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Les 400 culs
Lorsqu’elles entrent en ravissement, certaines visionnaires pleurent tellement qu’il faut mettre des seaux dans leur cellule. D’autres saignent tous les vendredis. D’autres passent leurs nuits à se battre contre le diable. Comment expliquer ces phénomènes ?
En 1836, Johann-Joseph von Görres –professeur d’histoire à l’Université de Munich– rédige «La Mystique divine, naturelle et diabolique» qui devient «l’ouvrage de prédilection des cercles décadents épris de diabolisme»
vers la fin du XIXe siècle. Ce livre –dont s’inspirent Huysmans,
Gourmont ou Péladan– est une compilation ahurissante de faits
inexplicables : 660 pages remplies de prodiges et de mystère. Des
somnambules marchent sur les eaux. De beaux adolescents crachent des
cheveux de femme ensanglantés. Une mère qui agonise se dédouble pour
aller dire adieu à ses petits enfants en train de dormir. Des saintes
douées de télékinésie flottent en lévitation à 25 centimètres du sol,
brillent comme des projecteurs et se font visiter chaque nuit par de
hideux inconnus qui les torturent jusqu’au sang. D’impures jeunes filles
ont commercé avec le diable et font pleuvoir des grenouilles… Pour Görres, tous ces phénomènes, –qu’il
s’agisse de miracles, de poltergeist ou de sorcellerie–, appartiennent
au même champ de réalité : le monde invisible existe, dit-il. Nous
sommes entourés de forces et déchirés par une double attraction, vers
les ténèbres et la lumière.
«Pour
édifier ses contemporains devenus incroyants, il lui faut prouver la
réalité du surnaturel et son pouvoir dans la vie des hommes. C’est cette
preuve qu’il entend donner, de façon tangible, en évoquant des faits
qui lui semblent attestés.» Dans un article passionnant sur «L’Itinéraire spirituel de Joseph von Görres»,
Deghaye relate brièvement le parcours du professeur d’histoire : dans
sa jeunesse, Görres adhère aux idées de la Révolution française, mais un
voyage à Paris, en 1799, lui fait changer d’avis. Lui qui, jusqu’ici,
considérait la religion comme l’alliée du despotisme se convertit au
catholicisme. Il reste cependant un homme des lumières : ses études de
médecine le poussent à voir le monde comme un organisme vivant traversé
par des mouvements contraires qui se succèdent en alternance. Systole,
diastole. Görres expose ses idées dans un ouvrage au titre étonnant : «Exposition d’un système sexuel d’ontologie».
Il explique dans ce traité que l’Univers («le Grand Tout») se divise en
deux : l’esprit (mâle, actif, raisonnable, constant) et la nature
(femelle, passive, mécanique, inconstante)… En chacun d’entre nous,
explique Görres, l’homme et la femme, l’esprit et la nature, s’opposent
et s’unissent. Görres fait de l’amour le moteur de la création. «Le
Cercle de l’éternel, qui s’est ouvert par la division des deux natures
primordiales, se referme par leur réunion dans la nature organique, et
c’est ainsi que ce serpent circulaire embrasse l’Univers et le
contient».
A cette époque, les médecins s’intéressent de près aux
phénomènes surnaturels : les cures de Mesmer, l’idée du magnétisme
animal ont ouvert des perspectives de réflexion nouvelles. L’électricité
fait rêver. Les lois de l’attraction universelles de Newton semblent
elles-mêmes relever de la magie. Les savants de l’époque romantique se
passionnent pour le rêve, les médiums et les extatiques. Görres va
lui-même observer des religieuses connues pour entrer en transe (1). Il
va chez la visionnaire Marie de Moerl, dans son village du Tyrol, connue
pour recevoir les stigmates : les mains et les pieds de Marie se
mettent à saigner spontanément. Görres voit les plaies et constate.
Comment interpréter de tels phénomènes ? Au lieu de ramener les
expériences des saints à des maladies psychosomatiques, comme le feront
plus tard certains psychiatres, Görres décrit l’expérience mystique en
termes d’accomplissement suprême. Il ne nie pas l’authenticité de ces
phénomènes, au contraire. Les prodiges ne sont pas des fabulations,
dit-il. La nature produit sans cesse des choses extraordinaires. Il y a
des gens qui prédisent le futur, par exemple. D’autres qui peuvent plier
des cuillères à distance ou guérir des brûlures par la pensée. Les
femmes qui se mettent à saigner des stigmates, celles dont le corps
dégage une odeur merveilleuse existent aussi, et pour mêmes raisons qui
font de nous tous et toutes des créatures potentiellement divines…
L’explication de Görres
est la suivante : il y a deux niveaux de l’être. Etant à la fois des
organismes et des esprits, les humains existent à la fois sur ces deux
plans. Or ces deux plans entrent parfois en conjonction sous l’effet
d’une intense communion avec l’esprit divin. Il arrive alors que notre
corps entre en union mystique avec le corps du Christ… ce qui produit
les stigmates. Le problème, évidemment, c’est que cela fait terriblement
souffrir. Dans «La Mystique divine, naturelle et diabolique»,
Görres insiste sur l’étonnante similitude entre les épidémies de
possession qui frappent parfois des abbayes toutes entières et les
ravages de la passion que subissent les mystiques. La souffrance est
terrible, les esprits diaboliques constamment à l’affût du moindre interstice où placer leurs pensées impures… «La voie qui mène à la béatitude est le chemin du calvaire. Ce qu’évoque principalement Görres, c’est moins le ciel des élus que cette voie douloureuse. ce chemin passe par la mort.»
Comme s’il fallait briser l’être de chair, se purger violemment de tout
désir et endurer des supplices effroyables. Pour beaucoup de saintes
les épreuves sont telles qu’elles finissent par ne plus savoir si elles
descendent aux enfers ou si elles montent au ciel. Elles voient des
démons partout. Et ces démons leur chuchotent d’abominables choses…
Voici trois extraits du livre «La Mystique divine, naturelle et diabolique», dans sa version traduite de 1854. Je vous laisse le soin de faire les commentaires.
La bienheureuse Oringa
«née en 1240, près de Florence […] était dès sa plus tendre enfance
dans une disposition d’esprit telle que si quelque discours obscène
effleurait son oreille, son estomac se soulevait aussitôt. Comme elle
fut souvent sujette à cette épreuve, sa santé en fut considérablement
altérée, et elle finit par avoir des vomissements presque continuels. Un
jour qu’étant encore enfant elle avait la fièvre par suite de ces
soulèvements de cœur, on appela un prêtre pour la confesser et
l’absoudre des fautes légères qu’elle pouvait avoir commises. Mais il se
trouva que ce prêtre lui-même n’était pas pur. Dès qu’il approcha
d’elle, son corps se roidit, ses entrailles furent comme bouleversées et
l’on crut qu’elle allait mourir».
La sœur Dominique de paradis «morte
en 1312, et dont la vie a été écrite par Pierre de Danemark, son
confident. […] A l’âge de onze ans, elle vit pendant la nuit un homme
qui brillait d’un tel éclat qu’elle fut ravie hors d’elle-même. «Ma
fille, lui dit-il, je suis Jésus-Christ; promets-moi de me servir
toujours […]. Toutes les fois qu’elle récitait le psautier, il lui
semblait entendre la voix de Celui à qui elle s’était donnée, et elle
était inondée d’une douceur ineffable, quoiqu’elle fût très ignorante
des choses divines et humaines. A l’âge de treize ans elle s’en alla à
Cologne [et fut admise chez les Béguines]. Elle méditait continuellement
la Passion du Sauveur, et souvent alors elle avait des ravissements qui
duraient trois jours. Les autres béguines ne comprenaient rien à son
état et la croyaient tantôt folle, tantôt épileptique. Elle vécut deux
ans de cette manière; et c’est ainsi que commencèrent pour elle des
visions d’un genre bien différent. Une nuit qu’elle était en prière,
quelqu’un lui apparut […] : «Ma fille, tu pries beaucoup, et tu voudrais
bien aller au ciel ; rien n’est plus facile; tu n’as qu’à te tuer pour
cela. «A partir de ce moment, elle fut pendant six mois continuellement
tourmentée par la pensée de se donner la mort. Si elle passait près d’un
puits, elle voulait s’y jeter. […] Souvent la nuit elle entendait une
voix qui lui disait : «Lève-toi vite; Dieu veut que tu te tues : si tu
ne le fais pas, tu seras étranglée et damnée. Elle luttait de toute manière contre la tentation […]»
Mais
il en vint une autre plus terrible encore. Tous les aliments qu’elle
voulait prendre lui paraissaient ou des crapauds, ou des serpents, ou
des araignées, de sorte qu’elle ne pouvait se résoudre à manger.
Lorsque, pressée par la faim et par les instances de son confesseur,
elle se décidait à les mettre dans sa bouche, elle était bientôt
contrainte de les vomir, par l’impression que lui causait le froid de
ces bêtes hideuses. Tout ce qu’elle voulait boire lui paraissait plein
de vers, et elle entendait sortir de sa coupe ces paroles : «Si tu me
bois, tu vas boire le diable. Puis elle voyait toutes ces bêtes la regarder.»
Ce
qui ajoutait encore à ses peines, c’est que les béguines se moquaient
d’elle […]. Toutes lui reprochaient de vouloir se faire passer pour une
sainte; et elle fut à la fin obligée de retourner dans sa famille. Là
les épreuves continuèrent. Tantôt il lui semblait voir, quand elle
priait, un coq auprès d’elle, qui battait des ailes, chantait, et lui
déchirait les pieds jusqu’au sang; puis, c’était un chien qui aboyait et
la mordait. Lorsqu’elle était au lit, on lui ôtait son traversin de
dessous la tête, pour l’empêcher de dormir. D’autres fois, une main
invisible lui donnait des coups de verges. Pendant quatre semaines elle
fut troublée continuellement par le mugissement d’un taureau qui la
poursuivait partout.
La sœur Françoise du Saint Sacrement «avait
formé à l’âge de dix-sept ans une liaison criminelle avec un jeune
homme de sa famille, et il fallut pour la retirer de cet abîme une
apparition miraculeuse. Un jour, il lui sembla voir la terre s’ouvrir
sous ses pieds, et son regard put plonger avec un indicible effroi
jusqu’au fond de l’enfer. Elle entra aussitôt chez les carmélites
déchaussées de Soria, y fit une confession générale, et commença son
noviciat. Elle y eut à soutenir une lutte terrible et contre sa propre
nature et contre les démons, qui cherchaient à la pousser au désespoir
par le souvenir de ses péchés; mais consolée de temps en temps par
d’autres visions, elle sortit enfin victorieuse du combat, et fit sa
profession. De nouvelles luttes plus terribles encore l’attendaient. […]
Plongée dans la désolation la plus profonde, elle ne perdit point
cependant le calme et la résignation, quoiqu’elle fût troublée outre
cela par les démons, qui ne cessaient de lui apparaître et de la
tourmenter jusqu’aux quatre dernières années de sa vie. Les flammes de
la concupiscence s’allumèrent en elle avec une incroyable violence; tous
les membres de son corps semblaient embrasés du feu de l’enfer. Cet
état durait encore dans sa soixante-deuxième année, et les tentations
dont elle était assiégée ne cessèrent qu’après une lutte de quarante-six
ans, peu de jours avant sa mort, qui arriva en 1629, dans la
soixante-huitième année de son âge».
(1) Görres fut accompagné par le poète Clemens Brentano, célèbre pour avoir passé cinq ans au chevet d’une religieuse (Anne-catherine
Emmerick) dont les stigmates furent constatés mais jamais authentifiés.
Les autorités religieuses se méfiaient de ces extases douteuses,
généralement attribuées aux excès de chaleurs féminines et à l’hystérie.
Anne-catherine Emmerick ne fut jamais béatifiée. Pourtant de nombreux
savants s’étaient pressés chez la religieuse et aucun n’avait jamais pu
trouver d’explication à ses stigmates.
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Les 400 culs
La galanterie comme «art de plaire, d’aimer et d’être aimé» recouvre
une gamme de conduites variées, parfois contradictoires, allant du «plan
drague» à l’expression de la plus exquise urbanité… Parfois même
galanterie désigne une MST. Comment s’y retrouver ?
La galanterie est-elle une spécialité française ?
Il est courant de dire que «c’est la langue française qui a fourni à
toutes les autres l’appellation, sinon la chose» et que seuls les
Français possèdent l’art de la galanterie. Pourquoi ? Certains
s’appuient sur l’étymologie et affirment que la Gaule et la galanterie
sont liées… «
Esprit gaulois et galanterie sont la même chose, remontant tous deux au verbe Galler, se réjouir, s’amuser, mener joyeuse vie», raconte Yves Giraud dans L’Art d’aimer en romandie (1979).
Ce n’est pas tout à fait exact :
Gaulois vient de Gali qui veut dire, littéralement, «les furieux» en Gaulois et qui a donné Gaillard. Confère le vieil Irlandais Gal qui signifie «vapeur, fureur».
Quant au mot
Galant, c’est le participe présent de l’ancien verbe Galer, «s’amuser», mot issu du francique Walare («se porter bien»), dérivé de Wala («bien»). Confère l’Anglais Well «bien» (ou Well well «bien bien»).
La galanterie a-t-elle un rapport avec le galop ?
Il n’y a donc aucun rapport entre la Gaule et la Galanterie. Non
seulement parce que les racines de ces deux mots n’ont rien à voir mais
parce que le mot
Galer qui a donné Galant est d’origine francique, c’est-à-dire germain. A noter que ce verbe Galer («s’amuser») se retrouve dans : gala, régaler, galéjade, régalade, galopin et… galop. Il existe en effet un lien entre le Galop et la Galanterie. Le verbe
Galoper –qui se compose de deux mots franciques Wala Halupan (l’équivalent de l’allemand moderne Wohl Laufen)– signifie «bien courir». Faut-il en déduire que ceux qui «galantisent» (ainsi que l’on dit au 18e siècle) sont des coureurs.
La galanterie est-elle l’art de courir les femmes ?
Au début, non. A l’origine, le galant est celui qui aime s’amuser,
faire la «gale», la fête, qui recherche les réjouissances, l’amusement,
l’euphorie. Il n’y a d’abord aucune connotation de séduction dans ce
mot. Mais l’amusement présuppose la fête collective, la réunion
rassemblant hommes et femmes, ce qui explique pourquoi, progressivement,
le terme prend un sens plus général : est galant celui qui cherche à
plaire aux dames. La galanterie devient donc une disposition de
caractère, un penchant naturel : «
l’attache qu’on a à courtiser les dames», dit Furetière (Dictionnaire universel,
1690). Mais elle est aussi un comportement appris, celui de l’homme qui
a assimilé les règles de civilité. Richelet définit donc le galant
comme «
un homme qui a de la bonne grâce, qui est bien fait et qui, pas ses manières, tâche à plaire aux dames.» Le Dictionnaire de l’Académie (1694) définit également la galanterie comme «les respects, les soins, les empressements pour les femmes qu’inspire l’envie de leur plaire».
La galanterie est-elle une maladie vénérienne ?
La
Galanterie
désigne aussi bien le cadeau que l’on fait à une femme que celui
qu’elle vous fait en retour, à savoir une maladie sexuellement
transmissible ou, ainsi que le formule joliment Furetière : «
quelque petite faveur de Venus qui demande des remèdes». Le Littré donne ainsi quatre définitions de galanterie :
1/ «
Se dit des présents. «Et si vous faites cas de ces galanteries / vous n’aurez qu’à choisir / disposez de mes pierreries «(Rec. de Vers.)».
2/ «
Fleurettes, douceurs amoureuses.» Autrement dit : flatteries bien tournées, belles paroles. «Combien
voyez-vous de jeunes gens qui vont de ruelle en ruelle distribuer leur
galanterie enjouée, sans avoir aucun dessein formé ?
» (Mademoiselle de Scudery).
3/ «
Res nihilis». «On dit aussi «Cette affaire-là n’est qu’une pure galanterie (res nihilis) «pour dire «Ce n’est pas une chose de conséquence.»
4/ «
On
dit qu’un homme a gagné quelque galanterie avec une femme, pour dire
une vilaine maladie qui demande des remèdes et qui est généralement
l’effet de la débauche.
»
Un galant homme n’est pas un homme galant
C’est probablement lorsque l’art de la cour se développe, vers le XVIIe
siècle, que le mot se met à désigner deux choses radicalement opposées.
Une disjonction s’opère. Il prend deux sens différents, presque
antithétiques dont le
Littré de 1771 résume ainsi la teneur : «Il
y a beaucoup de différence entre un galant homme et un homme galant. Un
galant homme est plus de tout dans la vie ordinaire, il a des agréments
plus profonds et le temps a moins de prise sur lui. Un homme galant
devient à la fin le rebut et le mépris du monde. «(Le Ch. de M.).
»
Pour le dire en termes clairs : «Galant homme» désigne un homme poli,
honnête et agréable. Alors qu'«Homme galant» veut dire séducteur,
seulement préoccupé d’obtenir les faveurs des femme
s.
Se «battre en galant» : l’homme d’honneur
Expurgé de toute connotation sexuelle, le mot
Galant (dans son sens «noble») devient, ainsi que Vaugelas le définit en 1647 «un
composé où il entre du je-ne-sais-quoi, ou de la bonne grâce, de l’air
de la cour, de l’esprit, du jugement, de la civilité, de la courtoisie
et de la gaieté, le tout sans contraintes, sans affectation et sans
vice.
» Qu’on se le dise. Les Lois de la galanterie (1644) enfonce le clou –pas de vice– en précisent que l’exercice de la galanterie requiert «propreté, civilité, politesse, éloquence, adresse, accortise, prudence mondaine.» Rien à voir avec les femmes, donc. «La
tradition mondaine ennoblit et intellectualise la galanterie en la
purgeant, au moins en surface, de toute concupiscence et en faisant
d’elle l’idéal de vie de l’honnête homme en société.
»
Lorsque l’on dit d’un officier de l’armée qu’il «
s’est battu en galant homme» cela signifie qu’il s’est montré «honnête homme», respectueux des codes d’honneur et des règles en usage dans le monde. Galant, alors, signifie «habile
dans sa profession, qui entend bien les choses dont il se mêle. Vous
pouvez lui donner votre affaire à conduire, il s’en acquittera bien.
» (Littré, 1771). Mais les choses ne sont pas si claires…
Un galant homme peut en cacher un autre
Un autre sens, très différent, se développe en parallèle du premier. Ce sens –qui s’impose dans l’usage commun– désigne le Galant comme «
celui qui fait l’amour à une femme mariée ou une fille qu’il n’a pas dessein d’épouser» (Dictionnaire de l’Académie,
1694). Rappelons que «faire l’amour», à cette époque, veut dire «faire
la cour». Mais il n’y a qu’un pas des jolis mots fleuris au lit… Le
Galant est donc l’homme qui s’amuse avec les femmes, qui recherche les aventures : ses intentions ne sont pas honnêtes. «
Témoin
cet officier suisse qui rendait des visites très fréquentes à une
demoiselle. La mère de cette jeune personne, qui craignait de laisser un
prétexte à la médisance demanda un jour à cet officier sur quel pied il voyait sa fille
- Est-ce pour le mariage ou autrement, dit-elle ?
Le Suisse répondit avec assez d’ingénuité : - C’est pour autrement.»
(L’Art d’aimer en romandie, 1979).
Qu’est-ce qu’un Vert-Galant ?
«
Anciennement, bandit qui se postait dans les bois. Homme redoutable pour la vertu des femmes»,
dit Le Petit Robert (1984) de façon un peu floue. Il est probable que
l’expression «Vert-Galant» soit née à cette époque où les
Galants de feuillée
se postaient dans les bois pour attaquer les passants. Ils surgissaient
des buissons pour voler et violer. Mais ce sens est escamoté dans les
dictionnaires du XVIIe siècle qui font l’impasse sur les crimes sexuels. Pour Furetière (1690), un vert galant est un «
homme sain et vigoureux qui est propre à faire l’amour»
(conter fleurette, donc). Le Vert-Galant n’est plus qu’un homme
entreprenant avec les femmes : à peu près ce que nous appellerions un
dragueur. Le
Littré de 1771 dit : «On appelle un vert galant un jeune homme sain, vigoureux, qui est propre au plaisir».
Faut-il être dupe de la galanterie ?
En 1777, un certain Emer de Vattel décrit la galanterie comme une technique de
prédation sexuelle moins brutale et plus gratifiante que le viol. «Nous,
les hommes, dit-il, nous sommes physiquement plus forts que vous, les
femmes. Raison pour laquelle la galanterie a été inventée : pour donner
aux femmes l’illusion qu’elles ont du pouvoir sur les hommes, qu’elles
peuvent décider de leur sort, qu’elles peuvent se refuser… Moyennant
quoi, nous les hommes, nous en tirons aussi l’illusion que lorsqu’elles
acceptent, c’est parce qu’elles nous désirent».
«
C’est
pour notre propre bien, Mademoiselle, et par un raffinement de volupté
que nous autres hommes sommes astreints à tant d’égards et de respects
pour les femmes. La Nature nous ayant fait plus forts qu’elles, si nous voulions agir en maîtres, nous croirions n’être redevables qu’à la crainte, ou à une
obéissance intéressée, des plaisirs qu’elles [les femmes] nous
procurent. Nous avons pris le parti de les ériger en divinités pour
avoir la satisfaction d’en être exaucés dans nos prières. Nous nous
persuadons ensuite que nous devons notre succès à notre mérite ; et nous
éprouvons qu’il est infiniment plus doux d’obtenir de cette façon que
de prendre par force ou par autorité.
