Cher collègue,
Je suis dans l’obligation de vous informer que je n’ai jamais eu à votre égard la moindre pensée déplacée. Je veux que vous sachiez que je n’ai jamais envisagé de m’accoupler avec vous, que je n’ai jamais eu le moindre béguin ni aucune envie irraisonnée de vous épouser et que l’idée de vous offrir des fleurs ou de glisser dans le tiroir du haut de votre classeur ma culotte ornée de mon prénom et de mon numéro de téléphone ne m’a jamais traversé l’esprit.
Je vous assure que je n’ai jamais souhaité vous embrasser ou caresser vos charmantes mèches noires – je dis charmantes pour être polie et non pour exprimer la moindre attirance envers vous. Parce que vous savez aussi bien que moi que mon éthique professionnelle m’empêche de vous imaginer sans votre chemise. Vous êtes un collègue et aucun collègue au torse glabre ne hante mes fantasmes.
Vous devez donc être conscient qu’il ne m’arrive jamais de me demander quelle taille a votre verge et encore moins d’essayer de deviner si vous êtes circoncis ou non. Il est clair que cela ne me regarde pas. C’est d’ailleurs pour cette raison que je n’ai jamais contemplé votre derrière lorsque vous marchez devant moi. Et que je n’ai jamais eu envie de vous voir gambader dans l’herbe folle avec pour seul vêtement une paire de chaussettes blanches. Qui donc aurait des envies aussi ridicules ?
Je vous prie donc de croire que je n’ai jamais eu envie de me jeter dans vos bras, que je n’ai jamais espéré votre bite dans ma chatte ou sur mes lèvres, ni votre langue sur mon clito. Ce n’est pas parce que j’aime ficeler et bâillonner les hommes que je rêve de vous voir à ma merci. Ce n’est pas parce que j’aime lécher de la crème glacée sur le cul de mes amants que je rêve de vous enduire de gelato praline-beurre. Ou que je rêve de verser de la cire brûlante sur votre gland pour pouvoir l’apaiser de ma salive.
Je ne pense pas à vous lorsque je me caresse, le soir, seule dans mon lit. Je ne pense pas à vous lorsque je jouis. En fait, je ne pense jamais à vous hors des heures de travail réglementaires définies par notre convention collective.
En espérant que tous les malentendus seront ainsi dissipés, je vous prie de croire, cher collègue, en l’expression de mes sincères salutations.
Anne Archet