«Nous devons réaffirmer notre visibilité, ne pas céder à la peur, continuer à investir l’espace public pour nous mobiliser contre l’obscurantisme» a lancé la co-porte parole de l’Inter-LGBT Amandine Miguel lors de la conférence de presse de la Marche des fiertés de Paris qui s’est tenue ce matin au Centre LGBT de Paris Ile-de-France. La militante faisait évidemment référence à l’attentat homophobe d’Orlando. Plus que jamais il est important d’«affirmer son identité», a insisté la co-porte-parole de l’inter-associative qui organise cette Marche des fiertés, qui aura lieu le 2 juillet dans la capitale. «L’homophobie tue encore. A travers cet attentat ce sont nos valeurs qu’ils ont attaquées: l’émancipation, la liberté, le progrès.», a-t-elle martelé.
A cette occasion, les participant.e.s à la Marche des fiertés seront invité.e.s à porter à un brassard noir en hommage aux victimes, et l’ambassadeur des Etats-Unis en France viendra s’exprimer sur le podium de la place de la Bastille à la fin de la marche.
CONTEXTE ET MOT D’ORDRE
Le mot d’ordre de cette année, «Les droits des personnes trans sont une urgence. Stérilisations forcées, Agressions, Précarité: Stop», se veut un signal d’alarme, pour exhorter la classe politique à prendre ses responsabilités et permettre l’égalité et le respect des droits fondamentaux pour les personnes trans. Des démarches trop complexes pour le changement d’état civil, la transphobie ordinaire et la discrimination quotidienne conduisent parfois à un échec scolaire pour les jeunes ou une perte d’emploi pour les plus âgées. «Pouvant parfois aboutir au suicide», rappelle Clémence Zamora Cruz, co-porte parole de l’Inter-LGBT.
C’est également quand un contexte de déception du quinquennat Hollande qu’aura lieu cette ultime Marche de son mandat. «Depuis trois ans, nous assistons à une machine bien huilée de promesses à reculades et vice-versa» précise la co-porte parole de l’inter-associative, Amandine Miguel, qui rappelle que le président Hollande n’a pas tenu l’intégralité de ses engagements de campagne, ouvrant une loi sur le mariage pour tous «a minima», sacrifiant «sur l’autel de la stratégie politicienne» l’ouverture de la PMA aux couples de femmes et aux femmes célibataires ainsi que la réforme de la filiation.
Vice-président chargé des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative au Conseil régional, Patrick Karam était présent ce matin aux côtés de l’Inter-LGBT. Même s’il n’y aura pas de char du Conseil régional pendant la Marche cette année, il a affirmé que la région continuerait à subventionner la Marche des fiertés, et en resterait le premier partenaire. Il en a profité pour souligner les efforts du Conseil Régional pour lutter contre l’homophobie: «L’homophobie commence par des mots et finit par des mort. Orlando l’a prouvé.»
Les politiques et les institutions n’auront cependant pas leur place dans le carré de tête cette année, réservé aux militant.e.s, aux associations et aux personnes trans.
Avec plus de 85 organisations, et prés d’une quarantaine de chars qui défileront, la sécurité de cette Marche est une priorité pour l’inter LGBT. En étroite collaboration avec la préfecture, les représentants de l’inter-associative travaillent à mettre au point de nombreux dispositifs pour assurer la sécurité des participants. C’est pour cette raison que la Marche des fiertés, initialement prévue le 25 juin a été déplacée au 2 juillet, comme Yagg l’avait révélé: avec trois matchs de l’Euro de football le même jour en France, et la surveillance des fan zones à assurer, la préfecture ne pouvait pas prévoir une présence policière suffisante.
QUENTIN HOUDAS ET GENEVIEVE GARRIGOS, LES PARRAIN/MARRAINE DE CETTE EDITION
Deux personnalités sont les ambassadeur et ambassadrice de cette Marche. La première, l’ancienne présidente de l’ONG Amnesty International France, Geneviève Garrigos, mène un «combat humaniste» selon les porte-parole de l’Inter-LGBT. Elle assure qu’elle «est engagée depuis le début de [son] mandat contre les discriminations» et ce qu’elle souhaite « c’est que les personnes trans puissent vivre la vie de leur choix et qu’elle ne subissent plus de violence».
Quentin Houdas, endossera le rôle de parrain. Le photographe s’est fait connaitre de la communauté LGBT notamment grâce à sa série de photos Queer, sexualité alternatives et transidentité, qui pose questions de l’identité de genre. Il considère que « l’image a un pouvoir de transformation du monde ». A travers son travail, il souhaite « supprimer le regard misérabiliste sur les personnes LGBT »
Alors que le mot d’ordre de cette année veut mettre l’accent sur les droits des personnes trans, pourquoi ne pas avoir choisi un ou des ambassadeurs issu.e.s de cette communauté? Questionnée par Yagg, l’Inter-LGBT a justifié ce choix: «Cela révèle du manque de visibilité des personnes trans en général dans la société, même si c’est une sujet qui bénéficie de plus en plus d’une couverture médiatique, a expliqué Clémence Zamora-Cruz. Nous avions effectivement pensé à des personnalités trans, certains auraient été ravies d’être là, mais ça n’a pas été possible en termes de disponibilités, sachant aussi que nous avons été contraints de décaler d’une semaine la date de la marche cette année. Nous avions par exemple pensé à la sénatrice belge Petra de Sutter.»
UNE PROGRAMMATION FESTIVE ET MILITANTE
La Marche commencera à 14h et suivra l’ancien trajet, de Montparnasse à Bastille, où le podium accueillera, à partir de 16h une programmation d’artistes «festive, militante, inclusive, pointue et basée sur la parité» explique Rag du collectif Barbi(e)turix, qui organise le grand podium des fiertés LGBT. Seront présent.e.s: les 3somesisters en live, un dj set de Betty et un voguing show par la House of Mizrahi, Teki Latex, et un djset de Rag. Un autre groupe est attendu, mais le secret reste bien gardé jusqu’au 2 juillet!
Des prises de paroles et des vidéos ponctueront cette après-midi haute en couleurs, et ce, jusqu’à 21h.