Sa peau est si pâle qu’elle en est presque translucide. Parfois, je me demande si elle existe vraiment, si elle est vraiment là, près de moi, dense et incarnée – ou si elle n’est en réalité qu’un fantôme qui va se dissoudre dans un nuage de poussière et de vapeur au moindre contact. Lorsqu’elle m’apparaît ainsi – spectrale, presque en filigrane – je n’ose prendre le risque de rompre le charme. Je me contente de lui murmurer à l’oreille, de lui dire tout bas ce que je sais qu’elle veut entendre et aussi tout ce qu’elle ne peut pas (ou ne veut pas) s’avouer. Elle se met alors à rougir, ses joues se pigmentent de rose, de rouge givré, la vie se met à se répandre sur tout son visage, sur son cou, puis sur tout son corps. Ce n’est qu’à ce moment que je l’embrasse, à cet instant précis où je sais que je pourrai sentir son pouls sur ses lèvres et que j’aurai la confirmation rassurante qu’elle n’est pas qu’un mirage.