Adam est un jeune lycéen qui s’ennuie fermement dans la petite ville de Marfa. Située près de la frontière mexicaine, la petite bourgade dispose de trois policiers des frontières, chargés d’interpeller d’éventuels immigrants clandestins.
Entomologiste des ados ou pervers pépère, Larry Clark aime filmer des jeunes gens nus ou en train de s’ébattre sexuellement. Ses motivations ont toujours été un peu troubles. Quitte à faire mon petit Freud, je crois que le réalisateur est resté scotché dans son adolescence et il fait des films pour revivre encore et encore cette période de la vie, en essayant différentes possibilités. Cela dit, certaines situations reviennent régulièrement : une partie de sexe à trois, des relations tendues avec les parents. Il y a certainement là quelque chose d’autobiographique.
Comme dans ses autres films, Clark dresse une peinture du quotidien de jeunes garçons et filles. Dans ce petit patelin paumé, les ados trompent l’ennui comme ils peuvent, soit en prenant leur pied (drogue, sexe, skate) soit en s’adonnant aux arts (peinture, musique). Dans ce contexte et avec l’aide de comédiens non professionnels qui leur propre histoire, Clark créé à nouveau un patchwork de portraits. Son film est un fourre-tout, un recueil d’anecdotes qui lui permet de discuter de tout et n’importe quoi : la sexualité, la relaxation grâce aux sons, la politique, le racisme, la circoncision, nos relations avec les animaux domestiques, etc.
Même si l’on retrouve quelques scènes de sexe gratuites et souvent voyeuses (c’est la griffe du réalisateur), le projet semble au fond sincère. Tout comme Harmony Korine, Larry Clark est obsédé et fasciné par le quotidien de ces jeunes de la marge, à la fois très banal mais aussi très bizarre par moments. Le point de vue du réalisateur cerne aussi une douce mélancolie, liée à ce lieu assez unique. Le gros village semble en effet hors du temps, loin de la ville.
Marfa Girl est disponible uniquement en streaming. Larry Clark a voulu se débarrasser des intermédiaires qui selon lui, se mettent trop d’argent dans la poche. Pour un prix de 5,99 $ (4,70 EUR), le film peut être vu pendant 24h. Pas de dvd, pas de sortie salles. L’initiative est originale mais l’on perd tout de même les bonnes conditions que peut offrir une salle, une télé ou un home-cinéma. Cela dit, la version HD est de très bonne qualité et l’on a accès à plein de sous-titres dont évidemment le français. http://larryclark.com/marfagirl/