» (Lettre anonyme A une jeune demoiselle sur l’origine et la raison des respects que les hommes témoignent aux femmes, 1777).
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Les 400 culs
Qu’il soit nommé «pieu» ou «épine», «gourdin» ou «asticot»,
«anguille» ou «nouille», le pénis met toujours les lexicographes en
joie. En témoigne un livre répertoriant plusieurs centaines de citations
et de mots d’esprit : «Les Mots qui font mâle», aux éditions Hoebecke. Florilège…
Dans un ouvrage tout entier consacré aux «Mots qui font mâle», Jean Feixas et Emmanuel Pierrat
répertorient les manières les plus inventives de défendre son cas. Il y
a ceux qui vantent la taille de leurs attributs. Certains désignent
leur sexe en usant d’unités de mesures équivalentes à 25 centimètres :
le chibre, par exemple, serait – à l’origine – l’équivalent d’un empan,
c’est-à-dire la distance séparant l’extrémité du pouce et celle du petit
doigt. Vantardise
Le lexique recensé dans l’ouvrage des «Mots qui font mâle»
rassemble par ordre alphabétique environ 200 mots pour désigner les
organes génitaux masculins, d’aiguille à zob en passant par les plus
étonnantes métaphores. «Doigt sans ongle», «merveilleuse fontaine»,
«tringle à frissons», «orage», «plût-à-dieu», «Salvum me fac» («Ce qui
fait mon salut»)… Chaque mot est illustré de citations empruntées à des
poèmes anciens ou des textes licencieux parfois Très Bien Tournés. Les
verges mettent en verve et ça fait… des saillies.
La vantardise
bien sûr est de mise parmi les auteurs de textes écrits à la gloire du
«glaive» : nombreuses sont les métaphores conquérantes assimilant le
sexe à une arme de destruction massive. «Fléau», «gourdin», «mandrin» ou
«mitrailleuse»… Pour faire céder leur proie, les beaux parleurs
affirment toujours posséder des «arguments» massue.
Le
problème avec l’argument : mieux vaut qu’il soit de taille. S’il n’est
pas convaincant, l’homme s’expose à la risée. Les mots pour désigner le
pénis sont pour moitié moqueurs : «hochet», «sucre d’orge», «pissette»,
«poupon», «robinet», «virgule», «zizi»… Dans les sociétés qui assimilent
le sexe à la guerre, la métaphore du combat perdu d’avance revient
souvent : il est vain de se croire le plus fort à ce jeu-là, car les
«proies» peuvent facilement prendre leur revanche sur ceux qui les
déçoivent. En les épuisant.
Ce
que les métaphores guerrières dissimulent – quoique à peine – se ramène
donc toujours à l’expectative d’une défaite. L’arc trop tendu débande.
Le poignard s’émousse. Le pieu ramollit. De façon récurrente, les hommes
partent au front «certains d’être vaincus».
Aucune
arme aussi massive soit-elle ne résiste à sa propre puissance de feu.
Programmé pour s’autodétruire, l’homme finit toujours par capituler. Ce
que les proies soulignent avec une morgue teintée de rancœur : la
défaite de l’homme ne signe-t-elle pas leur propre impuissance à
ressusciter le désir ? Au fond, personne ne gagne.
La
proie reste sur sa faim quand son chasseur ne peut plus la «tuer
d’amour». Qui possède qui dans cet univers de mâles attrapés par la
queue ? Les voilà piégés, pareilles à de pauvres bécasses prises au
collet. Les «pantaines» sont des filets étrangleurs pour capturer les oiseaux dont la forme fait penser à un sexe de femme…
L’homme
n’est finalement rien d’autre que la nourriture «délicieuse» des femmes
dans cet univers de faux-semblants. Même les femmes qui, en théorie, ne
savent rien de la chose reprennent vie, au moins le temps de donner
leur avis sur les vits : «Ceux que je préfère…»
Le
pénis ranime les mourantes. Le pénis est la lumière dans les ténèbres.
Le pénis est un don de Dieu. Le pénis est dédié aux femmes qui – tels
des saints – montrent leurs seins afin que vers elles montent les
flammes des cierges et des vœux.
Plus
que l’aspect belliciste des métaphores sexuelles – ce que l’ouvrage
«Des mots qui font mâle» met en lumière c’est donc surtout l’ambiguïté
de ces rapports de force : les chasseurs ont besoin des proies autant
que les proies des chasseurs pour entretenir la mascarade. Sans elle, il
n’y aurait plus de course-poursuite, plus de combat, plus d’enjeu
peut-être. Peut-être qu’au fond le désir dépend de ce jeu de simulation
qui consiste à mimer tantôt le chasseur, tantôt la proie, tantôt le
vainqueur, tantôt l’effroi ?
Mais peu importe qui joue quoi, femme
ou homme, instrument pénétrant ou absorbant, outil qui perce ou qui
avale, les rôles sont interchangeables et les pénis les plus conquérants
ne sont finalement jamais que des «cœurs» à prendre, tous tremblants.
Dans
la main des vierges, le sexe des hommes frémit puis se flétrit. Il est
comme un fétu de paille et les proies le contemplent avec une feinte
indifférence, parfois même du dédain : «Je ne désire pas attirer des
choses petites comme vous».
L’image
de l’ambre ici est intéressante : elle convie tout un imaginaire du
magnétisme, figuré par dans ces pierres d’ambre – connues pour posséder
les pouvoirs électrostatiques. Ambre en Grec se dit «électron» :
lorsqu’on les frotte, elles attirent la limaille. Et c’est justement
dans ce registre de l’attraction «naturelle» que les hommes et les
femmes brodent le plus souvent la métaphore des sexes qui se dirigent
les uns vers les autres, soumis à l’inévitable conjonction, de même que
les astres pris au piège de leurs gravitations respectives. Lorsqu’une
femme accapare un homme, elle s’attriste de priver ses sœurs d’un bel
aimant ? D’un bel amant ? Les femmes elles-mêmes ne sont que des brins de paille.
On
peut donc lire ce lexique des «Mots qui font mâle» moins comme une
illustration des rodomontades masculines ou l’expression de leurs
angoisses que comme une sorte de petit théâtre dans lequel des êtres se
courent après, se fuient ou se repoussent, simulent toutes les affres
d’une guerre des sexes qui n’est qu’un jeu de rôle. Jeu de rôle dont ils
ne sont pas forcément conscients d’ailleurs… Raison pour laquelle les
hommes et les femmes ont si souvent besoin, pour justifier le désir, de
l’ancrer dans le domaine du sacré (ou du biologique, ce qui revient au
même) afin de donner une apparence de légitimité à la répartition trop
stricte des rôles dans lesquels ils se cantonnent : la plupart des
citations répertoriées par Jean Feixas et Emmanuel Pierrat trahissent
cette sorte de réflexe idéologique qui consiste à dire des sexes mâles
et femelles qu’ils sont complémentaires et aussi indispensables l’un à
l’autre que l’eau au moulin, l’anchois au saladier, la cage au
perroquet, le bonnet au Saint-Esprit ou le pied à la chaussure…
Dans la France de l’ancien régime, le vagin est nommé «petit cas» et le pénis «Ce qu’il y faut».
Traduisez :
si l’homme met «ce qu’il y faut», le cas est réglé. La paix règne et
les vaches sont bien gardées. Arrive la révolution française. Suivant un
subtil changement de paradigme, dans la France du XXe siècle, l’ordre
divin devient celui de «la nature». Aux décrets du ciel on substitue
ceux de l’ADN. Mais qui peut être dupe d’un tel tour de passe-passe ?
Personne bien sûr. A part l’immense majorité de la population qui
continue de dire que la science et la religion n’ont strictement rien à
voir. Je plaisante… bien sûr.
A LIRE : Les mots qui font mâle, de Jean Feixas et Emmanuel Pierrat, éditions Hoebecke
LIRE AUSSI : «La chose, la chose, c’est tout ce que tu sais faire» (analyse du mot chose et cas pour désigner le sexe). «J’ai envie de te… ?» (décryptage critique de la langue amoureuse). «Les mots pour le faire, les mots pour le dire» (langage de la sexualité).
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Les 400 culs
Est-il possible qu’une femme soit physiquement excitée sans s’en
apercevoir ? A la vue de films érotiques qui les font abondamment
mouiller, la majorité des femmes prétendent que ces films les laissent
«de glace». Mépris du corps ? Déni du désir ?
Si on demande aux femmes quels scénarios les excitent,
elles ont tendance à minorer. Faudrait pas avoir l’air trop «salope».
Officiellement, donc, les femmes –pour leur majorité– n’aiment pas
l’idée de se retrouver au lit avec trois hommes, ni de se faire payer
par un bel inconnu pour le rejoindre dans une chambre d’hôtel, ni les
plans hardcore, ni la sodomie, etc.
Fatiguée d’entendre toujours le même discours, la chercheuse américaine Meredith Chivers invente un appareil à mesurer l’excitation et découvre que les femmes sont excitées… même
lorsqu’elles affirment le contraire. Ces femmes mentent-elles ? «Non»,
répond Meredith Chivers, qui part du principe que ses cobayes sont de
bonne foi lorsqu’elles passent le test. Dans ce cas, comment expliquer
un tel aveuglement ? S’agit-il d’un refus inconscient de ses propres
émois, conditionné par l’éducation ? Ou d’une plus grande «capacité» de
faire la part des choses entre les manifestations physiologiques et
l’excitation mentale ? Plusieurs hypothèses sont possibles.
Excitée sans le savoir
La
première hypothèse repose sur l’idée d’une disparité fonctionnelle entre
le pénis et le vagin. En d’autres termes : il est cliniquement possible
que la femme soit excitée sans le savoir. Dans Le Secret des femmes*, Elisa Brune et Yves Ferroul l’expliquent ainsi : «Un
clitoris peut être gorgé de sang et gonflé en érection sans que sa
propriétaire en soit le moins du monde au courant. Situation impossible
pour un pénis dont l’aspect crie son état sur tous les toits. Raison,
sans doute, pour laquelle excitation mentale et excitation physiologique
sont plus étroitement liées chez l’homme que chez la femme. Raison
aussi pour laquelle la probabilité de masturbation spontanée est plus
grande chez les garçons que chez les filles. Une érection visible, d’un
côté, va induire un comportement de curiosité et de renforcement de
l’excitation, alors qu’une érection invisible, de l’autre côté, va
laisser le champ ouvert à une multitude de ressentis différents :
excitation, ou gêne, ou malaise, ou incompréhension, ou saute d’humeur,
ou inconscience pure et simple. Est-ce pour cela que 54 % des hommes
disent penser au sexe au moins une fois par jour, contre seulement 19 %
des femmes ?»
«On peut donc être
excitée, poursuivent-elles, sans le savoir, et ce même lorsqu’on baigne dans une ambiance
sexuelle. Lorsqu’on soumet des hommes et des femmes à des stimuli
pornographiques, les réponses physiologiques sont équivalentes en
rapidité et en intensité (mesurée par l’augmentation du débit sanguin
dans les organes génitaux qui lui-même induit la lubrification chez la
femme). À cette différence près que les femmes déclarent souvent ne
ressentir aucune excitation (là où les hommes sont parfaitement
conscients de ce qui se passe).» Pour Elisa Brune et Yves Ferroul, il est physiologiquement possible pour une femme
de rester sourde aux appels lancés depuis sa culotte. Mais cette
surdité est-elle une bonne chose ? Culturellement, les femmes sont
éduquées à nier leurs désirs. Si elles se bouchent les oreilles,
refusant d’entendre ce que le corps leur dit, faut-il se contenter de
dire «C’est comme ça ?». Ou faut-il inciter les filles à se fier plus à
leurs sensations physiques qu’à la morale répressive ambiante?
Désolante psychologie évolutionniste
La
question est difficile car il se peut fort que les sécrétions vaginales
n’aient POUR DE VRAI rien à voir avec l’excitation mentale. «On
a déjà constaté des vagins lubrifiés lors de viols, ce qui ne veut pas
dire pour autant qu’il y avait consentement ou plaisir, raconte Elisa Brune. La paroi vaginale répond du tac au tac lorsqu’on a besoin d’elle, quel que soit le scénario.»
Le problème avec cette hypothèse-là, c’est qu’elle est récupérée par
des adeptes de la psychologie évolutionniste et détournée à leur
profit : ils affirment que la «vasocongestion réflexe» du vagin (le fait
que les femmes se mettent à mouiller dès qu’elles sont confrontées à
des corps nus ou des situations sexuelles) «pourrait
être le résultat d’une adaptation évolutive rendant la femelle apte au
coït plus rapidement, c’est à-dire indistinctement à la moindre alerte,
ce qui la protègerait des blessures en cas de sollicitation brutale.» Idée rancie, sous-tendue par une idéologie scientiste qui ramène systématiquement le désir à sa seule dimension biologique.
Il
est toujours désolant de constater que les résultats de recherche qui
devraient nous amener à poser de vraies questions sur ce que nous sommes
(ou ce que nous voulons) sont mises au profit d’un discours –rabâché ad nauseam– réduisant la sexualité à n’être qu’un instinct primal, puis qu’un
programme génétique, hérité du Pléistocène. C’est le même discours que
celui qui consiste à dire : la pornographie est une drogue, puisqu’elle
réduit notre self-control ; les hommes sont naturellement des violeurs
polygames attirés par le rapport taille-hanche de 0,7 ; les femmes sont
naturellement des harpies frigides, possessives et monogames… Il est
désolant de constater que ce discours, désespérant car rempli de mépris
envers la complexité humaine, reste la réponse à tout lorsque nous
sommes confrontés à des données étranges. Pourquoi les femmes
s’excitent-elles sur les bonobos qui copulent et pas les hommes ?
Ouvrir de nouvelles pistes
Dans un article datant du 21 mars 2014, le chercheur Martin Baker (1) avance : «Lorsque
Meredith a fait cette curieuse découverte, elle avait bien conscience
que ça ne collait pas avec la doxa. La doxa veut que les mâles humains
soient excités par le fait de multiplier leurs partenaires et que les
femelles humaines, au contraire, ne soient excitées que par la tendresse
et l’amour. Le problème que soulève la contradiction entre ce qui les
excite physiquement et ce qu’elles prétendent devrait pourtant nous
encourager à ouvrir de nouvelles pistes de réflexion sur la sexualité.»
Après quoi, Martin Baker propose son analyse : «Nos
corps réagissent à certaines images et, ce faisant, nos corps nous
encouragent à définir ce qu’est le sexe et la sexualité suivant des
critères physiologiques… Nous sommes des créatures remplies de désir
pour le sexe, mais également remplies d’attirance pour le désir
lui-même. Quand nous grandissons, nous devenons conscient de la
possibilité du sexe. Nous apprenons à identifier les réponses
physiologiques de nos corps aux possibilités sexuelles. Nous apprenons
également à nous définir en fonction de ces réponses : il y a des choses
qui nous excitent et d’autres pas. Cela fonde notre identité (sexuelle,
mais pas que). Nous apprenons à comprendre qui nous sommes en comparant
ce qui nous excite avec ce qui excite les autres et à voir le monde
comme un champ ouvert d’interdits ou de possibilités. Ainsi se construit
notre univers fantasmatique, à la croisée du corps, du moi et des
normes culturelles. Les trois sont nécessaires et il serait intéressant
de réfléchir sur la sexualité entendue comme le résultat d’une
interaction entre ces trois univers».
* Le secret des femmes, d’Elisa Brune et Yves Ferroul, Odile Jacob.
«Que veulent les femmes», de Daniel Bergner, éd. Hugo&cie (collection Hugo doc).
(1) «The «problem«of sexuel fantasies», publié dans la revue Porn Studies.
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Les 400 culs
Pourquoi les femmes à qui on montre des images de sexe affirment-elles que cela ne les excite pas alors que des appareils de mesure installés sur leur corps enregistrent un afflux sanguin brutal, accompagné d’un taux de sécrétion vaginale intense ? Leur culotte est trempée mais les femmes nient. Inconscience ? Mensonge ? Déni ?
On dit que les hommes sont des animaux et qu’ils aiment le sexe bestial. Les femmes, elles, seraient chaudes uniquement pour leur bien-aimé et les «gros câlins»… Vrai ? Faux ? Dans les années 2000, une psychologue américaine se met en tête d’enquêter. Elle s’appelle Meredith Chivers. Son père –colonel dans l’armée de l’air canadien– construit des cockpits pour les avions à réaction. Il transmet à sa fille l’amour des études empiriques. Petite, Meredith fabrique d’abord des labyrinthes pour ses hamsters puis un réfrigérateur miniature complet pour sa maison de poupée. Grande, elle étudie les neurosciences, la biophysique, la biochimie puis s’inscrit à un cours de sexualité durant lequel, un jour, l’enseignant projette des images en gros plan d’une vulve. Cris de dégoût dans l’amphithéâtre… essentiellement émis par les filles.
Dans un livre consacré à cette étonnante chercheuse –Que veulent les femmes*– Daniel Bergner souligne que «les gros plans d’un pénis ne soulèveront pas la moindre vague de protestation chez les étudiants des deux sexes.» Meredith Chivers trouve cela injuste. Aussi injuste finalement que le stigmate qui frappe toutes les filles dites «libérées», assimilées à des femmes publiques, des traînées. Pourquoi seraient-elles des putes ? «Parce que leurs fantasmes sont des fantasmes d’hommes», affirment certaines pseudo-féministes. Il y aurait donc des fantasmes différents selon les sexes ? Meredith Chivers se dit qu’il y a là un mystère à résoudre. Alors, elle fabrique un engin baptisé pléthysmographe, «un petit appareil muni d’une ampoule et d’un capteur de lumière miniatures que l’on insère dans le vagin.»
Les femmes réagissent à tout, et assurent ne réagir à rien
C’est un appareil destinée à mesurer le degré d’excitation des femmes (1). Il n’y a plus qu’à le tester. Meredith Chivers fait subir à ses cobayes la même expérience : des femmes «équipées» du pléthysmographe, confortablement assises dans un fauteuil, sont soumises à une série de films pornographiques ou documentaires sur un écran d’ordinateur : sodomie homosexuelle, coït hétéro, masturbation, nudité, lesbianisme (2)… Les résultats sont surprenants. Plus tard, Meredith Chivers invente un autre appareil à mesurer l’excitation des hommes et compare. Il s’avère que les hommes, pour leur majorité, réagissent physiologiquement à toutes les scènes qui correspondent à leurs goûts propres. Quand on leur demande quelles scènes les excitent, leurs réponses coïncident exactement avec ce que l’appareil a enregistré. Les femmes, en revanche… Non seulement tout les excite mais elles prétendent que rien ne les excite…
Pour le dire plus clairement : alors que les hommes bandent à la vision de leur activité de prédilection (et pas pour le reste), les femmes, elles, sont excitées de façon égale pour tous les stimuli, même lorsqu’il s’agit de vidéos montrant des singes bonobos qui copulent. Dans Le secret des femmes, Elisa Brune et Yves Ferroul s’étonnent : «Les femmes répondent même aux images de sexualité animale, alors que les hommes restent de marbre. Pourquoi les femmes mouillent-elles devant des bonobos qui forniquent ?». Plus curieux encore : alors que les femmes mouillent pour tout et pour n’importe quoi (dès lors que cela montre de la nudité, des caresses, de la masturbation ou des pénétrations), elles affirment toujours ne rien ressentir. Ou plutôt, elles affirment être davantage excitées par des images de porno soft, centrées sur la femme, c’est à dire par les scènes les plus «gentilles» du répertoire de films qu’on leur montre. En d’autres termes : ce qu’elles disent avec leur tête ne correspond pas à ce qu’elles disent avec leur vagin. Qu’en déduire ?
Meredith Chivers reste prudente lorsqu’il s’agit d’expliquer ces résultats. Ce serait idiot de dire que les femmes mentent. Mais si les femmes ne mentent pas, cela signifie-t-il qu’une femme peut réellement ignorer ce qu’il se passe dans son corps ? Serait-elle à ce point ignorante de ses émois ? Ou méprisante de son corps ? Ou conditionnée à nier l’évidence ?
La réponse lundi prochain.
*«Que veulent les femmes», de Daniel Bergner, éd. Hugo&cie (collection Hugo doc).
Note : Ce livre est intéressant en ce qu’il retrace les recherches de Meredith (entre autres), mais l’auteur, journaliste pour le New York Times, part du principe que «l’homme est animal, que sa libido le pousse instinctivement vers la quête sexuelle» etc. Bien qu’il défende ces idées périmées, héritées du XIXe siècle, l’entreprise de Daniel Bergner mérite cependant d’être saluée : il affirme que la femme aussi est «animale», et appuie son propos sur les découvertes de la dernière décennie. Ces découvertes battent en brèche la théorie de la femme «programmée pour la monogamie» défendue par les tenants de la psychologie évolutionniste. Un pavé dans la mare, donc.
