guidés. J’étais d’autant plus sur mes gardes que je connais la plume de Bizien.
Or, je me suis retrouvée en totale apnée. Comme lorsque j’avais regardé Samurai de Okamoto Kihachi, Zatōichi de Kitano Takeshi ou Shichinin no samurai de Kurosawa Akira. Ce roman est digne de ces grands maîtres japonais.
Toutes les scènes de combats sont cinématographiques et japonaises : à la fois lentes et rapides, violentes et sublimes. Le vocabulaire spécifique, le code des samouraïs, le rythme des phrases tout autant que de celui des rebondissements de l’intrigue, l’humour, la tristesse, la fougue et la sagesse, tout est parfaitement maîtrisé.
Plutôt que chercher à catégoriser ce roman, je vous dirai juste qu’avec Katana, la légende est née et Jean-Luc Bizien est un sensei. Tout le reste n’est que littérature.
Katana 1- Vent rouge, Jean-Luc Bizien, éditions Le Pré aux clercs 331 pages 16 €
Couverture Eric Bizien