Il existe un fantasme impossible, qui consiste à se masturber sur une image de soi-même en créature hybride, mi humaine-mi bestiale. Cette projection est nommée fursona, jeu de mot sur fur («fourrure») et persona («masque»).
Le fantasme de l’anthropomorphisme animal relève du jeu de rôle. Etre «anthro» c’est se voir sous les traits d’une femme-chat ou d’un homme-requin, par exemple. A priori, cela semble facile. Il suffit d’abord de choisir – dans le règne animal – son embranchement (vertébré, invertébré), sa classe (mammifère, reptile, oiseau ?), son ordre (primate, coquillage, papillon ?), sa famille (cervidé, bovidé, canidé ?), son genre (homo ou manchot ?) et son espèce (doberman ou gorille ?). A quoi il faut rajouter ses caractéristiques secondaires. Les anthros mettent volontiers des options surnaturelles à leur fursona : certains se voient comme un lapin doté de pouvoir psychique, d’autres comme une antilope cyborg ou encore un berserk (humains se métamorphosant en ours)… Mais ce n’est pas tout. Il leur faut ensuite définir leur degré d’animalité : l’hybridation humain-animal est-elle mentale ou physique ? Se voit-elle ? Et si oui, s’agit-il d’une pupille fendue ou d’une curieuse manière de se déplacer la nuit ?
Que signifie FCWh4a/CF3c/UGm6s ?
Les adeptes d’anthro (c’est ainsi qu’ils nomment leur tendance sexuelle) se classent dans toutes sortes de catégories dont ils discutent les termes à n’en plus finir. Car non content de définir leur fursona, il leur faut encore couper les poils en quatre : quel type de relation entretiennent-ils avec cette « personnalité furry » ? S’agit-il d’un alter-ego, d’un costume, d’un ami imaginaire, d’un avatar en ligne, d’un gardien spirituel ou d’un totem ? Sur cette planète imaginaire, le corps est le territoire éminemment plastique d’une rêverie qui semble n’avoir aucune limite. Les animaux imaginaires (centaures, gryphons) ou disparus (dinosaures) font partie des identités possibles, de même que les créatures à venir, dans un futur de science fiction. Les mutants et les polymorphes ont donc aussi leur place dans l’univers foisonant des anthros qui définissent leur identité sous des noms de code à rallonge, avec une euphorie jouissive. Un exemple : FCWh4a/CF3c/UGm6s signifie que vous aimez jouer au loup-garou, mais que vous vous habillez d’un costume de renard et que vous avez un ours comme animal-totem. Toutes les combinaisons sont possibles. Il est difficile d’y voir très clair, car les débats font rage. La première des questions étant : êtes-vous furryphile ou furvert ? Après quoi vient : penchez-vous du côté kemono (anthro style manga) ou furry (anthro style Disney) ? La taxinomie biologique se double d’infinies considérations esthétiques : les anthros multiplient leurs familles de rattachement, comme s’il fallait ouvrir tous les possibles dans un univers relevant, par essence, de l’impossible
Que signifie être furry
Les anthros vivent essentiellement leur sexualité par le biais d’images mentales, de dessins et de scripts. Pour Robert Hill, célèbre dessinateur de furries, créer des images est une forme de masturbation : «Je suis un furry, dit-il. Bien sûr, mon corps est celui d’un humain, mais dans ma tête je suis furry. Dans mon style de vie aussi, dans mon attitude, dans mon âme. Je me considère comme un ours, appelé Robert. Je dessine beaucoup d’ours et j’aime aussi particulièrement les loups. D’ailleurs je m’identifie parfois à un loup appelé Vawlkee. Il fait partie de moi. Quand je dessine, chaque personnage incarne une facette de ma personnalité. Je me dédouble en autant de furries, pas plus de quatre ou cinq à la fois, et je jouis d’être à la fois le renard en porte-jarettelles qui se présente de dos avec un clin doeil pour se faire sodomiser ou l’écureuil à genoux que l’on force à sucer un gode. La plupart de mes fantasmes tournent autour de la transformation d’un personnage en she-male ou en femelle. J’adore imaginer en travestis des créatures aussi puissantes que les ours ou les lions. Un gros loup macho vêtu d’un soutien-gorge et d’une culotte, obligé de subir les assauts sexuels de celui ou celle qui l’a transformé en sissy, voilà qui m’excite complètement ! Pire : j’imagine que les infortunées victimes deviennent des sortes de poupées gonflables, des jouets sexuels pour leurs bourreaux. Dans ces moments-là je suis à la fois le dominant et le soumis et je raffine les sévices avec délice.»
