En 2000, Tony Pirelli, biochimiste de formation, et Peter Rogers, étudiant en haute finance, créent à San Francisco une petite entreprise de robo-sexe révolutionnaire : FuckingMachines. Les débuts sont difficiles. Les actrices ont peur d'être mutilées en s'accouplant avec des machines.
En 2005, le photographe Timothy Archibald dévoile dans un livre intitulé Sex Machines l’existence d’une centaine de créateurs qui, dans leur remise à outils, fabriquent des DIY fuckbots («machines à coïter maison», dans l’esprit punk du do it yourself) à partir de mixers couplés à des tronçonneuses. Tony y est présenté comme le pionnier de la pornographie mécanique : c’est à lui, notamment, que la communauté doit son plus monstrueux engin, un automate de deux mètres de haut, pesant 3 tonnes, appelé Fuckzilla, très proche des monstres mécaniques créés pour la destruction au sein du Survival Research Laboratory de Mark Pauline. Voici une interview de Tony Pirelli, réalisée par mail en 2010 dans le cadre de mes recherches. Quelques années plus tard j’apprends qu’il a quitté l’entreprise. Le site Fucking Machines tourne désormais sans lui. Fuckzilla a disparu.
Quel est le principe des vidéos de fucking machines ?
Ces vidéos permettent de voir des femmes qui jouissent intensément, sans qu’aucun mâle s’interpose entre elles et la caméra. Grâce aux godes mécanisés, nous pouvons faire des gros plans sur la sexualité féminine et assister aux orgasmes, sans interférence…
Ce sont des vidéos de masturbation ?
Ce sont des vidéos de pénétration sans personne d’autre que la femme. Le spectateur peut plus facilement imaginer qu’il est seul avec elle, et s’identifier au robot.
Qui a créé FuckingMachines.com ?
Peter. Il dirigeait déjà le site Hogtied.com depuis quelques années quand l’idée de machines à coït lui est venue… Je me suis associé à lui quand j’ai pris conscience que le sexe c’était une bonne manière de gagner sa vie. Au début, on produisait tout le contenu du site dans son appartement, entre le salon et la chambre à coucher… Après quelques années, on avait gagné assez d’argent pour s’offrir un vrai studio.
C’est un site rentable ?
Au début, il y avait très peu de monde sur notre site et nous avions des difficultés à payer les factures, mais nous nous sommes entêtés et maintenant ça va. Nous n’étions pas les seuls à désirer voir de belles filles s’empaler sur des phallus, sans qu’aucun homme apparaisse à l’écran…
C’était si bizarre que vous n’avez d’abord eu aucun public ?
Nous avons eu le courage de faire quelque chose de différent en matière de sexe, au lieu de faire de l’argent facile avec des recettes déjà éprouvées. Nous sommes les pionniers d’une sexualité underground révolutionnaire.
Vous trouvez facilement des actrices pour «tester» vos machines ?
Au début, les filles avaient peur. Nous avions énormément de difficultés à trouver des candidates. Elles craignaient d’être mutilées ou que sais-je… Maintenant, par le bouche à oreille, nous avons plein de volontaires… Des hommes aussi se mettent sur les rangs. C’est pour eux que nous avons créé le site ButtMachineBoys.com.
ButtMachineBoys : la version gay de FuckingMachines ?
Oui. On y voit les mêmes machines, sauf que là, elles baisent des mecs. Nos machines sont donc bisexuelles et sans tabous.
Vous les testez vous-même ?
Leur usage reste purement professionnel car nous ne voudrions pas les abîmer : les mécanismes sont assez délicats. Elles sont mises en marche pour les vidéos uniquement. Il nous est arrivé une seule fois de les louer à un groupe de lesbiennes qui voulaient faire la fête. Elles avaient organisé une énorme soirée à laquelle nous assistions pour faire la maintenance. Mais ça nous a demandé tellement de boulot, nous étions tellement angoissé à l’idée que les filles détraquent nos machines que nous n’avons jamais recommencé.
Que voit-on dans vos vidéos ?
Chaque vidéo dure environ une heure. On y voit une fille s’amuser avec entre 5 et 10 machines à tour de rôle. C’est une sorte d’orgie mécanisée.
Les filles parviennent à avoir un orgasme ?
Quand je fais les entretiens avec des candidates de casting, je leur dis très clairement que je ne veux pas de simulation, même si elles n’aiment pas les machines. Notre site se distingue par l’authenticité de ses vidéos : chez nous, pas de « oooh » complaisant ni de « ahhhh » bidon ! Tout est pour de vrai. Quand je vois que les filles n’aiment pas les machines, alors j’annule la séance de tournage. Si les vidéos ne montrent pas une fille qui prend son pied, elles ne sont pas mises en ligne. Il n’y a eu que 5-6 exceptions à la règle parce que les actrices étaient vraiment superbes : Ramona (vidéo du 19 juin 2002) et Sandy (15 novembre 2002) sont deux exemples de filles très belles qui n’ont pas réussi à jouir mais que j’ai quand même mis en ligne parce que c’était beau à voir. Heureusement, ça n’arrive pas souvent. J’essaye de sélectionner les bonnes modèles, celles qui se lâchent totalement sur les fuckingMachines. Certaines filles éjaculent en jouissant. Regardez Kylie, Phoenix, Amber et Lena Ramon. Avec les femmes-fontaines, la jouissance ne fait plus de doute : ça éclabousse.
Vous n’avez pas envie de réaliser vos vidéos uniquement avec des femmes-fontaines ?
J’y ai pensé oui, mais elles sont trop rares pour qu’on puisse leur consacrer un site à part entière. En tout, sur FuckingMachines.com, il y a dix vidéos de femmes qui éjaculent en jouissant grâce à une machine.
Ce sont les filles qui dirigent les machines ?
Oui. Je leur donne souvent la commande de contrôle pour qu’elles puissent régler à leur guise la puissance de pénétration et d’impact des godes. C’est comme un jeu. Mais parfois, c’est moi qui dirige le jeu, accélérant le rythme quand je sens que la fille est au bord de la jouissance…
Vous aimez diriger ?
Parfois, je suis obligé le faire parce que le boîtier de vitesse se trouve sur la machine, hors de portée de la modèle. Parfois, je le fais parce que je sens que la fille aime se faire un peu contrôler.
Quelle est votre machine la plus spectaculaire ?
Le «drilldo» [jeu de mot entre vrille et vibro] est un gode qui tourne sur lui-même façon perceuse. C’est drôle à voir et, vous le croirez si vous voulez, mais plein de filles aiment sentir un truc qui leur tourne à l’intérieur. Ca m’a donné l’idée de fabriquer une machine qui à la fois tourne et opère un va-et-vient, un peu comme pour nettoyer les bouteilles. Une sorte de tourbillon-aspirateur en quelque sorte.
La plus drôle ?
La «trespasser» : ma maman cherche toujours son mixer à gâteau !
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CET ARTICLE FAIT PARTIE D’UN DOSSIER EN TROIS PARTIES : «L’avantage avec les robots, c’est qu’ils n’éjaculent pas», «Rencontre avec un créateur du meco-porno», «Robot sexuel : faut-il en avoir peur ?».