Chère Louise,
Depuis que nous avons hérité du lit en fer forgé antique de son vieux pervers d’oncle Gaston, mon mari s′est mis à agir bizarrement. Avant, notre vie sexuelle était normale et pleinement satisfaisante. Maintenant, non seulement est-il devenu insatiable, mais je n′arrive carrément plus à le reconnaître.
Mardi, il m′a réveillée au beau milieu de la nuit, m′a retournée comme une crêpe en criant: «Écarte tes cuisses, gourgandine!» Je ne sais toujours pas ce que ce mot veut dire! Jeudi, il a pris mon Châtelaine, l′a roulé bien serré, puis s’en est servi pour me donner la fessée en me traitant de «gigolette», de «rouleuse» et de «lorette». Lui qui ne lit que les chroniques de Richard Martineau dans Journal de Montréal, d′où peut bien lui venir ce vocabulaire? Pas plus tard qu′hier soir, au lieu de regarder le match comme il le fait religieusement chaque samedi, il s′est présenté à moi à moitié nu, harnaché de cuir, le vous-savez-quoi raide et pointant vers le ciel, en me disant «prépare-toi à passer à la casserole, cocotte!». Il m′a ensuite mis la langue à l’endroit où vous devinez assez longtemps pour que mes jambes se mettent à flageoler et que je n’en puisse plus de jouir. Alors que j’étais sur le point de m’évanouir, il releva mes jambes puis il se mit me… enfin, vous comprenez. Il ne me lâchait plus, un vrai étalon.
Ce genre de chose ne se font pas entre gens mariés! Après tout, nous ne sommes plus des adolescents… d’où peuvent provenir ces comportements étranges? Pensez-vous que le lit est hanté? Si oui, comment m’y prendre pour l’exorciser?
Morte d’inquiétude.
Chère morte d’inquiétude,
Je crains que vous ayez mis le doigt sur le problème: il est clair que votre lit est hanté par l’esprit libidineux de cet oncle Gaston. Je ne vois qu’une seule solution: vendez-moi votre lit.
J’attends votre appel,
Louise.