On dit qu’un chat retombe toujours sur ses pattes, comme si c’était en soi une bonne chose. Or, personne ne se demande où il retombe exactement. Moi la première, je me suis toujours sottement considérée comme la meilleure d’entre toutes les chattes, si bien que lors de ma dernière chute, je me suis tordue dans les airs d’une façon ridiculement féline avec une seule idée en tête : toucher le sol fièrement, sur mes deux pieds, l’orgueil intact et sans la moindre égratignure.
Ce n’est qu’après m’être assurée que l’honneur était sauf que j’ai regardé où j’étais retombée. Sur le sol, gisaient, éparpillés comme des éclats de cristal, les fragments broyés de son cœur sous le velours de mes pattes.