(1) Comment fonctionne-t-il ? «La fine ampoule transparente de 5 cm du pléthysmographe émet une impulsion lumineuse contre les parois vaginales et évalue son intensité en retour, permettant ainsi de mesurer l’affluxe sanguin dans le vagin. Un afflux sanguin déclenche ce que l’on nomme une transsudation vaginale, la sécrétion d’un lubrifiant par les pores de la muqueuse vaginale. Indirectement, donc, le pléthysmographe mesure l’intensité de ces sécrétions. » (Que veulent les femmes», de Daniel Bergner, éd. Hugo&cie)
(2) Chaque film dure 90 secondes. Entre chaque film, les sujets sont soumis à une vidéo neutre pour ramener leur corps à la normale : il s’agit de «refroidir» celles qui auraient pu s’exciter à la vue d’un coït, d’un corps nu, d’une scène lesbienne, gay ou autre. Les vidéos sont extrêmement diverses : homme seul, femme seule, masturbation solitaire ou à deux, pénétration homosexuelle, hétérosexuelle, etc. Il y a aussi un film montrant des singes qui copulent.
Spéciale dédicace à Eleonore Lépinard et Marylène Lieber
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Les 400 culs
A quoi ressemble l’intérieur du vagin ? L’artiste Stephen Marsden a reproduit l’organe, dix fois plus grand que nature. Pour voir dedans, il faut coller son œil contre le petit trou qui passe… à travers une vulve. Cette œuvre étonnante est exposée en vitrine sur une rue très passante de Millau (Aveyron).
En 2003, la firme japonaise Nippori Gift lance la reproduction hyperréaliste du vagin de l’actrice Maria Ozawa, en affirmant avoir eu recours à la technologie du scanner tridimensionnel. Le vagin de silicone, accompagné d’un acte d’authentification, est vendu sous le nom de Meiki («Morceau de choix»). L’intérieur du Meiki reconstitue minutieusement les plis de l’épithélium et le col de l’utérus, au grain de muqueuse près. Pour couronner le tout, Nippori Gift passe commande d’un lubrifiant qui reproduit la texture exacte des fluides émis par Maria Ozawa lorsqu’elle se masturbe… Ce lubrifiant est conçu par la firme Nakajima chemicals à partir d’un prélèvement de la cyprine de l’actrice. La fiche technique du produit stipule que les prélèvements ayant été faits peu de temps avant que Maria ait ses règles, sa cyprine était un peu plus visqueuse que d’habitude. Afin de donner au lancement de ce produit hors-norme une valeur supplémentaire Nippori Gift le vend dans une boîte en bois de paulownia – bois habituellement réservé aux cendres des morts et aux objets précieux – comme s’il s’agissait d’une relique ou d’une dépouille sacrée.
Une porte sur la troisième dimension du plaisir
Il s’agit bien plus que d’un faux vagin destiné à se masturber affirme Nobuo Oku, président de la firme. Il s’agit d’une porte. Et cette porte ouvre (ainsi que l’indique la fiche produit) sur «la troisième dimension du plaisir β» (kairaku mujigen bêta, 快楽無次元ベータ). Le mot mujigen signifie «sans dimension» dans le vocabulaire de la physique. Très proche du mot mugen («infini», «éternité», 無限), mujigen évoque la sensation d’étrangeté provoquée par le non-espace, l’impression de basculer entre les mondes et de percevoir des choses qui se situent hors de nos perceptions physiques. Sur le plan symbolique, la boîte renvoie à l’idée du véhicule vers un autre monde. Et la femme, justement, n’est qu’une boîte, lorsqu’elle porte l’enfant à venir qui lui-même n’est qu’une boîte renfermant les germes d’une humanité…
Voilà peut-être pourquoi lorsque, dix ans plus tard, l’artiste Stephen Marsden se procure le Meiki c’est pour en faire la matrice, au sens propre, d’une œuvre interrogeant l’idée du passage. Au départ, son projet est simple : il veut reproduire le Meiki en augmentant sa taille par 4 et en faire l’équivalent de ce qu’il représente aux yeux d’un bébé de neuf mois. La première étape consiste à verser du plâtre liquide à l’intérieur du Meiki afin d’en prendre l’empreinte. Surprise. Lorsque Stephen Marsden fend la coquille en chair de silicone, il découvre avec étonnement une petite sculpture aux allures de femme enceinte, comme si l’intérieur du vagin n’était lui-même qu’une réplique miniature et creuse d’une silhouette gravide. «C’était une reproduction étonnante de la Venus de Willendorf», s’exclame Stephen. Il se demande quelle importance accorder à cette étrange coïncidence. Contemplant ce moulage de vagin, la forme en négatif d’une femme sur le point d’accoucher et dont la vulve charnue appelle, il songe qu’elle ressemble aussi aux nuages dont parle Stéphane Audeguy dans le roman La théorie des nuages. C’est l’histoire (entre autres) d’un météorologue, Abercrombie, qui voyage à travers le monde pour prendre des photos de nuages et pour les répertorier… Or voilà qu’au fil de sa recherche, il croise des femmes dont l’anatomie semble intimement liée à ce qui passe en se décomposant dans le ciel. Il regarde leur sexe à n’en plus finir et y voit comme une voûte chargée d’orages, un céleste horizon où se lève et se couche d’autres soleils que le nôtre. Il s’y perd.
Stephen lui aussi s’y perd. Ses tentatives de moulage de la partie externe du Meiki (la vulve) ne donnent aucuns résultats. Alors il va chercher auprès de femmes de chair et d’os le sexe qui viendra parfaitement s’accorder avec le conduit vaginal de Maria Ozawa. Prince charmant en attente du pied qui se moulera parfaitement dans son chausson… Stephen se met à mouler toutes sortes de vulves (toutes sortes d’amies se prêtent au jeu). Dans sa tête, les sexes de femme deviennent des formes en creux qu’il regarde comme à l’envers, de l’intérieur. Le jour vient où il réussit à la trouver, LA vulve. Il la rapporte dans son atelier. C’est le moule d’une moule, littéralement, qu’il faut ensuite décomposer en pièces disjointes, agrandir, recomposer, puis connecter avec la grotte vaginale géante à laquelle elle est reliée par un canal étroit, aussi étroit que le nerf optique reliant l’œil au cerveau… La pièce finale près 120 kilos. Elle est placée de façon très spectaculaire face à la rue. Les passants, les badauds, enfants, curieux, vieux, qu’ils soient contents ou mécontents… tous ceux qui déambulent dans le centre de Millau finissent par tomber sur cette œuvre. L’espace d’exposition se nomme V.R.A.C. : Vitrine Régionale d’Art Contemporain. Cet espace d’exposition tenu et animé par des bénévoles férus d’art – Stéphane Got et Marie Demy – offre tous les deux ou trois mois une œuvre originale, conçue spécifiquement pour entrer dans l’espace cubique de cette galerie d’un genre unique. Elle ouvredirectement sur la rue. Et la rue a directement vu sur l’œuvre.
Le point de vue du nourrisson
«Quand la vulve a été placée contre la vitrine, comme une sorte de ventouse suçant le verre, il y a eu un mouvement de panique. C’était trop violent peut-être cette vulve en pleine rue… Mais à ce moment-là une jeune femme est passée et elle a dit «C’est chouette, vu la période». Je lui ai demandé pourquoi elle disait ça. «On est en pleines fêtes de Noël et je trouve que c’est plus original qu’une crèche, pour célébrer l’idée de naissance.» Stephen se sent soulagé. Il ne veut certainement pas choquer, au contraire. Raison pour laquelle il n’a pas mis de pilosité sur la vulve, afin de lui ôter le caractère trop charnel que prend un sexe au naturel. Il veut au contraire que les gens n’aient pas peur. La partie vulve, comme une lucarne, est conçue pour inciter le spectateur à s’en rapprocher, afin de regarder à travers, coller son œil comme à un trou de serrure. Il faut, littéralement, passer de l’autre côté pour comprendre la beauté secrète de l’ouvrage, baignant dans les couleurs chaudes d’une lumière orange…
En surface, l’œuvre est une vulve. En vérité, il s’agit d’un vagin. Stephen a d’ailleurs prévu des petites portes sur les pourtours de l’œuvre, afin que – le jour où son œuvre sera disponible dans un espace ouvert – le public puisse comprendre ce qu’un nourrisson voit (en théorie) lorsqu’il fixe le bout du tunnel… Ou ce qu’un homme pénètre, à l’aveugle. On peut donc regarder l’œuvre sous des angles divers. L’intérieur recèle toutes sortes de surprises, suivant les angles de vue. L’œuvre elle-même ne cesse de changer suivant la lumière. Sous le soleil, elle a un côté provocant. La nuit, elle se voile d’ombre et prend l’allure d’une lanterne chinoise, éclairée de l’intérieur.
«De loin, on dirait un œil fantomatique, avec l’éclat rouge de la prunelle, dit Stephen. Elle change tout le temps de couleur, suivant le temps qu’il fait, ce qui la rend très météorologique… J’ai souvent l’impression que le temps affecte notre état d’âme. Le désir sexuel est imprévisible également, capricieux comme le ciel. Alors, en exposant la vulve à tous ces changements climatiques c’est comme lui donner la possibilité d’avoir ses humeurs, elle aussi».
Dans la ville de Millau, les réactions sont très diverses. Une nuit, des citoyen(ne)s ont joliment encadré la vulve en collant de la moquette afin qu’elle prenne du poil. Stephen était ravi. Une autre nuit, ils ou elles ont posé une serviette hygiénique géante sur la vitrine : façon de rappeler à la vulve son destin de femme ? «J’ai vu un peu de tout comme réactions, raconte Stephen. J’ai vu des mères qui éloignaient leurs enfants comme s’il fallait les protéger. J’ai aussi vu une femme avec ses trois petites filles qui les encourageaient à poser des questions sur le «zizi femelle». Elle m’a dit qu’elle était sage-femme.» Stephen rencontre aussi un gynécologue pour un projet à suivre : montrer l’intérieur, mais avec un plus grand respect des formes originales. Il semblerait en effet que le vagin certifié conforme de Maria Ozawa ne soit pas tout à fait respectueux de la morphologie humaine… Des striures auraient été rajoutées, par exemple. Il y a donc encore du pain sur la planche avant de savoir, et de voir, à quoi ressemble «pour de vrai» un vagin. Cet espace a-t-il vraiment la forme d’une Vénus préhistorique ? Ou bien celle d’un nuage ?
Œuvre «L’anatomie des nuages», de Stephen Marsden, au VRAC : Vitrine Régionale d’Art Contemporain. Du 29 novembre 2014 au 15 février 2015.
Adresse : Vitrine régionale d’art contemporain, Hôtel de Tauriac / Beffroi, 12100 Millau.
Note. La longueur de la vulve sur le moulage à l’échelle 1 (grandeur nature) fait 9,5 cm. Agrandie, la reproduction de vulve géante fait 132 cm. De l’entrée de la vulve jusqu’au col de l’uterus qui marque le fond du conduit vaginal, l’œuvre fait 215 cm. L’organe, si les calculs sont bons, est donc reproduit à l’échelle 1/13,9… Ehhh pardon, 13,9/1 (Merci à Peji46 pour la correction !).
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A quoi ressemble l'intérieur du vagin ? L'artiste Stephen Marsden a reproduit l’organe, dix fois plus grand que nature. Pour voir dedans, il faut coller son oeil contre le petit trou qui passe… à travers une vulve. Cette oeuvre étonnante est exposée en vitrine sur une rue très passante de Millau.
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Les 400 culs
Un hétéro, une lesbienne, ne sauraient que se réjouir de passer un moment en sa compagnie… Et pourtant. Si une femme, inconnue, se présente nue en frappant à votre porte, si elle réclame du sexe, il y a de fortes chances que vous appeliez la police. Pourquoi ?
Il existe depuis les années 70 une théorie relativement peu connue du grand public en France : la théorie des scripts sexuels. Elle repose sur l’idée que la sexualité ne relève pas d’un besoin physique «naturel», ni «instinctif», inscrit en nous à la naissance. Elaborée par deux sociologues américains – John Gagnon et William Simon – cette théorie repose sur un constat simple : il y a plein de situations qui désamorcent la sexualité. En d’autres termes : c’est la situation qui excite (ou pas). Un exemple ? «Prenez un homme ordinaire de la classe moyenne […] et envoyez-le en voyage d’affaires, ou pour raisons professionnelles, dans un grand hôtel relativement anonyme. En retournant à l’hôtel le soir, il ouvre sa porte et là, dans la pénombre du couloir, il distingue une femme extrêmement séduisante et presque nue. On peut tout à fait penser que l’excitation sexuelle ne va pas être sa première réaction. Une petite minorité d’hommes – ceux qui sont un peu plus paranoïaques que les autres – vont tout d’abord chercher à identifier les signes de la présence de l’avocat de leur femme ou d’un détective privé. La majorité d’entre eux optera tout simplement pour une retraite embarrassée et précipitée. Même de retour dans le couloir et voulant vérifier le numéro de sa chambre, notre homme n’aura pas de réaction sexuelle. Il retournera plus probablement à la réception pour élucider le problème et utilisera le téléphone, qui est affectivement neutre. Dans cette situation, il manque un script efficace qui autoriserait cet homme à définir cette femme comme acteur érotique potentiel (le simple fait qu’elle soit séduisante ou presque nue n’est pas suffisant en soi) et la situation comme potentiellement sexuelle».
Il ne suffit pas d’avoir des organes génitaux pour avoir envie
Ce texte est de John Gagnon. On lui doit d’avoir, bien avant Michel Foucault, remis en question l’idée selon laquelle la sexualité relèverait d’un besoin physique, voire biologique. Cette idée, héritée de Freud et Kinsey, établit que nos désirs sont inscrits en nous de naissance et nous programment pour assurer la survie de l’espèce. Gagnon s’étonne : si c’était vrai, nous devrions être capables de bander ou de mouiller pour n’importe quel partenaire sexuel potentiel. Pourquoi n’est-ce pas le cas ? L’explication la plus courante veut que l’humain soit une boule de pulsions à l’état naturel mais qu’à l’état civilisé, il ait appris à se contrôler. En d’autres termes : si la société existe c’est pour canaliser notre instinct sexuel. De nos jours encore, cette explication est défendue aussi bien par le courant psychanalytique hérité de Freud que par le courant behavioriste hérité de Kinsey. Ces deux courants partagent l’image prédominante d’un «instinct sexuel considéré comme une exigence biologique fondamentale qui s’exprime de manière autonome et qui doit être contrôlé par la matrice culturelle et sociale».
Cette vision de la sexualité ne colle pas avec les faits, remarque Gagnon. Dans la réalité, l’excitation est psychique, non pas physiologique. Faire l’amour, ce n’est pas «comme si l’on frottait deux bâtons pour faire du feu.» Il ne suffit de produire un peu de chaleur corporelle pour que l’orgasme se produise. Dans les faits, énormément d’actes en apparence érotiques ne le sont pas : «la palpation des seins dans le dépistage du cancer, l’examen gynécologique, l’insertion d’un tampon dans le vagin, le bouche-à-bouche lors d’une opération de secourisme.» Lorsqu’un homme exhibe son pénis en surgissant d’une porte cochère, vous avez peur, vous n’êtes pas excité(e)s. Dans les faits, un indien des plaines n’est pas excité par les mêmes choses qu’un pèlerin huguenot. Un Japonais n’est pas excité par les mêmes choses qu’un Africain. Il ne suffit pas d’avoir des organes génitaux pour avoir envie. Ni d’en voir, ni d’en toucher, ni de se faire toucher. Pourquoi ? Parce que, pour devenir sexuelle, une situation doit correspondre à ce que Gagnon et Simon appellent un «script», c’est-à-dire un scénario conforme à ce que vous avez appris à considérer comme excitant. Il faut aussi que votre partenaire partage cette vision des choses, d’ailleurs. Ceux et celles qui fantasment sur le fait d’être une «salope», trouvent rarement excitant d’être au lit avec quelqu’un qui les méprise et les insulte au premier degré.
Pour être sexuelle, une situation doit correspondre à quelque chose que vous avez appris à considérer comme sexuelle, continue Gagnon. Par exemple : si vous avez appris que l’anus d’un homme (un «vrai») est intouchable, il y a peu de chances qu’un doigt dans le cul vous excite. Mais si vous avez appris qu’il y a un point G dans l’anus, et pour peu que vous ayez fait l’expérience de cette caresse, vous serez très excité qu’on vous la propose. Les scripts se construisent d’ailleurs toujours à plusieurs niveaux. Au niveau social, familial, il s’agit de scénarios qu’on vous apprend à considérer comme l’ordre des choses : «Quand tu auras 13-15 ans, tu tomberas peut-être amoureuse, vous prévient votre mère. A ce moment-là, le garçon voudra t’embrasser…». Le script social c’est l’ensemble des actes prescrits ou interdits que les enfants, en grandissant, apprennent à interpréter comme des choses excitantes : on leur dit que le baiser doit se faire avec la langue (ce qui, a priori, est plutôt dégoûtant), qu’il faut d’abord un rendez-vous avant le passage à l’acte et d’abord des préliminaires avant la pénétration… Dans la société contemporaine, un certain nombre d’attitudes, de postures, de conduites sont présentées comme ayant une valeur sexuelle et c’est pourquoi, afin de se rendre excitant(e)s, les femmes portent des talons aiguilles et les hommes des symboles pouvoir qui, dans d’autres cultures, sont regardés avec étonnement… Autres cultures dans lesquelles prolifèrent des signaux sexuels que nous sommes incapables de «voir», à moins d’être initiés.
Le script, le scénario il faut le construire
Mais les scripts ne sont pas que sociaux. Ils se construisent aussi au niveau individuel. Chaque personne apprend à se construire avec et contre la norme ambiante, par confrontation de ses scénarios personnels avec ceux que sa communauté d’appartenance lui prescrit et ceux que ses partenaires veulent lui faire partager. Chaque rencontre offre l’occasion de découvrir des scripts différents, avec lesquels «arranger» les siens. «On observe une lutte permanente entre les groupes et les individus pour faire valoir leurs propres scénarios», raconte Gagnon, qui analyse l’évolution des sociétés comme une forme de lutte permanente entre ce que le système dominant (la famille, l’école, la religion, la culture, la loi, l’armée, les entreprises, etc.), désigne comme «bonne sexualité» et ce que nous trouvons, nous personnellement, excitant. Toute la dynamique sociale s’enroule autour de cette lutte permanente, grâce à laquelle on se construit, ajoute Gagnon qui définit la sexualité comme le moteur de notre évolution personnelle et collective. Avec lui, le désir n’est plus cette pulsion bestiale contre laquelle nous devons nous battre, mais au contraire cette graine que la civilisation place en nous afin de nous aider à devenir plus adulte, plus autonome, plus apte à jouir de la vie et à donner du sens à nos existences. Avec la théorie des scripts (1), «plus que l’expression culturellement censurée d’un instinct, le désir apparaît comme le mouvement vers un possible».
Les scripts de la sexualité. Essais sur les origines culturelles du désir, de John Gagnon. Traduction : Marie-Hélène Bourcier. Préface d’Alain Giami. Editions Payot.
A lire : «Les constructions sociales de la sexualité», de Michel Bozon et Henri Leridon. In: Population, 48e année, n°5, 1993 pp. 1173-1195.
«Présentation de l’article de John Gagnon», de Michel Bozon et Alain Giami. In: Actes de la recherche en sciences sociales. Vol. 128, juin 1999. Sur la Sexualité. pp. 68-72.
(1) La formule finale est extraite du texte co-signé par Bozon et Giami.
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Les 400 culs
Un hétéro, une lesbienne, ne sauraient que se réjouir de passer un moment en sa compagnie… Et pourtant. Si une femme, inconnue, se présente nue en frappant à votre porte, si elle réclame du sexe, il y a de fortes chances que vous appeliez la police. Pourquoi ?
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Les 400 culs
Dans un ouvrage initiatique mêlé d’érudition, un «professeur de philosophie» raconte son parcours dans les méandres d’une pratique sexuelle honnie : le fist fucking. Cette pratique serait née au sous-sol des Catacombes. Tout comme le christianisme ?
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Les 400 culs
Dans un ouvrage initiatique mêlé d’érudition, un «professeur de philosophie» raconte son parcours physique et mental dans les méandres d’une pratique sexuelle honnie : le fist fucking. Cette pratique serait née dans un club au nom révélateur : Les Catacombes. Tout comme le christianisme?
Comme pour «mieux jouir de la nouveauté formidable du présent», on se berce toujours d’illusions, pensant être les premiers, les pionniers de pratiques sexuelles inouïes… Mais l’illusion selon laquelle l’histoire se déroulerait suivant le fil d’un progrès constant, nous éloignant d’ancêtres forcément barbares et ignares ne tient pas l’épreuve de la réalité.
Dans un livre à la fois philosophique et masturbatoire – Fist, aux éditions La Découverte –, celui qui se cache sous le nom de Marco Vidal, «professeur de philosophie et romancier», nous entraîne avec lui dans une enquête portant sur l’illusion du «progrès». Sa réflexion s’appuie sur une pratique encore peu connue du grand public, fortement décriée, condamnée. Et pour cause : le fist-fucking ne serait sorti de l’ombre que dans les années 70. La doxa veut que cette pratique ait vu le jour au XXe siècle. Elle serait née dans un club de San Francisco, Les Catacombes, surnommé par l’anthropologue Gayle Rubin le «Temple du trou du cul». «La première fois que j’entendis parler des Catacombes, ce nom éveilla en moi les images de ces souterrains peuplés de tombes de la Rome antique, où les premiers chrétiens se réfugiaient pour échapper à la persécution de l’État et pratiquer leur religion hors la loi aussi secrètement qu’il leur était possible».
