A l’origine confiné aux milieux hospitaliers, l’enema (ou lavement anal) s’est imposé fissa comme pratique fétichiste, pour amateurs constamment en recherche de nouveauté. De par sa nature-même lié à la scatophilie et parfois aux univers médicaux aseptisés (fantasme de la « salle blanche »), l’enema peut être associé au BDSM (Bondage Discipline Sadism Masochism) ou encore aux simulations des apprentis gynécologues/obstétriciens, basées sur leurs ustensiles chéris (spéculums, spatules d’Ayre et autres pinces de Cheron). Tirant son sens du verbe grec signifiant « injecter », l’enema, est une modernisation du clystère « historique », désignant jadis l’acte de lavement et la seringue métallique, la plupart du temps en étain, utilisée à cet effet. Ce mot inspira le terme clystérophilie (aussi appelé klysmaphilie) : paraphilie décrivant le plaisir pris par l’injection (passive ou active) d’un liquide dans l’anus et le colon.
Nécessitant des préparations à base de substances « détoxifiantes », souvent « home made » – on se souvient de ces lavements aux cafés qui ont causé trois décès aux USA -, l’enema, en vue de désencombrer le transit intestinal, repose sur un matériel adéquat : poches en silicone ou caoutchouc (« enema bags ») destinées à accueillir le liquide purifiant, tuyaux (« colon tubes »), poire(s) de lavement et embout(s) flexible(s) (« enema nozzle(s) »), faciliant l’introduction. S’y adjoint généralement du lubrifiant et d’autres objets plébiscités par les « puristes » : valves régulatrices de pression, pieds et seaux en métal, plus nombre d’attaches. Des préparations aqueuses toutes faites sont pareillement disponibles sur le web ; à vous de trouver la combinaison parfaite !
Cette pratique, presque uniquement cantonnée au porno de niche (marché de la vidéo), s’est illustrée dans le sulfureux Water Power (alias Traitement spécial pour pervers sexuel, 1977), réalisé par Shaun Costello, un des auteurs maudits du porno américain à qui l’on doit l’éprouvant Forced Entry (1973), Dracula Exotica (1980), relecture horrifico-bandulatoire du mythe aux dents longues, et le chef-d’œuvre Pandora’s Mirror (1981). Water Power, inspiré des exactions réelles du « Enema Bandit », violeur en série entré depuis dans l’imaginaire collectif US, propose au spectateur de coller aux basques d’un Jamie Gillis fiévreux et habité, dans le rôle d’un marginal qui se plaît à absoudre les femmes de leurs péchés, en les violant et en leur administrant des lavements brutaux. Une « œuvre uppercut », profondément hors normes, empreinte d’une liberté propre au Nouvel Hollywood et résultante de la solide gueule de bois post-Guerre du Vietnam. « Cleaning out these bitches… » Tout est dit !