Tomber dans l’enfer du Furry Fandom
Dans le monde anthro, la circulation d’images est inouie. Même ceux qui n’ont aucun talent postent leurs auto-portraits en furry, afin de partager ne serait-ce qu’un peu de leur moi intime. Leur masturbation n’est donc pas solitaire. “Je suis entré dans le furry fandom en me connectant sur le Web, il y a quelques années, explique Steve, de Dallas. Le premier jour, je suis tombé sur une image intitulée «kitty.gif» qui m’a fait complètement craquer. C’est resté mon image préférée. Après un mois de surf intense - ce qui m’a coûté 1150 francs de facture téléphonique - j’ai trouvé une marée de newsgroups et de sites consacrés au phénomène “furry”… et j’ai fait sauter mon ordinateur avec une surcharge d’images ! Il m’a fallu doubler la mémoire pour y stocker les 2000 images, histoires et films de ma banque de donnée !”. Steve est un passionné. Sur son site (“elfking”), il se dessine lui-même en renard à la longue queue, des lunettes perchées sur un sympathique museau, tenant dans ses pattes une disquette bourrée d’images de furries. “Je rêve de rencontrer un anthopomorphe, dit-il. La science fait de tels progrès qu’un jour ce sera possible ! On pourra mélanger des gènes humains et animaux pour produire un être mutant. J’attends ce jour avec impatience”. Longtemps, Steve a voulu travailler dans la génétique. La vie en a décidé autrement. A défaut de créer les animaux humains de ses rêves, Steve les conçoit dans le monde virtuel. Il met ses fantasmes sur le net.
Des chattes semi-humaines
Les furverts se libèrent aussi par l’écriture. Sur le site FurryGames, ils peuvent participer à des jeux de rôle online, ou participer à l’élaboration de scénarios. Un défoulement collectif, à plusieurs dizaines de main. Voici le début du scénario “furvolity”, par exemple : “Cela commença comme une simple expérience. Recombinaison moléculaire par transinduction. Et comme je l’avais prouvé avec mon pigeon-serpent, c’était une opération réversible, permettant de reconstituer les créatures d’origine. Jennifer voulait absolument participer comme cobaye : elle s’était toujours demandé ce que ça faisait d’être une femme-chat… L’opération fut un succès, Jennifer se recombinant avec Selina, un chat orange et blanc, pour donner Félina, une créature issue de la masse fusionnée de deux êtres vivants, avec un petit moins dû à l’absorption d’énergie… Le problème c’est que la complexité du cerveau humain échappe à l’emprise de la science. Alors nous avons du faire face à un comportement, hum, inattendu, hum, puis-je avoir un verre d’eau ?”. La suite coule de source : ¨dans une succession de scènes débridées, l’héroïne de ce récit communautaire fait des «rencontres» à la chaîne, qui correspondent chacune à l’espoir d’un autre monde possible.
.
Les codes espèces Furry (quelques exemples)
FA : Avians (de la famille des oiseaux) : par exemple FAA Albatros; FAD Canard; FAE Aigle; FAF Faucon; FAG Mouette; FAO Chouette; FAR Corbeau...
FE : Equidé (de la famille des chevaux) : par exemple FED Ane; FEH Cheval; FEZ Zèbre...
FX : Animaux Mythiques (autres que centaures et dragons) : par exemple FXA Gargouille; FXC Manticore; FXG Gryphon; FXH Hippogriffe; FXM Sirène...