7 mai 1975, les Catacombes ouvrent leurs portes
Marco Vidal se prend de passion pour le sujet… Citant Gayle Rubin, il raconte : au départ des Catacombes, il n’y avait qu’un «nid d’amour» aux allures de caveau. C’était le boudoir cuir et acier d’un gay, Steve Fritscher et de son amant. Ils avaient aménagé le sous-sol d’un bel immeuble qu’ils habitaient au sud de la 21e rue puis l’avaient agrandi afin d’y convier des amis ou amis d’amis, suivant le système strict du parrainage. «Pour être invité aux soirées, il fallait être sur la liste de Steve. Pour être sur la liste de Steve, il fallait être recommandé par une de ses connaissances, et souvent il fallait également passer un entretien.» L’activité de ce club avait commencé le 7 mai 1975. Cette année même, Steve avait imposé la présence d’une amante bisexuelle, Cynthia Slater, qui rapidement y fit venir ses amies. Le club était donc mixte. Chaque vendredi, dès 1979, l’activiste Pat Califia investissait les lieux pour des soirées exclusivement réservées aux femmes… auxquelles Steve et un amant assistaient. Le fist n’était donc, dès le départ, pas réservé aux gays. C’était au contraire une pratique réunissant tous les sexes et tous les styles de sexualité. Il suffisait d’avoir une main et un cerveau pour la pratiquer.
C’est ici que Marco Vidal s’interroge : s’il suffit d’une main et d’un cerveau, comment se fait-il que le fist n’ait vu le jour qu’au XXe siècle ? «Selon moult commentateurs, le philosophe et historien français à l’origine de l’opinion que le fist fucking serait l’unique contribution des modernes à l’arsenal sexuel serait… Michel Foucault en personne.» Marco Vidal décide de vérifier. Avant les Catacombes, n’existait-il pas d’autres clubs ? Avant ces autres clubs, n’existait-il pas déjà des hommes et des femmes adeptes du fist ? «Le fist fucking ne figure pas dans le rapport Kinsey de 1948 et il faut attendre les années 1960 et la création du TAIL [Total Anal Involvement League, Ligue pour l’engagement total dans le cul, NdA] pour qu’un groupe de 1 500 personnes revendique sa pratique aux États-Unis. L’anthropologue Gayle Rubin reprend l’affirmation, suivie par l’helléniste et théoricien queer David Halperin. Deux lignes auront suffi à populariser l’idée – pour ne pas dire le dogme – que le fist fucking serait d’invention récente. Aucune source n’atteste la pratique dans le passé : rien sur les cratères grecs, les estampes orientales, les gravures licencieuses, la photographie du XIXe siècle. La main dans le cul jaillit entre la côte Est et la côte Ouest des États-Unis à une époque guère éloignée de la nôtre…».
De San Francisco au Cantique des cantiques
Marco Vidal n’a pas la prétention de faire mieux que les historiens, mais il retrouve cependant les traces possibles de pratiques proches du fist dans des documents anciens. «Il ne s’agit pas de révéler ce qui aurait été caché, précise-t-il avec délicatesse, pas davantage de substituer une vérité à une vérité. […] Car ce qui est vrai d’une époque l’est de toutes, chaque fragment du passé étant susceptible de révéler des lignes occultées par les formes mieux connues qui occupaient le devant de la scène.» Laissant «battre le cœur vivant de l’histoire, jamais aussi univoque qu’on veut bien le croire», Marco Vidal cite un texte du Marquis de Sade qui parle d’une main enfoncée «jusqu’au poignet» dans un anus (La Philosophie dans le boudoir, 1795). Il cite aussi des ouvrages médicaux (1838, 1877, etc.) évoquant des massages d’un genre particulier… Il mentionne au passage les effrayantes descriptions d’empalement dont les détails à faire frémir flirtent avec l’érotisme… Tous ces éléments glanés au fil de sa recherche pourraient laisser penser qu’après tout, oui, Foucault avait tort. Mais Marco Vidal, encore une fois, s’interroge… avec infiniment de doigté.
Le fist n’est pas forcément réductible à l’acte d’enfoncer 5 doigts au-delà des dernières phalanges, dit-il. Il se peut en effet que le fist soit bien autre chose que l’insertion anale-génitale d’une main (au lieu d’un godemiché ou d’un pénis). C’est ici que sa réflexion devient véritablement lumineuse… Ce qui, en matière de fist, peut sembler paradoxal ne l’est pas, au contraire. Pour Marco Vidal, la sexualité va bien au-delà des figures de style corporelles. On ne peut pas résumer une pratique sexuelle en termes d’emboîtements d’organes et d’orifices. C’est pourquoi, balayant d’un revers toutes ses recherches, il conclut que finalement, oui, Foucault avait probablement raison… Ou presque.
Au XXe siècle, l’acte de fister correspond non pas au désir de procurer un équivalent manuel de la pénétration génitale mais à celui, inédit, de «franchir le sphincter», dit-il. «Franchir le sphincter, c’est pousser la porte d’une forge formidable, un foyer à la chaleur infernale. Introduite aux marges de l’anus, la main est déjà à hauteur du thorax, mais ce n’est pas le cœur battant qu’elle étreint, c’est un rameau de l’aorte qui irrigue le rectum. Aucune cage ne retient cet oiseau sauvage. Sa pulsation affolée n’interrompt jamais la course qui l’emporte».
Michel Foucault, y voit une nouveauté radicale
Marco Vidal devient lyrique. Il décrit «le bouillonnement des parois artérielles, tendues comme par une érection» que l’on peut tenir au bout de sa main, comme si l’on serrait dans son poing l’autre – homme ou femme – livré à cette «caresse intérieure»… De ce point de vue-là, oui, le fist apparaît bien comme une pratique nouvelle : il n’existe, semble-t-il, aucun texte érotique évoquant le plaisir du point de vue de la main. Lorsque, dans les années 1960, les premier(e)s adeptes du fist évoquent leur plaisir en tant que «plongée charnelle», c’est «un événement improbable, dont rien ne semble préluder l’inversion de signe. Pas étonnant que Michel Foucault y ait vu une nouveauté radicale».
Mais… rebondissant sur une ultime question, le livre s’achève en posant la question : se peut-il que les premiers chrétiens aient eu la conscience, avant nous, de ce plaisir ? Les catacombes, alors, n’auraient pas été celles de San Francisco… Avant elle, il y aurait eu les souterrains de ces cités antiques où des vivants dissimulaient leurs pratiques, en chantant des textes comme, peut-être, celui-ci, Le Cantique des cantiques…
Je suis endormie et mon cœur est éveillé
La voix de mon ami qui frappe
ouvre-moi ma sœur mon amour
ma colombe ma merveille parce que
ma tête est pleine de rosée
mes boucles des gouttes de nuit.
[…]
Mon ami a tendu sa main par l’ouverture
et mon ventre était en tumulte à cause de lui.
«Ainsi parlent les strophes trois et cinq du cinquième Cantique des cantiques», conclut Marco Vidal qui consacre à ces derniers vers une exégèse… pour le moins troublante. «La main a le poids d’une chose et la liberté d’une métaphore, et bourgeonne d’images où se déplie le suspens jamais brisé du désir : l’homme avance, ouvre la porte, caresse la peau, pénètre la femme aimée».
Fist, de Marco Vidal, aux éditions La Découverte.
Mon bien-aimé a passé la main par la fenêtre, Et mes entrailles se sont émues pour lui. (Louis Second)
Mon bien-aimé a avancé sa main par le trou de la porte, et mes entrailles ont été émues à cause de lui. (Martin)
Mon bien-aimé a avancé sa main par le guichet, et mes entrailles se sont émues à cause de lui. (Darby)
Mon bien-aimé a avancé sa main par le trou de la porte et mes entrailles se sont émues pour lui. (Ostervald)
Mon bien-aimé alors a étendu sa main par la fenêtre, et mon sein en a frémi. (Renan)
Mon amant lance sa main par le trou ; mes boyaux se bouleversent pour lui. (Chouraqui)
À Lire également : Gayle RUBIN, Surveiller et jouir. Anthropologie politique du sexe, traduit de l’anglais (États-Unis) par Flora Bolter, Christophe Broqua, Nicole-Claude Mathieu et Rostom Mesli, textes réunis et édités par Rostom Mesli, Paris, EPEL, 2010.
Illustration : Robert Mapplethorpe
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Les 400 culs
Prenez une poupée en silicone. En apparence, elle a tout d’une bimbo. En réalité… Un système de pénis interchangeables la métamorphose en partenaire mâle, membré selon vos goûts : du TBM au flasque. A vous de choisir.
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Les 400 culs
Prenez une poupée en silicone. En apparence, elle a tout d’une bimbo. En réalité… Un système de pénis interchangeables la métamorphose en partenaire mâle, membré selon vos goûts : du TBM au flasque. A vous de choisir.
Fin 1997, la firme Abyss lance les premiers modèles de poupées réalistes en silicone, des reproductions grandeur nature de femmes dotées de trois orifices : vaginal, anal et buccal.Moins de trois ans plus tard, en 2000, la version «queutée» des Real dolls est disponible sur le marché. Aux clients qui le désirent, Matt McMullen — le créateur de la firme Abyss – propose des modèles de transexuelle semi-op (à moitié opérée). Les poupées sont des femmes… à un détail près. «Au début, les she-male avaient le pénis intégré, précise McMullen. Mais en 2007, j’ai lancé des corps avec un sexe détachable appelé convertisseur.
Le sexe est disponible en cinq versions. Les clients qui le désirent peuvent donc acheter cinq pénis interchangeables en pièce détachée. La plupart des gens préfèrent cette option : s’ils abiment un pénis, il suffit de le remplacer. Et puis ils aiment choisir la taille du pénis en fonction de leurs envies. C’est aussi plus facile d’habiller la poupée quand on peut enlever son pénis. Quand elle a un sexe en érection, impossible de lui enfiler un pantalon». Les clients qui désirent un pénis intégré peuvent également sélectionner celui qu’ils préfèrent parmi les cinq modèles standard de «convertisseur».
Matt McMullen se fait fort de créer des poupées customs. En taille de pénis, il y a donc le small, le médium, le big, l’extra-big et… le flacide, pour pouvoir regarder la télévision ou lire un livre tranquillement à côté de sa poupée au repos. Elle a beau être she-male, cette poupée ne sert en effet bien souvent guère plus que de compagne. Ce qui est à la fois peu et beaucoup. Offrant sa présence, elle occupe l’appartement de son propriétaire qui l’assoit dans des postures d’attente ou la couche sur le lit afin qu’elle l’accueille, toujours disponible et bien disposée. Créature ambiguë, située à la double frontière qui sépare les humains des objets et les mâles des femelles, la poupée she-male correspond à un goût singulier pour l’étrange. Elle est d’autant plus étonnante que son sexe lui-même fait l’objet de mutations multiples sur commande.
Son pénis – qu’il soit extractible ou intégré – est en effet offert avec ou sans testicules au choix. Si on prend l’option «sans» (testicules), il est possible de demander la poupée avec vulve, clitoris et grandes lèvres en sus du pénis. «Le vagin de la poupée peut être éliminé ou gardé intact, selon votre goût, informe la page de renseignement. Le prix de la poupée she-male avec sa vulve intacte est de 1000 dollars.» Pourquoi 1000 dollars ? Parce qu’un ouvrier doit fixer à la colle le pénis dans le sexe féminin et souder les jointures avec des couches de silicone qui respectent la beauté de l’ensemble. «C’est un travail délicat, précise Matt Mc Mullen. Il faut que les deux sexes s’harmonisent.» Lorsqu’elle possède les deux appareils génitaux la she-male prend l’allure d’un étrange hermaphrodite : le pénis jaillit hors de sa vulve de façon étrangement obscène.
Sur l’ensemble des clients de la firme, seulement 5 à 10% d’entre eux font le choix d’une poupée she-male. «Le pourcentage des ventes est stable depuis le début, précise McMullen. Ca se vend sur tous les Etats-Unis et à l’étranger. Je suis incapable de dire s’il y a un pays à l’étranger qui m’en achète plus qu’un autre…». On s’en doute, il tient ses informations secrètes. La concurrence est rude sur le marché des poupées. Aux Etats-Unis cinq autres firmes lui livrent bataille. Mais aucune d’entre elles ne vend de she-male. Matt MacMullen est à ce jour le seul au monde qui propose des ersatz de transexuelles en silicone.
Photos : (c) Abyss Creations
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Les 400 culs
Si un secteur tel que la publicité utilise le sexe c’est qu’il doit bien y avoir une raison… Dans un livre intitulée La Pub enlève le bas, une chercheuse enquête. Le sexe fait vendre, dit-on. Idée reçue ? Réalité ?
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Les 400 culs
Si un secteur tel que la publicité, qui représente plus de 30 milliards d’euros de dépenses annuelles, utilise le sexe c’est qu’il doit bien y avoir une raison… Dans un livre intitulée La Pub enlève le bas, une chercheuse enquête. Le sexe fait vendre, dit-on. Idée reçue ? Réalité ?
Dans «La Pub enlève le bas – Sexualisation de la culture et séduction publicitaire», Esther Loubradou résume un travail de plusieurs années consacré aux effets des images de publicité sexuelle sur leurs «récepteurs», c’est-à-dire sur nous tous. Le psychiatre Serge Tisseron annonce, en introduction «qu’elle a réalisé un travail que l’évolution de la société et de la publicité depuis quelques années rendait absolument indispensable. Les images à contenus érotiques et pornographiques ont en effet toujours fasciné l’être humain. Nous les condamnons souvent, mais nous les recherchons tout autant. Et nous ne sommes pas étonnés d’apprendre que, dès la fin du XIXe siècle, une marque de tabac a augmenté considérablement son chiffre d’affaires en insérant des images érotiques dans chacun de ses paquets.» Reste à savoir si, réellement, la pub nous influence et comment… La chercheuse tente de répondre, sans vraiment y parvenir, ce qui en soi est assez instructif : il semble que le sujet soit beaucoup plus complexe qu’il n’y paraît.
Première constatation : l’utilisation du sexe pour faire vendre est quelque chose qui existe depuis les débuts du marketing. En apparence, le mécanisme d’incitation est simple : il s’agit d’induire chez le «récepteur» un sentiment de manque puis de lui proposer un produit de substitution… Pour le dire plus clairement : la publicité nous confronterait à des images de sexe afin de générer une frustration puis nous pousserait à croire qu’en achetant un produit, nous pourrions satisfaire le besoin urgent suscité par la vision de corps lascifs et musclés…
«Lorsque les publicitaires ont commencé à s’intéresser à la psychanalyse de Freud, ils se sont mis à réfléchir à nos désirs inconscients, nous plongeant alors dans des conflits intérieurs dont le seul moyen de se délivrer serait d’acheter le produit ou service promu. À croire qu’exciter notre désir sexuel permettrait d’exciter nos pulsions consuméristes. Le processus est en réalité plus complexe.»
Pour Esther Loubradou, nous (les récepteurs) ne sommes peut-être pas aussi stupides ou influençables qu’on voudrait nous le faire croire. Cette idée lui vient au début des années 2000, un jour qu’elle regarde la télévision : «Là, sous mes yeux de téléspectatrice, des vêtements éparpillés par terre, une femme sous la douche en pleine extase poussant des “oui“ suggestifs et des pétales de fleurs jaillissant d’un flacon symbolisant sans retenue l’éjaculation masculine. “Voulez vous faire quelque chose de vraiment excitant ce soir ? Lavez vos cheveux !“». Esther reste bouche bée à se demander qui serait assez bête pour acheter du shampoing en pensant s’offrir un orgasme sur commande. Les publicités peuvent-elles vraiment nous faire prendre des vessies (une boisson pétillante, un déodorant, un parfum) pour des lanternes (une vie sexuelle épanouie) ? Impossible pense-t-elle. Ca ne peut pas fonctionner ainsi. Il est cependant indéniable que les pubs exploitent une forme de foi dans le pouvoir d’un produit à transfigurer notre vie…
Le message des publicités se résume généralement en une phrase : «Consommez ce produit et vous serez plus sexy !». «Les promesses du type “achetez la voiture, vous aurez la fille“ sont courantes. La publicité présente ainsi des produits qui peuvent (en théorie) rendre le consommateur plus attirant sexuellement, favoriser ses relations sexuelles, augmenter son sex-esteem et le faire se sentir plus sexy. […] La marque de déodorants et gels douche pour homme Axe en est une très bonne illustration puisque partout dans le monde elle fait reposer ses campagnes sur le pouvoir d’attraction du produit. Avec l’«effet axe», tout homme devient subitement irrésistible et toutes les femmes sont à ses pieds. Certains diront qu’il s’agit de publicité trompeuse (et donc légalement interdite (1)) car elle promet des choses qui n’arriveront probablement pas.» Personne n’y croit mais… le message publicitaire fait mouche. Pourquoi ? Parce qu’il réveille en nous des désirs qui se situent bien au-delà du simple désir sexuel : il éveille l’espoir d’une vie meilleure. Ainsi que le résume Serge Tisseron : «Beaucoup d’images publicitaires s’appuient sur les deux forces qui organisent notre vie psychique : le désir d’affirmer notre originalité et celui de nous rattacher à un groupe. Le premier joue sur le renforcement de l’estime de soi par exaltation de notre individualisme, et le second par rattachement à une communauté d’exception».
Reste à savoir si la publicité sexuelle est une bonne stratégie marketing… Pour répondre à cette question, Esther Loubradou s’appuie sur le modèle AIDA, modèle pionnier développé par Lewis en 1898. AIDA est l’acronyme d’Attention Intérêt Désir Achat. Pour qu’une publicité soit considérée comme bonne, elle doit répondre à ces quatre impératifs : attirer l’Attention, susciter l’Intérêt de la cible, créer et entretenir le Désir du produit et enfin convaincre la cible d’Acheter.
Première question : la publicité sexuelle attire-t-elle l’attention ? Oui, répond Esther qui appuie son propos sur une compilation importante d’études prouvant que l’intérêt porté à l’annonce est plus important lorsque cette dernière utilise la sexualité (2). «Cet intérêt est d’autant plus élevé que les contenus sont controversés», précise-t-elle, citant pour exemple l’impact énorme des campagnes Benetton orchestrées par Olivero Toscani, montrant un malade du Sida, etc. Tout le monde se rappelle également la campagne de l’agence Avenir, lancée en 1981 : «Le 2 septembre, j’enlève le haut», suivie d’une autre affiche «Le 4 septembre, j’enlève le bas». En 2004, selon une enquête Cybermarket, À la question «Laquelle de ces publicités attire le plus votre attention ?», c’est la campagne de Benetton qui arrive en tête, suivie par la publicité pour la lingerie Aubade. En 2007, la pub qui arrive en tête est une affiche pour la lutte contre le SIDA représentant un homme en train de faire l’amour à un scorpion. En second vient… la publicité Aubade.
«L’hypothèse selon laquelle le sexe attire incontestablement les regards et suscite l’intérêt du consommateur est confirmée par de nombreuses recherches», conclut Esther mais pousse-t-elle à l’achat ? Dans un sondage réalisé en 2005 par Adweek, 33 % des hommes et 11 % des femmes rapportent que des publicités contenant des informations sexuelles entraînent chez eux une mémorisation de la marque (2). «Pourtant seuls 8 % des hommes et 3 % des femmes déclarent que des publicités contenant des thèmes sexuels leur font acheter le produit. Alors qu’en est-il ? Les exemples de succès ne manquent pas. Heineken déclare que les références sexuelles dans plusieurs de ses spots avaient fonctionné, entraînant une augmentation des ventes de 13 % en 2002. De même, au siècle dernier, la marque Duke & Son avait commencé à insérer dans ses paquets de cigarettes des cartes à collectionner mettant en scène des femmes sexuellement attirantes dans des poses provocantes. Cinq ans plus tard, Duke & Son était devenue la première marque de cigarettes aux États-Unis. Aubade assure aussi avoir multiplié son chiffre d’affaires par trois avec le lancement des Leçons de séduction.» Et pourtant…
Lorsque la très sérieuse firme Cybermarket enquête les résultats sont moins que probants. Pour mesurer réellement les effets des publicités sur l’achat, elle met en place le protocole suivant : 52 personnes sont mises en situation d’achat concernant des produits de grande consommation sur un site Internet de vente en ligne. La moitié des sujets sont tout d’abord soumis à la visualisation d’un classeur comprenant différentes publicités sexuelles et non sexuelles de produits qu’ils retrouvent sur le site de vente en ligne. Ils doivent faire leurs courses parmi 129 produits de consommation courante. Le sexe a-t-il déclenché une décision d’achat ? Résultat négatif. «Les sujets ayant été exposés au préalable à des publicités ont globalement acheté moins de produits», résume Esther qui conclut : «Un cinquième des publicités ont un lien proche ou lointain avec le sexe ou la sensualité. Mais de tous ces messages, à peine 10% ont une probabilité non négligeable d’être mémorisés».
