Au sein d’un couple vanille il n’y a, en théorie, pas de question de pouvoir. Toute décision est prise de manière harmonieuse, après une sage discussion. La réalité est, malheureusement, bien souvent à l’opposé de cette image d’Épinal. En effet, chacun va se battre pour prendre l’ascendant sur l’autre ; et que ce soit par idéal, conviction ou toute autre raison, cette lutte interminable finira par saper les fondements même de la relation de couple. Dans une relation D/s, le processus est totalement différent. Dans un cadre où l’un des deux conjoints a totalement et volontairement (il faut le préciser) donner le pouvoir à l’autre, il n’y a pas d’inquiétude à avoir sur sa « place » dans le couple, donc ni lutte, ni dispute.
Je tiens également à vous dire, que tout ce dont je vais parler dans cet article (et ceux à venir) est en notre nom propre, dans le contexte qu’est une histoire d’Amour dans une relation D/s permanente (24/7).
1. Le Maître
Mais sur quels critères peut-on se baser afin de définir l’aptitude d’une personne à dominer une autre ? Peut-on se dire Maître, comme cela du jour au lendemain juste puisque c’est l’un de nos fantasmes ? Les risques de dérives sont énormes et leurs conséquences peuvent être dramatiques. On prend alors toute la mesure du discernement de la soumise, en effet, comme c’est elle qui donne le pouvoir, c’est donc elle qui choisi à qui elle va le donner. Il ne faut donc par faire d’erreur de casting.
Les Maîtres sont tous en quête d’une soumise, chienne, salope, ou esclave (c’est selon). Beaucoup d’entre eux considèrent que n’importe qui peut prendre ce rôle, il suffit de traiter l’autre comme une merde, de l’insulter à tout va et l’affaire est dans le sac. Et bien non ! Elle n’y est pas du tout (dans le sac). Le Maître est investi d’une mission, d’une quête. Il ne peut se contenter de satisfaire son seul et unique plaisir.
Il faut prendre conscience que beaucoup d’hommes (et de femmes) se tournent vers le BDSM pour mettre un peu de piment dans leur vie sexuelle et risquent de se retrouver dépassés par les événements.
Le Postulant au statut de maître doit donc se distinguer par sa capacité d’écoute, sa force de caractère, son intégrité, sa rigueur. Il doit donner encore plus qu’il ne reçoit et tout cela demande bien évidemment de faire preuve d’une certaine dose d’empathie envers sa soumise. Elle n’est pas qu’un sac à foutre, un cul à défoncer, elle est aussi et surtout un être humain, avec tout le respect que cela implique. Oui, une chienne à droit au respect !
N’oublions pas qu’il est aussi responsable de l’éducation de sa bestiole. Cela veut dire qu’il doit avoir un plan d’évolution, des objectifs à atteindre, des épreuves à faire passer pour valider le l’apprentissage. Certains parleront de dressage, ce terme peut également convenir.
Cette place de Dominant implique également d’être le confident intime de sa soumise. Il faut une capacité d’écoute importante pour cerner ses fragilités, ses problématiques, il doit lui expliquer ce qu’elle ne comprend pas (sur le choix des épreuves à passer, sur l’appréhension face à telle ou telle pratique sexuelle…). Le dialogue est vital dans une relation de couple et encore plus dans un schéma D/s, il faut toujours garder cela à l’esprit.
Si vous voulez qu’elle soit heureuse, il faut lui consacrer du temps, beaucoup de temps (surtout si comme la mienne, elle est toujours en demande d’attention). Avez-vous ce temps ? La question est importante. Beaucoup de couple D/s ne vivent pas en 24/7. Le temps consacré à l’autre est donc de ce fait très réduit. Cela peut-il suffire ?
En tant que gérant de sa vie et de celle de sa partenaire, le Maître doit bien avoir conscience de l’implication de cette relation particulière. Le dilemme est encore plus critique quand l’un des deux vit en couple. Il doit donc gérer sa vie de famille et sa relation D/s.
Un Maître peut il avoir plusieurs soumises ? La question est récurrente et personnellement, je dirais qu’un Maître peut avoir autant de soumises qu’il le souhaite. Mais là encore, le temps accordé à chacune va être très limité. On peut se demander quelle qualité peut avoir une telle relation.
2. La soumiseComme dans une relation classique, l’homme propose et la femme dispose. Les couples D/s ne font pas exception à cette règle fondamentale. Je préciserai même que dans le cas du BDSM, la capacité de la femme à faire le bon choix sera déterminante pour la pérennité du couple. Tout comme le bon sens nous dicte de ne pas épouser homme que l’on ne connait pas un minimum, il est franchement conseillé de ne pas se jeter dans les bras (ou les liens) du premier dominant venu. Cela peut sembler idiot à dire mais beaucoup trop de soumises se retrouvent complètement détruites pour ne pas avoir voulu prendre le temps d’apprendre à connaître leurs prétendants.
Les apparences sont souvent trompeuses d’où la nécessité de bien prendre son temps. Cela ne met pas l’abri d’une erreur mais réduit le risque de façon considérable. Beaucoup de femmes (ou d’hommes) en quête de soumission se jettent sur le premier gus qui leur assénera des « chiennes et salopes » tous les trois mots (conversation limitée s’il en est). Attention, les charlatans sont plus nombreux que l’on pense et peuvent se montrer particulièrement destructeurs.
Pourquoi ai-je besoin de me soumettre ? Voila la première question à se poser. On ne peut appréhender une relation D/s sans se poser cette question fondamentale. Il est vital de savoir ce que l’on veut car c’est ce qui vous permettra de sélectionner le bon Maître en fonction de vos envies, de vos pulsions, de vos fantasmes. Si votre rêve est de vivre en 24/7, il vaut mieux éviter un Maître qui soit déjà engagé dans une autre relation. Par contre, si votre objectif est de vous soumettre de temps en temps, lors de séances par exemple, il vaut mieux éviter un dominant omniprésent qui vous harcèlera jour et nuit.
Avant de donner le pouvoir à l’autre, il faut bien être conscient de ses limites. Normalement, c’est même l’un des premiers sujets que le Maître devrait aborder. Si la soumise veut s’engager dans une relation durable en toute sécurité, il faut qu’elle réfléchisse à la réponse qu’elle donnera le moment venu. Il y a plusieurs points dans cette réponse :
- Sexualité : Qu’est ce que j’accepte de faire, de tester, ce que je refuse de faire ?
- Vis-à-vis des autres : Est-ce que je suis prête à en parler, à des amis, des inconnus, sur un blog ?
- Peut-il faire irruption dans ma vie à tout moment, ou seulement lorsque je lui donne le feu vert ?
La liste est loin d’être exhaustive.
Il faut donner du temps au temps, comme pour toute relation que l’on souhaite construire. La précipitation est la pire des options. Il faut apprendre à se connaître, se comprendre, s’apprécier. Ensuite, si l’harmonie s’installe, un transfert du pouvoir peut s’envisager.
Les manipulateurs sont de redoutables prédateurs. Il est donc important d’essayer d’apprendre à les reconnaître.
Une relation D/s n’est pas immortelle. Elle a toujours un début mais parfois également une fin. Il faut que le Maître soit bien conscient qu’il peut être démis de ses fonctions à tout moment. La soumise ne doit pas perdre de vue que le Maître peut également prendre le même genre de décision s’il estime que la relation ne lui est pas suffisamment profitable. Toute la difficulté réside dans la capacité à trouver cet équilibre précaire ou chacun s’enrichit équitablement du soutien de l’autre.