Elle me laisse la plupart du temps la regarder.
Certains soirs, elle me permet aussi de m’étendre derrière elle, quand elle dort sur le flanc gauche sous le drap couvert de son écriture en pattes de mouches, de ces poèmes indéchiffrables qu’elle tisse des nuits entières, Pénélope infatigable, en attente de l’arrivée de l’homme éternel, de l’homme archétypal et abstrait, celui qui saura la compléter, celui qui donnera un sens à son existence, celui qui lui permettra enfin d’atteindre la plénitude. Moi, je ne suis qu’une femme, alors je ne compte à ses yeux pour pas grand-chose, pour moins que rien, en somme. Voilà pourquoi je peux me plier autour d’elle et la serrer moi, pourquoi je peux enrouler mes bras autour d’elle son corps, toucher sa peau et poser ma main délicatement sur sa conque vierge et nacrée jusqu’à ce qu’elle se recouvre de rosée.
Parfois, elle me permet de l’embrasser.