Si la plupart des études prouvent que la vision du sexe attire l’attention, aucune ne semble avoir jusqu’ici établi de corrélation directe entre l’achat d’un produit et sa publicité sexuelle. Esther Loubradou ajoute même que «l’utilisation du sexe peut également coûter cher à certaines marques et affecter leurs ventes ou même leur réputation tel que ce fût le cas aux États-Unis pour Abercrombie & Fitch qui a fait l’objet de nombreux boycotts ; en Angleterre avec la publicité pour le parfum Opium ; ou en France pour la crème fraîche Babette par exemple. C’est ainsi que certains soutiennent que le sexe dessert plus le produit qu’il ne le sert et que les connotations sexuelles ne fonctionnent que si elles sont utilisées pour promouvoir des produits érotiques ou pour soutenir de grandes causes (3), en d’autres termes si l’utilisation du sexe est pertinente et appropriée».
Il semblerait d’ailleurs que les femmes soient les premières à boycotter les marques qui abusent de potiches pour vanter les mérites d’objets bas de gamme. En revanche, si le produit vanté relève du luxe, ça passe. «Une étude récente indique en effet que lorsque le contexte sexuel soutient la promotion d’un produit de grande valeur (en l’espèce il s’agissait d’une montre dont le prix variait de 10 à 1 250 $), les réactions des femmes s’atténuent et sont beaucoup moins négatives. Les chercheurs expliquent ces résultats par une théorie économique du sexe qui considère que les femmes veulent que le monde perçoive leur corps érotisé comme quelque chose de rare et de précieux… tout comme les produits présentés.» A bon entendeur salut : les consommateurs détestent les mauvaises publicités. Sexe ou pas, il importe que le message marketing colle avec le produit. C’est ce que la chercheuse nomme la «congruence». Lorsque les pubs sont incongrues, elles font un flop. Lorsqu’elles sont trop choquantes, elles font un flop aussi. L’usage du sexe en pub ne garantit donc absolument pas le succès de cette pub. Ce qui n’empêche pas les publicitaires d’user et d’abuser de semi-nudités suggestives… Qu’en conclure ?
«Globalement les publicités sexuelles nous interpellent et jouent avec nos affects, affirme Esther Loubradou. Mais la présence de contenus sexuels ne pousse pas forcément à se rappeler du produit ni à l’acheter ! Une congruence produit semble nécessaire et un degré de sexe modéré reste plus efficace et stimulant. Seule une utilisation judicieuse et pertinente de contenus sexuels est bénéfique à l’efficacité d’une publicité. La question est de savoir à partir de quel moment l’utilisation du sexe devient contreproductive et n’est plus efficace. Plus de recherches restent nécessaires dans ce domaine et l’influence non consciente de ce genre de publicités mériterait d’être plus spécifiquement étudiée. La question de l’efficacité des publicités sexuelles est finalement loin d’être simple. Les effets sont souvent incertains et mitigés, parfois même divergents d’une étude à l’autre.»
En d’autre termes : lorsque les publicitaires usent du sexe, mieux vaut qu’ils le fassent de façon pertinente. Ce qui est rare. Aussi rare finalement que nos achats motivés par la seule influence d’un slogan du style : «Si tu as le voiture, tu auras la femme». Au termes de sa recherche, Esther Loubradou estime que la publicité ne nous influence pas tant que ça… mais sa démonstration laisse un peu dubitatif.
«La Pub enlève le bas – Sexualisation de la culture et séduction publicitaire», Esther Loubradou, éditions du Bord de l’eau.
Ce livre est tiré de la thèse intitulée «Porno-Chic et indécence médiatique : contribution interdisciplinaire portant sur les enjeux communicationnels et sociojuridiques des publicités sexuelles en France et aux États-Unis», de Esther Loubradou. Thèse de doctorat en Sciences de l’Information et de la Communication sous la direction de P. Marchand, Toulouse, Université Paul Sabatier.
(1) D’ailleurs, pour l’anecdote, les boissons alcoolisées ne peuvent pas jouer sur cette promesse de bénéfices car elles n’ont juridiquement pas le droit d’utiliser l’argument du sexe pour faire vendre et ne peuvent en aucun cas promettre une augmentation des performances sexuelles suite à la consommation d’une boisson alcoolisée.
(2) MUDD T. (2005). Does Sex Really sell ?, (Survey explores how men and women look at sexually charged ads), in Adweek, 17 Octobre 2005, p. 14-17., p. 17.
(3) POPE N., VOGES K.E., BROWN M.R. (2004). The effect of provocation in the form of
mild erotica on attitude to the ad and corporate image, (Differences between cause-related
and product-based advertising), in Journal of Advertising, spring 2004, Vol 33(1), p. 69-82.
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Les 400 culs
Il y a mille manières de faire du mal et d'écraser l'autre. Quand on le fait avec des mots, c’est toujours plus efficace. Dans Le Dictionnaire de la rature, les mots les plus dangereux sont listés et redéfinis : «Putain», «Culture», «Futur», «Identité», «Jouir»…
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Les 400 culs
Il y a mille manières de faire du mal et d’écraser l’autre. Quand on le fait avec des mots, c’est toujours plus efficace. Dans Le Dictionnaire de la rature, les mots les plus dangereux sont listés et redéfinis : «Putain», «Culture», «Futur», «Identité», «Jouir»…
Le Dictionnaire de la rature est un petit recueil d’une centaine de mots «coupables de débordements sémantiques», c’est à dire que ces mots sont généralement utilisés pour assurer la domination d’un individu ou d’un groupe d’individu sur un autre. Comme les peaux de banane, ces mots sont loin d’être innocents. Afin de dénoncer –et désamorcer– leur potentiel de nuisance, trois écrivains (Lyonel trouillot, Alain Sancerni et Geneviève de Maupéou) se sont amusés à les redéfinir, c’est à dire à mettre noir sur blanc ce que ces mots signifient réellement et comment on s’en sert pour vous sodomiser… dans le mauvais sens du mot sodomiser, bien sûr. En voici quelques extraits :
Le Dictionnaire de la rature, Lyonel trouillot, Alain Sancerni et Geneviève de Maupéou, Actes sud. Sortie en janvier 2015.
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Les 400 culs
Pendant des années, chaque fois qu’il rencontre quelqu’un, – même s’il s’agit d’un enfant de 2 ans, d’une bonne soeur ou de son contrôleur des impôts –, Patrice Bauduinet demande…
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Les 400 culs
Pendant des années, chaque fois qu’il rencontre quelqu’un, – même s’il s’agit d’un enfant de 2 ans, d’une bonne soeur ou de son contrôleur des impôts –, Patrice Bauduinet tend un petit carnet en moleskine et demande qu’on y dessine un sexe. De femme ou d’homme, peu importe.
Réalisateur belge et créateur du Bunker Ciné Theatre (lieu d’émulsion underground), Patrice Bauduinet est l’auteur d’une vingtaine de courts-métrages intitulés par exemple «Fais-moi coin coin» ou «Patate physique», mêlant poésie surréaliste et humour à la Monty Python. Depuis 2010, Patrice Bauduinet demande un dessin d’organe sexuel à toutes les personnes dont il croise le chemin. «Il s’agit d’un exercice spontané, intuitif, instinctif, réalisé sur le vif». Pratiquement personne ne refuse. Il récolte en tout 6480 dessins. L’ouvrage intitulé «1001 visions du sexe» en livre un aperçu stupéfiant. Stupéfiant parce qu’il semble impossible, apparemment, de dessiner l’organe de la reproduction sans y mettre du sens.
Parmi les 1001 images du sexe, aucune ne montre un sexe. Ce qu’elles montrent, en revanche, c’est le gouffre sans fond d’une psyché branchée en prise directe sur les rêves et les angoisses collectives de notre époque. Le travail réalisé par Patrice Baudinet est celui d’un anthropologue, au stade premier de son enquête de terrain : un formidable travail de collecte. Mais il ne l’a pas laissé à l’état brut. Organisant les images par affinités de forme et de sens, Patrice Bauduinet en dégage les dynamiques. Mises en miroir avec d’autres, certaines images dévoilent brusquement des significations secrètes… Il en fait des cadavres exquis, terriblement révélateurs des tensions qui animent notre société.
LE SEXE GRAPHIQUE
LE SEXE VU COMME PLANTE
LE SEXE VU COMME ANIMAL
LE SEXE ET LA DOULEUR
LE LABYRINTHE DU SEXE
LE SENS DE LA VIE
LE SEXE ET LE PLAISIR
«1001 Visions du sexe» de Patrice Bauduinet, éditions Graph Zeppelin. 15 euros
Patrice Bauidinet continue son travail de collecte. «N’hésitez pas à nous faire parvenir vos visions à 1001visions@proximus.be
ou par courrier à l’adresse suivante : 1001 visions - pbc pictures — 66a rue des plantes — 1210 bruxelles, belgique»
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Les 400 culs
Il est interdit en Europe de mutiler les parties génitales des petites filles. En revanche, il est autorisé de mutiler celles des petits garçons. Quelles sont les conséquences de la circoncision sur leur sexualité et sur leur santé ?
L’égalité entre les sexes, c’est aussi l’égalité de traitement concernant les organes génitaux. Pour le docteur Morten Frisch, responsable d’une étude portant sur les conséquences sexuelles de la circoncision, il n’existe aucune raison valable de défendre ce qui est à ses yeux (ainsi, semble-t-il, qu’aux yeux de la majorité des médecins) une atteinte pure et simple à l’intégrité du corps.
Le 22 octobre 2014, une audition sur la circoncision des garçons a eu lieu au Parlement danois.
Le docteur Morten Frisch a été invité à s’exprimer. Les conséquences de la circoncision non-thérapeutique sont loin d’être anodines. Il les résume en sept minutes.
Pour les personnes qui ne peuvent pas lire les sous-titres de cette vidéo, voici la transcription :
TRANSCRIPTION DE LA VIDÉO
« Merci de m’avoir invité.
J’ai disposé sur chaque chaise mes ‘kits d’introduction’ concernant la circoncision et ils sont librement accessibles sur Facebook et Twitter dès aujourd’hui, afin que chacun puisse accéder aux informations de base liées à la santé et aux questions éthiques relatives au problème de la circoncision.
Le tabou très répandu qui entoure les organes génitaux humains implique que peu de gens savent vraiment ce qu’est la circoncision.
Je vous prie de bien vouloir écouter attentivement.
Durant le développement fœtal, les organes génitaux masculins et féminins se développent à partir de la même structure embryonnaire. Ici, vous voyez les parties génitales externes du fœtus mâle (à gauche) et femelle (à droite) à environ 12 semaines de grossesse. À ce stade du développement, il n’est pas possible de faire la distinction entre les deux sexes. À la naissance, cependant, tout le monde peut voir la différence. Notez bien que toute structure masculine a une structure féminine équivalente.
Le prépuce recouvre le gland du pénis chez la plupart des garçons et des hommes. Le prépuce protège le gland. Par conséquent, le gland des hommes intacts est sensible, lisse et humide, tandis que le gland des hommes circoncis est relativement insensible, rêche et sec. La taille de la cicatrice que tous les hommes circoncis possèdent dépend de la quantité de peau pénienne retirée. Le gland est exposé lors de l’érection et la stimulation sexuelle survient lorsque le prépuce fait un mouvement de va-et-vient sur le gland.
Peu de gens savent que les femmes possèdent également un prépuce, appelé capuchon clitoridien. Le capuchon clitoridien a les mêmes fonctions de protection et de stimulation que le prépuce masculin. Lors de la montée du plaisir féminin, la taille du clitoris augmente et son gland est exposé. La plupart des femmes peuvent facilement imaginer à quel point la stimulation directe du gland clitoridien serait désagréable en l’absence du capuchon clitoridien. C’est la situation dans laquelle se trouvent les femmes ayant subi une circoncision de type « sunna » et c’est la même situation pour les hommes circoncis. Avec le temps, les hommes circoncis développent peu à peu une couche de peau kératinisée, ce qui entraîne une sensibilité réduite du gland.
L’absence de prépuce et la sensibilité amoindrie du gland expliquent les difficultés sexuelles liées à la circoncision et connues de longue date, qui ont été confirmées par des études récentes.
Le prépuce n’est pas un petit bout de peau superflu. Le prépuce est une structure complexe composée de deux couches, riche en nerfs sensoriels. Le prépuce mesure en moyenne entre 50 et 90 cm², c’est-à-dire la majeure partie d’un billet de un dollar. Le prépuce est constitué de peau sur la partie externe et d’une muqueuse tout aussi grande sur la partie interne.
Pendant l’érection, le gland croît en taille et tire la partie muqueuse du prépuce vers l’extérieur. Sur la photo de droite, vous pouvez voir que la hampe du pénis (flèche rouge) est couverte par le prépuce depuis la base du pénis jusqu’au gland. En se rappelant de la diapositive montrant le gland relativement insensible, rêche et sec, il devient clair que les hommes circoncis ont une sensibilité réduite de la base du pénis jusqu’à l’extrémité du gland (flèche violette).
Voici le scénario qui attend tout garçon circoncis.
Le rapport du Conseil National Danois de la Santé, ‘Note sur la circoncision des garçons’, publié en 2013, est truffé d’erreurs, d’inexactitudes, de banalisations et de graves omissions. Du point de vue d’un professionnel de santé, cette ‘note’ est une présentation gênante du sujet qui laisse une large place aux opinions religieuses.
En mars 2014, j’ai écrit un commentaire sévère dans le journal Politiken à propos du Conseil National de la Santé et de son traitement du problème de la circoncision. Le Conseil n’a jamais démontré que j’avais tort dans les critiques que j’ai soulevées. Malheureusement, cette ‘note’ est souvent utilisée par des ministres et des politiciens qui sont trop occupés pour évaluer la question eux-mêmes. Du point de vue d’un professionnel de santé, cette ‘note’ est médiocre sur le plan médical et, de surcroît, complètement inacceptable du point de vue de l’éthique médicale. Cette ‘note’ est la reconnaissance de la part de l’autorité danoise de la santé que l’amputation du prépuce est acceptable du moment que l’on donne au garçon un peu de sucre, alors que son corps et sa sexualité seront modifiés à vie.
Les médecins européens conviennent qu’il n’y a aucun bénéfice pertinent pour la santé qui soit associé à la circoncision des garçons. Aucune association médicale dans le monde ne recommande la circoncision de garçons en bonne santé. En revanche, plusieurs se prononcent contre la circoncision. L’année dernière, j’ai pris l’initiative de rédiger cet article avec 37 autres professeurs et consultants de 17 pays européens et du Canada. Nous rejetons les mythes pauvrement étayés concernant les bénéfices pour la santé qui résulteraient de la circoncision, mythes propagés par les pédiatres américains auprès des parents de petits garçons pour faire du profit.
Sept minutes ne permettent pas un examen minutieux de toutes les complications qui peuvent survenir. Une étude du Rigshospitalet [Hôpital du Royaume danois] datant de 2013 a montré que lorsque la circoncision non thérapeutique est pratiquée au Danemark par des chirurgiens pédiatres expérimentés, 1 garçon sur 20 souffrira d’une complication non négligeable. Dans les pays où les garçons subissent une circoncision de routine, d’énormes sommes d’argent sont dépensées pour les circoncisions elles-mêmes ainsi que pour les opérations qui en découlent, afin de réparer les dommages causés. Dans un hôpital universitaire de Boston, les chirurgiens pédiatres passent 5 à 7 % de leur temps en bloc opératoire à réparer des circoncisions ratées. Entre 10 et 20 % des garçons circoncis à la naissance développent un rétrécissement de l’ouverture de l’urètre (sténose du méat urinaire) qui requiert une intervention. Les garçons intacts ne développent presque jamais cette condition. Tous les garçons subissent une douleur plus ou moins importante pendant et après la procédure. De plus, ils perdent en sensibilité et sont exposés à des risques inutiles. Hémorragies, infections et sténose du méat sont fréquents, et d’autres problèmes désagréables, graves et mettant parfois la vie de l’enfant en danger peuvent survenir ; toutefois, cela est heureusement rare. Des problèmes peuvent aussi bien survenir chez les jeunes garçons que chez les plus âgés – et aussi chez les hommes adultes et leur(s) partenaire(s). De nouvelles études montrent que de nombreuses femmes peuvent également être concernées par ces complications.
D’après le serment d’Hippocrate, les médecins ne doivent pas causer de douleur ou blesser d’autres êtres humains. Il s’agit d’un bon principe qui devrait être étendu à tout le monde, particulièrement lorsque l’on s’occupe des êtres les plus vulnérables : nos enfants. Cependant, lorsqu’il s’agit de la circoncision, que ce soit pour les garçons ou pour les filles, c’est exactement ce que le circonciseur fait. Il cause de la douleur et inflige un dommage physique irréversible au corps de l’enfant. Une blessure ouverte, douloureuse, ayant des conséquences à vie, lesquelles sont parfois graves. Cet été, un nouveau-né s’est retrouvé dans le coma à l’hôpital Hvidovre suite à une circoncision ratée, réalisée par un chirurgien à Copenhague.
Mais la circoncision n’est pas principalement un problème de santé. La circoncision est avant tout une question de droits humains, une question d’égalité des sexes et, enfin, une question judiciaire. J’espère sincèrement que vous, politiciens, prendrez sérieusement vos responsabilités et veillerez à ce que les futurs garçons bénéficient des mêmes droits à l’intégrité physique, psychologique et sexuelle que ceux qui furent accordés aux filles danoises en 2003.
Je vous remercie de votre attention. »
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Les 400 culs
Il est interdit en Europe de mutiler les parties génitales des petites filles. En revanche, il est autorisé de mutiler celles des petits garçons. Quelles sont les conséquences de la circoncision sur leur sexualité et sur leur santé ?
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Il y a celles qui demandent des compliments et ceux qui demandent à être rassuré. "Dis, tu m'aimes ?". "Dis, tu me trompes ?", "Franchement, il faut qu'on parle", "Dis-moi la vérité"… Comme s'il était possible de la dire.
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Les 400 culs
Il y a celles qui demandent des compliments et ceux qui demandent à être rassuré. «Dis, tu m’aimes ?». «Dis, tu me trompes ?», «Franchement, il faut qu’on parle», «Dis-moi la vérité»… Comme s’il était possible de la dire. Alors qu’au fond on ne sait pas.
- Dis moi un mensonge
- Je t’aime
(La Mécanique des femmes, de Louis Calaferte, 1992, Gallimard)
Aveu
Forme vulgaire et/ou juridique de confession, laquelle est réservée aux registres noble et sacré. Dans la vie de couple, il est toujours sollicité par le même partenaire. “Pierre, dis-moi la vérité” (Prévert). Son obtention, ou extorsion, fait d’ailleurs partie des missions principales de toutes les polices, même autres que domestiques, qui renouvellent régulièrement leurs méthodes d’interrogatoire.
Spontané, l’aveu cache une faute majeure, par essence inavouable, ou un intérêt masqué. Forcé, le plus souvent grâce à des tortures adaptées, l’aveu est sujet à caution et discrédite son auteur.(Dictionnaire de la rature, de Lyonel trouillot, Alain Sancerni et Geneviève de Maupéou, Actes sud. Sortie en janvier 2015)
Rue de Seine dix heures et demie
le soir
au coin d’une autre rue
un homme titube… un homme jeune
avec un chapeau
un imperméable
une femme le secoue…
elle le secoue
et elle lui parle
et il secoue la tête
son chapeau est tout de travers
et le chapeau de la femme s’apprête à tomber en arrière
ils sont très pâles tous les deux
l’homme certainement a envie de partir…
de disparaître… de mourir…
mais la femme a une furieuse envie de vivre
et sa voix
sa voix qui chuchote
on ne peut pas ne pas l’entendre
[…] une phrase
répétée…
sans arrêt
sans réponse…
l’homme la regarde ses yeux tournent
il fait des gestes avec les bras
comme un noyé
et la phrase revient
rue de Seine au coin d’une autre rue
la femme continue
sans se lasser…
continue sa question inquiète
plaie impossible à panser
Pierre dis-moi la vérité
Pierre dis-moi la vérité
je veux tout savoir
dis-moi la vérité…
le chapeau de la femme tombe
Pierre je veux tout savoir
dis-moi la vérité…
question stupide et grandiose
Pierre ne sait que répondre
il est perdu
celui qui s’appelle Pierre…
il a un sourire que peut-être il voudrait tendre
et répète
Voyons calme toi tu es folle
[…] en face de lui…
une machine à compter
une machine à écrire des lettres d’amour
une machine à souffrir
le saisit…
s’accroche à lui…
Pierre dis-moi la vérité
(Paroles, de Jacques Prévert, 1946, Gallimard)
Aveu d’impuissance
Expression glissante, elle masque souvent des choix, et l’impuissance ne s’avoue jamais. Sert dans ce cas à discréditer les autres.
(Dictionnaire de la rature, ibid.)
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Reine du web érotique, la mystérieuse Anne Archet «raconte tout ce qui se passe dans et autour de sa culotte.» Ca bouge là-dedans. Une compilation de ses textes anarcho-lesbiens inédits vient de sortir aux éditions… du Remue-ménage.
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Les 400 culs
Sur un site où elle publie des textes érotiques, la mystérieuse Anne Archet «raconte tout ce qui se passe dans et autour de sa culotte.» Ca bouge là-dedans. Une compilation de ses textes anarcho-lesbiens inédits vient d’ailleurs de sortir aux éditions… du Remue-ménage.
