Ce matin, en séance plénière du Conseil Régional d’Ile-de-France, la présidente, Valérie Pécresse, s’est livrée à un subtil exercice réthorique pour à la fois ne pas apparaître comme homophobe et dans le même temps contenter les élu.e.s anti-égalité au sein de l’institution.
«UNE DEMANDE D’INÉGALITÉ DE DROITS»
C’est lors de la séance des questions que Pierre Serne, élu régional EELV, engagé de longue date sur les questions LGBT, a demandé à Valérie Pecresse qu’elle était sa position, et celle de la Région, sur la tenue de la prochaine manifestation de la «Manif pour tous», dimanche 16 octobre. «Que fera l’institution régionale face à une manifestation publique alimentant sciemment les discriminations envers une partie de la société?, a-t-il lancé, ajoutant: «Est-ce que vous, madame la Présidente, ou des membres de votre exécutif comptez participer à cette manifestation? Bref, est-ce que la Région sera visible dans une manifestation qui porte intrinsèquement la demande d’une inégalité de droits entre citoyens, à raison de leur orientation sexuelle?»
La réponse de Valérie Pécresse tente de ménager la chèvre et le chou.
«CHACUN A LE DROIT DE MANIFESTER»
Elle évoque d’abord la liberté de manifester. «Dans l’Ile-de-France que je préside, chacun a le droit de manifester ou d’avoir une opinion, tant que cela se fait dans le respect des valeurs républicaines. Elle poursuit: «On peut avoir été contre la loi Taubira, on peut encore être contre la loi Taubira et ne pas être homophobe. J’ai été contre la loi Taubira. […] Mais je suis la première à reconnaître qu’il n’est plus humainement possible, qu’il n’est pas possible de revenir sur cette loi. C’est ma position personnelle. Je ne manifesterai pas ce week-end.»
Valérie Pécresse poursuit son intervention pour dénoncer la GPA et la PMA, en faisant ce surprenant amalgame: «Je suis contre la marchandisation du corps humain. C’est pour cela que je serai toujours contre la GPA, et la PMA qui va avec. Mais si, puisqu’il s’agit de procréer avec un problème d’égalité homme-femme qui fait qu’on ne peut pas autoriser l’un sans autoriser l’autre.»
Comme pour donner encore plus de gages à la frange la plus conservatrice de son équipe, dont certains sont des soutiens affichés de la «Manif pour tous», elle a ensuite fustigé «la destruction systématique par le gouvernement de la politique familiale qui fait que l’égalité femme homme n’est plus possible.»
Bien avant son élection, Valérie Pécresse avait manifesté aux côtés de la «Manif pour tous» et elle avait participé au meeting que Sens commun, le mouvement des anti-égalité au sein des Républicains, avait organisé à l’automne 2015 en vue des élections régionales.
Réécouter l’intervention de ce matin ici:
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