Sa démarche était aussi féline que le motif léopard de sa microjupe. En déposant son joli popotin sur le tabouret du bar de l’hôtel, elle secoua ses cheveux pour que sa proie puisse en recevoir la brise parfumée – un geste qu’elle devait avoir déjà pratiqué mille fois. Puis, tout sourire, elle lui dit du tac au tac :
— Envie de me baiser?
— Hein?
— Oui. Tout de suite. Je ne te demande tien en retour… sauf une toute petite chose: mon mari peut regarder. C’est notre petit fantasme à nous deux, ça nous permet de mettre du piquant dans notre couple. Tu vois, là-bas, près de la porte? C’est lui qui nous attend.
— C’est très tentant, mais…
— Allez, ne sois pas timide, je te promets la meilleure partie de jambes en l’air de ta vie…
— Vous ne comprenez pas. C’est juste que… dans cinq minutes, je suis censé monter à ma chambre pour regarder ma femme faire l’amour avec un type qu’elle a dragué dans ce bar.
— Euh… Tu me niaises, là?
— Pas du tout. D’ailleurs, je pense que je vais y aller tout de suite. Vous arriverez plus tôt, la prochaine fois: les meilleurs taureaux partent toujours très vite.
Derrière le zinc, le barman pouffa.
— Gracieuseté de la maison. Prenez, la soirée sera longue… dit-il en lui versant un manhattan.