Qui est Anne Archet ? Personne ne l’a jamais vue. Elle refuse de paraître en public. Sur son site, elle dit : «Je me nomme AA et je suis une verbicruciste anonyme. Je croise les mots depuis que je sais que les mots peuvent se croiser. Enfant, je dessinais des grilles pendant que mes petits camarades griffonnaient des soleils et des maisons. Mais c’est à la puberté que caresser la case devint pour moi une obsession. […] Ma mère, inquiète de cette sale manie, consulta un médecin qui prescrit des activités plus saines pour une fille de mon âge, comme l’application de vernis à ongles sur les doigts de pieds […]. Évidemment, ma vie sentimentale en a beaucoup souffert. Je fus systématiquement ostracisée par les jeunes de mon quartier, qui m’affublaient de sobriquets tous plus vils les uns que les autres : io, uri, if, lo, eesti et même oc. La chance de ma vie fut de rencontrer une jeune cruciverbiste qui me redonna le goût de vivre […]. Je lui fis une cour assidue en lui dédiant des grilles passionnées, pleines de mots de douze lettres et de chevilles aux définitions folles. Depuis, nous formons un couple heureux, basé sur une saine complicité : je lui parle par énigmes et elle remplit les blancs».
Cet auto-portrait d’Anne Archet est faux bien sûr. Anne Archet ne vit pas en couple avec une fan de mots croisés. Anne Archet ne gagne pas sa vie en composant des grilles, même si cela fait vingt ans qu’elle en fait. «J’étais fan de Georges Perec et j’avais appris qu’il était verbicruciste. Monkey see, monkey do. Mais je n’en vends qu’une dizaine par année (bref, une misère), avoue-t-elle par email. Je préfère la plupart du temps les publier gratuitement sur mon blog, j’en fais un concours et ça me permet de faire de la promo pour mes bouquins.» Ses livres, téléchargeables en ligne, ne parlent que de sexe. Avec des filles. Avec des garçons. Anne Archet n’est pas regardante. Pourvu que ses partenaires aient un cerveau. Pourvu qu’ils aiment les mots d’esprits. Ses grilles de mots croisés le disent assez pour elle : c’est bien beau de baiser, encore faut-il savoir jouir.
Fin octobre, les éditions du Remue-Ménage ont publié Les Carnets écarlates qu’Anne Archet présente comme «le meilleur de moi-même, mon moi profond, l’essence de mon être – et je vous prierais de ne pas vous servir de mon moi profond comme sous-verre, mon âme est déjà assez tachée par le vice pour en plus se retrouver avec des cernes de boisson.» En voici quelques extraits.
Les Carnets écarlates d’Anne Archet, éd. du Remue-Ménage.
Anne Archet
http://flegmatique.net
http://archet.net
http://gazette.archet.net
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Les 400 culs
Dans un livre posthume, l’anthropologue Alfred Gell expose une théorie révolutionnaire. Il y définit l’art non pas en termes d’esthétique (beau–laid), mais d’efficacité : il y a des objets qui exercent un pouvoir. Ils nous séduisent. Comment l’expliquer ?
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Les 400 culs
Dans un livre posthume édité en 1998, l’anthropologue anglais Alfred Gell expose une théorie de l’art révolutionnaire. Son livre s’intitule L’Art et ses agents. Il y définit l’art non pas en termes d’esthétique (beau–laid), mais d’efficacité : il y a des objets qui exercent sur nous un pouvoir. Ils nous séduisent. Comment l’expliquer ?
Sa théorie a ceci d’intéressant qu’elle dépasse largement le cadre des objets. Certaines personnes nous séduisent. Pourquoi ? La réponse de Gell est la suivante : ce qui nous attire le plus est généralement ce qui se trouve au coeur d’un faisceau de désirs croisés (1). A travers l’objet, des êtres différents souhaitent obtenir quelque chose… Plus un objet est chargé de souhaits, d’intentions, plus il exerce de pouvoir. Prenons un exemple : les fétiches à clou du Congo. Pour les fabriquer, il faut tuer un arbre, ce qui entraîne la mort d’un homme. L’intention des esprits convoqués se superpose à celle du commanditaire. Après quoi l’objet sert à faire des serments : on le cloue afin qu’il blesse en retour la personne si elle rompt son serment. Chaque clou planté correspond à une intention supplémentaire. Plus l’objet se herisse de pointes, plus il acquiert de la puissance… Comme une toile d’araignée dont les rets s’élargissent en spirale : plus l’araignée attrape de proies, plus elle grossit, plus sa toile s’étend… Ce qui nous amène fatalement à l’image de la séduction.
Qu’est-ce qui rend une personne séduisante ? Pour y répondre, j’aimerais d’abord citer un passage passionnant du livre de Gell, consacré aux motifs décoratifs qui ressemblent justement à des toiles d’araignée : méandres, labyrinthes, fractales, spirales dont les figures renvoient parfois à des fleurs, des cristaux, des étoiles ou des mandala… Gell nomme ces motifs des «constructions inachevées». Il explique : «En raison de leur diversité et de la difficulté que nous ressentons à saisir par la seule observation leurs principes mathématique et géométrique de construction, les motifs décoratifs nouent des relations durables entre les personnes et les objets, car pour l’esprit humain, ces motifs renvoient toujours à une opération cognitive “inachevée“.
Devant les motifs élaborés d’un tapis oriental, on pourra toujours dire qu’on est venu à bout de leur complexité ; il n’empêche que l’oeil voit toujours d’abord une relation particulière, puis une autre, et cela à l’infini. La richesse du motif est inépuisable, et détermine la relation entre le tapis et son propriétaire, pour la vie. Les anthropologues ont constaté depuis longtemps que les relations sociales durables sont fondées sur de l’inachevé .. L’essentiel dans l’échange en tant que créateur de lien social, c’est le fait de différer, de reporter les transactions. Si l’on veut que la relation d’échange perdure, elle ne doit jamais aboutir à une parfaite réciprocité, mais doit laisser perdurer un certain déséquilibre. Il en va de même pour les motifs : ils ralentissent l’acte de perception, l’arrêtent même, si bien qu’on ne possède jamais complètement un objet décoré, on ne cesse de se l’approprier».
L’objet qui s’orne de plis et de motifs géométriques, produit de façon visuelle le même effet que l’objet investi d’intentions multiples : on cherche à sa surface le chemin qui mène vers ces hommes, ces morts ou ces esprits qui l’ont créé. Mais on peut aussi n’y voir qu’une image de soi-même, diffracté comme à travers un prisme… «Celui qui possède un tapis oriental aux motifs complexes, comme celui que l’on trouve dans la nouvelle d’Henry James L’image dans le tapis, voit dans les circonvolutions une image de sa propre vie inachevée», ajoute Gell. L’image dans le tapis, plus elle est difficile à trouver, plus elle devient importante. Elle pose à l’esprit une sorte d’énigme sur laquelle on bute et qui, parfois, peut produire le même effet désagréable qu’un cauchemar. C’est ce que Gell nomme «la caractéristique essentielle de la décoration, à savoir sa capacité de résistance cognitive : lorsque nous nous laissons charmer par un motif, nous y sommes comme entraînés, et pris dans sa toile».
Les rêves les plus insidieux sont ceux qui nous poussent à résoudre une équation impossible, à trouver le chemin de la sortie. La solution est hors de portée. On s’englue dans ce marécage onirique. Alfred Gell raconte que les motifs géométriques provoquent parfois une impression de viscosité similaire. Les énigmes qu’ils représentent fonctionnent comme des pièges à glue. Mais, ainsi qu’il le suggère, ceux qui ont peur des substances visqueuses sont souvent ceux qui ont peur de s’attacher.
«Au toucher, l’expérience du visqueux peut être vraiment désagréable, mais non d’un point de vue analogique ou cognitif ; sinon, on comprendrait mal pourquoi nous sommes si enclins à nous attacher à des objets, et si sensibles à la qualité “adhésive“ de l’ornement. La plupart des civilisations non modernes et non puritaines apprécient la décoration et lui assigne une fonction spécifique dans les médiations de la vie sociale, en raison de sa capacité à créer un certain attachement entre les personnes et les objets».
Bien qu’il admette lui-même préférer les formes épurées, Alfred Gell se montre sensible au «charme» de ces motifs dont il met en évidence la fonction magique : beaucoup d’entre eux sont utilisés comme «instruments de protection» ou «boucliers défensifs». Ils sont placés en pectoral sur la poitrine, en ornement d’oreille, sur la porte d’entrée des maisons… On pourrait, à-priori, trouver contradictoire qu’un objet conçu pour susciter un attachement entre la personne et l’objet puisse tenir à distance des démons. «Si le motif attire, pourquoi n’attirerait-il pas aussi les démons au lieu de les faire fuir ?» Mais ce n’est pas un vrai paradoxe, car cet usage-là des motifs se fonde justement sur leur adhésivité : ce sont «des papiers tue-mouche où viennent s’engluer les démons, les rendant inoffensifs».
«Prenons par exemple l’entrelacs celtique. […] On dit qu’un esprit malin serait si fasciné par cet entrelacs noueux que sa volonté s’en trouverait totalement neutralisée. Perdant tout intérêt à exercer son intention de nuire, le démon se retrouverait pris dans les noeuds du motif ; ainsi l’objet, la personne ou le lieu protégé par ce dernier seraient sauvés. Les motifs complexes ne sont pas les seuls à produire cet effet. La simple présence d’une multiplicité peut suffire. On m’a dit qu’en Italie, les paysans accrochent encore un petit sac de grains à côté de leur lit pour distraire le Diable. En s’approchant du dormeur, ce dernier se mettrait à compter les grains et oublierait de faire du tort».
On peut également prendre l’exemple des dessins de bienvenue des pas-de-porte, qui sont appelés au Tamilnad (Inde du Sud) des kolam. Au Tamilnad, le kolam est associé à la divinité du cobra (naga), symbole de la fertilité. Il est d’ailleurs réalisé par des femmes, qui dessinent le motif en saupoudrant le sol avec de la chaux ou de la poudre de riz. A première vue, le kolam se constitue d’une seule ligne continue. Mais il s’agit de quatre boucles répétées en diagramme et si habilement tracés que le non-initié peut passer des journées entières à essayer (en vain) de reconstituer le mouvement qui a permis de tracer cette figure…
«Aucun démon ne saurait franchir le seuil de la maison devant pareil piège topologique. La complexité du dessin forcera le mauvais esprit à s’arrêter et à réfléchir, ce qui aura pour effet de neutraliser sa volonté de nuire. Sans doute n’est-ce pas un hasard si le Tamilnad, où ce sont les femmes qui s’adonnent à ces jeux mathématiques, est aussi la région de l’Inde d’où sont issus la plupart des mathématiciens et des informaticiens de renom.» Tous les méandres mènent à Amor. Pour résumer : faites-le réfléchir, faites-la gamberger…
L’Art et ses agents, d’Alfred Gell. Introduction de Maurice Bloch, traduit par Olivier Renaut et Sophie Renaut, édité par Alexandre Laumonier et Stéphanie Dubois, éditions Les Presses du Réel.
(1) Désirs, projections, voeux ou souhaits qu’Alfred Gell nomme des «intentionnalités».
Pour en savoir plus sur Gell : «Objets, personnes, esprits» de Olivier Allard. «Une nouvelle théorie de l’art» de Maurice Bloch.
Illustrations : La photo en haut est de Kinoko Hajime, un artiste de shibari (un homme-araignée érotique, qui tisse des liens sur ses proies). Son modèle (elle-même artiste de shibari) s’appelle Asagi Age-ha. Les schémas d’entrelac et de kolam sont tirés du livre (formidablement illustré et mis en page) de Gell : L’art et ses agents. J’ai rajouté une photo de broche de style celtique.
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En 1798, un guide des positions sexuelles est publié sous le manteau, illustré de vingt postures dont les dieux en personne auraient testé l'efficacité. Voici comment Mars et Venus se rendaient un culte… Prenez exemple !
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Les 400 culs
En 1798, un guide des positions sexuelles est publié sous le manteau en France, illustré de vingt postures dont les dieux en personne auraient testé l’efficacité. Voici comment Mars et Venus se rendaient un culte… Prenez exemple. Et voici comment Bacchus en personne aurait consolé Ariane…
En 1798, l’écrivain Simon-Célestin Croze-Magnan et le graveur Jacques-Joseph Coiny s’associent pour publier un ouvrage illicite (intitulé Recueil de postures érotiques) dont le texte est faussement attribué à L’Aretin (1) et les images à Carrache.
Croze-Magnan (sous pseudonyme) prétend en introduction que le livre a été retrouvé dans les bagages d’un officier français de l’armée d’Italie qui, lors d’une mission à Venise, avait été «assez heureux que de pouvoir rendre quelques services à la femme d’un sénateur.» Cette dame, en remerciement, l’aurait gratifié de nombreuses preuves de sa reconnaissance… et «entre autres cadeaux, lui donna cette collection» de gravures illustrées de positions érotiques. Il en est donc de cet ouvrage comme du Manuscrit retrouvé à Saragosse : son origine, dissimulée derrière une histoire galante, relève du délicieux mystère.
Afin d’attiser encore la curiosité du public, Croze-Magnan prétend que les vingts positions sexuelles sont le résultat d’une surprenante démarche : Carrache, dit-il, cherchait à dépeindre «les attitudes qui donnent le plus de développement aux facultés physiques de l’homme.» Mais aucune posture de statue, aussi spectaculaire soit-elle, ne le satisfaisait. Jusqu’à ce qu’il découvre, en observant les jeux d’amour, d’étonnants déploiements de beauté et le degré suprême de perfection anatomique dans les étreintes des amants. En d’autres termes : Carrache aurait brusquement réalisé que lorsque les humains s’accouplent leur corps deviennent sublimes.
«C’est dans l’acte de la génération que [les facultés physiques] se manifestent avec une noble vigueur. Tous les membres coopèrent à cette oeuvre merveilleuse. Les nerfs sont en contraction, les muscles agissent de concert, la physionomie s’anime, les yeux étincellent, la bouche s’entrouvre et laisse échapper des soupirs brûlants… Ils annoncent l’extase qui va bientôt saisir les individus réunis qui se communiquent leurs âmes et semblent vouloir les confondre dans les transports le plus voluptueux. Si la nature est imposante dans ses grands mouvements, l’homme est sublime dans l’explosion des passions qui le dominent. C’est alors qu’il participe le plus de la divinité dont il tient cette portion de souffle immortel qui l’anime».
Tout vibrant d’envolées poétiques, l’ouvrage mêle tour à tour épigrammes, poèmes gaillards et citations latines… Pour les auteurs de ce livre étonnant, les estampes ne se suffisent pas. Impossible de se masturber sur la seule vision de Mars et Venus enlacés : il faut qu’aux délices de l’image se rajoute ceux des mots dignes «de cette puissance ineffable qui, par les plaisirs et la volupté, régénère et perpétue la chaîne immense des êtres disséminés dans l’univers».
Les exploits des héros de l’antiquité sont illustrés comme des faits de gloire. Les corps arc-boutés –croupes saillantes, jarrets tendus, muscles bandés–, ressemblent à ceux de champions sportifs. Mais ces athlètes en rut ne sont pas que des corps. Le désir qui les anime est de nature cosmique, ainsi que le rappelle Croze-Magnan, d’une plume toute inspirée par les théories de Condillac, Helvetius et La Mettrie, pour qui la matière même du vivant possède la faculté de sentir. Impossible de séparer la chair de l’esprit, dit-il, car la puissance sexuelle des êtres –non-réductible à un simple phénomène organique– procède d’un ensemble complexe d’affects et de sentiments sans lesquels notre corps resterait inerte, voire frigide. Il en veut pour exemple la fameuse «dépression post coïtale» : ceux qui l’éprouvent sont ceux qui ont joui de façon mécanique, affirme-t-il. Ils sont punis par là où ils ont pêché : en séparant leur tête de leur sexe. Leur coeur de leur cul.
«En ne considérant l’amour que du côté physique, il est certain que le besoin une fois satisfait, les moyens qui ont servi à le soulager deviennent indifférents, quelque fois même désagréables. Mais pour peu que le coeur influe sur une liaison et que le sentiment inspire le désir, ce n’est plus une tristesse qu’on éprouve à la suite d’une jouissance, c’est une douce fatigue», explique Croze-Magnan, qui cite ensuite un poème parlant de ces «moments enchanteurs, et prompts à disparaître / Où l’esprit échauffé, les sens et tout notre être / Semblent se concentrer pour hâter le plaisir»… avant que le tumulte des organes laisse place à cette sorte de bonheur «sur lequel l’âme se repose en silence.» Jusqu’ici réservé à quelques riches amateurs de curiosa et aux visiteurs de la fondation Bodmer, en Suisse, ce livre rare vient d’être édité en fac similé aux Presses universitaires de France.
Les amours des dieux : l’Arétin d’Augustin Carrache ou Recueil de postures érotiques (1798), de Simon-Célestin Croze-Magnan et Jacques-Joseph Coiny. Introduction de Jan Blanc. Editions PUF et Fondation Martin Bodmer (Suisse). Collection Sources. Sortie en octobre 2014.
(1) auteur de sonnets scandaleux dans l’Italie du XVIe siècle.
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Pourquoi les images de sexe donnent-elles envie de tourner la tête ? Celles qui ne cachent rien, surtout, exercent une forme de magnétisme. On les regarde, on les scrute. Parfois on ne s’étonne pas. On a déjà vu ça mille fois… mais…
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Pourquoi les images de sexe donnent-elles envie de tourner la tête ? Celles qui ne cachent rien, surtout, exercent une forme de magnétisme. On les regarde, on les scrute. Parfois on ne s’étonne pas. On a déjà vu ça mille fois… mais…
Dans Joyeux enfer, un livre consacré aux premières photographies pornographiques, Alexandre Dupouy –libraire spécialisé dans les curiosa et collectionneur de clichés clandestins– souligne le mystère de cette curiosité qui nous pousse, irrésistiblement, à feuilleter les livres montrant des couples qui copulent, des nus ou des cuisses écartées sur des sexes poilus… Spectacle terriblement banal, trivial. Et pourtant.
Sa théorie est la suivante : ce que nous voulons voir dans ces images c’est justement la chose réduite à sa dimension la plus pauvre, son insignifiance. L’attraction qu’elles exercent se fonde sur le fait qu’au 19e siècle, les organes étaient les mêmes. Les postures n’ont guère changé. Ces photos de personnes maintenant disparues nous renvoient à quelque chose qui reste pareil, par-delà le passage du temps. En apparence, c’est toujours la même chose. L’écho qu’elles nous renvoient de nos propres jouissances a quelque chose de poignant. Bientôt, nous aussi nous allons disparaître, mais pas avant d’avoir exécuté les mêmes galipettes…
Dans Le Banquet de Platon (environ 428-348 av. J.-C.), Eros apparaît comme le fils de Poros (l’abondance) et Penia (la pauvreté). Etant issu de Pauvreté et d’Abondance, Eros nous confronte à l’idée que tout ce que la vie nous apporte va disparaître… Il nous confronte au vertige de la perte, ce qui explique peut-être pourquoi aussi nos jeux érotiques sont si répétitifs. Freud y voyait un exercice d’auto-hypnose comme une manière de se rassurer, proche de ce jeu du Fort-da, qui consistait -pour son petit-fils- à faire rouler au loin une bobine puis à la ramener vers lui, tout en ponctuant ses gestes des mots «Fort – Da» que Freud traduit : «Loin – Près» ou «Pas là – Là». Théorisé vers 1920, «le jeu du fort-da» c’est une façon pour l’enfant d’apprivoiser l’angoisse de la disparition. Et si, devenus adultes, nous ne faisions jamais que reproduire -plus ou moins frénétiquement- l’expérience de l’orgasme, tuant la tumescence, afin de mieux la voir renaître (1) et nous rassurant nous-mêmes sur notre propre capacité à ressusciter ?
La dynamique de l’érotisme s’articule autour d’un point central qui est la mort, autour de laquelle elle s’enroule -tel un cyclone autour de son œil- aspirée vers lui en spirale ascendante, effectuant, tour après tour, une série de circonvolutions qui semblent relever du surplace mais non… On a beau tourner en rond, c’est toujours différent. La répétition n’est qu’apparente. Et c’est pourquoi cette forme d’érotisme qu’est la pornographie nous fascine autant : parce qu’elle nous confronte à des images en apparence toujours les mêmes, compulsivement les mêmes, mais différentes. La chorégraphie des yeux renversés, des bouches ouvertes sur des râles, des arcs blancs qui giclent, exerce la même fascination que cette agitation des flots sur la mer… Elle n’est qu’une infinie variation sur la peur de se dissoudre. L’écume seule reste à la surface de cette agitation. Il n’y a, de ce point de vue, pas grande différence entre la mort qui est un événement unique et la jouissance, qui se répète à n’en plus finir.