FZ : Furry Polymorphe (pouvant changer de forme à volonté)
? : indique une hésitation. Par exemple : F? signifie que vous ne savez pas encore quelle espèce animale de furry vous aimeriez être.
~ : Indique une approximation. Par exemple : F~CF signifie que que vous navez pas encore pris de décision définitive, mais que vous vous sentez plutôt bien dans la peau d’un renard.
/ : Indique que vous avez plusieurs personnalités furries. Par exemple : FCF/FX signifie vous êtes un renard mais parfois aussi un lynx.
! : Indique le refus d’être placé dans cette catégorie. !F signifie que vous n’avez pas de personnalité furry.
> : Indique que vous aller évoluer et entrer dans une autre catégorie. Par exemple : FEH> signifique que vous aimeriez devenir un cheval.
# : Indique que vous préférez garder une information secrète. Par exemple : sm# signifique que vous êtes de Sexe Masculin, mais que vos orientations sexuelles ne regardent que vous. Pire : s# signifie que vous ne désirez même pas révéler si vous êtes un homme ou une femme.
Caractéristique secondaires du furry
c : Cyborg (furry bionique)
f : «Funny animal» (furry-toon ou furry de manga japonais)
h : Garou-humain (were-human)
m : Doté de pouvoirs magiques
p : Polymorphe
s : Doté depouvoirs psychiques
t : Taur
u : pourvu d’une corne de lircone
w : pourvu d’ailes (même si vous appartenez à une espèce qui n’en possède pas)
Les degrés d’animalité
1 : Humain basique doté de caractères furries mineurs (pupilles fendues, nez-truffe, oreilles pointues, griffes, un peu de fourrure).
2 : Humanoïde présentant les signes manifestes d’une nature furry (queue, museau, fourrure).
3 : Animal anthropomorphe (animal au comportement humain et à la mobilité bipède)
4 : Créature capable de se déplacer aussi bien sur deux jambes comme un humain que sur quatre comme un animal.
5 : Animal normal à quelques détails près (capacité de s’exprimer, de manipuler des objets et de sourire). Dans cette catégorie sont classés les dragons, gryphons, etc
6 : Animal doué d’une conscience.
Sexualité furry
SP : Vous êtes Plushophile
>SP : Vous dormez avec vos peluches et il se peut qu’un jour vous succombiez à la tentation de vous caresser avec.
!SP : Vos relations avec les peluches sont et resteront platoniques.
SF : Vous avez un Fursuit pour vous déguiser en anthropomorphe.
SF++ : Vous avez fait l’amour en fursuit en ça vous plait beaucoup.
SF+ : Vous avez fait l’amour en fursuit au moins une fois.
SF : Vous trouvez les fusuits sexy.
SF- : Vous ne les trouvez pas sexy.
SF-- : L’idée du fursuit sex vous parait abominable.
>SF : Vous n’avez jamais essayé, mais l’idée vous tente.
!SF : Le fursuit sex vous est complètement indifférent.
Sf : Vous êtes un furry de sexe féminin
Sh : Vous êtes un furry hermaphrodite
Sm : Vous êtes un furry de sexe masculin.
Sm+ : vous êtes un furry mâle qui a fait l’amour au moins une fois avec un autre furry.
St : Vous êtes transgenre
Sp : Vous êtes polymorphe (vous pouvez changer de sexe à volonté quand vous êtes en furry)
S+++ : Vous n’imaginez pas qu’on puisse faire l’amour autrement qu’en furry.
S++ : Vous êtes un furry expérimenté, ce qui ne vous empêche pas de faire l’amour de façon plus classique.
S+ : Vous avez pratiqué le “tiny sex”.
S : Vous êtes un furry vierge et vous aimeriez bien essayer le tiny sex.
S- : Vous êtes plutôt réticent.
S-- : Vous pensez que les furriphiles sont des malades mentaux.
#S : Votre sexualité de Furry ne concerne que vous.