33875 éléments (2252 non lus) dans 75 canaux
Sur un site où elle publie des textes érotiques, la mystérieuse Anne Archet «raconte tout ce qui se passe dans et autour de sa culotte.» Ca bouge là-dedans. Une compilation de ses textes anarcho-lesbiens inédits vient d’ailleurs de sortir aux éditions… du Remue-ménage.
Qui est Anne Archet ? Personne ne l’a jamais vue. Elle refuse de paraître en public. Sur son site, elle dit : «Je me nomme AA et je suis une verbicruciste anonyme. Je croise les mots depuis que je sais que les mots peuvent se croiser. Enfant, je dessinais des grilles pendant que mes petits camarades griffonnaient des soleils et des maisons. Mais c’est à la puberté que caresser la case devint pour moi une obsession. […] Ma mère, inquiète de cette sale manie, consulta un médecin qui prescrit des activités plus saines pour une fille de mon âge, comme l’application de vernis à ongles sur les doigts de pieds […]. Évidemment, ma vie sentimentale en a beaucoup souffert. Je fus systématiquement ostracisée par les jeunes de mon quartier, qui m’affublaient de sobriquets tous plus vils les uns que les autres : io, uri, if, lo, eesti et même oc. La chance de ma vie fut de rencontrer une jeune cruciverbiste qui me redonna le goût de vivre […]. Je lui fis une cour assidue en lui dédiant des grilles passionnées, pleines de mots de douze lettres et de chevilles aux définitions folles. Depuis, nous formons un couple heureux, basé sur une saine complicité : je lui parle par énigmes et elle remplit les blancs».
Cet auto-portrait d’Anne Archet est faux bien sûr. Anne Archet ne vit pas en couple avec une fan de mots croisés. Anne Archet ne gagne pas sa vie en composant des grilles, même si cela fait vingt ans qu’elle en fait. «J’étais fan de Georges Perec et j’avais appris qu’il était verbicruciste. Monkey see, monkey do. Mais je n’en vends qu’une dizaine par année (bref, une misère), avoue-t-elle par email. Je préfère la plupart du temps les publier gratuitement sur mon blog, j’en fais un concours et ça me permet de faire de la promo pour mes bouquins.» Ses livres, téléchargeables en ligne, ne parlent que de sexe. Avec des filles. Avec des garçons. Anne Archet n’est pas regardante. Pourvu que ses partenaires aient un cerveau. Pourvu qu’ils aiment les mots d’esprits. Ses grilles de mots croisés le disent assez pour elle : c’est bien beau de baiser, encore faut-il savoir jouir.
Fin octobre, les éditions du Remue-Ménage ont publié Les Carnets écarlates qu’Anne Archet présente comme «le meilleur de moi-même, mon moi profond, l’essence de mon être – et je vous prierais de ne pas vous servir de mon moi profond comme sous-verre, mon âme est déjà assez tachée par le vice pour en plus se retrouver avec des cernes de boisson.» En voici quelques extraits.
Les Carnets écarlates d’Anne Archet, éd. du Remue-Ménage.
Anne Archet
http://flegmatique.net
http://archet.net
http://gazette.archet.net