L’expérience érotique s’inscrit donc dans la durée -qu’on essaye d’allonger au maximum-, afin que le temps disparaisse, suspendu dans l’intensité. Le désir, tentative de suspendre la vie ? Une stratégie dérisoire, peut-être, mais c’est la seule que nous ayons trouvée et voilà probablement pourquoi nos formes d’érotisme reposent aussi souvent sur l’idée de l’obstacle : interposer des couches entre soi et le corps de l’autre, interposer des murs, des écrans, des serrures, des culottes, des espaces qui séparent et des grammaires conventionnelles de gestes et de postures faites pour travestir le désir même, voilà à quoi nous passons pratiquement toute notre vie… dans l’espoir que cela repousse le moment de la FIN. Eros, c’est le plaisir pris dans l’expectative de la mort, avec la conscience intime que le plaisir est arraché au néant vers lequel on se précipite. Eros, c’est la jouissance dans les larmes. Raison peut-être pour laquelle la philosophie antique ancre sa question première –«Qu’est-ce l’être ?»,»ti o on»– dans une réflexion sur l’Eros.
Nota bene : cette réflexion s’appuie sur l’idée que la pornographie est une des formes de l’érotisme. La forme «première» peut-être ?
Joyeux enfer. Photographies pornographiques 1850-1930, d’Alexandre Dupouy, La Musardine. Livre accompagné d′un DVD (Porno Folies), comprenant 9 films pornographiques clandestins du début du siècle, pour une durée totale de 60 minutes : «Strip-tease forain» ; «La Nouvelle Secrétaire» ; «Le peintre» ; «Clownerie» ; «Photo nuptiale» ; «Avec ses pieds» ; «École de danse» ; «Étape en forêt» ; «Dernières cartouches».
(1) «Maintenant, comme fils de Poros et de Penia, voici quel fut son partage. […] Sa nature n’est ni d’un immortel, ni d’un mortel : mais tour à tour dans la même journée il est florissant, plein de vie, tant que tout abonde chez lui; puis il s’en va mourant, puis il revit encore, grâce à ce qu’il tient de son père. Tout ce qu’il acquiert lui échappe sans cesse» (Le Banquet, Platon)
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Les 400 culs
Il s’appelle Arthur Chaplin, mais n’a rien à voir avec Charlie… Arthur Chaplin vit au 19e siècle, en France pays pionnier des libertés individuelles. Il est un des premiers peintres de cette culture alors en plein essor qui est celle des «invertis» plus tard nommés «folles», «tatas» ou «tarlouses»…
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Il s’appelle Arthur Chaplin, mais n’a rien à voir avec Charlie… Arthur Chaplin vit au 19e siècle, en France pays pionnier des libertés individuelles. Il est un des premiers peintres de cette culture alors en plein essor qui est celle des «invertis» plus tard nommés «folles», «tatas» ou «tarlouses»…
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Il s’appelle Arthur Chaplin, mais n’a rien à voir avec Charlie… Arthur Chaplin vit au XIXe siècle, en France pays pionnier des libertés individuelles. Il est un des premiers peintres de cette culture alors en plein essor qui est celle des «invertis» plus tard nommés «folles» ou «tatas»…
A 19 ans, Arthur Chaplin (1869-1935) se passionne pour les garçons «aux fesses de demoiselles» et dessine en aquarelle des scènes érotiques étranges montrant des hommes à leur toilette, entourés de laquais «tirés… à quatre épingles», qui zieutent le cul bombé de leur maître et se disputent ses faveurs : «N’est-ce pas ce que la langue française désigne de manière si imagée par être cul et chemise ?», demande Arthur Chaplin, qui accompagne ses dessins de petits textes parlant de ces culottes souples, – moulant les fesses de façon presque obscène –, que les hommes portent alors avec ostentation. «Il y a loin de la coupe aux lèvres, dit-on généralement ; mais pour ce qui est de la croupe aux lèvres, on en est moins sûr… ». La mode Empire encourage l’exhibition. Elle est si près du corps qu’il devient difficile d’ignorer si «Monsieur» porte à droite ou à gauche.
Le père d’Arthur Chaplin – un des peintres préférés de la princesse Eugénie – est un spécialiste des déshabillés vaporeux et des jeunes filles alanguies. Arthur, lui, préfère la botanique : il devient un parfait pasticheur des natures mortes dans le style des petits-maîtres hollandais. Mais que cachent ses chastes bouquets de fleurs ? Nicole Canet, antiquaire spécialisée dans l’iconographie gay, dévoile un pan inédit de sa production : elle vient de publier ses aquarelles de jeunesse, dans un livre au titre prometteur : «Plaisirs et Débauches», consacré non seulement à la production secrète de ce peintre mais à tous les documents rares portant sur les pratiques sexuelles des personnalités de l’époque : prenez Cambaceres, par exemple. Sa vie de célibataire endurci fait jaser. Est-il vrai qu’on le nommait l’Archifou ou Tante Turlurette ?
«A quarante-deux ans, il distingua parmi le personnel de son secrétariat un jeune homme d’une grande beauté, Olivier Lavollée, de vingt-deux ans son cadet, dont il fit son amant. Leur union dura toute leur vie dans les bons comme dans les mauvais jours», affirme Nicole Canet. L’homosexualité de Cambaceres n’est pas avérée mais les bruits circulent toujours, autant que les petites histoires sur cet homme à qui la légende attribue (à tort) d’avoir aboli le crime de sodomie (1). Sur Internet, on peut donc lire : «De guerre lasse, Napoleon ordonne à son Prince-Archichancelier de s’afficher avec une maîtresse afin de faire cesser les injures, dont est la cible le deuxième personnage de l’état. Cambaceres choisit Mlle Guizot, actrice portant le travesti à merveille, ce qui relance les ragots. Peu de temps après le début de cette liaison, on croit Mlle Guizot enceinte. Un courtisan s’empresse de féliciter Cambaceres : «Ah, Monseigneur, voilà une grossesse qui vous fait honneur. On dit que Mlle Guizot porte les marques visibles de votre attachement pour elle.» L’Archichancelier lui répond froidement : «Cela regarde Monsieur de R., en ce qui me concerne, je n’ai connu Mlle Guizot que postérieurement.» (adverbe qui fit beaucoup rire les personnes présentes à la Cour).»
A la même époque, et de façon plus documentée, de nombreuses personnalités défraient la chronique en s’affichant sans ambiguité comme anti-physiques notoires. Ils en ont obtenu le droit : «Avant la révolution française, l’homosexualité était passible de la peine capitale plus ou moins appliquée selon les époques. La dernière exécution à Paris «pour crime de sodomie» eut lieu en 1750. En 1791, le nouveau code pénal abandonne le crime de sodomie entre adultes consentants» (2). Dans un climat de liberté euphorique, les hommes peuvent enfin afficher leurs goûts et forment des cénacles auxquels la meilleure société se mélange. Pas une soirée mondaine n’est réussie sans eux. Robert de Montesquiou (1855-1921), poète et dandy célèbre pour son élégance et ses bonnes manières, séduit tous ceux et celles qui le croisent : le marquis et la marquise de Casa Fuerte, Gabriel Fauré, Gustave Moreau, Marcel Proust, D’Annunzio, Huysmans, Jean Lorrain, Sarah Bernardt… On le surnomme «Le Prince Hortensia», d’après sa fleur favorite.
Arthur Chaplin fait partie des élus. Lui aussi croise ces hommes de la nuit. Il tombe d’ailleurs fou amoureux d’Illan Alvarez de Toledo, marquis de Casa Fuerte (1882-1962), qui le décrit ainsi, dans ses mémoires : «grand, mince, portant des talons trop hauts, les cheveux tout blancs, le visage rasé, l’air austère et détaché du monde»… Apparemment l’amour n’est pas partagé. Arthur Chaplin brûle en vain de passion pour ses idoles. Les dessins qu’il exécute en secret pendant son adolescence sont d’ailleurs, de façon presque prophétique, marqués par le fantasme d’un amour à sens unique.
«À la vérité, je crois que nul n’avait assez d’attraits,
Pour que je m’offre à lui sans regrets.
C’est le malheur de Narcisse de toujours comparer,
Et s’il ne trouve aussi beau que lui, de ne pouvoir se donner…».
Ce qui deviendra une des formes les plus stigmatisées de «la culture gay» est en train de naître, entre les chiffons, les pommades, les papillotes… et l’orgueil de se savoir différent.
Plaisirs et Débauches au masculin - 1780-1940, aux éditions Nicole Canet. Textes d’Étienne Cance et de Nicole Canet. Edition limitée à 950 exemplaires numérotés à la main. Relié. 275 illustrations en couleur. 336 pages
Le livre est en vente à la galerie Au Bonheur du jour et sur internet.
Au Bonheur du jour : 11 rue Chabanais, 75002 Paris.
Pour en savoir plus : Folles de France, Yves Le Talec, Paris, La Découverte, 2008.
(1) «On considère souvent – à tort – que le Code Napoléon (1804) est à l’origine de la décriminalisation de la sodomie en France, et l’on attribue habituellement ce texte à son principal architecte, Jean-Jacques Régis de Cambacérès, dont il est pratiquement certain qu’il était lui-même homosexuel. Or le Code Napoléon est un recueil de lois qui réglementent la vie civile et dans lesquelles aucune infraction criminelle n’est mentionnée. La législation napoléonienne qui nous intéresse est en fait le Code pénal de 1810, qui n’est pas l’œuvre de Cambacérès et qui, en tout état de cause, ne fait que confirmer les dispositions antérieures. C’est à la Révolution française que revient le mérite d’avoir fait adopter, en 1791, un code pénal qui omet de mentionner la sodomie. Le député qui le présente à l’Assemblée nationale constituante souligne que le code ne proscrit que les «crimes véritables» et non pas «ces délits factices, créés par la superstition [c’est-à-dire la religion], la féodalité, la fiscalité et le despotisme». Le blasphème, l’hérésie, le sacrilège, la sorcellerie, ainsi que les actes sexuels sans victimes tels que la bestialité, l’inceste et la sodomie font apparemment partie de cette dernière catégorie.» (Source : Une histoire de l’homosexualité, Robert Aldrich, éditions du Seuil, 2006).
(2) «La révolution française dépénalise ainsi les rapports homosexuels. Mais progressivement, un certain nombre de dispositions légales discriminatoires vont limiter les libertés des lesbiennes et des gays : l’âge autorisé pour les relations homosexuelles sera fixé à 18 puis 21 ans (15 ans pour les relations hétérosexuelles), interdiction dans les lieux publics des comportements pouvant évoquer l’homosexualité (danse entre hommes, baisers…), circonstance aggravante d’homosexualité en matière d’outrage à la pudeur, inscription de l’homosexualité dans la liste des fléaux sociaux à combattre… Avec la victoire de la gauche en 1981, toutes ces dispositions discriminantes sont abrogées. Il n’en reste pas moins que les rapports sexuels dans un lieu privé entre deux personnes de même sexe consentantes et ayant l’âge légal sont légitimes en France depuis 1791.
Par comparaison avec quelques pays voisins, l’homosexualité est dépénalisée en 1890 en Italie, 1967 en Angleterre, 1969 en Allemagne, 1979 en Espagne.» (SOURCE : cliquez ici).
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Myriam Blanc a fondé une famille qui «ressemble à toutes les familles, à ce détail près qu’elle compte deux mères et pas de père.» Une famille sans père, est-ce possible ? Oui. N'en déplaise aux défenseurs de l'ordre symbolique.
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Dans «Le baiser de Marseille» la réalisatrice Valérie Mitteaux enquête sur la façon dont les Français perçoivent l’homosexualité. Le constat est noir : c’est bien beau d’avoir obtenu l’égalité des droits, mais à quoi ça sert si le résultat est une hausse des agressions homophobes ?
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Il peut sembler naïf de rêver sur des histoires de prostituée au grand coeur, surtout à notre époque, en plein boom du tourisme sexuel. Et pourtant… Suzy Wong continue d'alimenter les fantasmes.
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Nous vivons dans une société qui pose en idéal la notion de liberté. Problème : nous ne pouvons pas choisir nos désirs. Parfois même ils nous dominent. Nous nommons cette perte de contrôle une "perversion".
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Il existe des lubrifiants dont il faut se servir à pleins seaux. Ce ne sont pas des lubrifiants pour les orifices mais pour transformer le corps entier en patinoire et le contact dermique en long, immense, vertigineux jeu de glisse. Le Magic Gel Nuru fait son arrivée sur le marché français.
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Il existe une expression pour désigner ceux et celles qui ont découvert le sexe à l’écran : les «natifs pornographiques». Ils sont tombés dedans quand ils étaient petits. Qu’est-ce que ces images leur ont fait ? A cette question difficile, quelques tentatives de réponse.
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Vers 1900, les préservatifs de luxe portent presque tous des chapeaux : képi, casquette, canotier, béret, chapeau pointu de clown ou mortier de juge. C’est une des révélations de l’ouvrage «Plaisirs et Débauches» consacré aux pratiques interdites qui vient de sortir en édition limitée. Rare et bizarre.
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Dans un livre d’images consacré à la catastrophe naturelle et nucléaire de Fukushima, Jacques Ristorcelli livre «de l’intérieur» sa vision du chaos, qu’il mixe volontairement avec les paroles d’une animatrice de tchat érotique.
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Elle a photographié plus d’une centaine d’hommes en gros plan, avec le désir de renverser les perspectives : visage caché, pénis montré. De cette étonnante collection, la photographe Nathalie Bagarry révèle dix clichés qui nous renvoient à l’humain, dans sa nudité même : «au repos».
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Pucelle, puceau : personne qui n’a encore jamais fait l’expérience d’une relation sexuelle. Vierge : uniquement au féminin. Pourquoi ?
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Transformer des personnes handicapées en jouets sexuels : pourquoi pas ? L’association barcelonaise Post-Op débarque à Lausanne du 15 au 19 octobre, à l’occasion du Festival de cinéma Underground (LUFF) pour expliquer, en actes, ce qu’un paraplégique peut donner et recevoir en matière de sexe.
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Il existe une idée selon laquelle la femme «perd sa fleur» la première fois qu’elle se fait pénétrer. Mais on ne perd pas son hymen comme on perdrait sa clé. C’est un tissu vestigial, programmé pour s’auto-détruire, qui cristallise beaucoup d’angoisses et surtout de préjugés.
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Un appareil anti-masturbateur des années 1900, conçu pour petit garçon, est actuellement exposé dans une librairie parisienne, aux côtés du catalogue d'époque qui en atteste l'authenticité. Paradoxe : l'appareil est plutôt excitant à voir.
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Il y a toujours une forme de traumatisme avec la sexualité. On a beau avoir étudié les organes génitaux à l’école et piqué les Penthouse de grand-père… Aucun plan de coupe, aucune photo ne vous préparent à cette forme de catastrophe que représente le pet vaginal.
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Vous êtes-vous jamais masturbé(e) à l'aide de substances gluantes ? Le Musée de l'érotisme à Paris expose 32 artistes japonais dont les obsessions multiples présentent de curieuses analogies avec le gore. Entrailles, fluides et liquéfactions…
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Ce qui est arrivé à nos parents, on se dit «Ca ne me concerne pas.» C’était leur vie, pas la mienne. Mais s’il s’agit d’un secret de famille, il fait partie de l’héritage. Une artiste – N.D. – met en scène les liens qui nous unissent, bien malgré nous, à nos ancêtres : elle tresse leurs fantômes.
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Certaines femmes «obligent» les hommes à se montrer sexistes. Elles veulent qu'on leur ouvre la porte d'un restaurant et qu'on s'efface pour les laisser entrer. Elles veulent être traitées en petites choses précieuses… tellement romantique ?
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Pour beaucoup de femmes, la galanterie est souvent l’envers de la goujaterie. Ces marques d’attention sont-elles une manière déguisée de les circonvenir ? D'amortir leur jugement critique ? De les affaiblir ?
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La jalousie peut-elle être une bonne chose dans un couple ? Parfois oui. La jalousie libère. Enfin, presque.
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Julien, la trentaine, note depuis plus de 10 ans tout ce qu’il voit et entend concernant les rapports hommes-femmes, établissant une chronique du «sexisme ordinaire», vu par un homme.
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«Le fist souffre d’une réputation de pratique extrême alors qu’il nécessite la plus grande douceur.» Dans un livre militant, Erik Remes non seulement explique les techniques, mais le sens profond du fist-fucking : cette pratique est le contraire de la barbarie.
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Qu’est-ce que l’amour ? Pour répondre à cette question, en 2001, l’artiste japonais Hideyuki Sawayanagi créé une installation qu’il faut visionner dans une salle obscure. Cette projection d’un genre spécial est précédée par 30 secondes de compte à rebours. L’œuvre...
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Les 400 culs
Il n’existait jusqu’ici aucun mode d’emploi en Français pour faire des noeuds érotiques. Dans un livre intitulé Shibari, les principales figures du ligotage à la Japonaise sont disséquées pour les débutants. Mais que veut dire shibari ?
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Il n’existait jusqu’ici aucun mode d’emploi en Français pour faire des noeuds érotiques. Dans un livre intitulé Shibari, les principales figures du ligotage à la Japonaise sont disséquées pour les débutants. Mais que veut dire shibari ?
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Il existe un expression particulière pour désigner l’homme objet, celui dont on fait son sextoy, dans le vocabulaire du sexe hardcore : «bâtard». Le maître se dit : «larveur». De quand date ce vocabulaire ? Musset peut-être ?
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Il arrive parfois, en plein cunnilingus ou fellation, de s’ennuyer mortellement… Quand l'autre continue de mettre sa langue là où ça ne fait aucun effet… faut-il se mettre en mode GPS ? Ou tenter la télépathie ?
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Il arrive parfois, en plein cunnilingus ou fellation, de s’ennuyer mortellement… Quand l'autre continue de mettre sa langue là où ça ne fait aucun effet… faut-il se mettre en mode GPS ? Ou tenter la télépathie ?
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L’artiste Anies Gomez fait ce qu’elle appelle des «portraits de vrais visages», c’est à dire qu’elle photographie ses modèles nus… avec le sexe masqué par une feuille sur laquelle, en trompe l’oeil, les modèles ont dessiné leur sexe. Leur sexe mâle et leur sexe femelle.
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Vers la fin du 19e siècle, les cartes postales apparaissent en même temps que la mode des baisers, des bisous, des bécots et des mignardises. Bref, le baiser rime avec la bêtise. Jusqu'à la première guerre mondiale du moins.
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La bataille de polochon fait partie des premières émotions érotiques. On regrette, une fois devenu(e) grand(e) de ne plus oser se battre avec l’autre. Heureusement… il y a Michael McMurran, animateur d’un cours de lutte érotique. Corps à coeur !?
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L'image d'un homme debout, le bras devant les yeux, et d'une femme couchée derrière lui, seins nus est très connue des psychologues sous le nom de planche 13MF du TAT. En voici 14 interprétations. Laquelle serait la vôtre ?
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Il existe un geste insultant, qui consiste à placer le pouce entre deux doigts. C'est obscène, sans qu'on sache en quoi. S’agit-il d’un gland qui pousse ? D’un clitoris dressé entre les nymphes ? D’une hémorroïde ?
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Les 400 culs
Détournant les images de tests psychologiques conçus dans les années 30 et 40, l’Américain Bryan Saunders en fait de l’art à valeur introspectif. Il nous invite à suivre son exemple. Que voyez-vous dans ces images ? Il s’agit d’inventer des histoires… sans se censurer.
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Les 400 culs
Rien de plus efficace, pour faire parler les gens, que leur montrer des images ambiguës en leur demandant ce qu’ils y voient… Les tests projectifs permettent d'y voir plus clair dans nos peurs, nos désirs… notre sexualité ?
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Megumi Igarashi veut créer toutes d’objets qui reprennent la forme du sexe féminin: des boîtiers pour téléphone portable, des lits, des bateaux… Arrêtée le 12 juillet dernier pour obscénité, puis relaxée, elle veut montrer et désigner l’innommable.
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Lorsqu'on a un problème –une maladie, un traumatisme– on se se sent coupable. "Qu'ai-je pu faire pour provoquer cela ?". On accuse les victimes de MST d'avoir manqué de prudence. Quant aux victimes d'un viol… N'ont-elles pas pris des risques ?
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Lorsqu'on a un problème –une maladie, un traumatisme– on se se sent coupable. "Qu'ai-je pu faire pour provoquer cela ?". On accuse les victimes de MST d'avoir manqué de prudence. Quant aux victimes d'un viol… N'ont-elles pas pris des risques ?
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La sexualité a longtemps été rangée parmi les pulsions dites «naturelles», comme si, «naturellement» les êtres humains étaient capables de se reproduire. Il semblerait que ce ne soit pas le cas. Lorsqu’il éprouvait des besoins, Victor, l’enfant sauvage, n'était pas capable d’en localiser la source…
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Les 400 culs
Il est courant de penser que la sexualité est un facteur de désordre. Voire l’affaire DSK. Les sex-addicts n’existeraient pas s'ils étaient capables de contrôler leurs pulsions… Et si on partait du principe que le désir nous pousse au contraire dans la direction d'un ordre. Ou d'un équilibre intérieur ?
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Les 400 culs
Si jamais vous êtes à court d’un sujet de conversation, lancez un débat : « Les femmes préfèrent un homme plus riche qu’elles. » Laissez passer deux secondes, puis ajoutez : « Elles préfèrent se marier au-dessus de leur condition. » Ensuite parlez de Houellebecq, de Soral et de Buss. Buss ? Qui est Buss ?
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Si jamais vous êtes à court d’un sujet de conversation, lancez un débat : « Les femmes préfèrent un homme plus riche qu’elles. » Laissez passer deux secondes, puis ajoutez : « Elles préfèrent se marier au-dessus de leur condition. » Ensuite parlez de Houellebecq, de Soral et de Buss. Buss ? Qui est Buss ?
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Si jamais vous êtes à court d’un sujet de conversation, lancez un débat : « Les femmes préfèrent un homme plus riche qu’elles. » Laissez passer deux secondes, puis ajoutez : « Elles préfèrent se marier au-dessus de leur condition. » Ensuite parlez de Houellebecq, de Soral et de Buss. Buss ? Qui est Buss ?
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Pourquoi les multinationales de la cosmétique gagnent-elles autant d’argent ? Parce qu’une femme maquillée est considérée comme plus désirable : grosses lèvres, yeux humides… Et quand un homme se maquille, est-il plus séduisant lui aussi ?
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Dans les années 40, le sexologue Alfred Kinsey découvre l'existence d'une femme multi-orgasmique capable d'avoir entre jusqu'à 20 orgasmes par minute. De cette étonnante insatiabilité des femmes, capables de jouir non-stop, les féministes s'emparent comme d'un cheval de bataille, affirmant qu'elles (les femmes) ne connaissent pas « la petite mort ».
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«Elle sourit», répond Linda Williams. Cette chercheuse américaine, vient enfin d'être traduite en Français. Son livre Screening sex s'orne en couverture du vlisage d'une femme qui jouit. C'est Jane Fonda, dans le film Barbarella, un film pionnier dans l'art de montrer l'orgasme féminin.
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Les 400 culs
Le lait ne contient pas d’éthanol et pourtant… les seins sont souvent comparés à des grappes de raisin qui feraient perdre la raison. Alcool et lait, même combat : le vin apaise, réjouit, enivre. Le sein aussi. Mais que cache réellement cette métaphore ?
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Les 400 culs
La ville a-t-elle une influence sur la sexualité ? Il n’est peut-être pas si anodin d’être un citadin… et de prendre chaque jour le métro, d’enfiler des tunnels à bord de rames bondées puis se donner rendez-vous au «Point G»....
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A l’origine, le mot "coït" ne renvoie pas au sexe mais aux citadins. Il existe en effet dans les villes un principe émollient, lié à la nature érotique de ce lieu où des centaines d’inconnus vous croisent tous les jours, vous frôlent dans les transports publics et vous rendent… rêveur ? alangui ? perméable ?
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Les 400 culs
Les photos et le cinéma de cul, contrairement aux apparences, ne donnent pas du sexe à voir mais plutôt l’illusion d’une intimité. C’est tout le paradoxe de cette industrie que l’on accuse de réduire les humains à de la viande, alors qu’elle exalte l'idéal des «affinités».
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Les 400 culs
Dans les films de cul les acteurs regardent souvent la caméra. Cela est totalement interdit dans le cinéma classique. Pourquoi ? Il est en du cinéma comme de l’hypnose, répond Frédéric Tachou dans une étude sur l'invention des images obscènes…
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Les 400 culs
Il y a des organes qui semblent n’avoir aucun intérêt, jusqu’au moment où vous mettez le nez dessus. Les testicules par exemple. Leur nom vient du mot «témoin» : témoins d’une fête à laquelle ils sont rarement amenés à participer. Quelle injustice.
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Les 400 culs
Lorsque les vélos se popularisent vers la fin du 19e siècle, les femmes l’adoptent avec enthousiasme. Alerte ! Des médecins accusent la bicyclette de diminuer la fertilité et de convertir les malheureuses aux charmes délétères de la masturbation.
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Les 400 culs
Ils vivent en couple. Lui sculpte, elle photographie. Des femmes obèses ou amputées. Avoir un corps, disent-ils, c’est forcément être imparfait, lourd, grossier… Mais c’est peut-être justement là que se trouve la magie. Qu’est-ce qui nous rend si attirants ? Pourquoi trouve-t-on l’imperfection plus érotique ?
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Les 400 culs
Pourquoi est-il plus facile de se laisser aller avec une coupe dans le nez ? Dans un livre intitulé Eros Bacchus, la chercheuse Anne-Françoise Jaccottet éclaire les liens ambigus qui lient l’amour et le vin : dès l’apparition de l’écriture...
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Les 400 culs
Les femmes ont joué un grand rôle dans le nucléaire. Tout le monde connaît Marie Curie, découvreuse de la radioactivité. Mais qui connaît Lise Meitner, inventeuse de la fission nucléaire ? Dans un ouvrage consacré aux pionnières, Catherine Dufour raconte la vie étrange de cette femme…
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Les 400 culs
En 1941, une des sœurs de John Kennedy, beauté sexuellement dérangeante, est «soignée» par l’inventeur de la lobotomie… sous prétexte qu’elle est mentalement dérangée. On lui perce le crâne afin de sectionner des tissus cérébraux. La voilà transformée en légume.
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Les 400 culs
La sagesse populaire répond à cette question de mille délicieuses manières, énumérées dans un livre qui compile toutes les informations bonnes à savoir avant de faire son choix : pourquoi met-on la bague à l’annulaire ? D’où vient le voile de la mariée ? Que signifie le mot conjugal ? A lire absolument… avant de dire «Oui» ou «Nan».
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Les 400 culs
C'est prouvé, affirment les chercheurs qui multiplient les études comportementales pour nous faire croire que nos préférences sont déterminées par des mécanismes d'origine "ancestrale", voire "primaire". En matière de sexe, disent-ils, nous sommes restés très proches d'un Cro-Magnon. Reste à savoir si Cro-Magnon n'était pas bien plus raffiné que ces chercheurs.
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Les 400 culs
Saviez-vous que la phrase «Ma chandelle est morte» faisait allusion à un pénis flappi ? Pour mieux comprendre la chanson Au clair de la lune, il faut lire Les Bagatelles de la porte, un livre consacré aux mille et une techniques pour chauffer l'autre et lui mettre le feu… Allumer est un art.
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Les 400 culs
Il existe, sur internet, un sujet de discussion récurrent : “Qu'est ce que les femmes ont inventé ?“. Les réponses oscillent généralement entre : “Rien du tout lol“ et “Les tampax mdr“. “Sur les forums d'ado, beaucoup de garçons se demandent à quoi ça sert, une fille“. Dans un livre bourré à ras-bord d'inventrices et de découvreuses, Catherine Dufour remet les choses au point.
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Les 400 culs
Un bouquet de romarin : "putain". Une carotte et deux oignons : "Je t'aime bien". Dans la nuit du 30 avril, la tradition a longtemps voulu que les garçons disent tout, tout cru, aux filles, sous la forme de messages codés…
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Les 400 culs
D'une personne qui dort ou se caresse avec des os humains, peut-on dire qu'elle abuse sexuellement d'un mort ? Petit retour sur le cas de la célèbre Suédoise nécrophile, qui a finalement été relaxée. Pour comprendre l'affaire, petit retour en arrière sur le cas du nécrophile Félix Lucazeau…
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Les 400 culs
Il existe des poupées sexuelles ultra-réalistes, à la chair de silicone et aux pupilles de verre, qui sont produites tout spécialement pour les femmes et les gays. Elles sont fabriquées par la firme américaine Abyss qui vend environ 1000 « Real dolls » par an. Sur le nombre total des ventes, une sur dix est une poupée mâle.
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Les 400 culs
Il existe des poupées sexuelles ultra-réalistes, à la chair de silicone et aux pupilles de verre, qui sont produites tout spécialement pour les femmes et les gays. Elles sont fabriquées par la firme américaine Abyss qui vend environ 1000 « Real dolls » par an. Sur le nombre total des ventes, une sur dix est une poupée mâle.
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Les 400 culs
Est-il possible de jouir par la bouche ? Pour Nicole, oui : "Avec lui, chaque fellation me procure des orgasmes", affirme-t-elle. Il y a encore 8 mois, elle aurait certainement éclaté de rire à cette idée. Elle aurait peut-être aussi...
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Les 400 culs
Depuis les années 50, les scientifiques se demandent comment intervenir sur le cerveau en installant des stimulateurs miniaturisés. Il s'agit d'abord de guérir, pour ensuite jouer sur la volonté... Un roman de «proche anticipation» fait le point.
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Les 400 culs
Il y a des maladies propres à certaines sociétés, et dont les symptômes se mesurent en terme de souffrance réelle, qui semblent relever de la psychose. "Possession par le renard", au Japon. "Volatilisation du pénis", en Afrique. Et en Occident ? "Addiction au sexe".
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Les 400 culs
Vanda Spengler photographie des corps nus depuis environ douze ans, mais son travail n’a rien d’érotique, dit-elle. Elle affiche ses photos dans des lieux publics, lors d’expositions pirates, pour confronter les gens à cette question : que dévoile REELLEMENT la nudité ?
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Les 400 culs
En Occident, il est mal vu d’éprouver des «besoins» sexuels. Avoir besoin, cela sous-entend qu’on est dépendant. C’est mal. Rongé(e)s de culpabilité, ceux et celles qui ont "besoin" de sexe finissent par souffrir au point d’aller consulter. Docteur, je suis sex-addict ?
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Les 400 culs
Le 17 août 1308, pour la première fois dans l’histoire de la chrétienté, une femme est éviscérée juste après sa mort puis ses organes ouverts, à la recherche des preuves de sa sainteté. Dans son coeur, on trouve un Christ en croix. S’agit-il d’un hasard ? A l’époque, le «coeur» se dit, en latin, «uterus».
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Les 400 culs
Pourquoi est-ce que les femmes ont plus de facilité que les hommes à réaliser leurs fantasmes ? Pour l’écrivain Dunia Miralles, qui dissèque l'âme humaine dont fait partie la mécanique du sexe, il est à espérer que tout cela change...
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Les 400 culs
Aux origines du féminisme, il y a des femmes qui —forcées de se prostituer— parviennent à se faire respecter. Ninon de l'Enclos fit partie de ces «hommes illustres». Elle ne parlait jamais de sexe qu’en terme de plaisir… Elle nommait...
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Les 400 culs
Il existe une superstition, bien connue en France, selon laquelle une femme qui a ses règles rate la mayonnaise. Pourquoi ? Dans un ouvrage consacré à la division sexuelle du travail, l’anthropologue Alain Testart avance une théorie concernant le tabou des menstrues : et si l'inégalité venait de là ?
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Les 400 culs
Il y a des femmes qui n'éprouvent aucun changement, avant, pendant ou après les règles. Il y a en qui affirment que ça les rend maladroites. Elles cassent tout, se cognent, deviennent irrascibles… L'influence attribuée au cycle menstruel les autorise,...
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Les 400 culs
On dit que le désir se voit «comme un nez au milieu de la figure.» Raison peut-être pour laquelle le nez est si souvent coupé pour punir les «vicieux». De cette mutilation, plusieurs artistes ont tiré la matière d’une exposition...
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Les 400 culs
Dans un documentaire de 52 mn diffusé demain soir (mardi) sur France 5, Serge Moati s'interroge sur le désir féminin. Et si la supposée différence de libido fondait les ingélités sociales ?
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Les 400 culs
Pas un contrat ne se négocie sans champagne. Ni celles qui viennent servir le champagne. Plaisir d’offrir, joie de recevoir ! Du client à charmer, les escorts semblent d’ailleurs toujours savoir d’avance quels sont les goûts… Le livre Sexus Economicus...
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Les 400 culs
Comment définir la sexualité ? Documen...
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Les 400 culs
Pour faire un bébé, mettez du sperme mâle avec du sperme femelle. Touillez. Laissez reposer neuf mois… Pendant plus de mille ans, la recette semble marcher. Quand ça ne marche pas, le mari est accusé de n'avoir pas fait jouir...
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Les 400 culs
A la fin du 17e siècle un médecin néerlandais découvre les ovaires. Le sexe féminin existe désormais, différent de celui de l'homme. Mais si elle n'est plus une copie qu'est-ce alors? La confusion, l'incompréhension semble durer encore.
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Les 400 culs
On se dit toujours qu’on sait déjà tout au sujet du sexe, surtout celui du mâle et que de toute manière, chaque pénis est unique. Chaque personne ayant son mode particulier de fonctionnement, les modes d’emploi sexuels ne servent à...
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Les 400 culs
Entre 18 et 34 ans, 5,6% des femmes affirment qu’elles font «souvent» l’amour pour «faire plaisir» à leur partenire. Pour la sociologue Patricia Legouge, la faute incombe à certains medias selon lesquels : «Le sexe ? c'est bon… pour le couple».
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Les 400 culs
Le shopping therapy passe parfois par l'achat de ce sous-vêtement qui servira de porte d'entrée vers la jouissance, ou pas.
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Les 400 culs
«Zizi, c’est mignon, c’est sympa, c’est français. Zizi, c’est le jeu. Tous les garçons aiment jouer avec leur zizi.» Sur la base de ce constat simple, la firme de sextoys Keepburning vient de lancer une gamme nommée Zizi qui s’adresse...
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Les 400 culs
Combien de gestes tendres et/ou sexuels permettent de jouir avec l’autre, ou de lui faire éprouver un intense plaisir? Deux artistes américains, amoureux l’un de l’autre, Bryan Saunders et son amie Nicole Bailey, en ont trouvé 20 et ont tenté de décrire, en images, les sensations qu'ils procurent.
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Les 400 culs
Combien de gestes tendres et/ou sexuels permettent de jouir avec l’autre, ou de lui faire éprouver un intense plaisir? Deux artistes américains, amoureux l’un de l’autre, Bryan Saunders et son amie Nicole Bailey, en ont trouvé 20 et ont tenté de décrire, en images, les sensations qu'ils procurent.
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Les 400 culs
Internet est souvent rendu coupable de banaliser des images autrefois vouées au secret : photos d'actes sexuels, de cadavre, de masturbation ou de perversions… De ces clichés obscènes ou bizarres, qu'il collectionne et qu'il redessine en noir et blanc, l'artiste...
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Les 400 culs
En Hurepoix, au sud-ouest de la capitale, se fréquenter et se marier prenaient la forme de rituels aussi étranges que localisés. Voyage dans l'érotisme entre Châtenay et Bagneux.
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Les 400 culs
Il existe souvent d’un film plusieurs versions : «sage», «rose», «gore», illégale… Il existe même des versions truffées de gros plan sur des organes génitaux, qui ne sont pas forcément ceux des acteurs et actrices du film. On appelle cela...
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Les 400 culs
Suzanne a posé pour Modigliani, Puvis de Chavanne ou Toulouse-Lautrec et fait chaviré le cœur de tout Montmartre. Mais, la mère d'Utrillo a surtout été l'amour d'Erik Satie qui a composé pour elle Vexations une œuvre répétée 840 fois.
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Les 400 culs
Les mots utilisés pour ne pas avoir à désigner explicitement ou clairement, le sexe de l'homme, celui de la femme ou l'acte d'amour, montre notre malice ou notre incapacité à dire les choses.
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Les 400 culs
Depuis Rabelais jusqu'à San Antonio, avec légèreté ou malice, parfois avec insistance, détournés ou directs ils tournent autour du désir.
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Les 400 culs
De l'épingle, signe d'un travail préparatoire ou d'une construction provisoire, à l'aiguille se jouait le passage de l'enfance ou de l'apprentissage à l'âge adulte.
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Les 400 culs
Nous jetons des pièces de monnaie dans les fontaines pour que nos voeux se réalisent. En Bretagne, on jette des épingles: «Je veux un amoureux.» Pourquoi ? Dans un livre débordant d’énigmes et d’images, le spécialiste du patrimoine breton Bernard...
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Les 400 culs
En 1886, dans son anthologie de perversions Psychopathia Sexualis, le docteur von Krafft-Ebing évoque le cas d’un nommé X*** «fétichiste des roses» qui dort avec les fleurs et jouit en les embrassant. X*** est vierge. Faut-il y voir un lien...
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Les 400 culs
Parmi les spectacles qui font rire, il y a ceux que l’on dit obscènes parce qu’ils impliquent les fonctions premières du corps : ingestion, excrétion, coït. Trois plaisirs essentiels, dont le spectacle ne cesse de nous mettre en joie. Mais...
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Les 400 culs
Prenez une scène pornographique. Rajoutez-y un élément insolite. Un enfant par exemple. Les gravures érotiques japonaises du 18e siècle introduisent souvent d’innocents bambins dans des scènes de fornications. Faut-il s’en scandaliser ? L’exposition "Shunga" au British Museum consacre un espace...
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Les 400 culs
Il existe dans la langue des termes qui «font la bête à deux mots». Ils s’accolent et, ciel, cela fait sens. L’écrivain Fornelli en a rempli un dictionnaire, qu’il faut lire à l’«horizontale», plein de mots-valises et de paronymes délicieux...
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Les 400 culs
Dans nos sociétés modernes, l’amour ne serait plus qu’une affaire de choix… C’est du moins ce que nous croyons. Dans un livre intitulé Philtre d’amour, l’ethno-psychiatre Tobie Nathan dénonce l’illusion collective qui consiste à se croire libéré de la magie...
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Les 400 culs
Au Japon, d’innombrables jouets pour adu...
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Les 400 culs
Le «nazixploitation» est un sous-genre de cinéma peuplé de sadiques officiers SS qui torturent et violent leurs prisonniers-ères, dans des camps transformés en jardins des supplices. Bien que ce genre soit mort vers 1976, il continue d’alimenter les films à...
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Les 400 culs
«Pour la majorité, la fellation représente une corvée, une obligation de réciprocité ou de récompense, voire un cadeau.» Au mieux, c’est un «vrai plaisir de donner du plaisir». Mais pas plus. Raison pour laquelle, probablement, la fellation n’est pas vraiment...
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Les 400 culs
Des relations parents-enfants, l’artiste Eric Pougeau fait la matière d’une oeuvre vénéneuse, exposée au FRAC de Metz. Une association militant pour le respect de «l’identité française et chrétienne» porte plainte. Cette plainte, rejetée au pénal, est suivie d’une plainte au...
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Les 400 culs
«Oui, j'accepte de léguer mon corps à qui voudra bien en profiter sexuellement après ma mort»... Depuis 1999, l’artiste britannique Stewart Home, distribue des necro-cards, des cartes de donneur qui autorisent non pas les médecins mais les nécrophiles à tirer...
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Les 400 culs
On ne meurt pas tout à fait au Japon. Dans les 30 à 49 jours qui suivent son décès, le défunt erre autour de son corps, relié à lui par la mémoire de ses plaisirs et de ses frustrations… qu’il...
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Les 400 culs
Avons-nous raison de penser que la censure est une bonne chose ? Sous prétexte qu'il faut protéger les personnes vulnérables qui pourraient être traumatisées par la confrontation avec des idées ou des images jugées blessantes, nous avons mis en place...
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Les 400 culs
D'une sex-party découpée en plusieurs séquences temporelles choc, le dramaturge japonais Daisuke Miura a fait une pièce étourdissante: Le Tourbillon de l'amour. Sur scène, en apparence, les acteurs permutent, passant d'un partenaire à l'autre au fil d'un ballet pathétique et...
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Les 400 culs
Lorsque nous demandons son «contact» à quelqu’un, nous avons souvent l’espoir qu’il ou elle ne nous donnera pas que son numéro de portable. Nous voulons un contact, un vrai. Nous voulons toucher sa peau. C’est maintenant possible. Aujourd’hui même, la...
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Les 400 culs
La plupart des clubs de strip proposent aux clients la possibilité de s’isoler avec une fille dans un «salon privé» où tout est permis sauf… faire l’amour. Que s’y passe-t-il alors ? Dans un livre qui parle des plus surprenants...
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Les 400 culs
On le tient par le manche. Il s’utilise par va-et-vient. Il frotte. Il peut vous envoyer en l’air. Qu’est-ce que c’est ? Un balai, bien sûr. Tout comme le pénis dont il partage certaines caractéristiques, le balai n’est pourtant pas...
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Les 400 culs
Précurseur du body-art, le Français Pierre Molinier a fait de l’exercice de la jouissance une forme d’art à part entière et de sa vie elle-même une oeuvre de légende, sulfureuse. Il se surnommait Satanicus, avec ironie. Or voici qu’une de...
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Les 400 culs
Certaines femmes souffrent tellement lors de la pénétration qu’il est impossible d’introduire quoi que ce soit en elles qui dépasse la taille d’un petit morceau de craie. Même les tampax ne peuvent pas entrer. Ces femmes n’ont pas forcément été...
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Les 400 culs
Il existe au Nigéria une célèbre légende : c’est l’histoire d’un homme qui enduit ses testicules de cire, afin d’aller voler des figues… Cette histoire n’est pas sans rappeler celle d’Adam et Eve qui croquent la pomme, puis dissimulent pudiquement...
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Les 400 culs
Est-il possible d’entendre avec sa bouche ? Un artiste américain bloque ses oreilles «pour voir»… Au bout de 10 jours, le voilà plongé dans un état permanent d’hallucination, dont une exposition, actuellement à Lausanne, retrace les étapes sous forme de...
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Les 400 culs
Nous visitons parfois les musées en passant devant des œuvres qui sont faites pour être regardées de dos plus que de face. Guide-conférencier au musée du Louvre, Bruno de Baecque invite à regarder les œuvres d’art en voyeur, c’est à...
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Les 400 culs
Beaucoup de Français pensent que les mâles sont naturellement infidèles (volonté de répandre ses gènes) et les femelles naturellement jalouses (volonté de s’attacher un protecteur). Dans un livre intitulé Pourquoi les animaux trichent, le biologiste Thierry Lodé réfute cette théorie....